Hiroki Nagasawa, donnut malgré lui |Jo Dalton|

Lorsque ses parents avaient parlé la veille d'inviter les Nagasawa à dîner le mois prochain, Johnny s'empressa de dire qu'elle irait prévenir personnellement Hiroki à Todai. Ses parents avaient eu l'air surpris mais avait acquiescé en s'échangeant un regard lourd de connivence que Johnny s'empressa d'ignorer.

Ce qui fut moins facile d'ignorer ce furent les remarques de Nelson son petit frère. Comment un gamin de douze ans pouvait avoir des idées aussi grotesques dépassait l'entendement.

«  Et comment ça se fait que tu puisses rentrer à Todaï hein? »

« C’est parce que je fais très "étudiante". » rétorqua Johnny d'un air supérieur, en rajustant avec parcimonie ses lunettes sur son nez.

Nelson avait ri pendant un bon quart d'heure. Sincèrement, Jo ne savait pas ce qui était le plus terrible: le fait que visiblement elle ne faisait pas étudiante encore, ou que si elle continuait à bivouaquer à Todai, le pot aux roses finirait nécessairement par être découvert.

Évidemment que son idée première d'avoir une bonne excuse pour aller à la prestigieuse université était de croiser Neji. Néanmoins voir Hiroki était toujours un plaisir. Il était souriant, il savait s’amuser et il connaissait plein de choses intéressantes.

«  Tu donneras ça à Hiroki sempai. » lui avait demandé Nelson le lendemain en lui filant un cd. «  Y’a tout les jeux de sports de la Wii. Il m’avait demandé Sports Islands 1, le 2, Resort...  ouais ok tu comprends rien de ce que je te dis, dis lui juste qu’il y a tout dedans.  A plus soeurette! »

Johnny fronça les sourcils: le vocabulaire de son frangin virait au déplorable. Depuis quand on posait un article devant oui? Ça faisait campagnard à souhait.

Lorsque la première année commença à chercher Hiroki, elle se trouva face à un dilemme de choix: le stade ou la cuisine?
L’horloge énorme de l’enceinte universitaire résonna, marquant les trois heures de l’après-midi. Son propre sac de cours en bandoulière, Johnny tapota ses lèvres d’un index interrogateur. Le stade serait plus logique vu l’heure mais il était plus loin et les cuisines étaient prêt du réfectoire situé à cinq minutes à peine de là où elle était. Ça ne coûtait rien d’y jeter un coup d’oeil même si les trois quarts des élèves, déjeunaient dehors, rapport au beau temps.

«  Hiroki sempai? » avait-elle murmuré en entrant en mode ninja furtif dans la cuisine vide et reluisante de propreté. Il n’y avait pas à dire: une cuisine propre et rangée c’était flippant. Ça ressemblait immanquablement à une scène de film d’horreur. Et Johnny n’avait jamais regardé la télévision de manière intensive mais elle se souvenait très bien d’une scène pareil dans un film sanguinolent.

D’ailleurs la vue des couteaux soigneusement rangés la fit frissonner et c’est de nouveau un faible: « Hiroki sempai? » qui sortit de sa bouche.

Un bruit comme un glissement se fit entendre et Jo se retourna brusquement. Ne pas penser au film. Ne pas penser au film.

Personne. Elle n’était pourtant pas complètement dingue non?

Elle allait demander s’il y avait quelqu’un avant de se souvenir que c’était toujours ça que disait la fille avant de se faire trucider sauvagement. Non mais on demande à un psychopathe si il est là? Il va vous répondre « mais oui, le bien sur, viens on va prendre une tasse de thé et après je te découpe en morceau, ça fera du cake ».

EEEEWWWWW!

Plus jamais elle ne rentrerait dans une cuisine toute seule. C’était décidé.

