Deux voyous au pays du geek à gogo [ PV Seto ]

Pourquoi ? Pourquoi Kirô avait-il pour ami Taguchi Seto ? Quelqu'un lui explique ? Eh, parce que lui aussi était une enflure à ses heures perdues ? Nai, y en avait partout, des enfoirés de sa classe. Ce qui était moins courant, c'était sa double-face particulièrement hypocrite. Alors, réponse : parce que le bonhomme était une ordure par comme les autres. Certes. Mais qui lui explique pourquoi il l'avait traîné jusqu'aux arcades ce jour maudit ? Oui, Mesdames et Messieurs. Les arcades. Lieu de perdition de geeks et autres pauvres types craignos, où Taguchi comptait l'emmener, lui, le grand Terazawa. Sérieusement, vous le voyiez jouer à dégommer des zombies avec un pistolet en plastique, tout en s'extasiant comme un môme de dix ans -ou un hardcore gamer, au choix ? La vraie baston, c'était tellement mieux. Et, paradoxalement, c'était ce qui avait convaincu Kirô de céder à son compère de conneries : Seto, dans la subtilité qui lui était propre, lui avait fait comprendre qu'à cette heure-ci, les gamins auraient envahi la salle, et ne demanderaient qu'à se faire racketter par les deux innocents voyous qu'ils étaient -si si, on y croit. Puis il n'était pas venu le chercher à Sakurai pour rien, ne ?

Mais nous tenons à souligner qu'il n'avait pas, malgré les apparences, cédé faiblement à la demande de Seto. Que nenni ! Kiki s'était simplement résigné dans un soupir, se disant qu'il n'avait pas mieux à proposer pour leurs heures quotidiennes de séchage de cours. Puis s'il y avait démontage de trombines en kit intégral, tout allait bien.
Faisant gaiement chanter les clés de sa superbe voiture dans les couloirs, Kirô avait par la même occasion signalé à sa cour qu'il était temps de le laisser aller, et reçut les salutations dans une indifférence totale, trop occupé à les snober royalement. Tout semblait se dérouler à merveille tandis que les deux compères s'acheminaient vers le parking : personne depuis la veille ne lui avait fait une remarque sur les fabuleuses affiches de Miwa. Et les imbéciles qui y avaient cru étaient pourtant nombreux, comme en attestait le nombre de mots trouvés dans son casier le lendemain de l'incident. Enfin, tant qu'ils ne venaient pas l'emmerder personnellement, tout allait...

« Terazawa-san ! »

… Parfaitement bien x_x.
Les mâchoires serrées par l'énervement qui le guettait déjà, il ne prit pas la peine de se retourner sur la voix nasillarde qui s'était élevée, d'autant plus exaspéré qu'il devinait le sourire amusé sur la trogne de Seto.

« C'est à propos du club ! Attends, senpai ! »

« Magne-toi. »

Sur ce mot d'amour sifflé à Taguchi, il déverrouilla les portières de sa sport, y fourra son ami sans qu'il ait le temps de répliquer, avant de grimper aux commandes.

« Un seul commentaire, et je t'abandonne comme le dernier des clébards sur le bas-côté. »

Fit-il sur ce ton débordant de joie qui lui était propre, juchant ses toutes nouvelles lunettes de soleil sur son nez. Une dernière vérification dans le rétroviseur, se recoiffant au passage, et ils étaient partis direction les arcades, où Kirô n'espérait pas devoir éliminer Seto sous prétexte d'une remarque sur sa condition d'homme battu.


[ Libre à toi de les faire échouer aux arcades, de laisser à Seto le plaisir de le bâcher sur l'affaire, ou autre :p Tant qu'on finit là-bas dans un ou deux posts, tout baigne. Puis c'est court, mais c'est normal, c'est que le début è_é ]

Vérité n°1 : Les gens ne comprenaient décidément rien de rien. Pourtant Seto était loin de trouver qu'il avait un QI renversant. Tout juste la normale. C'était pourtant d'une simplicité clairvoyante : ce qu'il fallait avec Kiro c'était avant tout posséder un esprit suffisamment retors pour pouvoir épouser de manière adéquat ses pulsions.

Ce n'était pas donné à tout le monde mais niveau ruse et idées nocives, Seto pouvait se montrer plein de ressources et surtout, il savait modeler et ajuster ses propres désirs sur ceux de son meilleur ami. Par exemple, il aimait les jeux vidéos c'était un fait. Il faisait des parties épiques de Playstation ou autre avec Koga quand ce dernier venait les voir Shuya et lui. Par contre Kiro trouvait ce passe-temps enfantin et trop associé aux geeks et aux grosses looses pour consentir à y jouer. Tout du moins en public.

