Parce qu’aussi sûr qu’un et un font deux, je te veux !!! *O* [ PV Hiroto ]

Elle était là. Juste sous ses yeux. Cette magnifique Cort G-Series n’attendait que sa propriétaire, située de l’autre côté de la vitrine. La bouche entre-ouverte, un regard plein d’étoiles et une furieuse envie de toucher du bout des doigts cette merveilleuse guitare électrique. Elle détaillait tout, du nombre de cordes aux couleurs azurées et nacrées, imaginant avec délectation le son qu’elle pouvait produire. C’était pas permis de la regarder si elle ne pouvait pas l’avoir mais ses yeux refusaient de se poster sur l’étiquette qui annoncerait son décès imminent, tant le chiffre devait comporter de zéros. Nanae serrait des poings pour ne pas rentrer dans la boutique, consciente qu’il ne lui faudrait que quelques minutes pour signer un contrat d’engagement sur 20 ans…ou pire ! La détacher et s’enfuir à grandes enjambées. La nourriture n’avait jamais été un problème mais là, c’était un instrument beaucoup trop encombrant et fragile pour se permettre de ne froisser ne serait-ce qu’une corde. Il fallait qu’elle trouve un moyen pour l’acheter, même si elle devait réaliser 3 baito (1) par jours ! La moue qu’elle affichait en traînant des pieds pour regagner son arrêt de bus en disait long sur ce qui l’attendait.

* Si je connaissais le con qui un jour, a osé balancer que l’argent ne faisait pas le bonheur ! *

Elle ruminait intérieurement, fronçant les sourcils d’un air profondément énervé, si bien que son bus lui passa sous le nez sans qu’elle remarque quoique ce soit. Elle poussa un juron suffisamment fort pour s’attirer quelques regards offusqués.

* J’suis de mauvaise humeur, et alors ? On est en pays libre, non ? J’peux m’exprimer comme je veux, si je veux, et si t’es pas content…ben t’es pas content ! *

Elle tira la langue à deux jeunes femmes de bonne famille qui poussèrent une exclamation de stupeur alors qu’elle traversait la rue, tel un pachyderme. Leur réaction ne faisait qu’accentuer son agacement et elle était déterminée à cogner quelque chose…ou quelqu’un ? Elle s’installa chez un ambulant en réclamant un bol de ramen (2) qu’elle engloutit à la vitesse de l’éclair avant d’en commander un autre, puis un autre et encore un autre jusqu’à ce que son estomac ne hurle au scandale, martyrisé par son hôte en proie à une crise de boulimie. C’est le ventre trop plein qu’elle quitta sa table, rassasiée et prête à s’écrouler au moindre geste. Elle était comme ça : il fallait toujours qu’elle compense dans les excès lorsqu’elle se sentait mal et aujourd’hui n’était vraiment pas une bonne journée. Ses jambes la portèrent non loin de la Sumida où elle s’accorda une pause bien méritée sur un banc, déjà occupé par un individu qu’elle ignora. Elle soupira en se massant le ventre, désolée pour elle-même d’avoir réagi ainsi. Un comportement puéril pour une gamine malheureuse. Qui a dit que la vie était toujours rose, hein ? Elle passa ses mains sous ses cuisses et balança ses jambes, un sourire aux lèvres. Elle songeait à toutes les conneries qu’elle avait pu faire au foyer, revoyant quelques visages bien connus…Die. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire maintenant ? En redressant la tête, elle remarqua que le ciel s’obscurcissait à vue d’œil et ses nuages menaçants étaient synonymes de pluie. Une petite douche naturelle, bien qu’un peu salée, ne pouvait lui faire plus de mal ! Qu’est-ce qui aurait pu être pire, neee ? Croiser quelqu’un qu’elle serait susceptible de connaître par exemple. Ses balancements s’interrompirent et elle tourna la tête vers celui qui était installé à sa gauche. Elle se pencha légèrement, histoire de découvrir son visage, avant de se figer dans une position loin d’être idéale. Elle l’avait déjà vu. Il était dans le même lycée qu’elle…si ce n’était pas la même classe ! Elle grimaça, tentant de reprendre sa place initiale en se levant du banc, l’air de rien.

* Je n’existe pas…Je suis…une illusion ! C’est ça ! La transparence, ça me connait, pas vrai ? Il n’a rien vu…Il ne sait même pas qui je suis et…et… *

Son ventre venait de hurler à la mort, lançant un gargouillement aussi puissant qu’un cratère rejetant de la lave en fusion. Elle serra des dents, ses paupières closes et sourcils froncés.

* Je suis foutue !!! *

(1) Job d'étudiant
(2) Nouilles chinoises

Sommes-nous tous que de simples pions sur un même échiquier ? Lorsqu’on confronte une personne est-ce parce que derrière un être s’amuse à tirer les ficelles ? Si c’est le cas… alors dans la vie de notre ténébreux… il est le pion et Shimizu Yoshiki est le maître du jeu. Lorsqu’il a des moments pour lui-même… il s’agit de son éducation dans le domaine des affaires qui devient la priorité… alors c’est meeting par-dessus meeting afin d’assurer le bien de la compagnie, apparemment il doit apprendre à pouvoir gérer celle-ci dès maintenant. Son destin est sans doute déjà tout tracer… en sortant de Sakurai Gakuen et en entrant sans doute à Todai, ce dernier ira directement étudier en commerce et en politique afin de devenir un véritable géni des affaires. Et s’il n’a aucunement envi de suivre ce chemin, que va faire le paternel ? Lorsqu’on est un être puissant il est généralement facile de s’amuser à fermer toute les portes aux gens plus faible et plus bas que nous… et c’est exactement ce qu’il va s’amuser à faire.

Lorsqu’il a mentionné souhaiter lui aussi partir pour l’Angleterre, lorsque monsieur Shimizu à su que c’était parce que son fils souhaitait suivre une jeune fille… l’homme a dit que si jamais il quittait… il serait la cause de la perte d’emploie de monsieur Tanaka. Est-ce que l’ombre de la famille Shimizu s’étend jusque dans les pays occidentaux ? Sa liberté est celle d’un oiseau dans une cage en or… peut importe la couleur des barreaux il s’agit tout de même d’une cage.

Bref… mieux vaut décompresser, le meeting est terminé et Hiroto à mentionner à son père qu’il avait « des choses à faires pour l’école », en d’autre mots il souhaite simplement s’évader un peu. Rien de mieux que prendre l’air loin de tous… enfin… qui peut vraiment être entièrement loin du monde qui l’entour lorsqu’on habite dans une ville tel que Tokyo ? Lorsqu’on se retourne… il est fort probable qu’on puisse y apercevoir quelqu’un… c’est ça la vie des grandes métropoles… les êtres doivent créer leur solitude dans leur propre esprit. Utilisant donc son parapluie clos quasi comme une canne… c’est en mettant un pied devant l’autre en être solitaire qu’il déambulant de façon nonchalante dans ce parc. Le genre d’endroit que les familles typiques vont parfois… le genre d’endroit où un père enseigne à son fils à jouer un peu au baseball… enfin ça n’arrive que dans une famille typique.

Prenant finalement place sur un banc… celui-ci se mit à observer les oiseaux dans l’arbre en face. Un couple… volant de leurs propres ailes… suivant le vent et pouvant voguer vers de nouveaux horizons si cela leur semble bon. Il les envi, eux, les oiseaux. Enfin… son moment de solitude fut rapidement achevé lorsqu’une jeune fille, sans doute d’un âge similaire au sien, fini par prendre place non loin de lui. Elle ne lui porta aucunement attention… enfin ce n’est peut-être pas une mauvaise chose.

Le temps ce faisait de plus en plus humide et gris… la brise se levait annonçant l’imminence de la pluie. Les oiseaux dans l’arbre à l’apprit et l’un près de l’autre afin de se protéger mutuellement des forces de la nature. Notre protagoniste éleva ses ténébreuse prunelles vers les yeux alors qu’il sentit la première goûte de pluie sur son front. Une goute et puis une autre… l’orage débutait enfin. On dit qu’après la pluie il y aura du beau temps… mais la durée de l’orage n’est aucunement déterminée dans ce proverbe. Ouvrant alors son parapluie… notre ténébreux observa que sa voisine n’était nullement protégée de la pluie. Généralement dans la rue… les gens ne se soucis pas des autres… à moins qu’ils connaissent vraiment bien la personne. Pour lui, elle est une étrangère… du moins son visage ne lui est pas familier. Peut-être l’a-t-il déjà vu avant, peut-être est-elle-même dans sa classe à l’école… mais bon il ne porte pas attention souvent. C e n’est pas qu’il est du genre à ce croire mieux qu’un autre… c’est tout simplement parce que son esprit est souvent ailleurs que dans les salles de classes. Sur le terrain pour le foot… c’est une autre histoire, les membres de son équipe il les reconnait facilement ! Mais s’il n’y a jamais eu d’interaction entre eux… alors son visage lui sera inconnu sans doute jusqu’à la fin de leurs études. Enfin... pour en revenir au moment présent… notre ténébreux déplaça alors son parapluie un peu par-dessus elle afin de la protéger de la pluie sans rien dire. De toute façon qu’est-ce qu’il y a à dire dans ce genre de situation : voilà, tu es maintenant protéger de la pluie ?

Au moment de partir dans la plus grande discrétion dont elle pouvait faire preuve - autant imaginer un éléphant dans une galerie d’art -, son ventre lui joua un tour, choisissant cet instant présent pour lui faire payer ses caprices boulimiques. Elle baissa les yeux sur ses chaussures et remarqua qu’elles étaient mouillées, contrairement à ses épaules ou ses cheveux qui semblaient parfaitement secs. Elle releva lentement la tête pour découvrir un parapluie de la taille d’une tente. Elle suivit la main qui tenait le manche pour découvrir un bras, une épaule et un visage. Clignant des yeux, elle constata que si elle était à l’abri, le jeune homme se prenait tout dans la figure sans broncher. Elle attendait un mot, une phrase, même une interjection ou un grognement aurait suffi…mais non, il ne dit rien, se contentant de garder cette posture. Elle n’avait pas pour habitude de se préoccuper des autres et encore moins qu’on se préoccupe de son sort alors ce geste signifiait tout et rien en même temps. Elle patienta sans le quitter des yeux avant de prendre la parole, l’air mécontent et agacé.

" Vous avez l’intention de maintenir ce parapluie au-dessus de ma tête jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune goutte d’eau ? Parce que si c’est le cas, je ne bougerai pas de ce banc et malgré votre bonne action, personne ne vous récompensera…au contraire ! Vous allez vous choper une grippe carabinée, une pneumonie ou je ne sais quelle autre saloperie ! "

Elle s’interrompit, attendant une réaction de la part de cet homme-statue aux manières plus que respectables. Déstabilisée, la jeune femme ne cilla pas, sans pour autant obtenir une réponse. Existait-il réellement des individus serviables en ce monde de brutes ? Peut-être s’agissait-il d’un stratagème pour qu’une fois malade, Nanae soit obligée de prendre ses responsabilités envers lui et ce jusqu’à la fin de sa convalescence ? Comment pouvait-elle prendre le risque de jouer la nounou pour un parfait inconnu ? Elle se leva du banc, se retrouvant sous une averse des plus violentes, lui arrachant presque le parapluie des mains pour l’abriter à son tour.