Johnny entendit un nouveau bruit et s’accroupit quasi instantanément. Si c’était quelqu’un de gentil, il ne se cacherait pas, c’était évident. La jeune fille se sentit un peu comme le Che dans sa forêt: la classe. Elle retira son sac en bandoulière et le posa discrètement dans un coin. La violence étant contraire à son éthique: Jo réfléchit. Que pouvait-elle utiliser comme moyen de défense.

La réponse surgit d’elle-même quand elle vit le pot de farine posé sur l’étagère. Maintenant il s’agissait d’être rapide, qualité qui faisait terriblement défaut à la donzelle. Il fallait aller jusqu’au pot de farine, puis courir jusqu’à l’endroit d’où le bruit venait.
La lycéenne se leva d’un bond et fit exactement selon son plan. Sauf qu’arrivée à quasi la fin de sa course, la vue d’un lutin avec des yeux ENORMES qui ressemblaient grave à des donuts en sucre et chocolat, la décontenança et elle perdit l’équilibre.

Tout ça pour tomber, pot de farine en tête, sur le sol immaculé de la cuisine de Todai. La poudre blanche se répandit en volute un peu partout, recouvrant avec joie le visage de Johnny qui fit la grimace et toussa.

«  Ah mais c’est pas vrai! »

Au moins, le lutin aussi avait du se recevoir de la farine: c’était toujours ça de gagné.

Le lutin aux yeux en forme de donuts en chocolat avait poussé un éternuement qui avait nécessairement alerté la moitié de l'établissement.
Johnny le foudroya du regard tandis qu'elle tentait tant bien que mal de se dépêtrer de la farine.

«  T'es pas la vieille folle :/. »

Eh?

Le pire ce n'était pas l'incongruité de la question posée sur un ton de conversation banale. Non. Le pire c'était que ce n'était même pas une question mais bien une affirmation.

«  C'est qui la vieille folle? » demanda la jeune fille malgré elle.

Il n'y avait pas à dire: Johnny un jour allait nécessairement avoir de grands ennuis, rapport à sa curiosité.
Son esprit abreuvé de logique carbura: évidemment la vieille folle ça ne pouvait pas être elle, même si à présent elle avait les cheveux blancs. En plus elle n'était pas folle (non mais!). Puis qui pouvait bien être timbré et vieux à Todaï?

Johnny arqua un sourcil et considéra avec une surprise non feinte la pose de ce qui devait être un jeune homme (conclusion amené par la voix du lutin... mais un doute persistait): les coudes en avant, le visage suspicieux et enfariné et des gros donuts dans les mains.

Sacré tableau!

«  Décline ton identité tout de suite ou j'appelle... »

Tandis que l'universitaire (vraiment?) cherchait qui il pouvait contacter, Johnny soupira et enleva ses lunettes pour les nettoyer.

Encore une fois, elle s'était fourrée dans un beau guêpier. Ça devenait vraiment une habitude. Elle faisait des rencontres digne d'un bouquin de Jules Verne avec des gens tous plus retors les un que les autres.

« ... le service de la régulation des cuisines. »

Johnny arrêta son geste et jeta un regard incrédule au garçon: ça existait ça le service de régulation des cuisines? D’un autre côté peut-être que Topdai fonctionnait autrement. Parce que c’était quand même hyper grand et rien que pour aller d’un côté à un autre... et les cuisines étaient immenses... il fallait absolument qu’il ne contacte personne et certainement pas le personnel. Il devait bien y avoir une solution quand même?

Oh il y en avait une bien sûr. Johnny, soulagée, eut un léger sourire.

Les donuts.

«  Tu ne peux pas appeler le service de régulation des cuisines parce que sinon il faudra leur expliquer pourquoi tu chipes des donuts en chocolat en catimini alors que les cuisines sont fermés! » fit-elle d’un ton accusateur comme s’il s’agissait d’un grave crime envers l’Humanité.

Elle regarda la pâtisserie américaine et secoua doucement son visage, laissant quelque peu la poudre blanche tomber en neige autour d’elle. Elle espérait sincèrement que ces donuts étaient non industriels parce que sinon bonjour l’infarctus.

