À la valse comme à la guerre : Leçon 2 || Sho-chan

Une ambiance toute particulière régnait dans la tête de la lycéenne… Cette dernière étant totalement déconcentrée de son dernier cours de la journée. Elle avait la musique de Rocky en tête, un sac à main remplit d’armes de destruction massive qui l’attendait sagement dans son casier et son regard était rivé vers l’horloge accrochée au mur… Elle était prête à l’affrontement qui allait se dérouler dans le gymnase. C’était aujourd’hui ou jamais… qu’elle prouverait que la valse était un jeu d’enfant en comparaison avec la nage papillon ! Elle brûlait toujours de la même détermination que la veille, ne suffisait plus que la classe ne se termine. Bref, elle prouverait son point coûte que coûte.

Comment pouvait-elle simplement laisser passer incognito une rencontre comme celle de la journée précédente, soit cet épisode à l’infirmerie. Elle s’y était rendue dans l’unique but de ramener un livre à l’infirmière… et voilà qu’elle s’était trouvée un défi de taille en la personne de Shohei Kitamura, un ami à Shintaro Sanada. Après cette passe étrange entourant la couleur rouge, il n’avait pas fallu bien longtemps avant que les deux adolescents ne découvrent un point de désaccord : soit la facilité de la danse et celle de la natation. Évidemment, ni un ni l’autre n’avait été prêt à donner raison à l’autre… Ce pourquoi Kimiko avait usé de sa ruse, pour ne pas dire un brin de méchanceté en menaçant le pauvre garçon de se recouvrir e rouge, le tout dans le but qu’il se présente bel et bien à leur rencontre.

Enfin, la cloche sonna. Ce ne fut pas une surprise, peut-être pour ses camarades qui ne se doutaient de rien, que la jeune Fujihara ne soit la première à sortir du local et ce, dans une course incroyable. Elle s’était rapidement lancée en direction de son caser, bousculant quelques élèves au passage. Elle murmura à peine des excuses, étant trop pressée à récupérer son sac à main, à mettre des devoirs dans son sac à dos qu’elle mit ensuite sur une épaule. Tout ce qui lui importait était de se rendre au point de rendez-vous le plus vite possible… Ce pourquoi elle opta pour une marche rapide car, si elle courait d’un bout à l’autre de Sakurai, ce serait moins plaisant de danser par la suite. Bref, elle entra en trombe dans le gymnase et constata avec joie que c’était désert. Parfait… Il ne lui restait plus qu’à sortir son ordinateur portable sur lequel elle avait sa musique d’ambiance, puis d’attendre la fatidique entrée de Kitamura.

Une minute passa… puis une deuxième… et en voilà une troisième qui venait de défiler et… que pouvait-il bien foutre, bordel !? Avait-il décidé de ne pas se pointer ? S’était-il perdu dans sa propre école, ou quoi ? Non, la patience n’était présentement pas le point fort de la nippone. Elle avait probablement trop hâte et maintenant que les choses étaient légèrement plus calmes, elle ne se pouvait plus. De toute façon, il ne fallait jamais chercher à comprendre pourquoi elle se mettait en rogne… Cette fois-ci, la chose était aussi absurde qu’une attente de courte durée. Oh, s’il avait le malheur de ne pas se présenter, c’était Kimiko elle-même qui allait le jeter dans la piscine pleine de chlore nocif pour ses mains. Assise par terre, elle tapait des doigts sur le sol.

Pour passer le temps, elle décida de chercher son gloss dans son sac à main. C’est toujours une excellente façon d’occuper quelques minutes, ne ? Même Sherlock aurait de la difficulté à tirer un sens d’un sac à main de femme… Donc il était évident que l’étudiante allait chercher quelque peu avant de trouver ce qu’elle cherchait. Afin de voir le fond de son sac, elle sortit la couverture rouge qu’elle avait amenée et la déposa sur ses cuisses. Elle bouscula un peu ses trucs avant de finalement tomber sur ce qu’elle voulait. Retrouvant un semblant de satisfaction et de bonne humeur, elle prit le gloss et entreprit d’en mettre sur ses lèvres. Toutefois, elle se fit interrompre dans son mouvement par le bruit de la porte qui ouvrait.