Lorsque Seto avait débarqué à Sakurai durant l'intercours (c'est lui qui rêvait où les minots de 16 ans étaient tout petits maintenant ?), il savait d'ores et déjà qu'il allait devoir lutter un poil pour pouvoir amener la grande carcasse de son ami jusqu'aux arcades de Ginza, ne serait-ce que parce qu'on ne traînait pas quelqu'un comme Kiro où que ce soit: c'est lui qui acceptait oui ou non de vous suivre.
La tête qu'avait tiré le lycéen quand Seto, dans un large sourire avenant, lui avait dit qu'ils iraient s'amuser dans les salles de jeux psychédéliques de la ville avait grandement amusé le garçon. Clair comme de l'eau de roche que Kiro s'était demandé ce qu'il pouvait bien se passer dans la caboche de son ami pour proposer des trucs aussi délirants de débilité.

Peut-être que Seto aurait du faire commerce finalement et non pas musique. Sur qu'il y aurait été brillant. Quand un côté ne vous plaisez pas, il suffisait de tourner la plaque et présenter une autre face. Il glissa l'idée qu'à cette heure-ci, la salle devait être bondée de mioches, apprentis délinquants eux même, qui avait sérieusement besoin de dépenser les sous qu'ils avaient sans douter piquer dans le portefeuille de leurs mères. Une bonne occasion de leur apprendre la hiérarchie sociale (aka servir de larbins ou de punching ball selon l'humeur de Kiro), ça ne se refusait pas non?

Une question d'éducation nationale.

A vrai dire, Seto n'était pas spécialement porté sur la violence mais il ne la considérait pas non plus comme un mal en soi. Ses notions de morale était de toute manière loin d'être les même que celle enseigné traditionnellement au Japon (ou dans le reste du monde). Il n'avait pas de lignes de conduite, pas vraiment de sens de l'honneur à proprement parler et pas d'éthique non plus. Il n'était pas religieux pour un poil en prime ce qui fait que toute les notions de pêchés ou de Justice divine lui passait carrément au dessus de la tête.

Ce qui engendrait irrémédiablement une nette incompréhension pour les gens qui commençaient à le connaître (ou qui tentaient) réellement et ce qui expliquait au final pourquoi Seto connaissait peut-être beaucoup de monde mais n'avait qu'un nombre très restreint de véritables amis.

Kirô avait donc fini par céder, la mort dans l'âme, la sonnerie annonçant la fin de l'intercours sonnant le glas de ses hésitations. Là aussi, Seto appréciait le caractère de son camarade: Kiro était d'une transparence quasi inconvenante tellement elle était rare.

Surprenant le regard envieux d’un ou deux élèves sur Kiro et lui, le sourire de Seto s’élargit et contrairement à son camarade, il fit un signe de la main et se fendit d’un chaleureux « Bye ladies! » (piqué à Neji) avant de prendre les couloirs. C’est là qu’un phénomène étrange se produisit.


«  Terazawa-san! »

Seto se mit à sourire de plus belle: ça avait été plus long qu’il ne l’aurait cru à vrai dire. Il pensait que Kiro y aurait eu droit dés sa sortie de classe.

« Magne-toi. »

« C’est à propos du club! Attends, sempai! »

Le bip du déverrouillage de l’alarme de la voiture tape-à-l’oeil de Kiro retentit et Seto regarda en arrière vers le pauvre bougre qui tentait tant bien que mal de les rattraper alors qu’il portait une bonne dizaine de bouquins.

« J’aime bien tes nouveaux amis. » fit Seto en glissant sur le cuir intérieur du coupé sport.

« Un seul commentaire, et je t’abandonne comme le dernier des clébards sur le bas-côté. »

La bouche de Seto forma un « oh » tout rond, montrant un visage qui essayait tant bien que mal de ne pas rire.

« Quoi? Moi tu m’abandonnerais alors qu’à eux tu leurs fait des câlins... j’ai même entendu parler de confections de cookies. Non vraiment va falloir qu’on révise le chapitre des priorités. Tu me brises le coeur que je n'ai pas Kiro. » Fit le jeune homme d’une voix amusée en secouant doucement son visage.

Un bruit sourd se fit entendre tandis que l’élève qui avait appelé Kiro percuta avec force la vitre du côté du lycéen.

Wow... impressionnant.

