Quand on croise une licorne...[PV Takumi, Kimiko]

Ce que la vie pouvait être dure! Surtout quand venait le temps de prendre des décisions vestimentaires en vue d’une soirée spéciale. Qu’on le demande à n’importe quelle jeune fille, voire même aux femmes adultes, le dilemme était toujours aussi grand. Peu importe ce qu’elle était, une fête demandait une attention particulière à chaque fois… Il en allait de la dignité des demoiselles! Ce n’était donc pas pour rien que la belle Fujihara courait les boutiques depuis plusieurs heures déjà : elle était à la recherche du costume parfait pour la soirée d’Halloween organisée pour les étudiants de Sakurai et Todai. Elle ne parvenait malheureusement pas à se faire une idée de ce qu’elle voulait ; ce pourquoi elle amenait son majordome à pousser des soupires ici et là. Toutefois, ce n’était pas de la faute de la nippone s’il y avait trop de choix et trop peu de temps. Comment était-elle sensée se décider quand elle paraissait bien dans de si nombreuses tenues? C’était un obstacle supplémentaire pour elle, ne? Ainsi, elle essayait des ensembles qui allaient du classique de l’infirmière à jockey, de personnage de manga à animal quelconque.

La fatidique journée ayant enfin fait son arrivée, la japonaise était prête à dévoiler son costume au reste du monde… après avoir passé une inspection devant le miroir, évidemment. Bref, Kimiko s’était levée tôt parce qu’elle en avait pour un bon moment à se préparer… Bien qu’en réalité, c’était plus une question d’aller à ses multiples rendez-vous chez des professionnels de la beauté. Elle refusait de prendre la chance de manquer son coup! Son premier arrêt fut chez le coiffeur qui lui boucla les cheveux, ceux-ci étant évidemment attachés et cascadant sur son épaule droite. Il s’occupa également de placer les trois longues plumes, dont deux vertes et une jaune, qui ornaient la tête de la demoiselle. Plus tard, la lycéenne s’était rendue chez une maquilleuse professionnelle afin d’avoir le plus beau rouge sur les lèves. Elle demanda même un faux grain de beauté au-dessus de la bouche, de quoi lui donner de vrais airs. Enfin, elle était retournée chez elle dans le but d’enfiler son costume. Qu’avait-elle donc choisit, après tout ce shopping? Rien de moins que de se transformer en danseuse de french cancan pour la journée! Eh oui, elle avait enfilé le corset noir, la robe jaune, les longs gants noirs, les bas de nylon foncés avec le porte-jarretelles et les talons haut, ainsi qu’un mince collier noir. Sincèrement, avoir eut un chapeau, elle se le serait levé! Le cas échéant, elle se contenta de sourire narcissiquement devant le miroir. Elle approuvait.

La voilà donc qui quittait son domicile, laissant les domestiques s’occuper des enfants qui ne demandaient rien de mieux que des friandises. Elle embarqua dans la voiture et souriait à elle-même. Pendant un moment, lors d’un arrêt à une intersection, elle tapa des mains sous le coup de l’excitation. Elle mourrait d’envie de montrer son costume à Shintaro-kun, elle était fière pour une fois. Il faut dire qu’elle se rattrapait pour son déguisement de Sailor Jupiter de l’an dernier qui n’avait pas vraiment fait fureur… Ceci dit, une fois arrivée, elle ne prit même pas la peine de dire au revoir au chauffeur qu’elle franchissait déjà la porte menant à la maison hantée. L’élève déguisée balaya la pièce du regard afin de trouver quelqu’un qu’elle connaissait. Ne reconnaissant personne sur le coup, elle refusa de baisser les bras tout de suite et se mit alors à se faufiler entre les autres adolescents quand… soudainement… peut-être un peu trop, même… elle cru remarquer un truc multicolore trop serré avec une corne qui franchissait un espace étrangement vide. La pauvre en eut un tic à la joue en se demandant qui pouvait bien oser se pointer habillé de la sorte! Un peu plus loin, car elle tentait de devancer le mouvement de la chose, elle aperçut Takumi Yoshida. Haaan, le pauvre allait être victime d’une licorne au linge trop moulant! Elle devait absolument lui venir en aide!

…Cela explique pourquoi elle se lança dans une marche rapide jusqu’à l’étudiant de la 3-B… Or, elle arriva trop tard. Arrivée à la hauteur des deux garçons, la danseuse de french cancan figea avec une expression de pure horreur… ou presque. N’était-ce pas son Shintaro-kun qui était là, avec une crinière et tout le tralala, sautillant et qui parlait de donner des coups de corne dans le derrière d’elle ne savait qui?