«  Je ne dirais rien pour ton chipage de gâteau sempai, mais ce serait drôlement chouette si tu n’appelais pas le service de régulation. Botus et mouche cousue. »

La première année tendit sa main en guise de bonne foi, puis se rappelant la demande du lutin:

«  Je suis Johnny Wakabayashi. »

"Beeennnn ... c'est une dame qui est vieille et folle !"

Ah oui, tout de suite c'était plus clair.

Johnny fronça les sourcils et remonta dans un geste automatique ses lunettes. Peut-être que le lutin se considérait trop malin pour lui répondre. De toute façon c'était moyen ce qu'il racontait parce qu'on ne traitait pas les anciens de folledingos. Ça ne se faisait pas.

Elle avait bien tenté de le raisonner en lui parlant du vol éhonté de donuts, la menace sembla ne faire aucun effet. Pire ! le lutin riposta, le tout en lui tendant sa paluche farineuse qu'elle serra par réflexe innée (une main tendue, on frappe pas, ça parait évident... sauf si c'est celle de Kisetsu).

" Alors d'abord, je les vole pas vraiment, je les mange."

Johnny écarquilla les yeux, passablement surprise. Ben mon cochon bio! Y'en a ils ont peur de rien quand ils ouvrent la bouche!

" Je sais, tu penses que c'est pareil ! Mais tout est une question de point de vue ! De mon point de vue, ce n'est pas si grave que ça ! Après, c'est probablement parce que je suis un criminel et que je cherche des excuses pour le salut de mon âme..."

Johnny pencha son visage d'un air incrédule. De quoi?

"Ensuite, le service de la régulation des cuisines et moi, on est genre proches. Je bosse comme qui dirait pour eux en tant qu'espion."

" Oh." fut la seule réponse adéquate que trouva Johnny sur le moment avant de trouver le fait de se présenter comme la bonne solution.


"Et pour finir Johnny Wabayashiki..."

" Wakabayashi." rectifia la première année d'un ton dédaigneux.

C'était sur que c'était un universitaire? Parce que de toute évidence il n'avait pas inventé l'eau chaude.

"Haaaan, comme le grand patron des Jojo *o* ? Kakkoii !"

...

Ni l'eau froide.

"Ou comme John Lennon mais sans le ny !"

" Tu peux arrêt..."

"Hey... pourquoi t'as un prénom de garçon ?"

La lycéenne resta bouche bée d'indignation quelques secondes avant de voir deux jolies plaques rouges se former au niveau des joues. D'abord, Johnny c'était comme ... euh ... c'était un prénom occidental et chez eux il y avait des prénoms unisexes.

" C'est un prénom unisexe." fit-elle d'un ton savant en esquissant une moue contrariée. " Et aussi, ce n'est pas vraiment criminel de voler des donuts dans une cuisine mais tout de même. Voler des donuts peut avoir toute une chaîne de conséquence déplorable. D'abord parce que ça veut dire que demain pour le repas, la cuisinière sera obligé d'en faire plus qu'il n'est soi-disant besoin. Elle aura plus de travail et elle consommera plus d'énergie de type gaz et électricité. Sans compter le fait que tu n'as aucune idée de la teneur réelle de ces donuts. Sont-ils fait avec des produits naturels? Est-ce que les ingrédients sont issus du commerce équitable? Y'a t'il des conservateurs chimiques. Perso, je trouve que c'est un peu trop rose vif comme glaçage pour que ce soit normal. Aucun glaçage au sucre n'a une couleur aussi bubble-gum. T'imagines si c'est chimique? Tu sais ce que certains conservateurs font à ton corps? Ils peuvent jusqu'à créer une dépendance physique. Ce serait comme un cercle vicieux qui entraînerait nécessairement une consommation accrue qui entraînerait elle même plus de travail et encore plus de consommation d'énergie."

