Une aiguille dans une botte de foin, ça donne quoi ? [ PV Miho ]

C’était bien la première fois qu’elle mettait les pieds dans ce genre d’établissement. Rien que par l’extérieur, on pouvait se rendre compte de la richesse des occupants de ces murs. Bon sang, à combien pouvaient s’élever les frais de scolarité pour ces enfants de bonnes familles ? Elle n’osait même pas imaginer un nombre, certaine que le véritable chiffre dépasserait l’entendement. Elle poussa un long soupire, son sac en bandoulière surchargé - non pas de livres scolaires, mais bien de tout un tas d’accessoires inutiles et particulièrement puérils - maintenu par une anse en cuir plus ou moins résistante. Elle avait bien un plan et tentait de se référer aux multiples feuilles accrochées un peu partout dans les couloirs, sensées réorienter les élèves perdus…Tu parles ! S’il y avait seulement un sens, une direction, n’importe quoi ! Elle marchait, déambulait, se laissait de temps à autres porter par le flot des élèves sans savoir où elle allait se retrouver. Nanae était sur un radeau à la dérive, suivant le courant de la mer agitée, ne pouvant contrôler ses vagues beaucoup trop violentes. Au bout d’un moment, elle parvint à s’accrocher à un pilier et décida qu’il serait son sauveur. Elle s’agrippa, les paupières closes, tentant de résister à ces marrées humaines qui risquaient de la prendre par surprise à tout moment. Elle n’osait pas rouvrir les yeux et préféra patienter un moment, attendant que le calme ne revienne avant de reprendre sa route. Elle tenta une nouvelle approche, feignant de scruter de part et d’autre du pilier, histoire de vérifier qu’elle était bel et bien seule. Elle se détacha lentement de son sauveur, s’inclinant légèrement pour le remercier de son aide - ben oui, parce que Nanae ne fait pas la différence entre les hommes, les arbres ou les objets…du moment qu’ils l’aident ou au contraire l’empêchent d’agir, ils sont ses amis ou ses ennemis, un point c’est tout è_é - avant de s’engager dans le couloir, apparemment désert.

Le sol carrelé s’imposa à elle avec force, si bien que son parcours ressemblait davantage à un jeu de marelle grandeur nature plutôt qu’à une marche classique. Elle choisissait ses couleurs et s’obligeait à ne pas dépasser les lignes, sans forcément regarder où elle pouvait mettre les pieds ou si le couloir qu’elle allait emprunter était le bon. Elle gravit plusieurs marches, traversa des couloirs, se retrouva à l’extérieur avant de pénétrer dans un nouveau bâtiment, toujours en suivant ses marques. Elle ne pouvait plus lever la tête, bien trop absorbée par ce jeu enfantin qui la faisait tourner en bourrique - c’est qui la bourrique, hein ?! Grrrr même pas vrai d’abord -, jusqu’à ce qu’elle termine sa course dans le hall principal du lycée.

* Déjà ? Mais…j’ai même pas eu le temps de voir la cafet’, les salles de cours et le terrain de sport ! C’est quoi ce piège, hein ? *

Elle dégrafa sa sacoche et sortit un agenda de la taille d’une encyclopédie, lui aussi surchargé de photos, images et autres articles découpés dans des magasines, pour en retirer un plan détaillé de son nouveau monde. Il y avait beaucoup trop d’indications, de salle, de chiffres et…pfiiiou sa tête allait exploser ! Elle se laissa tomber en tailleur, à même le sol, sans se rendre compte qu’elle pouvait gêner le passage. Un nouveau jeu allait commencer : celui du labyrinthe ! Elle sortit un feutre rouge et marqua d’une croix l’emplacement où elle se trouvait en ce moment ainsi que le lieu où elle devait se rendre. Le but de cette quête : sa salle de cours. Nanae devait trouver le chemin le plus court pour parvenir à sa salle, sans encombre et en un seul morceau. Sourcils froncés et lèvres pincées, la jeune fille débuta son tracé sans se rendre compte que quelqu’un l’observait par-dessus son épaule.