Bien mal acquis ne profite jamais ? Ah oui ? [ Miwaku ]

Aah qu'il était dur d'être lui. Terriblement dur.
C'est ce que se répétait inlassablement Kirô en examinant son reflet sous toutes les coutures, un air satisfait sur le visage, face au miroir des toilettes pour hommes. Seul endroit de Sakurai où il pouvait être sûr d'être tranquille, particulièrement après avoir congédié l'ensemble de sa cour à l'entrée du lieu tabou. Bon, certes, une fois n'est pas coutume, un boulet l'avait suivi pour le bassiner sur la réception que donnait ses parents ce soir, mais il l'avait expédié dehors en deux temps trois mouvements, ainsi que les autres parasites hantant les lieux, se retrouvant enfin seul avec l'être qu'il aimait plus que tout au monde, soit lui-même.
Hola Narcisse, du calme, ou tu vas finir noyé au fond d'un fleuve x_x.
Bah, lui n'était pas assez con pour se laisser avoir, même par son propre reflet. Non mais regardez-moi ça, n'était-il pas la perfection incarnée, franchement ?
Ben... C'était discutable. Ses traits n'étaient pas parfaitement dessinés, mais le charisme prenait le pas sur les défauts du genre, et... Quoi Terazawa ? Oui oui t'as bien entendu, des défauts sur le plan physique è_é.
Tss. Faisons taire cette voix qui n'a strictement rien compris à la vie ; rapport aux nains efféminés qui l'entouraient, il était indéniablement plus...
Un détail fâcheux venait d'attirer brutalement son attention, le sortant de ses rêveries narcissiques avec une brusquerie qui fit immédiatement retomber son sourire suffisant.

« Rhaa putain, quel est le connard qui m'a fait ça ? »

Tenant du bout des doigts son col, il râla un peu plus après un examen attentif du tissu confirmant qu'il n'était plus entièrement propre, pestant contre l'enfoiré qui lui avait saigné dessus. Non mais merde, un polo D&G flambant neuf ! Quel connard ! Certains diront qu'il n'avait pas à tabasser ce pauvre deuxième année qui avait osé répondre à une de ses piques, et à ceux-ci nous répliquerons que lorsqu'on était le souverain, il fallait savoir mater le peuple. Maintenant, il allait devoir retourner chez lui se changer, histoire d'être présentable, action lui faisant faire un détour considérable avant son rendez-vous du soir.
Euh, détour ? C'était pas déjà prévu, de repasser pour enfiler une autre tenue ? x_x.
Si, mais sur le principe, cette enflure se foutait vraiment de sa gueule !
...
Et, rendez-vous ? Plus tard, les explications. Pour le moment, il était bon de préciser que la fameuse tâche ne devait pas faire plus de deux millimètres de large, et se trouvait tout près de l'écusson du vêtement, ne tranchant donc pas tant avec le blanc général. Mais quand on avait le souci du détail, que voulez-vous... x_x.

Quelques heures plus tard, Monsieur se retrouvait de nouveau devant la glace, de sa chambre cette fois-ci, arborant de nouveau le sourire satisfait qui lui était propre. La tenue de remplacement ? Un sweat blanc -couleur du jour- au logo plutôt discret, dont le côté streetwear était radicalement effacé par le port d'une veste noire plus habillée de chez Armani -qu'il est bon d'être plein aux as *o*. Ou comment être habillé sans l'être, by Terazawa. Si elles n'avaient pas été pour Miwaku, il se serait largement jeté les fleurs qui trônaient sur son lit, en homme modeste qu'il était.
… Miwaku ? Ah non Kiki, tu vas pas retourner l'embêter ? x_x.
Ben tiens, il allait se gêner. Et directement chez elle, cette fois : sa motivation avait encore décuplé, suite à sa violente altercation avec Ozaki. Tandis qu'il époussetait une dernière fois son costume, il arbora le visage de l'homme qui sait que, ce soir, il ne s'endormira pas seul.
Ou qui y croit dur comme fer, en tout cas.