" A quoi bon prendre soin des autres s’il n’y a jamais de retour de la médaille, hein ? Qu’est-ce qui vous pousse à agir en bon samaritain ? "

Même si son expression reflétait davantage l’incompréhension que la sympathie, elle ne pouvait ignorer la couleur rosée que ses joues venaient de prendre. Comprenait-il seulement ce que cela pouvait faire à cette gamine ? Il n’avait probablement pas envisagé les conséquences d’un acte aussi banal mais pour elle, le simple fait d’avoir choisi de la protéger, c’était irréel. Une bonté comme on n’en découvrait plus de nos jours…surtout après les mésaventures qu’elle venait de traverser ! Elle souhaitait réellement qu’il réponde à ses questions, qu’il soit sincère et lui avoue le pot-aux-roses. La méfiance était toujours de rigueur, même si elle se doutait qu’il ne cherchait pas à l’entraîner dans une entourloupe.

Elle sentit ses vêtements se coller à sa chair, celle-ci devenant de plus en plus froide au fur et à mesure que la pluie s’abattait violemment sur eux. Ses cheveux, trempés, ne ressemblaient plus qu’à de vulgaires brindilles immobiles et parfaitement droites. Elle grelotait mais luttait contre ses tremblements, histoire de faire la dure à cuir. Elle détourna le regard et s’approcha du jeune homme…Après tout, il y avait suffisamment de place pour deux, non ? Et puis zut, si ça ne lui plaisait pas, il pourrait toujours la laisser sur place et emporter le parapluie avec lui. Mais bon sang…quand est-ce qu’il allait enfin se décider à parler ?!!

Pourquoi ce geste ? Pourquoi l’avoir protégé elle, une étrangère, de la pluie alors que lui se laisse assaillir par la pluie ? Une telle chevalerie existe-elle encore ou bien est-ce un geste possédant derrière lui des malicieux songes ? Il est évident que les intentions de notre ténébreux sont aucunement clair… vous pouvez le voir vous-même en observant les réactions de la demoiselle face à ce gestes d’une grande galanterie – bien que plutôt étranges en un monde moderne. Les bonnes manières et la galanterie lui furent enseignées… enfin, normalement à l’intérieur d’un certain cadre plus aristocratique… jamais ses géniteurs l’auraient encouragé à porter tant d’attention pour des êtres pouvant être grossièrement qualifié comme étant « commun ». Oh, avec eux ça ne compte pas, nul besoin de leur porter attention… ils ne sont que des gens de classent inférieurs, des insectes pouvant rapporter gros aux riches êtres de ce monde, mais dont l’état de santé et la vie importe peu lors de d’autres circonstances. Toute fois les motivations de Shimizu Hiroto sont toujours un même et grand mystère…

Là voilà devant lui, d’abord surprise… puis prenant des airs de mécontentement. Quel magnifique discours… si vrai… si réel… notre ténébreux tant qu’à lui demeura muet. Un acteur dans un théâtre kabuki est sans doute plus expressif que ce dernier en ce moment malgré le masque couvrant l’intégralité de sa figure. S’il allait attendre là jusqu’à ce que la pluie arrête ? Allez pourquoi pas ? Pourquoi fait-il cela… il n’allait pas être récompensé, ça il le savait. Il est loin d’être un abrutit né à la dernière pluie. Sa seule récompense sera peut-être une grippe… ou un autre truc moche qu’une personne peut malheureusement chopper en demeurant longtemps dans le froid sous la pluie. Et alors ? Ça change quoi qu’il tombe malade ? Il a les moyens d’avoir les meilleurs médecins du Pays si jamais il lui arrive quoi que ce soit. Ce genre de générosité aurait sans doute irrité autant ses géniteurs qu’il irrite la demoiselle en ce moment.

" A quoi bon prendre soin des autres s’il n’y a jamais de retour de la médaille, hein ? Qu’est-ce qui vous pousse à agir en bon samaritain ? " lui-a-t-elle dit après lui avoir arraché des mains le parapluie qu’il tenait. À quoi bon… c’est vrai, à quoi tout cela sert ? Il l’aide aujourd’hui… mais cela ne veut pas dire que ce geste de bonté va jouer sur son karma et faire en sorte que lorsqu’il sera dans le besoin que quelqu’un va venir l’aider. L’observant rougir devant ses yeux alors que lui, humide de la tête aux pieds, reste de glace Hiroto eut éventuellement sa première réaction…

Le duo sous un même parapluie, l’un près de l’autre… cette scène aurait put être romantique si ce n’était pas qu’ils sont en réalité que deux parfaits inconnus et que les intentions du beau grand ténébreux n’ont rien à voir avec la romance. C’est sous ce même parapluie qu’il lui adresse finalement la parole. Sa voix sobre, profonde et calme murmura presque ses paroles alors qu’elles quittaient ses lèvres afin d’aller se déposer dans le creux d’une oreille.

« Il en faut bien afin d’établir l’équilibre… »

Établir l’équilibre, est-ce vraiment là la seule motivation ? Peut-être qu’intérieurement, inconsciemment il cherche à défier ses parents par des petits gestes anodins… mais bon c’est si profond en lui qu’il ne s’agit pas d’un réel dessein. Sans rien avoir ajouté de plus à cette phrase qu’il a laissé en suspend… c’est en observant toujours la demoiselle que notre protagoniste prononça une autre phrase... cette fois-ci le but de ses mots étaient différent.

« Vous semblez avoir faim… et froid… »

Une constatation, une évidence. Il pouvait entendre l’estomac de celle-ci gronder comme il entend la pluie claquer contre tout ce qu’elle frape violemment. Malgré les très faibles tremblements… la teinte de ses lèvres en disait que trop loin sur son état physique actuel. Malgré la rougeur de ses joues… ses lèvres prenaient une teinte tout à fait différente. D’ailleurs à quoi ressemblait-il lui ? Certes humide… mais ses vêtements visiblement plus épais semblait pouvoir le protéger un peu plus du froid… toute fois cet état physique ne sera pas éternel à demeurer ainsi sous la pluie malgré la présente protection d’un parapluie.

Tandis qu’elle incendiait intérieurement son organisme de n’être pas suffisamment fort pour se protéger des aléas météorologiques, son regard se mit à divaguer ça et là dans le parc où de nombreux couples trouvaient en cette pluie une véritable aubaine pour se rapprocher. Elle grimaça de dégoût, en total désaccord avec ces individus grotesques de niaiserie. En jetant un regard en biais à l’homme-statue, elle comprit qu’elle ne pouvait pas vraiment les juger, se retrouvant presque dans la même situation, à ceci près qu’elle ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Il devait probablement être muet ou n’avait pas la moindre envie de fournir un effort considérable pour répondre à ses inquisitions. Parce que maintenant, elle ne pouvait pas agresser verbalement qui bon lui semblait ?

" Il en faut bien afin d’établir l’équilibre… "

Quoi ? Une réponse ? A moins que le vent ne tente lui aussi de lui jouer des tours ? Elle releva la tête, clignant des yeux, certaine qu’il avait gardé la même posture qu’il y avait quelques minutes. Etablir l’équilibre ? Qu’est-ce que ça signifiait au juste ? S’il était le bon samaritain…elle…qui était-elle ? Le vilain petit canard ? Il ne manquait pas de toupet ! Elle se renfrogna et préféra garder son venin sans se douter qu’il n’en avait pas terminé.

" Vous semblez avoir faim… et froid… "

Elle ne put retenir un rictus moqueur et particulièrement agacé, plus encore que sa réaction précédente.

" Quelle perspicacité ! Personne n’aurait pu donner un diagnostic aussi juste ! Dites-moi la vérité, vous avez été envoyé pour me secourir, n’est-ce pas ? Où se trouve votre monture ? Parce que le prince sur son fidèle destrier…sans le cheval en question…c’est pas terrible ! "

Elle lui lança un sourire commercial avant de reprendre une expression renfrognée, sans parvenir à changer quoique ce soit sur son visage à lui. Elle le scruta, insistante, essayant tant bien que mal de trouver une quelconque réaction un tant soi peu humaine et naturelle. Si ses paupières ne s’abaissaient pas à un rythme régulier, elle aurait juré qu’il s’agissait d’une statue. Sans ses cils, rien ne prouvait qu’il était vivant, car même sa respiration semblait calquer son caractère neutre. Aucun mouvement de la cage thoracique, même son souffle aurait pu être inexistant.

" Incroyable… "

Elle le murmura sans s’en rendre compte, plus pour elle-même que pour lui. Cette constatation lui avait presque fait oublier sa situation d’intruse, étrangère malvenue qui s’était approprié un parapluie et son propriétaire. Rien ne laissait soupçonner cette attitude irréprochable d’immobilité. Bien qu’il y avait quelque chose d’élégant là-dedans, cet homme-statue lui faisait plus peur qu’autre chose et Nanae essayait de masquer cette gêne à l’aide de son éternelle mauvaise humeur. Si la pluie était froide, ce n’était rien par rapport à la glace qui parcourait ses membres, principalement à cause de cette ambiance si particulièrement inconnue et étrange, notamment en raison de ce lui pour qui elle faisait office de majordome. Elle s’imaginait volontiers le secouer par les épaules en le sommant de réagir…Ce manque d’humanité la faisait encore plus frissonner. Comment pouvait-il garder un tel calme olympien dans une circonstance aussi incongrue ?

C’est exactement comme dans les plus beaux Drama, ou presque. Sous la pluie notre duo partage le même parapluie, sauf que dans l’air il n’y à point de romance… car il ne faut aucunement oublier qu’il s’agit là de parfaits étranger – et rien à voir avec un coup de foudre… enfin le seul coup de foudre qui eut fut émit par les cieux. Après une très brève échange verbal… car oui pour que ce soit une échange il faut que les deux discutes… et ce qui la rend si brève est la courte durée des répliques de notre ténébreux, bref, après cet échange plus rien. Le tout c’était terminée par un « incroyable » susurré par la jeune demoiselle. Incroyable ? Qui a-t-il d’incroyable ? Que notre protagoniste semble être inhumain avec ses airs de statue, sa personnalité excessivement stoïque, son attitude quasi à la major d’homme ? Enfin, il faut avouer que pour ne point trouver cela étrange, il faut avoir l’habitude d’être en sa compagnie.

Une autre personne aurait sans doute été nettement plus irritée par l’attitude sarcastique de cette dernière… mais lui, il est une vraie statue ! Le ténébreux ce contenta que de la regarder… un peu amuser intérieurement, mais cet amusement n’est pas chose que son visage placide démontrait. Si il était là pour la secourir… pas vraiment… à vrai dire aucunement, mais il est un être de nature généreuse. Tenant donc à nouveau son parapluie, ce dernier répliqua à nouveau de façon calme et pondéré à cette jeune insolente.