Johnny s'arrêta quelques secondes, puis regarda tranquillement les donuts, puis Naoki.

" Donc si. Finalement tu as raison. Quelque part, voler des donuts pour les manger c'est un crime."

Ok, elle avait peut-être exagéré mais il avait dit que son prénom était un prénom de garçon aussi... puis elle avait dit la stricte vérité d'abord!
La jeune fille s'entortilla les doigts ne sachant pas trop pourquoi. C'était en général chez elle un signe de remords ou que sa conscience était en train de lui dire que quelque chose clochait.

Le lutin ouvrit la bouche et Johnny retint son souffle. Elle avait l'habitude d'être un peu insolente mais en général c'était uniquement avec Akyio. Et ce dernier il avait son âge, était dans sa classe, et le méritait amplement.

Naoki était un sempai de Todai qui avait juste dit que Johnny était un prénom de garçon.

Non vraiment elle n'avait pas bien agi et Naoki était certes... bizarre mais il méritait du respect et...

« Si tu parles beaucoup, les gens vont pas te suivre :/. Tu devrais boire entre chaque phrase. Mon copain Steevie, il fait ça parce que sinon il se déshydrate. Un jour, il était tellement sec qu'on aurait dit un gâteau trop cuit ! Ou alors les gâteaux secs à basse calorie, tu sais ceux que les femmes prennent pour maigrir. Ou les gâteaux bio »

De quoi ? Des gâteaux ? Mais c'était quoi le rapport avec la choucroute ?

Johnny jeta un regard légèrement effrayé à Naoki. Il était probablement dérangé et en pleine crise de démence aigue. La porte était trop loin et elle était dans une cuisine désaffectée : pas moyen d’avertir qui que ce soit ou de partir rapidement.

Plus jamais les cuisines de Todai sérieux!

Johnny allait ouvrir la bouche pour sortir un truc qui se voulait trés apaisant (il faut être gentille avec les gens très très stressés... ) mais le lutin pointa violemment un doigt accusateur vers elle.

« Ouais, je le sais que t'es la défenseuse du Bio è.é. Hirokiki m'a tout dit ! »

Hirokiki?

Oh... Hiroki?

Johnny arqua un sourcil suspicieux: il connaissait Hiroki sempai? Attends , attends, Rewind. Il devait y avoir plein de monde s’appelant Hiroki dans cette université. Ce n’était pas nécessairement Nagasawa...

... sauf qu’Hiroki sempai était le seul Hiroki qu’elle connaissait sachant que sa famille était branché bio et compagnie. Johnny ouvrit de grands yeux et sa bouche s’arrondit en un O parfait et elle pointa son tour son doigt vers le lutin tandis qu’il bavassait sur le fait que les donuts étaient une nourriture délicieuse ou un truc dans le genre dont elle n’avait rien à cirer sur le moment.

«  Tu es un Golden Boys?! » s’écria t’elle d’une voix où perçait nettement la surprise la plus pur.

Ce garçon aux allures enfantines et au sucre attaché tout autour des lèvres était l’un des meilleurs amis d’Hiroki sempai? Et si l’on en croyait les histoires qui tournaient autour des Golden Boys à Sakurai, il était aussi une légende vivante du lycée où elle était.

« Hiroki sempai m'a raconté plein de choses sur les Golden Boys!»

Il y avait un truc qui clochait avec la vision romantique qu’elle avait des Golden Boys (elle les imaginait comme des pirates ultra modernes prêt à braver l'autorité quand nécessaire et avec des capes à la Batman parce que clairement c'était des révolutionnaires). Si Hiroki avait une mise simple, il n’en restait pas moins un garçon très avenant , musclé et sportif. Le lutin était très beau aussi hein... enfin pour ce qu’on voyait sous la couche de farine et les donuts, et pour ce que ça intéressait Johnny mais ... il avait plus l’air de sortir de Saint Anne dés qu’il ouvrait la bouche que du dernier Vogue.