Et le voilà qui attendait devant la chambre -universitaire, histoire qu'on ne se fasse pas d'idées trop vites 8D- de la belle, ponctuel, comme toujours.
Eeh, ponctuel ? Il s'était quand même pas renseigné sur l'heure à laquelle elle terminait aujourd'hui ?
Bah, il fallait bien que les anciens martyrs envoyés à Todai servent à quelque chose, ne. Encore nonchalamment appuyé contre le mur du couloir, il se redressa lorsqu'il aperçut sa silhouette familière, et se para d'un sourire charmeur au possible, après s'être assuré que son gel tenait toujours impeccablement.

« Bonsoir Miwaku, ça fait longtemps. »

Aah, merci Kami-sama de lui avoir accordé une voix aussi grave, parfaite pour les effets dramatiques du genre.
… Tu vas quand même pas lui faire un baisemain ? x_x.
Oi, trop tard. Et le regard appuyé quand tu te relèves, quel sens de la mise en scène. Voilà c'est ça, tends-lui maintenant le bouquet d'orchidées pour appuyer ton effet romantique et hausse les épaules comme si ça n'était pas grand chose, en définitive.

« J'ai pensé que ça pourrait te faire plaisir. Tu as quelque chose de prévu ce soir ? »

Histoire de savoir, mine de rien bien entendu, s'il pouvait lui tenir innocemment compagnie 8D.

Aah si Kirô avait su quelle réaction il avait pu créer chez Miwaku, indétectable de là où il se trouvait, sa soirée n'en aurait été que plus radieuse. Se casser autant la tête pour lui, c'était une belle preuve qu'il avait un certain impact sur elle, non ? Bah, de toute façon, ce n'était plus franchement un secret, qu'il ne la laissait pas indifférente. Probablement pour cette raison-là qu'Ozaki se sentait menacé, non ?
Euh, depuis quand se sentait-il menacé, Kai ? o_o. Il était pas simplement en rogne contre toi, vu que tu tournes toujours autant, voire plus, autour de sa douce ?
Na. Il s'était juste aperçu qui, entre eux deux, préférait sa propre copine, et tentait de la garder en lui mettant des bâtons dans les roues, soit en tentant de démolir sa belle gueule et/ou de l'envoyer à l'hôpital. Vaine tentative, puisqu'il était toujours là, et plus avenant que jamais 8D. On ne se débarrassait pas si aisément de Kirô Terazawa, malheureusement pour bon nombre de personnes ici bas.

Mais pourquoi jouer au faux gentleman, quitte à en faire trop ? D'abord, c'était généralement de cette manière-là qu'il faisait son show avec Miwaku, puisqu'on pouvait, à chaque fois, subodorer sans peine ce que Kirô recherchait vraiment, de par ses sourires prédateurs et de certains propos plus provocateurs. Qui d'ailleurs reprenaient très vite le pas sur cette fausse image. Et, ensuite, il se plaisait en un sens à jouer ce rôle-là, faisant entièrement partie de leur petit jeu du chat et de la souris. Enfin, de leur ancien jeu, mais il préférait faire comme si de rien n'était, et continuer, même seul, à y prendre part. Puis il était persuadé que la belle, sans Kai -même avec, s'il parvenait à lui faire assez de charme ?-, aurait adoré le perpétrer ; comment pouvait-on délibérément passer à côté d'une occasion pareille lorsque celle-ci impliquait le parfait Kirô ?

Aah Miwaku, Miwaku... Une attitude tellement contradictoire que ça en devenait flatteur. S'en rendait-elle seulement compte ?
Wow, une seconde, arrêt sur le délire mégalo. Comment ça, contradictoire ?
Tss, il fallait donc tout expliquer ? Bah, il pardonnait ; personne ne pouvait se vanter de comprendre les choses aussi bien que lui. Première étape, elle grognait, mais avait fini par accepter ses fleurs -préférées, évidemment, on était dans le rôle ou on ne l'était pas. Deuxième chose, elle se voulait plutôt hostile, mais avait peine à soutenir son regard, qui se fit d'autant plus perçant lorsque les prunelles de la demoiselle s'y plongèrent. Et bien qu'il fut tentant de baisser les yeux sur le décolleté qu'offrit sa jolie robe ; on avait pas idée de s'habiller pareil le jour où Terazawa venait en éclaireur. Comme si elle avait pu le prévoir x_x.