« Je ne suis pas ici pour vous sauver… si vous avez faim je vous offre un repas chaud… ça ne peut vous faire de tord que d’aller vous procurer des vêtements secs non plus… »

Quel calme… un véritable iceberg ambulant. Comment fais-t-il pour faire preuve de tant de calme face à elle ? Il doit faire un grand effort, non ? Car la plupart des gens auraient déjà foutu leurs camps. Lui il fait ça comme si rien était… faut dire qu’il en a l’habitude des sarcasmes avec ses parents. Si ce dernier parvient à demeurer de glace face à eux… pourquoi pas face à une étrangère ? Enfin, maintenant mieux vaut attendre la réponse à sa proposition… qui peut sans doute paraître étrange. Rare sont les bons samaritains aujourd’hui, alors elle peut très facilement croire qu’en réalité il est un gros pervers qui veut profiter d’elle. Toute fois, si tel était le cas, elle aurait sans doute déjà prit ses jambes à son cou. Peut-être croit-elle que c’est une mauvaise plaisanterie… que quelqu’un va sortir avec une caméra et faire « surprise ! » ou un truc du genre.

Alors comment ce montrer un peu plus rassurant. Peut-être que si ce dernier se montrait un peu plus « humain » et afficherait sur son visage quelques expressions, il est possible qu’elle soit un peu plus rassuré… car qui ne frissonnerait pas face à un être aussi de glace que lui? Même Aika-chan frissonne parfois devant la froideur de son très cher ami et cela fait plusieurs années qu’elle le connait ! Elle dit qu’elle ne pourra sans doute jamais s’y habituer. Bref, comme lui dit si souvent Aika-chan : Essai d’être humain et tu va voir les gens vont nettement ce sentir mieux en ta présence car t’as un sourire d’enfer ! Mieux vaut écouter les conseilles et essayer de faire un petit sourire.

Sur ses lèvres se dessine donc l’ombre d’un léger sourire… mais vraiment l’ombre – ce qui peut possiblement le rendre encore plus effrayant. Enfin peut-être pas effrayant… mais bizarre peut-être. Enfin avec l’angle et la lumière… il est possible que son vis-à-vis ne s’en rende aucunement compte de cet effort pour être « humain ».

Revenons donc à nos moutons et aux dernières paroles dites… c’es t une invitation discrète à aller prendre un repas et de lui acheter des vêtements qu’il vient de faire, non ? Je me trompe? Car avec lui ce n’est pas toujours facile de bien comprendre ce qu’il veut vraiment dire. Alors si elle ne comprend pas le tout par ses paroles… peut-être mieux vaut démontrer physiquement la chose. C’est peut-être un peu sadique à faire… mais bon… le voilà qui quitte l’endroit où ses pieds sont présentement laissant ainsi la demoiselle un peu sous la pluie. Retournant sa tête vers elle, c’est avec son traditionnel stoïcisme qu’il enchaîna en parole :

« Alors… vous venez ou vous restez là sous la pluie à geler ? »

La subtilité, ce n’est pas sont fort ! En fait les mots n’est pas vraiment sont fort…

Elle l’épiait, sans la moindre gêne. Scrutant à la fois son torse pour vérifier le soulèvement de la cage thoracique d’un rythme régulier mais à peine perceptible et son visage, toujours aussi impénétrablement glacial. Etait-ce seulement la pluie qui lui donnait des frissons ou la compagnie de ce jeune homme l’inquiétait un petit peu ? Elle sursauta légèrement lorsqu’il prit la parole, ne s’attendant pas à une réaction aussi brusque, bien que le ton qu’il employait n’était guère élevé.

" Je ne suis pas ici pour vous sauver… si vous avez faim je vous offre un repas chaud… ça ne peut vous faire de tord que d’aller vous procurer des vêtements secs non plus… "

Elle cligna des yeux, comme la fois précédente, certaine d’avoir mal compris. Au rythme où allaient les choses, elle aurait pu quémander n’importe quoi qu’il aurait trouvé le moyen de le lui fournir. Qui était-il ? Que désirait-il réellement ? Existait-il seulement quelqu’un qui pouvait avoir le cœur sur la main comme ça ? Elle baissa le regard sur ses chaussures, préférant regarder la pluie s’écouler autour d’eux plutôt que de répondre immédiatement. C’est alors qu’elle sentit ses cheveux s’humidifier avec une intensité soudaine. Elle releva la tête et ne trouva plus l’homme-statue. Elle se retourna au moment où il l’invita à le rejoindre. Elle ouvrit la bouche, prête à dire quelque chose mais se ravisa, une moue boudeuse s’affichant sur son visage alors qu’elle le rattrapait. Ses jambes étaient si grandes que ça ?! Elle fit tout son possible pour se faire toute petite, essayant tant bien que mal de ne pas le toucher mais en marchant sous un parapluie, même grand, le contact était inévitable. Sa peau était peut-être aussi froide que son expression faciale, c’était vraiment étrange…

Elle frotta énergiquement ses bras tandis qu’ils continuaient à marcher, le tonnerre se faisant de plus en plus proche. Elle ne le regardait toujours pas, se retrouvant réduite au même état que lui : muette. Le suivre n’était peut-être pas une bonne idée mais elle avait besoin d’être protégée de cette douche naturelle. Ils finirent par entrer dans une boutique bondée, réunissant une trentaine de personnes qui n’avaient pas trouvé mieux que de se réfugier tous au même endroit. Nanae pestait intérieurement, furieuse contre cette population et ce temps pourri. Au moment où elle se retourna, l’homme-statue avait à nouveau disparu. Elle le chercha du regard, contrainte de se mettre sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir quelque chose au fin fond de la boutique. Pas une seule trace du Bon Samaritain. Il l’avait peut-être laissée ici, estimant que son rôle d’Ange Gardien était accompli et qu’il pouvait repartir voguer vers d’autres cieux ou d’autres âmes, celles-là même qui avaient plus besoin de lui ? Elle marmonna quelque chose entre ses dents et lâcha les vestes, se précipitant vers la sortie. Elle marchait avec grande vigueur sous la pluie, ses cheveux collés contre son visage froid et ses mains enfoncées dans ses poches trempées. Disparaître et reparaître comme bon lui semblait…ce type était vraiment culotté ! Elle donna un grand coup de pied dans une canette et continua son périple, ne sachant pas pourquoi sa mauvaise humeur avait monté en flèche.

* C’est pas comme si je le connaissais ! A quoi je m’attendais ? Se laisser berner par des mots…nan mais tu déconnes ma vieille ! Reprends-toi ! C’est pas comme si vous aviez signé un contrat ! Quelle gourde ! *

Elle soupira en ralentissant l’allure, éclatant d’un rire sans joie, plus comme un rictus qu’un véritable rire. Il avait les mots, elle était naïve. Le destin et ses rencontres ! Satanée vie…

Les voilà marchant sous la pluie, notre protagoniste étant alors le guide. Plus le temps passait, plus l’orage ce faisait persistant… les quelques êtres à l’extérieur essayait sans doute tous de se mettre un peu plus à l’abri, ce qui expliquerait donc pourquoi la boutique dans laquelle notre duo est entrée était bondé de gens. D’ailleurs, pourquoi ce lieu en particulier ? Alors que juste à côté il y avait une autre boutique… similaire et avec nettement moins de gens à l’intérieur ? Peut-être est-ce parce que cette foule de gens pourrait faire en sorte que la demoiselle voit visiblement que notre ténébreux ne peut rien lui faire de mal ? Enfin, les raisons qui ont poussés Shimizu à venir ici sont sans doute inconnu pour la jeune demoiselle… tout comme l’identité de son bon samaritain aux airs d’homme statue. Enfin… peut-être que vous très cher lecteurs aimeriez aussi connaître ses motivations n’est-ce pas ?

Vous savez… l’influence de sa famille s’étend dans le monde du cinéma… autant au niveau de la technologie cinématographique, les plateaux et studios de tournages… les acteurs… bref la famille Shimizu possède une très forte réputation ici au Japon, voir même sur un plan mondiale. Cette boutique en particulier est très bien connue par la famille de notre ténébreux… car voyez-vous mesdames et messieurs… le propriétaire de l’endroit a su confectionner plusieurs vêtements non seulement pour les films, mais aussi pour remplir la garde-robe luxueuse de la famille, en particulier ce très cher Hiroto. Alors comme vous pouvez vous en doutez, notre ténébreux vient fréquemment en ce lieu afin de visiter sa très chère amie, Uesugi Kaede. Était à peine plus mûr que notre protagoniste, ils sont rapidement devenu des amis proches et les très similaire à Aika font de Kaede une personne pouvant parfois pousser notre ténébreux à être un peu plus « humain ».

Laissant alors voguer librement dans la boutique la jeune inconnue… Hiroto ce mit à la recherche de la propriétaire. Comme vous pouvez sans doute vous en doutez, ce ne fut point difficile de la trouver ! La joie dans le regarde de Kaede lorsqu’elle pu voir le visage de son client favoris et sa façon excentrique de s’exprimer fit en sorte que les clients non loin d’eux se sont rapidement retourné vers eux. L’échange verbal entre eux fit très bref… quelques nouvelles… et puis il eut l’explication de sa venue ici – une explication qui su charmée immédiatement la propriétaire. Toute fois, malheureusement lorsque le moment des présentations fut arrivés… la voilà qu’elle avait disparue. Une des employées de la boutique signala alors qu’elle venait de quitter l’endroit. Non mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans sa tête ?

Immédiatement, notre ténébreux sorti à son tour de la boutique oubliant son parapluie et chercha dans toute les directions afin de la retrouver. Qu’est-ce qui ne va pas dans la tête de la jeune fille pour avoir quitter ? Plutôt qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans la tête de notre ténébreux pour être là en train de chercher pour une pure inconnue sous la pluie ! Après l’avoir aperçu un peu plus loin, Hiroto cria un peu afin de l’interpeller. Une fois l’attention de cette dernière attirée… notre magnifique ténébreux s’exprima suffisamment haut et fort afin qu’elle puisse l’entendre alors qu’il marchait tranquillement vers cette dernière.

« Alors je vous laisse seule quelques minutes et vous quittez ainsi ? Je vais déranger la patronne afin qu’elle t’aide à te trouver un truc sympa et voilà que tu prends la clef des champs … »

À présent après avoir remonté jusqu’à elle, celui-ci la fixa fermement, ses prunelles croisant les siennes il demeura en silence durant un moment et puis fini par ajouter à cette phrase ayant laissé en suspend.

« Croyez-vous que j’allais vous laisser tomber aussi facilement? »

Sans doute, car après tout elle ne le connait aucunement ! Quel espèce de crétin s’amuserait ainsi à jouer au bon samaritain pour une pure étrangère ? Shimizu Hiroto… un mystère éternel, sous cet air d’homme distant et glacial, derrière ses sombres prunelles et au-delà de son cœur ayant été brisé se cache un homme… doux et généreux ? Pourtant elle n’a rien de particulier, ce n’est pas comme si il était amoureux d’elle ou quoi que ce soit ! Sincèrement… il est vraiment une totale incompréhension. Quand il a quelque chose en tête, il ne semble pas être du genre à laisser tout tomber ainsi… et cela aussi ridicule que sont but puisse être.