Quel GB cela pouvait bien être? Elle ne se souvenait pas de tout le monde mais il y avait Naoki qui était le meilleur ami d'Hiroki sempai.

Johnny pencha son visage en regardant le garçon. Ca ne pouvait pas être lui.

Il y avait Masao Tanaka (fils du maire quand même!) et... ah mais oui!

" Tu es Junpei sempai c'est ça?" demanda Johnny d'un ton hésitant.

Lorsque Johnny lui demanda en tant que simple vérification si il était bien Junpei, le lutin se retourna puis revint vers la première année, un air indescriptible sur le visage.
Des traces de sucre encore au coin de la bouche attirèrent le regard de Johnny qui se demanda subitement depuis combien de temps elle n'avait pas mangé un bon donuts.

La maison familiale étant plutôt de nature réfractaire au sucre, de temps en temps ça lui manquait. Et voir Junpei en manger avec tant d'entrain... ça faisait envie.

Junpei plissa des yeux et eut un curieux mouvement de tête qui fit froncer des sourcils Johnny. Il faisait quoi? Déjà qu'est-ce que Hiroki lui avait dit sur Junpei? Ah oui, très bon élève, aimant le sucre? C'était pas plutôt Naoki ça? Et hyper dragueur... non ça c'était Keiji. Johnny s'en rappelait parce que de tous celui qui semblait le plus fêlé était Keiji sempai. Quoique dans le genre Kanzaki avait l'air bien. Dans la bouche d'Hiroki il ressemblait plus ou moins au Schtroumpf grognon. Nan nan, Junpei était censé être hyper mystérieux. Si elle se souvenait bien, Hiroki avait balancé le mot "mystérieux" à peu prêt tout les deux mots si bien que Nelson avait dit que le type devait nécessairement être un Power Rangers ou un truc dans le genre.

Oh!!!

Illumination bis!

Un large sourire fendit l’expression de Johnny et elle passa outre la phrase ridicule que venait de lui sortir le golden boy. Parce que faible aux bikinis mais fort aux chiffres ça ne voulait strictement rien dire du tout.

...

Heee?

Johnny finalement zappa son illumination provisoire parce qu’après réflexion éclair, ça méritait tout de même une petite explication. Sauf que si Junpei était atteint des neurones, comme il semblait l’être depuis le début de leur rencontre, il était peut-être préférable de ne pas pousser la chose plus loin.

Fallait-elle qu’elle fasse part de la chose à Hiroki sempai? Ce dernier était tellement attaché à ses amis qu’il serait sans doute peu judicieux d’arriver en lui lançant un « au fait j’ai rencontré Junpei sempai et je suis désolée mais il est bon pour Saint Anne avec camisole de force et petites pilules roses ».

Johnny secoua légèrement son visage: Hiroki sempai était l’une des rares personnes qui n’avait jamais émis de jugement à son égard et qui l’avait tout de suite prise en mode sympathique sans jamais lui faire sentir qu’il était ultra populaire. Jamais elle ne lui ferait de la peine.

Tant pis pour l’explication des bikinis et des chiffres.

« J’ai rencontré votre soeur sempai. Elle est en seconde année à Sakurai. Je suis en première année. » fit-elle, se remémorant le jour où elle était tombé sur Noriko.

Elle l’avait recroisé plusieurs fois ensuite mais en coup de vent. Johnny espérait que Kisetsu ne l’embétait pas trop. Mais Noriko était une fille forte donc pas trop d’angoisse là-dessus.

Ce dont il fallait s’angoisser c’était le fait d’avoir été crétine et d’avoir balancé le fait d’être une première année à Sakurai alors que le but de la manoeuvre depuis le début était justement de taire cette précieuse information.

Bravo Johnny!