« HAN ! C’est toi ! Tu en as mis du temps ! Non, mais… »

Elle se redressa vivement, offusquée malgré une attente qui n’avait pas duré cinq minutes, laissant la couverture tomber mollement à ses pieds. Au lieu de s’avancer vers le géant des bois, elle reprit immédiatement sa position assise et elle se croisa les bras, puis tourna la tête sur le côté. Pas question qu’elle bouge de là avant que lui ne fasse les premiers pas. Une fois qu’il fut à sa hauteur, elle fut soudainement frappée par sa grandeur. Elle n’avait pas réellement pris la peine de le remarquer hier, mais maintenant qu’il était debout, près d’elle… En plus qu’elle était assise… Ce Shohei rappelait vraiment un géant.

« Ouah… Tu… tu es vraiment grand, dis-donc…»

Ouais, bah… elle avait peut-être choisit un drôle de moment pour admirer la grandeur de son… On ne peut pas vraiment parler de rival, ni d’ennemi… Mais bon, elle avait l’air un peu stupide avec sa bouche entrouverte, ses yeux agrandis et son expression qui disait « wow » .

Mais où était donc Shohei pendant que Kimiko l’attendait de pied ferme au gymnase de l’école? Pour le savoir, il faut remonter de deux étages, parcourir quatre couloirs et passer la tête à travers la porte de la classe 3-C. Les observateurs parmi vous verront à travers ces gens qui sont pressés de partir une masse à moitié allongée sur un bureau, des mains de Mickey Mouse pendantes au devant dudit bureau. Shohei était réellement en train de dormir? Eh bien… oui =/
Il ne fallait pas lui en vouloir, il avait fait des cauchemars toutes la nuit sur un monstre rouge pourchassant Kimi-chan, puis sur la valse en elle-même, puis sur la disparition des cookies dans l’armoire. Ce dernier cauchemar l’avait totalement achevé, il va sans dire et Shohei n’avait pu refermer l’œil de la nuit…

Alors il avait jugé bon de rattraper ce sommeil en retard en cours d’histoire?
C’est exactement ça! Il faut dire aussi que pour Shohei entre la seconde guerre mondiale et un doux sommeil réparateur, il ne fallait pas chercher de midi à quatorze heures pour savoir quel était son choix! Mais voilà, il était si bien à dormir que malgré tout le remue-ménage de fin des cours, il ne s’était pas réveillé. Il avait fallut une âme charitable pour lui secouer un peu l’épaule, sans quoi, probable que Shohei serait resté dans cette position pour encore des heures.
S’éveillant enfin sous les ondes de choc répétées, Shohei eut l’air profondément perdu pendant quelques secondes avant que son cerveau ne fasse le rapprochement avec la fin des cours et une classe vide. Bon, son camarade qui l’avait réveillé le lui avait dit… mais faites comme si vous n’aviez pas lu cette information!

Réalisant alors qu’il allait être en retard et que Kimi-chan allait commettre la faute du rouge allergène, le géant des bois lançant un « oh non » d’une toute petite voix affolée avant de prendre son sac en vitesse et de se mettre à courir dans les couloirs et les escaliers affin d’arrière au gymnase le plus vite possible. Heureusement que le club de natation demandait une bonne forme physique, ainsi le grand brun arriva rapidement et sans être à l’article de la mort, au lieu de rendez-vous convenu avec Kimiko.
Une fois sur les lieux, bien que la brunette le bouda, ce ne fut pas vraiment ce qui attira l’attention de Shohei sur le moment. Un air affolé sur le visage, le grand homme se précipita vers la couverture rouge pour vite l’éloigner de Kimi-chan. Bien sûr, ce n’était pas facile avec tous ces bandages qui l’empêchaient de bien saisir les choses.

-C’est pas une raison pour en venir au suicide aussi vite!

Ayant un petit ton à la fois de reproche et d’inquiétude, Shohei tentait de cacher la couverture derrière son dos, chose qui n’était pas aisée, ne pouvant pas la saisir fermement. Le tissu ne cessait de glisser entre ses mains de Mickey et Sho-chan se tortillait tant bien que mal pour que cette fichue couverture demeure cachée aux yeux de Kimiko.

-Ah?

Il était grand? Oui, on le lui disait souvent. Il fallait dire que c’était plutôt marquant, en effet, pour un japonais d’atteindre un mètre quatre-vingt sept.

-Je peux marcher à genoux si ça te gêne…

Proposa le géant avec une petite moue tout en luttant toujours pour garder la couverture dans son dos. Shohei n’était peut-être pas l’être le plus brillant de l’école, mais il fallait quand même lui reconnaître son dévouement pour les gens même lorsqu’il les connaît à peine!