Il n’y avait aucune raison de se pourrir l’existence pour quelqu’un qu’elle venait tout juste de rencontrer. C’était stupide, surtout lorsque la personne en question n’avait quasiment rien dit. Elle ne comprenait pas elle-même pourquoi le fait de ne plus le trouver la rendait furieuse : son geste, bien qu’anodin et uniquement courtois, l’avait touchée. Alors qu’elle essayait de penser à autre chose, elle perçut une interjection et se retourna machinalement. Il était à l’autre bout de la rue et s’avançait vers elle d’un pas mesuré. Elle l’écouta en restant plantée en plein milieu du trottoir, jusqu’à ce que leurs regards se croisent. Elle pouvait discerner chaque trait de son visage, malgré la pluie qui les obligeait tous deux à plisser les yeux. Le son de sa voix la faisait encore frissonner, parce qu’elle avait cru comprendre que le silence était son plus fidèle compagnon de fortune. Vous…tu…c’était assez étrange de mêler formules conventionnelles et familiarités. Elle se sentait bête mais il était hors de question de lui montrer qu’elle devenait honteuse. Sans ciller, elle prit la parole, parlant plus fort pour couvrir les grondements du ciel.

" Je n’y suis pour rien ! C’était noir de monde et j’avais beau regarder partout, je ne t’ai pas trouvé. J’ai pensé que tu étais parti alors je suis sortie. "

Elle avait délibérément choisi de le tutoyer, parce qu’elle était certaine de l’avoir vu dans son lycée, maintenant qu’il se tenait " à découvert ". Il devait avoir un ou deux ans de plus qu’elle maximum, ce qui lui permettait de s’adresser à l’homme-statue d’une façon plus directe, sans pour autant lui manquer de respect. Elle détourna son regard, la mine renfrognée, avant de reprendre.

" Comment pourrais-je savoir ce que tu comptes faire, si tu tiens ou non parole ? Accorder sa confiance à quelqu’un, qu’il soit ou non bien élevé, ça reste très difficile pour tout le monde. "

Elle attendit quelques secondes avant de le regarder furtivement pour reprendre sa place initiale. Elle redressa alors la tête, soutenant ses yeux, plaquant ses mains sur ses hanches pour annoncer.

" Au fait, je suis une personne ! J’ai un nom et j’aimerais que tu t’en serves…au cas où… "

Elle passa devant lui et reprit le chemin direction la boutique qu’ils venaient tous deux de quitter. Elle pressa le pas avant de se retourner, la distance qui les séparait étant suffisamment grande pour qu’elle puisse mettre ses mains de part et d’autre de sa bouche avant de crier.

" Nanae Komusaki, M’sieur l’Bon Samaritain ! "

Elle se retourna et reprit sa marche rapide, un sourire léger s’affichant sur son visage. Elle réussit à rentrer à nouveau dans la boutique, toujours aussi bondée, mais cette fois attendit que l’homme-statue la rejoigne avant de s’aventurer ça et là. Elle releva la tête et regarda plus attentivement la pièce et ses décorations. Des couleurs chaudes, froides, plusieurs variantes et des dispositions tout à fait originales. Les vêtements aussi semblaient uniques, chacun ayant leur propre marque de différenciation. On trouvait de tout : des cosplays aux kimonos en passant par des robes de soirée et autres uniformes scolaires. Même les toges et autres déguisements ne manquaient pas à l’appel. En y réfléchissant, c’était la première fois qu’elle mettait les pieds dans ce genre de magasin, aussi farfelu et étrange soit-il. Surprenant serait peut-être le terme le plus approprié…mais elle ne devait pas trop s’attarder si elle ne voulait pas perdre de vue le Bon Samaritain. Elle frôla du bout des doigts quelques tissus sans pouvoir tous les nommer : soie, coton, cashmere…avant que son attention ne se porte sur l’homme-statue et la jeune femme avec laquelle il était en train de discuter. Celle-ci portait quelques vestes qui leur étaient apparemment destinées. Nanae l’observa un moment, attendant que l’un d’eux veuille bien lui expliquer ce qui se passait.

Il est difficile de vraiment bien comprendre ce qui ce passe dans l’esprit de notre ténébreux, pourquoi il semble tenir tant à l’aider, pourquoi il est allé jusqu’à courir sous la pluie afin de la retrouver. Debout à nouveau sous les cieux en colère, Shimizu observait la demoiselle en silence après s’être adresser à celle-ci, attendant sa réaction, sa réplique. Elle doit sans doute le prendre pour un fou à faire tout ça pour elle… lui un pur étranger qui ne connait même pas son nom ! Alors écoutant attentivement chaque mots qu’elle lui adressa sans répliquer, le magnifique ténébreux fut intérieurement amusé s’imaginant un peu la scène vu de l’extérieur. Que peuvent bien penser les gens, ce n’est pas que leur opinion va avoir un quelconque effet sur ses actions, mais il y a tellement de façon de voir tout ça lorsqu’on est qu’un observateur et non un acteur de cette magnifique scène aux allures romano-dramatique.

Il est vrai qu’elle n’y était pour pas grand-chose dans toute cette histoire… c’est lui qui l’avait invité et un peu délaisser sans la prévenir une fois rendu à la boutique. Une personne normale aurait sans doute prévenue… mais notre bon samaritain lui est tout sauf le type habituer aux relations interpersonnelles ayant un semblant de normalité. D’ailleurs voilà qu’elle le tutoyait… il faut dire que sans y penser, ayant l’impression de familiarité avec cette dernière, notre protagoniste eut fini par utiliser des termes familiers avec cette dernière. C’est sans doute cette expression de déjà vu qui a poussé son inconscient à prononcer ces termes. Peut-être l’a-t-il déjà croisé dans la rue ou à Sakurai Gakuen.

Finissant par éventuellement connaître son nom et prénom après que celle-ci en eut semble-t-il un peu marre qu’il ne l’appelle pas par celui-ci… notre ténébreux scruta son esprit à la recherche d’indice pouvant lui révélé l’identité exacte de la demoiselle. Komusaki Nanae, ce nom lui semble si familier à son oreille, mais rien de bien concret. Enfin peut-être qu’avec un peu de temps la mémoire lui reviendra ! À présent mieux vaut en revenir au moment présent… n’ayant point eut le temps de se présenter à son tour… il laissa Komusaki se balader librement dans la boutique, mais cette fois-ci en gardant un œil sur elle alors qu’il se remit à discuter brièvement avec Kaede-san avant d’éventuellement l’approcher à nouveau.

Étant pas exactement du genre à parler beaucoup, notre protagoniste céda donc la parole à Kaede… qui elle peut être un véritable moulin à parole. Lorsqu’elle commence par moment elle ignore où s’arrêter.

« Alors la petite demoiselle toute humide, qu’est-ce qui vous plait au niveau des vêtements ! Les couleurs ça doit tellement vous allez super bien ! Hiroto à du goût chez les femmes ! C’est un homme à marier ma petite ! Mais bon ne lui dite pas que je vous ai dis ça, il n’aimera pas ! Il vous plait hein avouez ? »

Non mais elle se prend pour qui ? A-t-elle oublié qu’Hiroto est juste derrière elle ? Le regarde de notre ténébreux était sur Kaede avant qu’il lui tapote l’épaule pour faire en sorte qu’elle se retourne. Toute « surprise » de le voir, elle s’exprima à nouveau dans un long discours qui ne semblait plus en finir. En espérant que Komusaki n’ait pas mal comprit le tout… il ne l’a pas aidé parce qu’il la trouve jolie ou quoi que ce soit, mais par simple bonté rien de plus ! Finalement notre ténébreux s’adressa à la jeune femme en espérant que Kaede ne l’ait pas trop traumatisé.

« Choisi ce que tu veux… Komusaki… je te l’offre. »

Ce n’est pas comme s’il n’a pas les moyens ! Mais avant même qu’il puisse dire quoi que ce soit, voilà que Kaede demanda à une de ses employer d’apporter Shimizu en arrière boutique afin qu’il aille ce changer dans les nouveaux vêtements qu’il avait commandé il y a environ un mois… par la même occasion se changer dans un truc sec. Pauvre Komusaki, là voilà seule avec Kaede, en espérant qu’elle ne la traumatise pas davantage. Enfin ce n’est pas comme si elle allait demeurer bien longtemps seule… car au bout d’une quinzaine de minutes, après que la pluie ce soit légèrement calmé, notre protagoniste tenta de retrouver Komusaki… en espérant que Kaede ne l’ai pas embarré dans une salle d’essayage et qu’elle ne lui balance pas un tas de vêtement de par-dessus la porte… c’est tout à fait son genre ça.

La patronne de la boutique était jeune, jolie et agréable, même si son débit de paroles semblait supérieur à la normale. Apparemment, elle avait complètement occulté l’homme-statue puisqu’elle s’adressait directement à Nanae, parlant avec grande vigueur et enthousiasme que notre jeune nippone ne savait comment interpréter. Elle la scrutait d’un œil pétillant de malice, comme si elle savait quelque chose que Nanae ignorait ou ne percevait pas. Il était question de ses goûts pour les vêtements mais elle ne lui laissa pas même le temps de répondre que déjà, elle changeait de sujet. Hiroto..? La lycéenne pencha légèrement la tête sur le côté gauche, comme si elle allait trouver la réponse à sa question plus facilement ainsi, avant de comprendre. Le Bon Samaritain, l’homme-statue et Hiroto étaient une seule et même personne. Et tout s’enchaîna très vite : son goût pour les femmes…un homme à marier…est-ce qu’il lui plaisait ? Elle cligna des yeux, bombardée par tant de phrases et garda ses lèvres scellées, une mine toujours aussi renfrognée sur le visage. Cette bonne femme était trop curieuse et beaucoup trop friande de commérages. La jeune fille n’appréciait pas vraiment qu’on s’immisce de la sorte dans sa vie privée, surtout si elle concernait un parfait inconnu qu’on analysait déjà comme son futur époux. Alors qu’elle s’apprêtait à rétorquer quelque chose, l’homme-statue refit son apparition et la patronne se tourna vers lui pour reprendre le fil d’une conversation que Nanae n’avait pas suivi. Elle les regarda simplement, se demandant la véritable nature de leur relation. Celle qui avait la langue pendue le connaissait bien et il semblait plus à l’aise, même si elle conversait presque toute seule.