«  Mais en fait j’ai le droit de venir à Todai! » ajouta la jeune fille précipitamment. «  Parce que.. euh... euh parce que... »

Oui? On ne pouvait pas dire « parce que j’ai un crush sur le beau Neji Soku et que je ne peux le voir qu’ici » non plus...

Johnny ouvrit la bouche, puis la referma puis la rouvrit, le tout en fixant , désemparée, le lutin.

Puis elle la referma.

« Mais. Sempai ne ressemble pas du tout à Noriko. »

Il n’avait jamais été question de dire la phrase à haute voix et Johnny avait uniquement laissé la réflexion se perdre mais l’impolitesse adjacente du propos la mortifia. Se baissant à plusieurs reprises pour s’excuser, Johnny murmura quelques gomens.

«  Je ne voulais pas être impolie Junpei sempai. »

Spoiler:

Johnny ne sut pas vraiment comment réagir lorsque Junpei sempai lui tendit un beignet. Elle s'imagina que c'était un peu comme tendre un chalumet de la paix chez les indiens ou encore partager le pain avec le Christ sauf qu'ici personne n'avait de pouvoir divins (à priori) et que c'était tout de même moins glauque (même si les cuisines ne disaient toujours rien à Jo qui vaille).

La première année accepta le donut et le prit de la main du jeune homme. Du sucre. Du vrai. Certes, ce n'était pas bon pour la santé, et Junpei ne se rendait pas compte qu'il y avait probablement plus de produits nocifs réunis dans ce simple beignet que dans sa dernière composition chimique en cours mais l'odeur en était alléchante.

Johnny plissa les lèvres tandis que ses yeux zoomèrent littéralement sur les grains de sucre.

PAS BIEN.

Juste une petite bouchée ? On ne pouvait pas combattre ce qu'on ne connaissait pas n'est-ce pas ? Et il lui avait offert le beignet. On ne refusait pas un sempai, encore moins quand il s'agit de Junpei l'un des meilleurs amis d'Hiroki et frère de Noriko.

« Ah celle là, quelle sale petite peste ! »

L'attention de Johnny se reporta immédiatement sur l'étudiant. La première fut d'ouvrir la bouche pour protester mais vraiment, en tant qu'aînée, Jo comprenait tout à fait Junpei. Aussi afin de se donner une contenance, elle referma la bouche sur le donuts (ben tiens) et acquiesça.

« Ce n'est scrunchscrunch pas toujours scrunchscrunch évident d’être scrunchscrunch l’aîné n’est-ce pas? Moi aussi j’ai un petit frère. Il s’appelle Nelson. » 

De toute évidence son sempai n’avait prêté goutte à ses propos puisqu’il s’écria un « Parce que tu rêvais de rencontrer le grand Mayuko Junpei ! » qui n’avait décemment rien à voir avec la choucroute.

Léchant le sucre du dessus de son donuts, Johnny soupira. C’était horriblement délicieux et pour la peine elle passerait sur le fait qu’il avait ajouté l’adjectif « grand » à son nom alors que vraiment... il ne l’était pas. Il n’était pas petit, mais il n’était pas grand non plus.

Junpei décocha un clin d’oeil et Johnny fronça les sourcils. Hiroki avait bien dit mystérieux et non pas faussement dragueur ? Dragueur c’était Naoki non? Ou Keiji? Arf ils étaient trop dans cette confrérie. Johnny ne comprendrait jamais l’attrait des Golden Boy. Elle en pensait du bien via les histoires que lui racontait parfois le fils Nagasawa mais vraiment c’était immature comme groupe.

«  Junpei... sempai, tu n’as jamais pensé à ne pas être un golden boy? Je sais que ça n’a pas de sens comme question étant donné qu’il est inutile d’envisager de ne pas être ce que l’on a toujours été mais, ça n’est pas fatiguant tout ces gens qui vous adorent ou qui vous détestent ? »

En l’occurrence Johnny eut un pincement au coeur : elle, elle avait surtout des gens qui la détestaient si elle en croyait son palmarès actuel.