«  Sempai!! C’est important! »

« Il va vraiment falloir qu’on ouvre ton fan-club. Y’a du potentiel. Je n’aurais pas autre chose à faire de plus intéressant, je m’y collerais, histoire de bâtir un Empire. »

Seto était en forme. Trop en forme, comme toujours. Il savait indéniablement jouer avec les nerfs particulièrement sensibles de son ami, et s'en sortir sans la moindre égratignure, malgré des répliques bien senties. Et Kirô avait depuis longtemps abandonné toute idée de lui faire payer tous ses affronts, bien que l'envie ne se soit fait sentir à de nombreuses reprises, et qu'il n'ait, beaucoup plus rarement, cédé à l'une de ces pulsions. Vous pensiez qu'il n'avait jamais craqué ? Comme le disait si bien Seto lui-même, tout était une question d'éducation ; aussi, quand Taguchi s'était comporté en véritable sale gosse, Kirô s'était fait un devoir de lui écraser son poing sur la figure. Mais cela n'avait malheureusement pas suffi au bonhomme -qui, connaissant la bête, avait sûrement dû prendre ça pour une preuve d'amour quelconque-, comme l'attestait sa première attaque du jour. Kirô serra doucement la mâchoire, dans un signe d'agacement qui lui était propre. Il lui en foutrait lui, des nouveaux amis.

Et, malgré sa menace, l'autre enchaina avec plus de véhémence encore, faisant remonter à la surface le fâcheux sujet de l'homme battu. Câlins, cookies, quelle horreur x_x. On aurait voulu le tuer qu'on aurait pas pu trouver mieux. A part le sous-entendre amoureux d'une quelconque potiche -Reina comprise, bien entendu-, ça allait de soi. Et ce ton de gamin amusé x_x. Relax Terazawa, ce n'est encore qu'une tentative pour te faire bisquer.
…
Kiki qui se contient, on y croit ?
Bien sûr que non.
Insérant la clé dans le contact sans même la regarder, il tourna la tête vers Seto, qu'il fusilla du regard derrière ses lunettes de marque, prêt à le moucher avec sa violence habituelle.

« Merde, tu me... »

« Senpai ! C'est important ! »

Et c'est là qu'une question cruciale s'impose. L'élève harceleur est-il purement masochiste, ou a-t-il vraiment cru aux conneries de Kawada, faisant fi d'une réputation de bad boy pourtant bien établie ?
A la nouvelle intervention de Seto, Kirô grogna d'un air irrité, et retourna la tête vers son ami après avoir considéré un instant le pauvre malheureux scotché à sa vitre.

« Pour me faire harceler par des puceaux dans son genre, ça ira. »

« Senpai ! »

Et l'autre imbécile qui se mettait à tambouriner contre sa chère voiture x_x. Comme quoi, de nos jours, la vie de certains ne tenait qu'à un fil.
Les lèvres du lycéen s'étirèrent dans un sourire mauvais, tandis qu'il détaillait son kohai. C'est qu'il lui donnait des idées, à l'emmerder de la sorte. Abandonnant les clés qu'il s'apprêtait à tourner, il fit coulisser la vitre du conducteur, souriant d'autant plus lorsqu'il vit le visage de l'autre s'illuminer.

« Un problème ? »

Que tous ceux choqués par le ton doucereux de Kirô lèvent la main. Pour sûr, le quelque chose qu'il avait derrière la tête s'avérait assez jouissif pour qu'il fasse preuve d'amabilité. Même forcée.

« Pas qu'un peu. Ma copine a des tendances tyranniques depuis quelques temps, la dernière fois, c'est elle qui a décidé du film qu'on allait voir au ciné... »

Passionnant. Tout simplement passionnant. Heureusement emballé par son récit d'un intérêt dépassant l'entendement humain, Emmerdeur-kun ne remarqua pas le sourire devenu crispé de Terazawa, prenant son mal en patience avec une difficulté évidente.

« Alors tu comprends, en tant qu'homme, il fallait que je réagisse, et que je prenne des mesures pour... »

« Viens là qu'on discute. »

En un geste amical, Bad Kiki passa le bras autour des épaules du jeune homme, qui se rapprocha doucement, mais sûrement de Kirô, une fois la surprise passée. Un câlin, peut-être ? Ou alors...
Une clé de nuque ?
Dans un mouvement rapide, il transforma ce moment bon enfant -non mais quelle horreur, avec un Première Année en plus x_x-, en prise de catch savamment exécutée, entourant de son bras le cou du malheureux, tandis qu'il attirait sa tête à l'intérieur de l'habitacle.

« Senpai ? »

Sourire sadique au ton effrayé de la victime. Et, après avoir refermé la vitre sur son cou, l'empêchant de retirer la tête tout en le faisant souffrir, Kirô se tourna de nouveau vers Seto, faisant cette fois démarrer la voiture.