" Choisi ce que tu veux… Komusaki… je te l’offre. "

Elle écarquilla les yeux, la bouche entrouverte, avant de secouer frénétiquement la tête, en signe de refus. Il était hors de question qu’il dépense son argent à tord et à travers pour cette gamine écervelée qu’il venait à peine de rencontrer, par un malheureux concours de circonstances. Mais alors qu’elle s’apprêtait à faire une scène, il avait déjà disparu et la patronne de la boutique la poussait vers les cabines d’essayage. Elle devait rendre les armes et capituler…pour le moment. Le moulin à paroles lui avait dégoté toutes sortes de vêtements, amusée par la situation et prenant littéralement Nanae pour une poupée, lui faisant changer toutes les cinq minutes d’habits. Elle n’avait pas même son mot à dire et ne pouvait pas riposter, sous peine de se prendre une foule de répliques en pleine tête. Cachée derrière un épais rideau de velours, elle n’osait pas sortir. C’était un vrai parcours du combattant que de réussir à la faire porter quelque chose ! Dans le même temps, elle lui avait apporté de quoi se sécher les cheveux, troquant ses vêtements trempés contre d’autres neufs, tous plus excentriques les uns que les autres. Les prix étaient faramineux, si bien que ses yeux manquaient de sortir de leurs orbites à chaque fois qu’elle vérifiait l’étiquette. Parmi la pile de vêtements, elle trouva un jean noir et un t-shirt en coton qui lui convenaient parfaitement mais la patronne ne voulait rien savoir. Elle devait ressortir avec quelque chose d’extra, un costume qui ferait que les gens se retourneraient sur son passage. Sans lui demander son avis, elle entra dans la cabine et lui passa une tenue très différente de ce qu’elle avait l’habitude de porter : une robe, blanche qui plus est, avant de demander l’aide de quelques unes des vendeuses. Nanae avait beau protester, elle ne pouvait rien faire contre trois paires de mains qui s’occupaient apparemment de ses cheveux, ses yeux et même ses lèvres. Si ça continuaient, ils allaient la transformer en véritable phénomène de foire ! A quoi pouvait-elle bien ressembler ? Au moment où la patronne se retira, l’autorisant à se lever, elle avait les yeux encore plus pétillants que précédemment, contrairement à Nanae qui s’était figée en une expression apeurée. Elle baissa les yeux sur ses vêtements, passant ses mains sur sa robe pour toucher le tissu avant de regarder ses pieds : même les chaussures étaient assorties ! Elle voulut passer une main dans ses cheveux et remarqua qu’ils n’étaient pas raides : ils ondulaient. Il y avait même des corps étrangers dedans ! Des plumes et autres petites perles…Elle ne voulait pas sortir mais fut contrainte. La gêne qu’elle ressentait s’accentua au moment où elle releva la tête pour croiser le regard de l’homme-statue.

Alors suite à quelques l’essaie de quelques magnifiques ensembles les plus charmants les uns que les autres, notre ténébreux fit éventuellement un arrêt sur ce qu’il allait porter en tant que vêtement de rechanges. Et oui, bien que le look beau gosse sous la pluie soit très séduisant, il n’est point pratique et possiblement dangereux afin d’attraper un vilain rhume – ça on n’aimerait pas que ça arrive n’est-ce pas? C’est donc devant le miroir en arrière boutique, alors qu’on lui apportait quelques vêtements que notre très flegmatique ténébreux fini par faire son choix avant d’éventuellement ressortir de là, beau comme tout et aux allures toujours aussi classes. Malgré toute l’excentricité possible en ce lieu, Shimizu semble toujours opter pour un look plus classe, bien qu’il possède toujours quelques touches hors du commun au niveau des détails du vêtement – seul un œil observateur peut les remarquer facilement.

Les cheveux sécher, bien coiffé comme d’habitude, il retourna dans la boutique qui se vidait tranquillement alors qu’à travers les sinistres nuages le soleil plongeait sur la capital. Toute fois le temps à l’extérieur importait peu pour l’instant, bien que ce soit un détail à noter pour les événements à suivre… et oui partager un repas alors que la vue vers l’extérieur est moche… ce n’est pas très plaisant, quoi qu’il n’y a rien de moche à un temps un peu pluvieux. Un peu curieux de voir en quoi Kaede-san a transformé Komusaki, notre ténébreux attendit donc patiemment avant le grand dévoilement.

Bien que cela ne semble point être le cas avec son visage de glace, il est actuellement très surpris du résulta. Certes elle est très loin d’être moche, sans doute hors de son naturel, mais l’apparence qui lui fut donner – bien que ce sera éphémère – en cet instant la rend des plus charmante. Certes c’est peut-être un peu trop, mais ça ira. Ne disant rien, l’observant, scrutant chaque détail avec ses ténébreuses prunelles. Cela peut sembler intimidant, elle se croire devant un juge pour les concours de talents, mais ce n’est pas vraiment le cas. Disons qu’il est soucieux des détails… c’est tout. Ce n’est point dû au fait qu’il risque d’être déshonoré par l’apparence de cette dernière, car ma fois elle est de toute beauté, mais bon comme pour avec ses propres vêtements, il adore les petits détails particulier des vêtements de Kaede-san.

Posant brièvement son regard sur la créatrice de cet « œuvre » avant de déposer à nouveau ses prunelles sur Komusaki, notre protagoniste dévoila finalement son opinion sur le tout.

« Un peu plus élégant que je l’aurais cru, mais le tout valorise bien la beauté naturelle qu’elle possède… »

Vient-il tout juste de dire qu’elle est jolie ? Et oui ladies et gentleman, Shimizu la trouve jolie, mais ce n’est pas pour ça qu’il l’a aidé ne l’oubliez surtout pas ! Ne croyez pas qu’il est le genre de gosse de riche superficiel ! Certes il accorde une certaine importance à l’esthétique des choses, mais cela ne fait pas de lui un être entièrement superficiel.
Approchant tranquillement Komusaki, plongeant son ténébreux regard dans le sien, Shimizu s’adressa cette fois-ci directement à elle.

« Le tout te plais ? »

Bien que notre jeune homme apprécie ce qui ce trouve devant ses yeux à l’instant même, il souhaite un certains confort pour Komusaki, car après tout c’est elle qui doit porter le tout… de plus lui offrir des vêtements dans lesquelles elle n’est point confortable est totalement futile. Certes ce n’est pas le genre de robe qu’une jeune demoiselle de son âge porte sur une base régulière… mais mieux vaut qu’elle soit porter à quelques occasions que pas du tout, non ?

Se sentir épiée, elle n’aimait pas ça du tout, mais alors vraiment pas…sauf qu’en cet instant, elle lui rendait l’appareil, trouvant un sujet aussi intéressant à scruter. Elle n’était pas la seule à avoir changé de look, à ceci près qu’il devait être habitué à porter ce genre de vêtements. Un style élégant et sophistiqué sans pour autant que ce soit ridicule ou inconvenant, quelque chose qui était fait pour lui. Elle rencontra son regard et baissa les yeux, comme prise en faute. Elle avait toutes les raisons du monde de se sentir mal à l’aise, avec tous ces regards braqués sur elle et lui, qui s’amusait à la détailler de la sorte.

" Un peu plus élégant que je l’aurais cru, mais le tout valorise bien la beauté naturelle qu’elle possède… "

Interloquée, encore une fois. Elle cligna des yeux comme si ce qu’elle venait d’entendre était sorti tout droit de son imagination. Nanae était véritablement un modèle ?! Parce qu’il s’exprimait comme un grand nom de la mode l’aurait fait, un couturier au droit de veto sur une collection prestigieuse pour laquelle la jeune fille défilait. Elle chassa de son esprit ses derniers mots, préférant ne pas y prêter attention de peur de mal interpréter sa phrase. Le ton qu’il avait employé était si léger qu’elle n’aurait su dire si cela avait vraiment un sens de prendre en considération son opinion. Son incapacité à exprimer quoique ce soit était réellement agaçante : comment pouvait-elle savoir ce qu’il pensait vraiment ?! Elle cligna une nouvelle fois des yeux, amorçant un minuscule pas en arrière lorsqu’il se dirigea vers elle. De près comme de loin, il semblait irréel, un être divin descendu sur terre pour donner une bonne leçon à ces hommes dépourvus de classe. Il lui demanda alors si ce qu’elle portait lui plaisait et Nanae ne savait pas quoi lui répondre. Elle ne se voyait qu’à travers les yeux de cette créatrice farfelue et ses acolytes…et ses yeux à lui ? Que disaient-ils ? Elle les scruta un à un, tentant de trouver une réponse mais rien ne se produisit. Un mur qui n’en finissait plus de s’étirer se dressait devant elle. La jeune fille baissa à nouveau la tête, regardant sa robe. Peut-être qu’un peu de changement ne lui ferait pas tant de mal ? Après tout, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, pas vrai ? Elle opina de la tête non sans une certaine retenue, pour le plus grand bonheur du moulin à paroles. Nanae se demandait si cette comédie n’était pas une tentative pour faire de la pub à sa boutique -bien sûr que si ! - : du moment qu’elle n’était pas obligée de porter une pancarte stupide ou de distribuer des tracts aux passants, elle passerait outre.

Elle retourna dans sa pseudo-cabine pour prendre ses vêtements mouillés mais quelqu’un s’était déjà chargé de les mettre à sécher ailleurs. L’une des vendeuses lui assura qu’elle pourrait revenir les chercher un autre jour et renouveler sa garde-robe par la même occasion. Quelque chose clochait avec son style vestimentaire ou quoi ?! Bref, elle la remercia et se retourna, ne trouvant plus personne. Il avait vraiment le don pour disparaître ce type ! Elle le chercha des yeux et le trouva en compagnie de la patronne, apparemment en train de lui donner quelque chose…de l’argent peut-être….de l’argent ?!!! Elle traversa la boutique pareille à un ange et s’apprêtait à interrompre son geste mais ne parvint qu’à saisir sa main à la place des billets. Elle le fusilla du regard, arborant une moue réprobatrice qui tranchait avec son visage rendu angélique grâce aux doigts de fée des vendeuses de la boutique.

" Qu’est-ce que tu viens de faire ? Encore un tour de passe-passe de la part du preux chevalier, c’est ça ? "

Elle tendit son autre main, ouvrant sa paume en direction de la patronne, son autre main tenant toujours celle du jeune homme. Elle regardait maintenant la jeune femme derrière le comptoir et demanda d’un ton ferme.

" Ce n’est pas parce que c’est dans ses habitudes d’être trop bon qu’il faut le laisser faire. Rendez-lui son argent et laissez-moi la facture. Non mais c’est dingue…alors que j’pourrais être la pire des profiteuses et lui continue à être exagérément serviable…c’est débile ! "

Vous croyez peut-être qu’elle va juste enfiler la robe et lui les beaux vêtements et que tout va être fini ? Sachez mes très chers lecteurs que la vie n’est malheureusement pas ainsi. Enfin, notre ténébreux aurait pu mettre le tout sur son compte personnel ici, mais il préfère généralement régler ses petites « dettes » dès qu’il le peut. C’est donc à cette fin que notre ténébreux délaissa durant un bref instant la jeune demoiselle, car après tout il est celui qui a offert tout ça, donc il est donc naturel qu’il soit aussi l’être payant pour le tout. Toute fois ce genre de générosité, si ont peut appeler le tout ainsi, ne semble pas plaire à tous et par cela vous avez sans doute compris que c’est à Komusaki que ça ne semble pas plaire du tout. Elle qui semble insister sur comprendre pourquoi il fait tout ça, elle qui en ce moment même vient de déambuler BAM afin d’interrompe la transaction !

Plus ou moins surpris par le tout, il la laissa donc parler, exigeant que Kaede rendent à Hiroto l’argent qu’il venait de débourser. Un peu égaré, la propriétaire regarda alors notre ténébreux, puis la jeune fille pour revenir sur notre ténébreux avant de rigoler comme une folle. Elle attira ainsi un peu l’attention, mais bon ça elle s’en moque et donna alors la réplique à Komusaki.