A sa réplique, il laissa échapper un léger rire, avant d'enfoncer négligemment les mains dans ses poches, sans lâcher sa cible du regard.

« Moi qui pensais te voir ravie de me trouver ici. »

Pitié Kiki, pas à nous x_x. Tu savais pertinemment que chacune de tes apparitions, depuis qu'elle sortait avec Kai, lui était une véritable torture. Et pas parce que tu es divinement beau ou je ne sais quoi.

« Je venais juste te rendre visite, voir où tu loges cette année. Tu ne vas quand même pas laisser un bon ami à toi sur le palier ? »

Bon ami ? Oi, c'était le moment comique apparemment x_x.
Mais lui ne parut pas rire le moins du monde, puisque continua à lui sourire de la même manière, après lui avoir désigné d'un coup d'oeil éloquent la porte de sa chambre.
Monsieur Provocateur, le retour ? Patience mes amis, patience.

Et l'accueil glacial se mutait maintenant en une série de piques plus affutées les unes que les autres. Qui firent d'ailleurs justement mouche, faisant faire un bond en avant à une colère nouvellement apparue chez le bonhomme. Non pas qu'il était devenu brutalement sensible, ou que Miwaku ne compte pour lui au point de le blesser -on aurait tout vu x_x-, mais qu'on lui réponde l'avait toujours agacé en un sens, ne supportant pas d'être dominé, même en l'espace d'une seconde, par une tierce personne.
Alors pourquoi ce sourire aux lèvres ? Par habitude ? Ou simple histoire de garder la face ?
Ni l'un ni l'autre ; cette résistance qu'elle lui opposait lui faisait la désirer davantage, et l'irritation dont il était victime ne faisait qu'ajouter à ces sensations contradictoires, d'autant plus excitantes.
… Masochiste, le Kirô ? Non parce que là, on est en droit de se demander x_x.
Bah. A force de jouer au sadique tout-puissant, se voir dominé par une si belle plante, et même s'il ne supportait paradoxalement toujours pas de ne pas être le plus fort, il avouait savourer des instants comme celui-ci, à petite dose, bien entendu. Car si Miwaku continuait encore sur cette voie-là, nul doute quant à la suite des évènements.
Eeh, comment ça ?
Un peu de patience les amis, ça viendra, ça viendra :D.

En attendant, il avait préféré opter pour le silence, paraissant écouter les différents reproches que lui faisait son ancienne camarade de séduction, et, lorsqu'elle se retourna pour ouvrir la porte, ne se priva pas pour faire glisser son regard le long de son dos, pour finir sur ce qui avait attiré l'oeil de Kirô lors de leur toute première rencontre.

« Divin. »

Murmura-t-il pour lui-même.
Rhoo Kiki, un peu de tenue x_x.
Eh ? Il était tout ce qu'il y avait de retenu, présentement ; si ça n'avait tenu qu'à lui, il y aurait déjà touché tiens. Et il était d'ailleurs à deux doigts de céder à cette tentation-ci, qu'elle se retournait déjà pour continuer sur sa lancée, ne l'épargnant, une nouvelle fois, pas le moins du monde. Et à juste titre.
Kami-sama, pas croyable l'effet qu'elle pouvait lui faire. Quel tronche tirerait Kai, s'il le trouvait ici, à deux doigts d'entrer dans sa chambre ? Car il considérait que si elle ne lui avait pas claqué la porte au nez, la laissant grande ouverte, c'était bien parce qu'elle avait envie qu'il y entre, quelque part. C'était en tout cas la manière dont réfléchissait Kirô, puisqu'au final, ça l'arrangeait bien 8D.

Sois gentil ? Le problème c'était bien ça : Kirô n'avait jamais pu être considéré comme un gentil garçon, et n'avait pas l'intention d'y remédier à l'avenir.
Laissant un nouveau rire s'échapper de ses lèvres à sa dernière réplique, il s'approcha de la belle, franchissant la limite invisible -pourtant bien ressentie par le bonhomme- en s'accoudant négligemment à la porte, sans lâcher Miwaku du regard. De fait, il l'empêchait ainsi de l'enfermer dehors, et bloquait le passage de par sa pose légèrement inclinée ; autrement dit, elle était désormais -physiquement, tout du moins, et sans mauvais sous-entendu hentai... Quoique ?- prise au piège.