« SHINTARO-KUN!? Mais… mais… Ciel, qui t’as infligé ça? Dis-moi que tu as perdu un pari! Un pari qui aurait pu te rendre multimillionnaire ou quelque chose… » débuta l’adolescente sous le choc, s’agrippant après le bras de Takumi à cause de la peur de voir son ami accoutré ainsi… Puis elle prit une grande inspiration, plaçant sa main gantée devant sa bouche, et ouvrit grand les yeux : « À moins que ce ne soit encore ta mère? Je t’avais dit de laisser ton costume de rechange chez moi, ne? Anô... Tu me fais peur, comme ça. Tu sais, en route ici, j’ai vu une petite toute kawaii qui avait le… Haan, mais pourquoi me jettes-tu ce regard? »

Période très populaire chez les jeunes, l’Halloween était ce temps de l’année qui permettait les pires jolies. Celui où tout était permit, même les pires folies. Dans la ville de Tokyo, cela était d’autant plus facile à observer cette année. Comme à chaque fois, les habitants se permettaient de sortir de leurs coquilles, notamment les adolescents habitués de tous se ressembler à cause de leurs uniformes scolaires. Il fallait dire que rare étaient ceux qui n’aimaient pas les costumes, les bonbons, les fêtes et les maisons hantés! Justement, l’enfant unique des Fujihara assistait à la maison hantée organisée par Todai. Elle s’était donc préparée en conséquence et ce, des semaines durant. Le résultat final en avait été celui d’une danseuse de french cancan. Elle avait tout planifié, jusqu’à cacher son grain de beauté naturel afin de s’en dessiner un au coin supérieur droit de sa bouche. Elle n’avait rien laissé au hasard.

Elle s’était fait conduire sur place par la voiture familiale et, une fois sur les lieux, elle déambula quelques temps en faisant tourner des têtes… Mais toute sa concentration était ailleurs, ce qui était une bonne chose puisqu’elle aurait sans doute éclaté de rage à quelques reprises autrement. Bref, elle s’attardait plutôt à la recherche de visages connus. Après tout, elle ne se serait pas pointée si ça l’avait été pour se retrouver seule parmi une foule de gens qu’elle ne connaissait aucunement. Elle fini par s’immobiliser sans avertissement, soudainement effrayée par un amas de couleurs moulantes. Trop marquée pour être capable de détourner le regard, elle tenta de voir où s’en allait la « chose » et aperçu Takumi Yoshida en pleine ligne de mire. Elle se mit immédiatement à paniquer de l’intérieur, elle devait faire quelque chose pour lui! Ce pourquoi elle se rua en la direction du lycéen déguisé en squelettes… essayant en vain de le sauver du danger qui allait en sa direction.

Malheureusement, elle ne put se rendre à temps… soit elle arriva trop tard auprès de son ami de la 3-B. Cependant, une fois arrivée à la hauteur des deux lurons, elle constata avec horreur que la « chose » n’était, en réalité, rien d’autre que son meilleur ami Shintaro Sanada. Elle ne savait pas exactement de quelle manière elle était sensée le prendre sur le coup. À vrai dire, tout c’à quoi elle était capable de penser se résumait à une prière intérieure pour qu’il n’ait pas porté ce truc de son plein gré. Sans quoi, une intervention devrait être faite auprès de l’adolescent. La japonaise continuait de l’observer de la tête aux pieds pendant que le squelette lui assurait qu’il n’y avait aucun doute qu’il pouvait faire fuir les gens. D’un côté, la lycéenne se demandait depuis quand une licorne était devenue plus effrayante qu’un squelette. Vraiment, elle avait manqué ce changement de vocation venant de l’être fantastique. Par contre, elle était totalement d’accord que son kawaii baka pouvait faire dresser les poils de sur la peau à n’importe qui en étant accoutré de la sorte. Toujours est-il qu’elle était tellement sous le choc qu’elle ne parvenait plus à bouger quoi que ce soit, ne serait-ce que de cligner les paupières… et encore là. Cela expliquait probablement son manque de réaction quand elle devint, à son insu, un bouclier humain pour le comédien qui ne devait probablement pas vouloir mourir de coups de corne. En fait, elle prenait tranquillement conscience qu’elle avait vexé Shintaro avec ses commentaires… Mais ce n’était pas de sa faute si le costume était affreux sur un ado de dix-huit ans et qu’elle voyait des formes dont elle se serait passée ! Après tout, elle était peut-être déguisée en danseuse de french cancan, mais n’empêche qu’elle était toujours une jeune fille qui voyait en détail le corps de son meilleur ami.

Le scandale laissa plutôt place à une Fujihara dont la mâchoire tomba par terre lorsque Shintaro se défendit avec son histoire de fantaisie. Vraiment, elle ne pouvait plus se retenir… ni même continuer de se sentir mal d’avoir blessé son copain à cause de son costume ridicule. À vrai dire, elle pouffa de rire… Elle riait au point où elle commençait à en avoir peur pour son maquillage. Était-elle la seule à noter l’ironie de l’argument ? Soit que la licorne, mignonne dans sa baka attitude… habituellement… celle qui était incapable de formuler une phrase complète en la présence d’une fille le moindrement jolie, parfois même une qui avait peu de choses pour elle… Bref, cette même licorne qui affirmait être dans les rêves de toutes les demoiselles ? Nani ? L’argument aurait eut plus d’impact, pour ne pas dire plus de crédibilité tout simplement, si Shintaro aurait eut la réputation d’être un coureur de jupon… ou, encore, un garçon qui avait plus qu’une seule petite amie dans son historique. Le rire de la nipponne n’avait rien de méchant envers son ami, au contraire, mais elle se permettait de douter… et elle ne devait pas être la seule à le faire.

