Dur dur les cours... {PV Keiji}

Un bruit strident résonna dans toute la pièce fraîchement repeinte. Le soleil pointait tout juste le bout de son nez, à croire qu'il faisait exprès de narguer les habitants du pays du soleil levant. Oreiller sur la tête, Mizuki ne put retenir un grognement semblable à celui d'un chien. Si elle avait seulement où le cerveau assez réveillé pour former des mots, ceux-ci n'auraient sans doute rien eu de très charmant. Néanmoins, la jeune fille fut bien obligée de sortir de ses draps pour éteindre son réveil qui ne cessait de sonner ; dans ces moments-là, elle se haïssait d'avoir expressément placé cette machine du diable assez loin de son lit pour qu'elle ne puisse l'éteindre d'un coup de bras. Paupières lourdes et cheveux emmêlés, péniblement la Naruma éteignit son réveil, et se dirigea vers la salle de bain. La première étape était de bien s'asperger le visage d'eau froide. Ensuite, retirer ses vêtements et entrer sous la douche. La plus grosse erreur à faire serait de faire couler de l'eau chaude, ce qui la mettrait inévitablement en retard. Ainsi, c'est de l'eau froide qui sortit du pommeau de douche, pas le meilleur moyen de faire remonter l'humeur, mais au moins elle n'y resta pas deux heures. La troisième étape était de sortir de là et de s'essuyer assez rapidement pour ne pas attraper froide puis, pour finir, aller dans la chambre pour chercher quoi se mettre sur le dos. Dehors, il pleuvait des cordes, ce sera donc un pull coll roulé blanc, un jeans bleu clair et des bottines grises. Rien ne servait de faire dans le compliqué, et puis elle n'en avait pas vraiment envie. Maquiller ses cernes, un touche de mascara, un peu de gloss et pour finir, faire boucler les cheveux, et les sécher par la même occasion.

Une fois lavée et habillée, la japonaise traina les pieds jusqu'à la cuisine. Là, elle ouvrit le frigo et attrapa le jus d'orange tandis qu'elle prit une pomme qui se trouvait sur la table juste à coté. N'ayant pas plus d'appétit, elle s'en contenta. C'était définitif, elle détestait se lever tôt, elle avait ça en horreur. Seulement, elle n'avait pas le choix, elle prenait toujours au moins une heure ennemie pour se préparer, pas par simple coquetterie, mais parce que le matin, tout chez elle fonctionne au ralenti. Et puis, les études, il fallait reconnaitre que ce n'était pas son truc. Bien sûr, elle n'avait pas de mauvaises notes, elle ne tenait pas à se mettre ses parents à dos sur ce point-là, mais elle ne faisait que le strict minimum, le strict nécessaire pour éviter d'être en échec. Elle n'était pas mauvaise élève, juste je-m'en-foutiste. Et puis, à dix-neuf ans et quelque, les histoires de marketing et compagnie, avouez que ça n'a rien de fort passionnant. À vrai dire c'est simplement barbant et inintéressant. C'était lorsqu'elle se retrouvait face à des dossiers entiers de chiffres incompréhensibles qu'elle regrettait le plus d'avoir voulu faire plaisir à son père.

Néanmoins, rien ne servait de rêvasser en cet instant critique ; en effet Mizu-chan devait encore rassembler ses affaires et descendre pour attraper un bus, ou un taxi. Là, elle regrettait d'avoir refuser d'avoir son propre chauffeur. En même temps, le pauvre aurait été à plaindre s'il devait suivre les horaires fous de la jeune fille. Cependant, cette dernière se demandait de plus en plus si elle ne demanderait pas à ses parents de leur en emprunter un, c'était plus sûr que de courir après le bus chaque matin. En plus, quand vous êtes à moitié endormi, poursuivre un véhicule n'a rien de très sympathique. En attendant, la nippone fourra dans sa besace tout les cahiers qui lui tombèrent sous la main, tant pis si c'était les bons ou non. Elle y ajouta son plumier et fourra les écouteurs de son MP3 dans les oreilles avant de se précipiter hors de chez elle, en n'oubliant pas les clés au passage. Par chance, elle attrapa le bus, il s'en fallu pourtant de peu.

Une fois à l'école, elle n'eut le temps que de se diriger vers son casier et d'y ranger ses affaires avant d'entendre la cloche retentir, annonçant le début des cours. Et ce fut le même manège jusqu'au temps de midi. C'est alors que la jeune fille se rendit compte d'un problème majeure ; elle n'avait pris son déjeuné avec et n'avait pas d'argent assez que pour manger à la cantine. Pourtant son ventre, lui, criait famine...

- Voilà qui t'apprendra à être si lente et si tête en l'air au matin !