« Miwaku, Miwaku... Tu sais très bien qu'il m'en faut plus pour me faire partir. »

Plus ? Sous-entendu, lui donner ce qu'il voulait ? Qui sait.
Remettant les mains dans ses poches, il continua de lui sourire de la même manière, peu enclin à s'en aller alors que la partie venait de commencer. Et maintenant qu'il était -agréablement- exaspéré par la demoiselle, hors de question de repartir avant d'avoir obtenu satisfaction ; aussi, il se décolla de la porte, avança pour mieux la refermer, lâchant Miwaku un instant du regard, avant de faire quelques pas au milieu de la pièce, examinant la chambre qu'on lui avait donné.

« Ca ne vaut pas un cinq étoiles, mais c'est nettement mieux que toutes les chambres d'étudiant que j'ai pu voir. »

Et hop, faire comme si de rien n'était x_x.
Bah, continuons dans la lancée : posant de nouveau son regard sur la propriétaire des lieux, il alla s'asseoir sur le bord du lit sans aucune gêne apparente, tapotant à côté de lui comme s'il l'invitait à le rejoindre. Pas dit qu'elle accepte, mais il cherchait plus à la provoquer qu'autre chose, adaptant son sourire en conséquence.

Se répéter ? Si elle affirmait détester le faire, Kirô, lui, l'y invitait pourtant fortement ; il attendait avec une hâte certaine la prochaine vague d'irritation que pouvait lui procurer son ton glacial, et ses piques redoutables, et espérait que le tout soit suffisant pour faire grimper son adrénaline d'un cran, fait qui le déciderait peut-être à passer à l'action. Parce qu'il était convaincu qu'un peu de franc jeu -et beaucoup de brutalité, surtout- l'avantagerait nettement pour la suite, ne laisserait plus de place aux doutes, et autres perturbations intérieures, qui hantaient présentement Miwaku. Jusqu'à obtenir ce qu'il désirait tant ? Evidemment. Sa confiance en lui excessive lui faisait totalement négliger ses chances d'échec, encore fortes en cet instant précis. Pauvre bonhomme x_x. Nani, échec ? Mot inconnu, puisque totalement inutile dans son vocabulaire de tous les jours.
Euh, et tes redoublements intempestifs ?
Il ne s'était pas présenté aux examens de sa propre volonté, et n'avait donc subi techniquement aucun échec, pour avoir été absent.
Et cette fois, il y a deux ans, où tu t'es pris une raclée par un élève d'un lycée voisin, nettement plus expérimenté niveau rixtes, pour finir à l'infirmerie complètement K.O. ?
Premièrement, il n'était pas plus expérimenté, parce que tout le monde savait que le plus beau, le plus grand, le plus fort, etc etc, c'était lui, et que personne ne pouvait en conséquence le surpasser en quoi que ce soit. Deuzio, il ne se souvenait pas avoir atterri à l'infirmerie. Et pour conclure, il se rappelait par contre -et étonnamment x_x- d'un crochet du droit mortel qu'il lui avait assené -avant de se faire massacrer par un coup de coude dans le nez, mais ça, il ne s'en souvenait probablement pas non plus x_x. C'était donc une victoire incontestée. Une de plus, lui direz-vous.

Passons sur cette mauvaise foi qui le caractérisait si bien, pour mieux en revenir au moment présent. On n'avait pas idée d'être aussi transparente en face d'un adversaire de cette envergure-là. A l'affût du moindre détail trahissant l'état perturbé de Miwaku, Kirô n'était donc aucunement déçu des différentes réactions de la belle, assez équivoques à son goût, et se régalait de ces regards fuyants, et autres comportements contradictoires dont elle faisait étalage.
Prendre congé ? … Après l'avoir considéré comme un petit garçon quelques instants plus tôt -étape qu'il ne digérait toujours pas, préférant la ressasser au profit de son envie bouillonnante-, la voilà qui le traitait maintenant comme un domestique, lui apportant, enfin, cette nouvelle onde d'impatience tant attendue, alimentant les sensations agréablement mêlées dont il était victime. Putain qu'il rongeait son frein. Et le seul indice qui put transparaître de son état d'esprit fut le tapotement frénétiquement silencieux de son pied contre le sol de la chambre, qui cessa bientôt, plus précisément quand elle le saisit par le bras.