« Tu crois qu'on l'embarque avec nous ? Il a l'air d'avoir besoin de parler, ce petit. »

Pas sûr qu'après ça, il y ait encore matière à créer un fan club.

Seto regarda Kirô avec un curieux mélange de satisfaction et d'appréhension. Il avait l'habitude de provoquer son camarade de torture comme il le faisait avec les autres personnes de son entourage mais le résultat chez Kirô était forcément toujours plus violent.

Il y avait de la démesure dans leurs rapports. Seto savait bien qu'il dépassait souvent les bornes mais il n'avait tenté de se ralentir. Ce n'est pas tant qu'il aimait jouer avec le feu mais c'était pour lui la seule manière de ne pas profondément s'ennuyer. A part la musique, il n'avait rien à quoi se rattacher vraiment et regarder comment les gens réagissaient quand il les poussait un peu était devenu limite une drogue.
Il savait toujours où était la limite, même si parfois, il la franchissait dangereusement un tant soi peu (et pour en revenir à Kirô, ce dernier cognait parfois un peu fort quand même).

« Merde, tu me... »

Un sourire chafouin glissa sur le visage de Seto tandis que Kirô le fusilla du regard. Le jeune universitaire aurait bien informé son ami de l'inutilité flagrante d'essayer de regarder méchamment quelqu'un quand on avait des lunettes comme ça mais il n'en eut finalement pas le temps.

« Senpai ! C'est important ! »

A noter : envoyer des barres de Snickers à ce petit pour le remercier de l'amusement fourni.

Quoique vu la tête de Kirô, là où il serait, il n'aurait plus besoin de Snickers (surtout il ne pourrait plus ouvrir la mâchoire pour en savourer).

« Il va vraiment falloir qu’on ouvre ton fan-club. Y’a du potentiel. Je n’aurais pas autre chose à faire de plus intéressant, je m’y collerais, histoire de bâtir un Empire. » fit-il d'un ton joyeux.

Ah ben les amis, ça sert à enfoncer un peu plus profond dés qu'on le peut non? Tout du moins c'était comme ça que Seto concevait plus ou moins les choses. Ce qui était curieux c'était la patience que le troisième année avait avec lui. Il connaissait suffisamment le garçon et son entourage direct pour reconnaître qu'il bénéficiait d'un traitement de faveur. Il supposait, avec raison, que l'amusement était chez eux réciproque.

« Pas qu'un peu. Ma copine a des tendances tyranniques depuis quelques temps, la dernière fois, c'est elle qui a décidé du film qu'on allait voir au ciné... »

Seto ouvrit la bouche dans une réaction incrédule. C'était juste formidable. Il n'avait rien à dire, rien à ajouter: du délire pur servi sur un plateau d'argent. Il échangea un regard avec Kirô qui esquissa un sourire effrayant qui en disait long sur le futur du première année (il était aussi petit quand il était un premier année? Il avait de sérieux doutes à ce sujet là).

« Alors tu comprends, en tant qu'homme, il fallait que je réagisse, et que je prenne des mesures pour... »

« Viens là qu'on discute. »

Seto ne résista pas et fit un au-revoir de la main au garçon. Les mots avaient été dit d'un ton étonnement plaisant étant donné la situation mais le geste accompagnant la parole, lui, ne l’était pas.

«  Ouch, ça doit pas être très confortable. » commenta Seto en faisant une légère grimace à quelques centimètres du lycéen surpris.

Lorsque la vitre remonta pour coincer définitivement la tête du première année, ce dernier percuta à qui il avait à faire et gigota dans tout les sens.

« Hum, je serais toi je bougerais le moins possible justement. » commenta nonchalamment Seto avant de tourner son visage vers celui de Kirô qui affichait un air parfaitement tranquille, tout en tournant la clé de démarrage.

Le moteur résonna avec douceur (ah ces voitures de luxe !).

« Jusqu’au bout de l’allée ? » proposa Seto dans un sourire entendu. « Au-delà il y a le gardien et je n’ai pas envie de passer dix minutes à lui expliquer que c’était un simple accident. »

Glissant sa ceinture de sécurité, Seto écouta avec indifférence les appels au secours du première année. Un craquement sinistre se fit entendre et Seto vérifia rapidement la santé du jeune homme.

La virée ne dura que quelques mètres, à peine, et le premier année survécut. Tant mieux. Seto avait toujours trouvé que cacher des corps devait être sacrément pénible. Facile mais pénible.

Par contre, le pauvre première année tomba à terre en pleurant et en se tenant douloureusement le poignet lorsque Kirô rabaissa la vitre de sa voiture.