-Alors là à ce niveau, ce n’est pas avec moi qu’il faut discuter, mais avec votre beau chevalier mademoiselle !

Hiroto ce retourna vers Komusaki, et fini par s’adresser à elle à son tour. Le ton plus froid, plus sobre et plus posé de notre ténébreux faisait un parfait contraste avec l’énergie verbal des deux autres. Alors que les deux autres s’exprimait vivement, ce dernier demeura toujours aussi calme, placide vocalement.

-Komusaki…

Un moment de suspense avant de continuer…

-Aime-tu la robe ? Si oui, c’est tout ce qui importe… sinon je ne vais pas l’acheter si tu me dis le contraire, mais soit franche….

En quoi est-ce que cela va régler le problème ? Sérieusement, la philosophie de notre ténébreux est parfois aussi obscure et étrange que ses yeux. Même sur ce coup là, Kaede ne semble pas être capable de vraiment le suivre, enfin pour elle, tant qu’elle finit par être payer ce n’est pas si mal que ça, mais si elle n’a pas en redonner l’argent à Shimizu, tant mieux pour elle. De toute façon, Shimizu refuserait catégoriquement de reprendre son argent, autant que Komusaki refuse que le tout provienne du portefeuille de notre ténébreux. Elle se voit comme la pire des profiteuses en laissant ça aller… c’est vrai qu’elle profiterait, mais dans le cas présent ce n’est pas une mauvaise chose. Certes, Hiroto ignore tout d’elle, ou presque, et le voilà qu’il va lui acheter une jolie robe et lui payer un charmant repas, le genre d’enchainement d’événement très peu logique dans la tête de la plupart des gens. Il comprend donc très bien pourquoi elle se sent mal… et il ne souhaite pas trop insister… il ne faudrait pas qu’elle croit qu’il a des idées tordus derrière la tête. Se retournant alors vers Kaede, Hiroto s’adressa cette fois-ci à cette dernière.

-Alors cela devrait aussi faire pour le premier paiement sur les costumes de Fuurin Kazan*?

Hochant la tête sans rien ajouter, elle prit l’argent et l’ajouta dans la caisse avant de la refermer rapidement, on sait jamais, peut-être que Komusaki aurait pu tenter de reprendre l’argent et le foutre dans la poche de la veste d’Hiroto !

-Bon, tout est réglé…

Lorsque le moulin à paroles lui indiqua qu’elle devait directement s’adresser à son chevalier servant, Nanae ne se fit pas prier et c’est mains sur les hanches, le regard plus dur que jamais, qu’elle releva la tête en direction de l’homme-statue. Son nom prononcé, un rythme cardiaque qui s’accélère avant que…

" Aimes-tu la robe ? Si oui, c’est tout ce qui importe… sinon je ne vais pas l’acheter si tu me dis le contraire, mais sois franche… "

Elle ouvrit la bouche, prête à rétorquer quelque chose d’intelligent, une réplique cinglante et parfaitement mesuré, sauf que…sauf que rien ne lui venait en tête. Bien sûr qu’elle aimait la robe ! Il fallait être fou pour détester un modèle aussi original et bien taillé, quelque chose d’unique et de superbe, même sur elle. Alors elle baissa la tête et passa à nouveau ses mains sur le tissu. Dire le contraire aurait été lui mentir et elle n’était pas vraiment douée pour ce genre de choses. Alors la suite se passa encore plus rapidement que prévu et avant qu’elle ait le temps de réagir, l’argent se trouvait déjà bien au chaud à l’intérieur de la caisse enregistreuse. Elle cligna des yeux et se renfrogna tandis que la patronne de la boutique se frottait les mains, heureuse d’avoir conclu cette affaire à son avantage. Elle ne perdait rien pour attendre et lui…Elle trouverait bien un moyen de le rembourser, même si pour cela il fallait qu’elle accumule d’autres petits boulots.

Ils quittèrent la boutique, sous l’œil ravi de la propriétaire. Nanae n’avait pas la moindre envie d’ouvrir la bouche, si ce n’était pour le rabrouer encore. Elle traînait des pieds, bien que cette image puisse paraître difficile en raison de ses talons hauts. La distance qui les séparait était un véritable gouffre : elle était incapable de prêter quoique ce soit à ses plus proches amis, de peur de ne jamais le récupérer et lui, il venait d’offrir des vêtements coûteux à une parfaite inconnue. Elle ne méritait pas tant de gentillesse et lui, il n’aurait jamais du avoir autant le cœur sur la main.

" Tu ne t’en rends pas compte, n’est-ce pas ? De ce que tu es en train de faire… "

Elle jeta un regard à celui qui marchait à ses côtés avant de baisser le regard, sourcils froncés.

" Si je te dis que j’ai tout fait pour croiser ta route dans le but d’obtenir un peu de sympathie ? Que tout était prémédité et qu’une fois cette journée finie, quand j’aurai estimé que tu auras dépensé suffisamment d’argent pour moi, je disparaîtrai...Qu’est-ce que ça te ferait ? "

Elle chercha son regard, essayant de percevoir autre chose qu’une impassibilité manifeste. Elle avait demandé ça simplement, sans prendre de gants néanmoins et en accentuant chacun de ses mots, comme pour lui faire comprendre que cette hypothèse pouvait s’avérer vraie. Combien de fois avant elle il avait été bon ? Combien de personnes avait-il secouru ? Combien de personnes l’avaient remercié ? Elle ne le croyait pas naïf et pourtant, ses agissements tendaient à prouver le contraire. Accorder autant de temps, consacrer une partie de ses finances pour elle…c’était irréel et gênant.

" Tu…ne peux pas agir comme ça. Tu dois parfois savoir fermer les yeux et…et oublier les choses dérangeantes que tu vois. Prendre part au malheur des autres, ça n’a rien de réjouissant et ça ne te procurera rien ! Qu’est-ce qui cloche chez toi pour que tu…pour que tu t’impliques comme ça ! "

Elle avait eu du mal à dire ces phrases, sentant sa respiration plus saccadée qu’elle ne l’aurait voulu, ses joues s’empourprant au fur et à mesure qu’elle avouait ce qui la tourmentait. Parce que ce type était en train de lui faire avoir un mal de crâne digne d’une tumeur, à force de se comporter d’une manière qu’elle n’avait jamais connu de mémoire d’homme. Parce qu’être gentil, c’était une chose, mais la servir comme s’il s’agissait de la plus importante jeune fille du pays, c’était carrément impossible ! Elle détourna la tête, croisant le regard de certains passants qui se retournaient sur leur passage. Leur air ahuri avait quelque chose d’inhabituel qui la troublait encore plus. Qu’est-ce qui avait fait qu’elle accepte de le suivre, hein ? Monsieur le Destin en avait décidé pour elle, encore une fois ?!

« Tu ne t’en rends pas compte n’est-ce pas? » quel belle phrase n’est-ce pas ? Elle provient des lèvres de la charmante demoiselle qui semble être un peu furieuse envers notre ténébreux. Règle général, les gens sont furieux envers les cons égoïstes, mais non elle est en veut à ce dernier pour être étrangement généreux, juste comme ça ! Enfin, il est vrai qu’un geste aussi, particulier – mieux vaut utiliser cet euphémisme – peut parfois rendre certaines personnes hors d’eux. En fait-il un peu trop ? Quand on y pense, c’est sans doute le cas, mais sérieusement, qui achèterait à une parfaite étrangère une robe aussi unique qui possède autant de zéro entre le premier chiffre et le symbole de Yen, que même en dollars américain ou en euro ça ferait plusieurs gros zéros ? Mais attention, là n’est pas la fin, car la jolie demoiselle en a encore à dire.

Tout en accentuant chaque mot en prononçant très clairement afin que notre ténébreux comprenne, elle continua son long discours alors que lui, bah il demeura comme il le fut durant la si longue période de temps, sobre et silencieux. Ont dirait un major d’homme et une petite pipelette, mais bon ce n’est pas ce qu’ils sont ! C’est vrai qu’il s’implique beaucoup pour une étrangère, enfin presque… il est fort probable qu’il l’ait déjà préalablement croisé rapidement dans les couloirs de l’école, mais bon les chances sont faible et peut-être qu’elle ressemble uniquement à une fille qu’il a déjà vu là quoi ! D’ailleurs lui-même n’est pas très certains des obscures raisons qui le pousse à agir ainsi, il l’a tout simplement fait et voilà que le train est mis en marche, mieux vaut faire une jolie boucle avec tout ça ! Arrêter tout sec, comme ça, ça ne ce fait pas, ont ne peut demander à un train de s’arrêter d’un seul coup… et pourquoi le faire alors qu’on est si près de la gare ? La gare étant ici le repas. Elle a faim, donc il va la nourrir et après… et après quoi ? On verra en temps et lieux, maintenant mieux vaut répondre avant qu’elle continue son monologue, ou plutôt que ça devient un monologue. Bien qu’Hiroto est un homme de peu de mots, il ne va pas la laisser monologuer tout de même.

-Je suis conscient de ce que je fais… tu n’a pas à t’en inquiéter… par contre… ce qui cloche chez moi… j’en sais que trop rien…

Toujours en se baladant tranquillement, car oui si vous ne le saviez pas, depuis la boutique le duo c’est mis en marche vers la prochaine destination, notre ténébreux jeta un rapide coup d’œil à Komusaki, puis continua sa petite phrase toujours sous le même flot aussi absent, c’est tout comme si Hiroto est dans un autre monde… plus froid, plus sombre, mais un monde à travers lequel il se cherche lui-même… un monde à travers lequel il cherche à, un jour peut-être, être plus « humain ».

-Et si ce n’était pas moi qui cloche…

Et si c’était le monde entier qui est devenu aussi… sombre et triste. Un monde égoïste… un monde ou donner n’est plus une chose sensé, la générosité est devenu l’étrange, le mal et être avar est si bien. Il faut faire de l’argent, il faut devenir riche… le capitalisme, les riches doivent devenir de plus en plus riches… les pauvres… bah qu’ils crèvent… c’est ce que la plupart des gens riches semblent désirés. En fait, pas vraiment, car sans pauvres, sur le dos de qui vont-ils faire de l’argent ? Sans pauvres, les riches existeront-ils toujours ou deviendront-ils alors banaux ? C’est le genre de question qui lui passe par la tête à l’occasion… de toute façon la vrai richesse est-elle vraiment monétaire ?

-Italien ou Français ?

Attendez, elle sort d’où cette question, vous le savez vous ? Oh les restaurant de l’autre côté de la rue, l’un des deux est Italien et l’autre Français ! C’est sans doute pour ça qu’il demande ! Il aurait sans doute du ajouter un truc du genre « tu préfère manger » et ensuite placer le « Italien ou Français? ». Mais bon, il ne possède pas de très bonne aptitudes à ce niveau… donc on va lui pardonner. Peut-être ce fera-t-il accuser de changer de sujet par contre ! Mais bon le tout de discute mieux autour d’un bon repas.