Elle comptait vraiment le virer de ? Nah, Kirô n'y croyait pas. Elle sauvait seulement les apparences, ou, dans le pire des cas, tentait là sa dernière chance pour ne pas craquer. Et puis, elle croyait vraiment qu'il allait filer, alors qu'il était confortablement assis sur son lit ?
Comblant la force déployée par la demoiselle, il fit fièrement valoir sa soixantaine de kilos, et ne bougea, en somme, pas d'un pouce, arborant un sourire tandis qu'il la voyait lutter pour son salut. Peine perdue jeune fille, le loup est désormais lâché dans la bergerie, et compte bien y faire siège tant qu'il n'aura pas obtenu l'objet de son désir.
Et, c'était pas le moment opportun pour passer à l'attaque ? Tout juste ; laissant de côté son éternel sourire, il profita de la prise qu'avait Miwaku sur son bras pour se saisir fermement -peut-être un peu trop, d'ailleurs- de l'un de ses poignets, et la regarda fixement, plus sérieux -et énervé ? x_x- que jamais.

« Miwaku, pourquoi tu t'obstines ? »

Ah, première percée de l'énervement qu'il pouvait ressentir. Et ça n'était pas franchement fini.
Quasiment sans prévenir, il tira sur son pauvre poignet, avec encore trop de force, et la fit se retrouver à quelques centimètres de lui, pour finalement chuchoter à son oreille. Oula, attention les yeux x_x.

« T'en crèves d'envie autant que moi. »

Il avait hésité quelques instants à rajouter quelque chose comme quoi Kai n'en saurait rien, mais il s'était soudainement dit que rappeler à la jeune fille l'existence de son petit ami, dans un moment comme celui-là, c'était terriblement mal jouer de sa part. Elle aurait pu se sentir coupable, ou il ne savait quoi, et adieu son effet de mec sexy.

Ainsi donc, elle se bornait dans sa résistance, hein ? Tss.
Serrant les mâchoires en même temps que sa prise sur le pauvre poignet de Miwaku, il accusa le coup avec plus de difficulté que la dernière fois, ne pouvant retenir plus longtemps sa colère qui débordait à présent. Elle se foutait de sa gueule ? Durant des mois et des mois, elle l'avait honteusement chauffé en usant de ses charmes, se prêtant volontiers à son petit jeu du chat et de la souris, pour, brusquement, se transformer en véritable glaçon. Tout ça à cause d'une histoire de fidélité, évidemment, notion que Kirô n'avait jamais comprise ni approuvée. A quoi bon se réserver à une seule personne, surtout quand on disposait d'un physique comme le sien ? C'aurait été égoïste, tout comme l'était Miwaku en ce moment même.
Frustré le bonhomme ? Ben tiens. Pourquoi tant de colère sinon ? Certes, il avait un caractère tendant franchement aux accès de ce genre, mais on pouvait ici nettement sentir que cette colère-là avait été ressassée depuis radicalement plus longtemps, et ressurgissait avec d'autant plus de violence qu'elle tentait maintenant de le rejeter, lui envoyant de nouveau quelques phrases assassines, versant franco dans les insultes.