« Tu sais, je crois que plus personne ne te fera de remarques à propos d’hommes battus dorénavant. »

Seto laissa délibérément une note de mélancolie flotter dans sa phrase.

Ce retournement de situation inattendu pour le pauvre lycéen avait au moins le mérite de diriger les commentaires piquants de Seto envers lui. A vrai dire, c'était toujours le même schéma : quand ils se retrouvaient seuls, Kirô était la principale cible du bonhomme, s'énervant -plus ou moins à juste titre- à ses remarques bien senties. Mais dès que ce fragile équilibre était rompu par l'arrivée d'un troisième membre, à plus forte raison s'il avait le profil parfait de la victime, alors les piques de Taguchi, combinées à la colère de Terazawa -montée en mayonnaise par son camarade, fallait-il le rappeler-, se tournaient instantanément vers lui. Un exemple ? Il n'y avait qu'à regarder la tête du malheureux, maintenant coincé entre la vitre et le haut de la portière, peu après que la première remarque ne se fasse entendre du côté passager. C'était tout simple : Kirô agissait, Seto commentait. Ou vice-versa, tant que les deux compères y trouvaient chacun leur compte.

Confortable, sûrement pas. Mais c'était la juste punition pour avoir souillé les oreilles du conducteur d'inepties plus stupides les unes que les autres. Et puis, c'était une expérience enrichissante : pour sûr que le petit en ressortirait grandi. Ou traumatisé, par défaut. Dans tous les cas, il ne reviendrait plus à la charge, et ça, c'était déjà nettement suffisant.
… Quoique. Une petite vérification d'après bizutage ne serait pas de trop.

Le moteur démarra, et le pied leste sur l'accélérateur, Kirô en exagéra le rugissement, alors que la voiture ne bougeait pas d'un pouce. Histoire de faire flipper l'autre imbécile, bien entendu, dont il contemplait le visage devenu livide avec le même sourire sadico-satisfait. Les supplications commencèrent à se faire entendre, mais Seto venait d'intervenir sagement, proposant d'écourter le trajet jusqu'au bout de l'allée.
Grognement. Son argument tenait forcément la route, même si un Kiki dans son état normal ne s'en serait pas soucié outre mesure, faisant passer l'amusement -et la vengeance, aussi- au-delà du raisonnable. Il s'agissait tout de même d'obéir à un ordre de Seto -de son point de vue en tout cas, même si le tout était formulé comme une proposition- et la fierté de Monsieur en prenait toujours un coup.
Mais alors ? Il aurait grandi ? Maturé ? Serait devenu adulte ? Nos prières auraient-elles porté leurs fruits ? *o*
Malheureusement non. Le bonhomme avait simplement déjà atteint son quotat de conneries du mois, s'il voulait que ses parents -plus que la direction elle-même- ne le laissent tranquille.

« Ouais. On a qu'à considérer ça comme un échauffement. »

Même si la perspective d'un geek de quinze ans trainé de la même façon ne le réjouisse largement moins que le jeune richard qu'il coinçait maintenant, légèrement ravivé par la perspective de courir sur quelques mètres seulement.

Cette joie fut bien entendu de courte durée, lorsqu'il s'aperçut que Kirô n'allait pas se contenter de rester en première : ses hurlements -peur et douleur combinée- résonnèrent bientôt dans l'habitacle, avant que le calvaire ne s'achève pour lui, pleurant et gémissant à terre.
A l'arrêt, l'infâme tortionnaire prit un temps pour contempler son oeuvre, un sourire flottant sur les lèvres.
Et, à la remarque de Seto :

« J'en suis pas si sûr. Et il m'a détruit le tympan droit, ce con. »

Le tout servant à justifier ce qui allait suivre dans les prochaines secondes. Soit, la perspective d'un deuxième round :

« Je repasserai te voir, plus tard. Histoire qu'on discute des autres horreurs que ta greluche a pu te faire subir. »

Avant de partir à fond de blinde, enfin. Pas qu'il avait particulièrement hâte de se retrouver aux arcades, mais ne plus avoir ce con dans le paysage était assez plaisant.

« T'es déjà allé racketer sur les arcades de Ginza toi ? »

Parce qu'il ne voyait pas spécialement Seto s'y promener, à vrai dire. Et dans le même temps, il s'assurait bien que cet imbécile -voyez, on enlève le 3ème morceau, et les hostilités reprennent- ne veuille pas l'emmener dans la jungle de Shibuya, ou même à Kamata, zone de pauvres qui ferait trop tâche avec sa magnifique voiture. Voiture qui, d'ailleurs, était sous le joug d'une conduite plutôt sportive.