" Je suis conscient de ce que je fais… tu n’a pas à t’en inquiéter… par contre… ce qui cloche chez moi… j’en sais que trop rien… "

Comment expliquer sa réponse ? Sa première réplique fit déformer son visage en un imperceptible rictus. Conscient ? Vraiment ? Ah bon d’accord…Dans ce cas, autant qu’elle retourne immédiatement dans la boutique pour dévaliser le magasin et lui faire payer une note encore plus salée ! Nan mais on nage en plein délire, songeait la demoiselle. Depuis quand des princes nous tombaient du ciel comme ça, sans qu’on ait rien demandé à personne ?! Surtout que, s’il descendait vraiment des cieux ou provenait d’une autre planète, Nanae trouvait cela étrange d’avoir été la première à découvrir cette perle rare. N’était-il pas sensé récompenser quelqu’un pour ses bonnes actions ou dieu sait quel autre prétexte gratifiant ? Elle était loin du prototype de la jeune fille dévouée pour sa famille et son pays – rappelons qu’elle a soutiré de l’argent à son père qui, soi dit en passant, est un parfait crétin manquant à tous ses devoirs -. Bref ! Elle ravala ses remarques cinglantes lorsqu’il ajouta qu’il ne savait pas ce qui pouvait clocher chez lui. C’était tellement difficile de lire en lui, parce que physiquement rien ne laissait transparaître ses émotions : elle n’arrivait pas à savoir s’il avait déjà réfléchi à la question ou s’il s’en fichait complètement.

Elle rencontra son regard et se sentit désemparée. A la fois énervée, inondée d’une incompréhension qui la chamboulait et triste quelque part…Ce type était certainement la personne la plus étrange qu’il lui ait été donné de rencontrer, mais elle ne doutait pas de son bon fond…à moins que tout cela n’était que stratégie et manigances pour l’amadouer ? Bah…T’es trop parano ma p’tite !

" Et si ce n’était pas moi qui cloche… "

Que d’interrogations sans réponse ou justement, avec tellement de possibilités qu’on attrapait rapidement le tournis. Nanae s’était déjà demandé des dizaines, des centaines, des milliers de fois le pourquoi du comment de sa situation actuelle : qu’est-ce qui avait fait qu’elle s’était retrouvée dans un foyer ? Qui en avait décidé ainsi ? Pourquoi attirait-elle les complications ? Qu’est-ce qui faisait que la communication avec certains individus semblait parfois impossible ? Comme avec…Hiroto ? Non. Ce n’était pas impossible puisqu’ils conversaient. Certes, plus en dialogue de sourd…mais c’était déjà un début ! Mais…un début pour quoi ?! Il s’adressa une nouvelle fois à elle en demandant ce qu’elle préférait entre Italien et Français. La jeune fille releva la tête et constata qu’il avait ouvert la marche en direction de deux des plus grandes enseignes de restaurants étrangers. Elle se figea, ses pieds fermement plantés dans le sol, ramenant ses bras croisés contre sa poitrine.

" J’espère que c’est une plaisanterie ? Un bol de nouilles chez un ambulant aurait fait l’affaire mais non, maintenant que Cendrillon est prête pour le bal, il faut que le reste suive ! "

Elle planta son regard dans celui du jeune homme, luttant pour ne pas jeter des coups d’œil furtifs en direction des superbes salles de restaurant.

" Je n’irai dans aucun de ces restaurants. Je déteste le luxe et…et tout ce qui se rattache à la cuisine gastronomique et… "

" Madame, Monsieur, Soyez les bienvenus Chez Robert. Puis-je vous proposer une verrine ? "

L’opération du Saint Esprit avait fait qu’elle s’était inconsciemment avancée vers le restaurant français et l’un des serveurs, se trouvant justement à proximité avec un plateau d’argent surchargé de mises en bouche délicates, s’était approché de l’homme-statue et de la jamais-contente. Une fois encore, l’opération du Saint Esprit avait fait qu’une cuillère pleine mousse d’avocat et gambas s’était retrouvée dans la bouche de Mademoiselle Jamais-Contente qui ferma les yeux, comme pour mieux savourer le plaisir gustatif. Une explosion de saveurs envahissait son palais : elle découvrait les joies d’une cuisine nouvelle et parfaite.

Alors c’est pour la restauration française que le tout eut penché, enfin ce n’est certes pas Komusaki qui fit pencher la balance de ce côté. Ce n’est pas parce qu’elle est demeurée muette – puisque cela ne semble point être dans ses habitudes – mais bon malgré tout les commentaires de celle-ci, notre ténébreux protagoniste dû faire le choix lui-même. Ses motivations ? Il vient tout simplement de se rappeler qu’il aura, un peu plus tard en soirée, un très charmant repas «amical» avec ses vieux et des partenaires d’affaires. Enfin un repas «amical», soit un autre terme utiliser par le bonhomme afin de définir qu’il va discrètement parler business autour d’un gros plat de pâtes. Bon nul besoin de préciser que le tout sera dans un restaurant italien, vous l’avez sans doute déjà deviné.

De toute façon, après une petite boucher dû plat européen, la charmante demoiselle qui disait vouloir que ce contenter d’un simple repas de nouille dans un petit stand semblait être à présent dépourvu de tout commentaire. C’est peut-être un peu tordu et malsain de lui avoir mis plus ou moins la cuillère dans la bouche juste comme ça… mais au moins avec de la nourriture elle cesse d’être une pipelette.

Bref, nul besoin d’entrer dans les détails de la suite, puisqu’il s’agit là d’événement superflu qui ont simplement fait en sortes que notre duo est à présent bien assit à table avec leur entrée. Ne regardant aucunement le menu, Shimizu observa ce qui ce déroulait à l’extérieur. Qu’est-ce qui l’a mené là ? Comment une journée ayant débuté comme elle a débutée a pu ce transformer devant ses yeux en un repas en tête à tête avec une étrangère ? Il ne s’agit pas exactement du genre de scénario d’une après midi typique pour notre ténébreux et cela semble être le même cas pour Komusaki.

Ce n’est qu’après avoir passer une courte période perdu dans ses songes qu’il redonna son attention à la jeune demoiselle avant de passer sa commande auprès du serveur. Encore une fois, entrer dans les détails de la commande est fort inutile, car après tout il ne s’agit aucunement du centre d’intérêt du moment présent. Mieux vaut ce concentrer sur l’interaction entre notre duo. D’ailleurs que ce passe t-il en ce moment avec eux ? Réalisant qu’il connait vraiment rien de sa vis-à-vis, Shimizu l’observa silencieusement avant de demander une question, un peu cliché vous direz, mais bon il n’a rien trouvé de mieux notre grand muet.

-Alors… Komusaki… parle moi un peu de toi…

Oui, c’est très cliché ! C’est aussi un peu le genre de question à laquelle on ne sait jamais quoi trop répondre… mais c’est la seule chose qu’Hiroto eut trouvé à dire. Peut-être aurait-il dû s’informer un peu plus sur celle-ci avant… toute fois le moment présent semble être un peu plus approprié. Quoi de mieux qu’un repas pour faire la conversation ? Enfin c’est ce que les gens normaux font, non ?

Elle devait certainement avoir oublié ses ripostes et autres comportements butés. Oui, il n’y avait que l’oubli qui pouvait justifier un tel retournement de situation. A peine avait-elle eu un aperçu de ces mets délicats que tout le reste, son intégrité de même que son attitude farouche de gamine qui veut toujours avoir raison s’étaient envolées. A croire qu’on pouvait la soudoyer aussi facilement ! Et alors quoi ? Une petite faiblesse, de temps à autre, ça arrive à tout le monde, non ?! Plus particulièrement lorsqu’on mange matin, midi et soir des nouilles instantanées. Les légumes, la viande, le poisson, tout est bien trop cher pour cette bourse minimale…Se retrouver assise dans un tel restaurant, c’est bien trop beau pour être réel. Découvrir la carte, c’était comme lui présenter un livre sacré dans une langue étrangère qu’elle aurait aimé savoir appréhender, déchiffrer et comprendre. N’importe quel plat aurait pu faire l’affaire, car elle était persuadée qu’il serait divin. Aussi choisit-elle de suivre les goûts du Bon Samaritain qui semblait beaucoup plus familier à ce genre de cadre. Le serveur disparut et elle eut le loisir de détailler le décor somptueux de la salle principale. De grandes et larges fenêtres encadrées par d’épais rideaux, relevés soigneusement à l’aide de flots, des tables aux nappes écrues, pétales de roses et autres bougies, sans oublier les couverts en argent, les cloches et le service remarquablement précis. Un vrai compte de fées…jusqu’à ce que…

" Alors… Komusaki… parle moi un peu de toi… "

Elle sursauta légèrement, surprise qu’une voix masculine vienne troubler ses songes d’une manière aussi directe. Elle rencontra rapidement le regard du jeune homme et cligna des paupières avant de fouiller dans sa mémoire qui semblait défaillir. C’était quoi déjà, sa question ? Il voulait qu’elle parle d’elle ? Oo Elle entrouvrit la bouche avant de la refermer, fronçant des sourcils. Qu’est-ce que c’était sensé vouloir dire au juste ? Y-avait-il quelque chose de louche là-dessous ? S’attendait-il à une réponse précise, à de vagues énumérations ou à un récit long, dramatique et ennuyant ? Logiquement, elle aurait du lui demander ce qu’il voulait savoir, s’il était curieux sur un sujet en particulier, mais Nanae et la Logique n’ont jamais fait bon ménage.

" Je parle, hurle, ressent, exprime, riposte et suspecte. J’ai un caractère insupportable. Je déteste avoir tort. Je ne supporte pas les comportements que je ne peux comprendre, comme par exemple le tien… "

Elle se tut un instant, clignant des yeux pour tenter d’apercevoir une réaction de la part de son interlocuteur. Elle venait de parler avec grande vigueur, sans savoir si ses mots étaient cohérents ou non. Reprenant moins vite, elle ajouta.

" Pour ma dernière phrase, c’est assez…bizarre. Je ne veux pas dire que tu m’insupportes, ce sont tes actions qui me troublent. J’ai toujours tendance à croire que derrière chaque agissement, il y a une attente, que chaque geste, chaque parole suppose qu’on devra y répondre. "

Elle se pencha légèrement sur la table, pour se rapprocher de lui avant de murmurer.

" Je n’ai pas les moyens de t’emmener dans ce genre de restaurant ! "

Deux serveurs arrivèrent avec des assiettes surplombées de cloches et Nanae dut reprendre sa place initiale, passant une main étourdie sur la serviette qui avait été placée sur ses cuisses. Comprenait-il qu’elle craignait de lui devoir tellement qu’elle ne saurait comment le rembourser ? Cette situation devenait de plus en plus terrifiante…mais tellement plaisante aussi !

Son ténébreux regard toujours aussi calmement posé sur son vis-à-vis, notre protagoniste attendait une réponse à sa question des plus clichés. Si celui s’était mit à trembler ont aurait pu croire qu’être en présence de la gente féminine l’intimide et que l’idée d’un rendez-vous avec une demoiselle lui fait peur – mais bon il ne tremble pas… et ce n’est pas vraiment un rendez-vous. Ce n’est pas qu’il n’est pas doué… ou que ça le rend nerveux, mais tout simplement qu’il possède aucunement le moindre talent dans l’art de faire la conversation… enfin faire la conversation à propos de sujets communs. Vous savez ce que ce disent généralement les étudiants de son âge lorsqu’ils se retrouvent entrent amis et tout le tralala ? Enfin dans tout les cas, ne comptez pas sur lui afin de garnir une conversation… il ne sait jamais quoi dire… ou du moins il n’est pas habituellement celui qui lance les sujets.