Aussi, lorsqu'elle tenta, probablement dans un réflexe de survie rendu inutile pour le coup, de se défaire de son étreinte, il ne lui laissa pas perdre un centimètre, gardant la même poigne, se foutant d'ailleurs ouvertement qu'elle en souffre. A vrai dire, il bouillait tellement de rage et de désir en cet instant, qu'il perdait peu à peu le contrôle, sans vraiment chercher à le reprendre, fallait-il préciser. Pourquoi faire ? Miwaku ne récoltait ici que ce qu'elle avait semé, il en était hargneusement convaincu. Elle tenta encore et encore de se libérer, mais il resserra à chaque fois un peu plus son étau, contemplant en silence ses efforts désespérés. Qu'est-ce qu'elle espérait ? Qu'il la laisse s'en aller docilement avant de prendre congé, comme elle le disait si bien ? Elle le connaissait quand même mieux que ça, non ? Qu'on se le dise : il ne partirait pas avant d'avoir obtenu ce qu'il était venu chercher, il en était maintenant convaincu.
Eeh, « maintenant » ? Il n'était pas venu dans cette optique là, dès le départ ?
Certes, il avait espéré qu'elle lui défaille dans les bras ce soir, mais ne se serait pas offusqué d'un refus, et serait repassé plus tard pour mieux la harceler.
Pas offusqué ? o_o.
Affirmatif, puisqu'il aurait passé ses nerfs sur un gamin de Sakurai au préalable. Mais dorénavant, c'était totalement différent : remonté à bloc comme il l'était, il ne la lâcherait pas, quitte à ne pas en dormir de la nuit. C'était ce soir, ou jamais. Et comme « jamais », en ce qui concernait ces affaires-là, était un terme inapproprié pour sa personne... Vous devinez la suite, n'est-ce pas ?

Soutenant le regard de Miwaku avec une intensité qui trahissait son état actuel, il put clairement lire sur son visage qu'elle en était, quasiment, au même point. En ce qui concernait la colère, quoiqu'il ne doutait pas que, comme il l'avait si bien dit, elle ne le veuille autant que lui la voulait, dans sa trop grande confiance en lui toujours bien présente.
Le jour où cette dernière se faisait la malle, nous promettons de le faire moine, et de le transformer en véritable petit ange de vertu.
Petit ange qui résista tant bien que mal à bondir sur la belle, qui se penchait dangereusement vers lui. Putain mais quelle provocatrice ! Sérieusement, quand on avait un décolleté comme celui-ci, se pencher relevait de la haute voltige, et ce fut forcément le côté désirant qui reprit le dessus, ne se gênant pas pour une oeillade qu'il ponctua d'un sourire extatique.

…
Rien du tout ? Coller une ? Môme ?
A ce train-là, c'est elle qui allait s'en prendre une. Putain.
Se préparant à l'ouvrir pour une gueulante qui, pour sûr, aurait fait des dégâts, il fut interrompu par ce qui était, en cet instant précis, la provocation ultime, déclenchant immédiatement une chaleur bien trop connue au creux de son ventre. Elle lui disait qu'il n'obtiendrait rien, et lui donnait un aperçu largement équivoque à son goût ?
Et l'ordre qu'elle finit par lui donner l'acheva dans son envie de violence, et il ne fit pas l'effort de le retenir, brûlant beaucoup trop -et ce dans tous les sens du terme- pour ne pas évacuer cette tension obsessionnelle qui le saisissait depuis tout à l'heure.

« Tu rêves. »

Il se leva brusquement, la tenant toujours par le poignet, mais lui laissant tout le loisir de reculer, tant que son bras le lui permettait. Menaçant, il s'approcha rapidement, la forçant à marcher à reculons, sous peine de se retrouver tout contre lui, et, très vite, la coinça entre le mur et lui, sa respiration se faisant de plus en plus rapide.

« Putain, Miwaku, tu sais parfaitement que les provocations de ce genre, je supporte pas ! »

Oui ben oui, serre les mâchoires, et frappe contre ce pauvre mur d'un air horriblement énervé x_x. Non mais, hey, ne... Oh la vache, fais ce que tu veux, la narratrice ne se porte plus responsable de rien.
Ainsi donc, Kirô venait d'attraper le bras encore libre de la demoiselle, et de coller violemment les poignets joints de Miwaku au mur, s'arrangeant habilement -preuve qu'il avait l'habitude ?- pour les tenir d'une seule main, alors, que de l'autre, il la tenait par la gorge, la forçant à le regarder dans les yeux.

« Alors maintenant, tu vas jusqu'au bout. »

Et, pour appuyer cette réplique à la violence non dissimulée, il se pencha sur elle pour lui administrer un baiser sauvage, la tenant toujours de sorte à ce qu'elle ne puisse pas faire un mouvement.