« Ouais. On a qu'à considérer ça comme un échauffement. »

Seto trouvait cette phrase parfaitement raisonnable ce qui n'était pas chose très commune quand on connaissait un peu Kirô. Il avait dû bien se la donner niveau conneries ces derniers temps pour sortir un truc pareil. En général, lorsqu’il donnait un conseil de manière directe comme ici, Kirô faisait toujours le contraire. C’était une sorte d’habitude, et Seto trouvait ça très sain. Ça l’obligeait lui à toujours recourir à tout un tas de stratagèmes plus ou moins compliqué pour parvenir à traîner le troisième année là où il avait envie et du coup il ne s’ennuyait jamais en sa compagnie comme cela aurait pu être possible avec tout autre personnes.
Donc bref, le quota de mouise avait sérieusement dû virer au rouge vif. C’était de fait la seule explication plausible.

En l'occurrence ça l'arrangeait. Comme déjà dit, cacher des corps devait être pénible. Aucune envie de le faire aujourd'hui alors qu'il avait dans la tête de passer une soirée tranquille aux Arcades à enseigner l'art de vivre aux ados et autres mioches du secteur.

« Je repasserai te voir, plus tard. Histoire qu'on discute des autres horreurs que ta greluche a pu te faire subir. »

Seto ne put s'empêcher de regarder le pauvre étudiant en glissant son doigt sur son cou dans un geste qui signifiait clairement un arrêt de mort. Lui, il ne serait sûrement pas là quand Kirô reviendrait trouver le type pour terminer ce qu'il avait envie de faire mais c’était chouette de laisser le gars en plein désarroi pendant plusieurs heures.

«  Bye bye. » fit-il ensuite en esquissant un geste de la main en signe d’au revoir, un large sourire sympathique collé au visage.

Se tassant de nouveau sur le siège confortable de la voiture, Seto jeta un coup d’oeil à la mine dorénavant un peu plus réjouie de son camarade de fortune.

Qui avait sacrément le pied sur la pédale.

« Bordel Kirô, on est pas à Indianapolis.» Fit-il d’un ton étrangement joyeux.

« T'es déjà allé racketter sur les arcades de Ginza toi ? »

« Non pas vraiment. Je suis déjà aller recruter des cobayes vers Kamata par contre. » Répondit Seto en regardant dans le rétro un pauvre chauffeur de taxi brandir son poing par la fenêtre.

Vu comment Kirô venait de le doubler en lui faisant frôler la mort c’était logique soi dit en passant.

« L’oncle avait besoin d’ados pour tester un nouveau produit contre l’acné. » expliqua le jeune homme. « Quitte à tester autant faire payer. Y‘a parfois de drôles de règles dans les labos : apparemment il faut payer les gens qui testent les futurs produits. On les paye pas nos rats que je sache... bref, Kamata c‘était sympa. Et je pouvais pas faire ça à Todaï. Question d‘éthique.»

Peu enclin à remarquer que le mot éthique dans sa bouche était d’une douce ironie, Seto bascula très légèrement en avant puis retomba avec lenteur sur son siège. Le freinage avait été brusque mais il fallait rendre à César ce qui était à Antoine à savoir que: un, la voiture roulait comme du beurre frais sur une tartine et il aurait sans doute fallu qu’ils fassent un quadruple salto en l’air pour qu’ils se sentent réellement ballottés. Deux, Kirô conduisait certes comme un malade et sans aucun respect pour les règles communes de sécurité routière mais Seto n’avait jamais eu d’accidents en sa compagnie (par contre ils avaient déjà écrasés des trucs inconnus...).

Ginza et notamment la rue où se trouvaient les Arcades étaient tout ce qu’il y avait de plus populaire au sein de Tokyo. Et pour cause, c’était un endroit où tout les geeks de la ville se retrouvaient pour peu qu’ils choisissent une autre destination qu’Akihabara. Et vu les lumières pétaradantes et les néons des flippers et autres jeux vidéo même si l’on n’était pas épileptique, on finissait nécessairement par le devenir.

Tandis que les deux étudiants s’apprêtaient à sortir Seto reconnut l’un des petits dont il avait parlé juste avant.

« Tiens un cobaye de Kamata justement. »

Le gamin âgé d’à peine treize ans, suivi de toute une clique, était couvert d’ecchymoses et s’avança presque en courant vers Seto.

« Eto, pourquoi t’as l’air d’avoir été passé à tabac ? » demanda Seto sans préambule.

Mais les mioches n’avaient d’yeux que pour la voiture. Y’avait des « wow » et des « tin la bagnole!!! » et encore du « j’veux la même! je vais la demander à mon père !».