Alors après avoir éventuellement eut une réponse à son pitoyable questionnement, lui qui fut durant un bref moment porteur de paroles est à présent toute oreille – un peu comme d’habitude dans ce genre de situation. Elle parle, elle hurle, riposte et suspecte… ça il le savait déjà ! Il aurait fallut qu’il soit sot pour ne pas s’en rendre compte. Qu’elle est incapable de le supporter… enfin de supporter son comportement, ça aussi il l’a un peu remarqué avec ses questions du genre « non mais qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi? ». À l’entendre prononcer ces mots, Shimizu eut quasi envi de rire un peu… songeant un peu à des trucs ironiques lié avec ce point. D’ailleurs, la réplique de celui-ci explique la drôlerie de la chose…

-Tu t’entendrais sans doute avec mes parents… enfin en ce qui concerne mon comportement…

Faisant une brève pose afin de boire un peu d’eau – non pas parce qu’il avait la gorge sec pour avoir trop parlé, mais parce qu’il avait tout simplement un peu soif – il reprit son ô si long discours. Cette fois-ci il s’exprima de façon plus intime à travers un simple murmure en réponse à celui de Komusaki.

-Et ce n’est pas grave Komusaki… c’est moi qui t’invite après tout…

Observant les clients du restaurant, il entendu son nom ce faire prononcer au loin. Curieux un peu, celui-ci ce mit à rechercher la source de la voix. Ses prunelles eurent alors la chance d’apercevoir un visage que trop familier… enfin de la chance pas vraiment mais bon. Le « Monsieur Shimizu » mentionner ne fut point notre ténébreux… mais plutôt l’homme d’âge un plus mûr. Et oui, comme ont ne peut rien vous cachez, vous avez sans doute devinez qui vient de faire en sortent que le regarde déjà ténébreux d’Hiroto le soit encore plus ! Cette même personne qui vient de le faire regarder la table silencieusement – le paternel. Ne préférant donc pas faire de scène absurde face à son invité, Hiroto demeura simplement silencieux, avec un peu de chance le vieux ne va pas le voir et il aura la paix. Ce n’est pas qu’il est dans le pétrin ou quoi que ce soit… mais il va déjà devoir supporter tout ces commentaires en soirée… donc il préfère minimiser le merveilleux temps passer en famille.

De toute façon, la nourriture va arriver bientôt, il aura droit à un charmant repas en bonne compagnie et puis après… il finira sans doute par la raccompagner sans aucune intention romantique ou malicieuse… et qui sait la recroiser un jour. À vrai dire, elle lui plait bien, amicalement bien entendu… elle lui est étrange au point qu’il l’apprécie. Enfin, tant qu’à ne rien ajouter de plus… mieux vaut manger un peu ? Conservant son silence, il en fit ainsi…

La première réponse qu’il lui fournit la culpabilisa. Qu’elle n’arrive pas à le comprendre pouvait être plausible, dans la mesure où ils venaient à peine de se rencontrer. Mais que ses parents n’y parviennent pas, c’était une autre paire de manches. Elle baissa légèrement la tête, honteuse et stupide d’avoir formulé pareille phrase blessante. Après tout, ce n’était pas son intention et elle regrettait sincèrement. Elle se mordit la lèvre inférieure sans oser le regarder lorsqu’il se pencha vers elle.

" Et ce n’est pas grave Komusaki… c’est moi qui t’invite après tout… "

Même s’il restait toujours aussi placide, elle crut déceler une part de douceur, comme pour l’inciter à ne pas se fixer sur sa réponse. Au moment où elle s’apprêtait à rétorquer, les serveurs retirèrent les cloches des plats disposés devant eux. Un feu d’artifices de délices, un spectacle de douceurs, une explosion de couleurs et de saveurs toutes plus exquises les unes que les autres. Nanae n’avait pas assez d’yeux pour admirer son assiette qui était, à elle seule, une véritable œuvre d’art. La présentation était digne d’un chef d’œuvre, tant la disposition de chaque ingrédient était arrangée, de sorte que le mélange soit magnifique. L’expression qu’elle affichait était celle d’une enfant qui découvre sa première bicyclette, un énorme nœud sur le guidon en guise d’emballage cadeau, au matin de Noël. Elle regrettait de ne pouvoir mettre un adjectif convenable pour caractériser ce que ses yeux percevaient, tellement c’était beau. En redressant la tête pour regarder son interlocuteur, elle constata qu’il avait déjà entamé son plat. Elle fronça ses sourcils en guise de réprobation sans pour autant l’interrompre dans sa dégustation. A son tour, elle s’apprêta à prendre ses couverts pour attaquer…mais comment savoir quelle fourchette saisir ?! Il y en avait beaucoup trop ! De tailles et de formes différentes, à droite et en haut de l’assiette. Elle scruta leurs voisins du coin de l’œil avant de regarder Hiroto. Elle l’imita, prenant les mêmes couverts que lui, soit ceux situés le plus à l’extérieur de l’assiette. A peine avait-elle saisit sa première bouchée qu’une sensation délectable s’empara de son palais. Elle ferma les yeux, souriant bêtement, avant de s’extasier.

" Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est…Wouaw ! "

En rouvrant les yeux, elle remarqua que le jeune homme n’était pas le seul à la regarder. Apparemment, elle avait oublié qu’elle se trouvait dans une salle tranquille, feutrée et sans bruit, où seule la musique classique constituait un fond sonore à peine audible. Un BCBG d’une trentaine d’années la toisait comme s’il était roi et elle roturière. Ce n’était pas si loin de la réalité, mais personne ne pouvait affirmer qu’elle n’appartenait pas à leur milieu. Elle lui lança un sourire commercial et forcé avant de retourner à son assiette.

" Voilà pourquoi je ne mange jamais dans ce genre d’endroit : le silence est de rigueur à table. "

Elle piqua rageusement dans un morceau de quelque chose avant de le porter en bouche, non sans conserver un froncement de sourcils entendu. Sans le vouloir, son expression se radoucit automatiquement. Elle n’avait pas remarqué le très léger changement d’attitude du jeune Shimizu, ni même entendu qu’on s’adressait à une personne qui portait le même nom que lui. Nanae était, comme toujours, dans sa bulle.

Sans véritable efforts, notre ténébreux tentait de ce faire discret depuis la venue de son paternel dans le restaurant. Avec un peu de chance, le vieil homme ne remarquera pas qu’à quelques tables de lui son fils est en train d’avoir un petit repas en tête à tête avec une jeune demoiselle. Enfin, ce n’est point le fait que notre beau ténébreux soit avec une demoiselle qui risque de fortement déranger Shimizu senior… mais plutôt qu’il s’agit d’une jeune femme appartenant à une classe sociale différente. Certes avec tout le tralala qui enveloppe le corps de la jeune femme… il n’est point facile de le savoir dès le premier coup d’œil… toute fois les manières de cette dernière le démontre. Ô elle n’est pas sans grâce et sans style, d’ailleurs sa façon un peu extravagante plait bien au jeune homme – enfin plaire… il l’apprécie rien de plus.

Enfin, la nourriture le fut présenté et notre protagoniste demeura en silence si ce n’est que pour un léger « bonne appétit» qu’il murmura quasi qu’à lui-même. Oui, il le murmura en français ! Certes ne lui demandé pas d’entretenir une conversation complète dans ce dialecte occidental, mais il connait quelques petites phrases et mots ! Ce seul dialecte d’Europe dont notre protagoniste peut facilement parler sans avoir un trop fort accent est l’anglais, dialecte fort utile lorsqu’on travaille avec des partenaires au niveau international. Bref, ce n’est point le moment d’aborder les diverses connaissances de notre protagoniste ! Surtout que celui-ci doit un peu veiller à ce que la demoiselle qui l’accompagne n’attire pas, sans le vouloir, l’attention du publique et que par la suite Shimizu senior les remarques.

Bonne chose, elle ne déteste pas la nourriture qu’on lui a servit ! Il s’agit de la fine cuisine française après tout ! Ô certes, cela est une question de goûts… Shimizu pourrait sans doute autant apprécier un simple bol de riz… d’ailleurs son-vis-à-vis aurait pu apprécier quasi n’importe quoi qui ce mange vu les rugissements que sont ventre a émit un peu plus tôt. Dégustant tout les deux le repas ensemble, il écoutant sans rien dire vraiment ce que cette très charmante Komusaki avait à dire. Mieux vaut ce concentrer sur elle que trop ce faire de soucis pour le bonhomme ! Elle trouverait sans doute cela étrange qu’il souhaite éviter les membres de sa propre famille... et ne tenant pas à devoir expliquer pourquoi… mieux vaut faire comme si de rien n’était. Donc suite à ses quelques commentaires, Shimizu répliqua doucement.

-Saumon en papillote…

Il donna d’abord le nom en français… puis traduit du mieux qu’il pouvait en japonais avant de poursuivre sur le sujet du « silence à table ».

-Je crois que c’est une question d’habitude… de ne point discuter à table… enfin qu’est-ce que j’en saurais…

C’est étrange de penser que discuter de cette froideur et de cette rigueur qui existe chez lui peut le rendre un peu triste. Ce n’est point la première fois qu’il ce demande comment serait sa vie si… si ses parents n’étaient pas riches… si sa famille pouvait le laisser s’exprimer et être lui-même… si sa vie était différente. Il n’est pas nécessairement triste, mais il est fort probable que sa personne aurait été différente si son parcours de vie n’avait pas été celui qu’il a connu. Il comprend le principe de l’honneur familiale… toute fois les choses qu’il ne comprend pas semble toujours le dépasser. Dès qu’il croit avoir fait un pas en avant, il ce retrouve deux pas en arrière. Lorsqu’il croit être apprécié à sa juste valeur… il se retrouve face à son père qui dénigre le travail de son propre fils. Il n’est pas sans talent, nombreuses décisions qu’il a prit ont fait en sorte que S-Enterntainement s’épanouisse un peu plus… mais il ne sera jamais assez bien. C’est un peu pour cela qu’il c’est fait cette carapace glacial… mais bon cela Komusaki, voir personne à besoin de le savoir.

Afin d’éviter le froid qui semble tant déplaire à la jeune femme, notre protagoniste s’efforça donc d’entreprendre un peu la conversation. Qui sait… peut-être que discuter avec quelque autour d’un repas va être pour lui une expérience des plus sympathique !

-Alors… Komusaki… tu… hmm… tu… aime quoi ?

Bravo, génial, une question ou presque ! Ne devient certainement pas détective ! Enfin, questionner, ça il peut le faire, mais c’est généralement des questions lié à un objectif ou un sujet spécifique… la plupart du temps lié avec la compagnie familiale. Enfin il peut discuter… avec Aika… mais encore c’est généralement elle qui fait la discutions !