À la suite d’un beau sourire, elle fit un clin d’œil à la french cancan à son unique licorne, tout en lui prenant le bras. Autant bien embarquer un peu dans son petit jeu, à défaut de nécessairement être d’accord… Bien qu’elle devait avouer qu’elle n’était pas accompagnée de garçons qui laissaient à désirer physiquement. (XD) Par la suite, elle tendit son autre bras à Takumi.

Au moins, on voyait qu’elle avait partiellement oublié la passe de terreur par laquelle elle était passée quand elle s’était aperçue du pauvre état de Shintaro. Toujours dans son rôle, elle ne s’était pas déguisée pour rien, elle fit un coup de pied dans le vide. Elle s’avança ensuite vers la porte de la maison hantée, excitée de voir ce que les universitaires de Todai leur avaient préparé. Elle avait de bon espoirs pour la soirée… Jusqu’à, évidemment, elle se fasse avoir au premier tournant dans le noir et qu’elle sursaute à en crier comme une fill… fillette, car fille elle était depuis toujours. En fait, elle eut si peur qu’elle en sautant dans les bras de quelqu’un. Il faut croire qu’elle avait oublié de se préparer mentalement… C’était l’Halloween, après tout, la soirée des sensations fortes !

On pouvait en venir à se demander pourquoi Kimiko était de si bonne humeur… Outre le fait qu’elle était costumée et qu’elle assistait à une soirée thématique en compagnie de deux bons – pour ne pas dire beaux et atrocement sexy – copains à elle… Il n’y avait rien qui pouvait expliquer que depuis l’excuse de son meilleur ami, un large sourire ne quittait plus ses lèvres. D’un autre côté, devait-on réellement chercher à savoir pourquoi elle était joyeuse de la sorte? Si elle s’amusait, c’était tant mieux pour tout le monde, ne? Sans compter que n’importe qui aurait été dans l’incapacité de retenir un rire en entendant Shintaro Sanada, le bouffon de service incapable d’en placer deux en présence d’une beauté féminine. Sur ce, elle n’avait pu s’empêcher d’embarquer dans le jeu de son meilleur ami. Elle pouvait bien essayer de lui rendre la soirée aussi agréable que celle-ci ne l’était pour elle, même si elle devait affirmer qu’il incarnait son fantasme. Ce fut d’autant plus comique quand elle vit la réaction de la licorne alors que Takumi insistait encore plus sur la blague qu’elle venait de faire.

Ah, mais cet emballement n’allait pas durer… Du moins, il allait changer de nature assez rapidement avec l’entrée du trio dans la maison hantée préparée par les universitaires. Comme quoi, la danseuse de french cancan pouvait bien continuer de parler tant qu’elle ne le voulait, vanter l’Halloween à qui voulait bien l’entendre et dire que c’était une des meilleures périodes de l’année… Cela ne changeait en rien qu’il était facile de l’effrayer avec un rien. Si les autres étudiants de troisième année à Sakurai ne le savaient pas encore, ils n’allaient pas tarder à le savoir… Étant donné qu’elle venait de sauter comme une sauterelle et ce, dans les bras du comédien. La pauvre adolescente n’avait malheureusement pas des nerfs d’acier et pour avoir des sensations fortes… elle était servie. Son cœur battait la chamade et elle n’était pas du tout prête à lâcher prise de son sauveur improvisé. Il ne lui restait plus qu’à prier pour qu’il ait des bons bras pour continuer de la soutenir…

Si au départ Kimiko ne pouvait que donner raison à son comparse que d’envoyer la licorne en premier, étant donné qu’elle avait tout de même une corne pour se défendre, elle eut un moment de doute à voir l’asiatique se débattre avec une fausse toile d’araignée. À savoir pourquoi, elle n’était plus très rassurée de savoir qu’il allait passer devant. S’il n’en fallait pas plus qu’une décoration pour venir à bout de son meilleur ami… Bref, on ne pouvait qu’espérer que Shintaro avait bel et bien l’âme d’un preux chevalier et qu’il n’aurait plus peur de rien.

Ça y était… La japonaise ne voulait plus lâcher son étreinte autour du cou du squelette fluorescent. Non, elle venait d’oublier définitivement l’idée de remettre un pied sur le sol afin de se déplacer par elle-même. Elle venait de frôler la crise cardiaque, sans même savoir ce qui avait été la cause de ce cri de la mort venant de son meilleur ami et, bien honnêtement… si elle pouvait demeurer dans l’ignorance, ça ferait bien son plaisir. De toute façon, avec les yeux fermés et la tête dans le creux du cou de Takumi, il n’y avait pas grand chance qu’elle aperçoive la moindre chose supplémentaire de cette maison hantée. Si elle avait pu se boucher les oreilles au lieu de se tenir, elle l’aurait fait… mais elle aurait été forcée de marcher.