« C’est parce qu’il a été passé à tabac justement. » fit l’un des petits avec morgue en croisant les bras dans un geste défiant.

Seto eut un aimable sourire tandis qu’il croisa le regard de Kirô.

Ce petit il était le second sur la liste. Le premier ça allait nécessairement être le microbe qui venait de coller ses mains sur la vitre arrière.

Que Seto se rassure : Kirô lui ferait probablement le récit détaillé de ses retrouvailles émouvantes avec l'avorton qui lui faisait encore face, et penserait peut-être même à lui lorsqu'il lui administrerait le dernier coup, mettant fin au programme « éclatage de tronche à gogo ».
Quoique, non. Ce plaisir-là, c'était définitivement le sien, bien que son acolyte n'ait clairement fait monter la sauce et/ou l'agacement du bonhomme quant au pauvre lycéen. Mais qui doutait encore de l'égoïsme chronique de Terazawa, si ce n'était quelques nonnes du genre Wakabayashi ? Qu'il ne connaissait, soit dit en passant, pas encore, mais quelques rumeurs couraient au sujet d'une écolo un peu barjo qui en pinçait secrètement pour Neji, et qui, de fait, était particulièrement à même de tomber follement amoureuse de quelqu'un comme Kirô.

Mais ceci est une autre histoire. Pour le moment, Monsieur se conduisait en conducteur prévenant -dans son monde, tout du moins- et avait de fait manqué de rentrer dans un taxi sans franchement s'en soucier, daignant à peine jeter un oeil à l'ex-futur grand blessé. Certes, comme pouvait le faire remarquer son passager avec une bonne humeur qui l'incitait d'autant plus à continuer, on n'était pas dans une de ces courses d'auto américaines où l'espace était relativement dégagé pour se permettre des montées en puissance dignes de ce nom. Mais si beaucoup étaient persuadés que l'achat du bolide qui était le sien n'était qu'une façon de plus d'asseoir sa suprématie de despote, ses proches savaient pertinemment qu'il ne s'agissait pas uniquement là d'une démonstration de frime supplémentaire ; s'il avait exigé une telle voiture, c'était pour simplement user d'une vitesse suffisante pour lui conférer une certaine dose d'adrénaline, centre ville ou pas. Et puis, il se trouvait être un pilote assez habile pour se prêter à ce genre d'exercices sans risquer quoi que ce soit.

D'ailleurs, s'il n'avait pas eu à reprendre l'entreprise familiale, peut-être qu'il aurait cédé au vice du pilotage. Caprice à mettre de côté, tiens.

« T'aurais dû, Todai c'est une vraie mine d'or niveau boutonneux. T'aurais pu te faire autrement plus de blé, c'est encore plus blindé que Sakurai. Puis Kamata, c'est le bas de gamme. Enfin, si ton sens de l'éthique te l'interdit. »

Kirô qui se fout de Seto, on y croit ? A la vue du sourire en coin, suivi d'un semblant de rire, on vote définitivement pour le oui. Comme quoi c'était parfois le monde à l'envers entre les deux bonshommes.
Bientôt leur destination fut atteinte : il trouva une place non loin de leur but -enfin, une place, le mot était grand-, s'y gara avec grande classe -soit très mal-, et coupa le contact sous les divers regards des passants. Il suivit l'indication de Seto quant au môme, et eut un nouveau sourire du genre sadique à la vue des bleus bien visibles qui le couvraient : ça, c'était définitivement l'oeuvre d'un pro.

Chercher les ennuis avec Terazawa lorsqu'on était un morveux, c'était une erreur parfois fatale. Mais quand on les cherchait avec un Terazawa secondé par Taguchi, c'était une toute autre histoire. Généralement, la descente aux enfers était plus lente, mais la torture ne s'en faisait que plus douloureuse, alimentée par les idées souvent grandioses de Seto.
Alors quand ce dernier croisa le regard de notre lycéen, qui, bien que portant encore ses lunettes, le lui rendit d'un air entendu, autant dire que le nain était mal foutu.

« Putain, ma caisse ! »

Correction. Que les deux nains étaient mal foutus. Kirô venait d'apercevoir celui qui osait toucher à sa protégée, ses deux mains gracieusement étalées sur la vitre arrière : en un instant, il se retrouva à l'épingler, l'attrapant par le col avec un air qui ne présageait rien de bon.