Se réprima-t-elle, ce qui indiquait qu'elle devait vraiment avoir très faim pour en arriver à une telle situation. Bien sûr, dans une telle situation, rien ne servait de se rendre au réfectoire, surtout si c'était pour mendier afin de pouvoir manger quelque chose ; de quoi aurait-elle l'air ? Si Mizuki était en général quelqu'un d'assez ouvert que pour aller vers les autres, il était hors de question qu'on la prenne dans ce genre de situation, elle avait sa fierté tout de même ! C'est donc la mort dans l'âme que la brunette se dirigea à pas lent vers les escaliers, son ventre gargouillant de plus belle.

- Non mais tu vas te taire toi ?!

Marmonna-t-elle entre ses dents, furieuse contre elle même. Arrivée aux escaliers, elle s'assit sur la marche la plus haute et sortit un de ses cours au hasard. Puisqu'elle n'avait rien à manger autant penser à autre chose, bien que son ventre n'était pas de cet avis et continuer de protester le plus bruyamment possible.

Mizuki continuait à manger, comme si de rien était. Elle ne mordait peut-être pas le sandwich avec force et vigueur, mais elle n'avait pas envie de s'en mettre partout, même si son ventre réclamait de plus grosse portion. Oh et puis il n'avait qu'à se satisfaire de ça, qu'il soit content qu'il ait tout de même quelque chose à digérer, car sans le Golden Boy il aurait été vide jusqu'à la fin de la journée. Néanmoins, la nippone se demandait ce que pouvait faire ledit garçon avec un panier repas fois 5. Cela lui arrivait-il souvent de faire de la charité avec ceux qui ont oublié leur repas ? Ou bien était-il simplement le plus gros mangeur que Mizu avait vu jusqu'ici ? D'une façon ou d'une autre, elle n'en saurait probablement rien, puisqu'elle ne comptait lui poser la question ; profiter de la nourriture offerte lui suffisait largement. Et puis, le nippon n'avait pas tardé à reprendre la parole. De force ? Ah ça non, il n'y en aurait pas eu besoin ; elle était trop affamé pour pouvoir résister. Et son nom alors ? Bah elle c'était Mizuki, mais évidemment que Keiji n'en savait rien. D'ailleurs, n'était-ce pas ennuyant de ne jamais pouvoir se présenter pour lui ? C'est vrai, dire à quelque "Salut moi c'est Keiji", ou quelque chose de ce style se révélait inutile dans son cas, à moins de vouloir entendre "oui je sais".

- Mizuki...

Cette dernière esquissa un petit sourire amical. Inutile d'en dire plus. En attendant elle pouvait se demander où elle en était dans son sandwich. Mais il n'en restait plus grand chose, un peu moins de la moitié, et enfin son estomac se calmait, au plus grand soulagement de la Japonaise. Quoiqu'il en soit, le jeune homme reparla à nouveau, expliquant ce qu'il lui voulait. Enfin, pas tout à fait, à croire qu'il n'avait pas confiance en Mizu-chan non mais ! Enfin, en même temps c'était justifié puisqu'il ne la connaissait que depuis quelques minutes. Levant la main et avalant un morceau de sandwich, elle répondit d'un air faussement solennel

- Je jure de ne rien en dire !

Bien sûr qu'elle avait expressément exagéré, un petit "promis" aurait suffit, mais bon, voilà qu'elle était de bonne humeur, on ne pouvait rien y faire. Finissant son sandwich, elle attendit que Keiji lui donne des explications un peu plus claires. Et elle dut se retenir de ne pas rire en les entendant. Oh, ce n'était pas par rapport à Keiji, elle ne se moquait pas de lui, c'est juste qu'elle ne s'attendait pas à cette question, et surtout qu'elle ne savait pas quoi répondre. Heureusement, elle parvint à garder son sérieux, et à ne montrer aucun signe d'une quelconque envie de rire. À la place elle réfléchit un instant sur ce qu'elle allait dire. Bon, déjà il lui était impossible de répondre puisqu'elle ne l'avait jamais vu marcher "normalement".

- Hum, la façon dont tu marchais dans le couloir compte ? Parce que sinon j'aurais un peu de mal à t'aider ...

En effet, Mizuki n'avait jamais été le genre de fille à observer les Golden Boys avec des jumelles, aussi à Sakurai, elle les avait croisé de temps à autres dans les couloirs, et savait simplement qui ils étaient, à part pour Hiroki qu'elle connaissait un peu mieux, et qu'elle appréciait grandement. Mais pour les autres, bien à part de vue et ne les connaissait pas. Donc forcément, lui répondre comme ça serait bien compliqué pour la jeune fille. Néanmoins, elle rajouta autre chose

- Bien que je ne pense pas que tu doives y faire attention, tu es un Golden Boy, c'est normal qu'il se dit plein de choses sur ton compte

Un petit sourire en prime. Pitié, qu'elle n'ai pas à commenter sa démarche, elle n'avait vraiment pas un don pour aider les gens dans une pareille situation.