« Je te laisse le choix. Soit tu passes un sale quart d'heure en ma compagnie pour avoir touché à quelque chose de bien trop précieux pour la tronche que tu te tapes, soit tu me files tout le fric que t'as sur toi. De suite. »

Mais malheureusement pour le petit, il n'était brusquement plus d'humeur -et avait aussi hâte d'aller racketter aux arcades, autrement plus riches en gamins friqués que la rue où ils se trouvaient- : il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que Kirô lui remontait déjà le caleçon par dessus la veste, infligeant un châtiment bien cruel à ses parties.

Quelques instants plus tard, il revint vers Seto quelques billets à la main -maigre salaire pour une première tournée-, avant de les fourrer égoïstement dans sa poche, yeux rivés sur l'autre victime qui n'en avait pas pour autant déchanté.

« Et à celui-là, qu'est-ce qu'on lui fait ? »

Tandis que Kirô remontait les bretelles du minot, l'autre mioche croisa les bras en fronçant les sourcils tel Moise devant les égyptiens dépravés.

C'était bien la première fois que Seto voyait un gamin réagir de la sorte. Les autres étaient tous en train de paniquer et de faire pipi dans leurs calbuts et celui-là, non seulement faisait preuve d'impertinence à l'égard de ses aînés, mais en plus se montrait à peine impressionné voir même un peu réfractaire à la démonstration de force des grands.

" Tu ne veux pas aller ton petit camarade ?" demanda insidieusement Seto en constatant avec plaisir que les trois ou quatre mioches semblaient terrifiés.

Bien. Ceux là feraient d'office tout ce que Kiro et Seto leur demanderaient.

Le petit eut un air dédaigneux qui fit limite rire Seto sur le moment.

" Mon père il est policier. Vous touchez à un de mes cheveux ça va barder pour vous !"

"Impressionnant." répondit Seto d'un air totalement désintéressé.

Ah. C'est donc pour ça qu'il n'était pas inquiet et qu'il avait usé d'insolence avec eux. Tout s'expliquait maintenant.

" Comment tu t'appelles ?"

" Jack."

" Je vois."

Seto se mit à rire pour de bon cette fois-ci. Jack ? Le microbe avait besoin d'être drivé pour sur. L'universitaire plissa des yeux. Traîner tard le soir dans les rues de Ginza alors que les Arcades était tenu par des gens peu recommandables, vouloir avoir un surnom étranger et même la façon dont il faisait son caïd façon cour d'école, tout ça indiquait clairement que les choses ne devaient pas être totalement rose chez le petit Jack.

Ça ou alors il était comme lui. Dans tout les cas de figure, Seto approuva.

« Et à celui-là, qu'est-ce qu'on lui fait ? » fit Kiro en enfournant les rares billets dans sa poche d'une manière nonchalante et en dardant son regard sur Jack.

Seto sentit le mioche tressaillir légèrement ce qui lui arracha un sourire de circonstance. Kiro faisait toujours son effet même sur les plus aguerris.

" Eh bien figure-toi Kiro que notre jeune ami est le fils d'un poulet et que par conséquent il se croit totalement intouchable..." expliqua joyeusement Seto à son ami.

" Mon père va vous..."

L'adolescent n'eut pas le temps de terminer car la main de Seto percuta sa joue avant même qu'il eut le temps de la voir arriver. La gifle avait été sèche, sans élan mais la marque était quand à elle bien visible.

" On n'interromps pas ses aînés." fit Seto aussi sèchement que la claque donnée.

Pause. Un sourire chaleureux de nouveau.

" Donc je disais... ah oui, Jack donc pense que parce que son papa travaille dans la police, on ne lui fera rien."

Jack passait une main sur sa joue endolorie en regardant avec ahurissement les deux cocos.

" Avec des fringues comme les tiennes mon cher Jack, tu dois être quoi? Le fils d'un simple officier qui fait la circulation ?"

" C'est pas vr..."

" Tutututu, quand on veut se la raconter, il faut avoir les moyens du bord..."

Néanmoins, Seto avait apprécié la répartie du mioche. Au moins quelqu'un qui tenait un peu tête. De plus, ce qu'il venait de dire devait être plus ou moins erroné : Jack ou peu importe son vrai nom devait probablement être un peu plus que le fils d'un gars de la circulation mais le but étant de ne pas le reconnaître, il fallait en passer par là.

Parce qu'au final le plus simple, c'était de le garder pour eux ce mioche. Un fils de policier traînant dans la rue ? Il allait nécessairement être recruté par un gang local dans peu de temps donc autant qu'il serve à quelque chose et soit à son service à lui et à celui de Kiro. Genre à plein temps.

Dépouiller les microbes dans les Arcades c'était bien, mais détrousser la morale des ados et en faire des larbins c'était encore mieux.