Cet épisode dans la vie tumultueuse de la nippone débutait avec la jeune femme elle-même, impatiente et inébranlable dans sa détermination à avoir raison. Elle s’était mise l’idée dans la tête et n’était pas prête d’en démordre. De toute façon, ça ne faisait pas vraiment de mal à personne, ne? Sauf peut-être son futur cavalier qui ne devait pas avoir très hâte d’essayer à nouveau la valse… mais bon, à défaut de pouvoir plonger dans la piscine, il devait faire avec. En d’autres mots : elle était en mode victoire sans délai. Loin d’elle l’idée de trouver ça suspect qu’elle tienne autant à rencontrer un garçon après les cours pour danser la danse romantique par excellence avec lui. Il n’y avait que la compétition à ses yeux.

Une fois qu’elle s’était rendue sur le champ de bataille, si on pouvait le dire ainsi, il n’avait pas été long avant qu’elle n’explose parce qu’elle voulait danser tout de suite, maintenant, illico presto...! Bref, on comprenait bien le principe. Elle ne semblait pas encline à envisager l’option d’attendre quelques minutes, le temps que son partenaire ne fasse son chemin jusqu’au gymnase. Elle préféra maudire son retard et gueuler mentalement contre l’attente qui était d’un ennui mortel pour sa petite personne. Heureusement, elle passa à son calmant qui prenait la forme d’un gloss à saveur de noix de coco. Comme quoi, le chercher pendant une minute l’avait vraiment détendue… Tant mieux, ne? Cependant, ce semblant de paix intérieure fut de très courte durée. L’énervement avait rapidement repris le dessus quand Kitamura fit enfin son entrée. Il va de soi que la japonaise ne s’était pas gênée pour lui reprocher sa lenteur à arriver, ni pour le bouder l’espace d’un court instant.

Elle prit la peine de le regarder seulement quand elle remarqua du mouvement dans le coin de son champ de vision. Après tout, un géant des bois qui se penche en vitesse pour ramasser du mieux qu’il ne le peut une couverture juchant sur le sol, ça ne passe pas inaperçu. Toutefois, Kimiko fut presque surprise… En fait, non, elle était surprise de percevoir de la reproche dans le ton de son camarade. Elle savait que c’était un jeu qui se jouait à deux, mais venant d’une bête inoffensive comme lui, ça l’avait tout pour estomaquer n’importe qui. C’était qu’il s’inquiétait vraiment pour elle et sa supposée intolérance au rouge?

La lycéenne se fit couper dans sa phase d’attendrissement par sa constatation de grandeur de Shohei. (Car oui, personne ne pouvait rester de pierre devant le cœur pur du géant des bois.) Elle avait été distraite puisqu’elle n’avait pas remarqué à quel point le troisième année dépassait probablement la majorité de la population nippone en ce qui à trait à la grandeur. À savoir pourquoi ça lui plaisait autant de le constater… allez chercher dans le Triangle des Bermudes. D’ailleurs, le commentaire « Ouah… » sortit tout seul de sa bouche. Il ne manquait plus que les étoiles dans ses yeux et elle était prête à ce qu’on passe une main devant ses yeux pour la sortir de sa rêverie.

« Eh? »

Kimiko pencha la tête sur le côté et cligna des yeux. Elle ne voyait pas en quoi elle était sensée être indisposée par la grandeur de Kitamura. Ce n’était pas comme s’il en avait eut le choix, puis c’était bien qu’il soit ainsi… Alors non, elle n’avait aucun problème avec ça. Et puis, il n’était pas question qu’il se balade sur les genoux avec elle! Non, mais elle aurait l’air de quoi s’il se décidait à vraiment le faire? Puis Dieu savait que ce n’était pas ce garçon qui allait se retenir de faire des stupidités dans ce genre, surtout s’il avait une bonne intention derrière la tête.

Quoique… l’asiatique pouffa de rire en s’imaginant la scène. Elle en essuya même une larme tant la chose était absurde à voir mentalement. Si elle voulait que tout le monde la regarde comme si elle venait d’une autre planète, elle venait de trouver la manière la plus efficace de le faire. Bref, elle se leva ensuite et alla enlever la couverture rouge d’entre les mains bandées de son camarade et ce, en passant les bras autour de lui. Elle ne se rendait pas compte qu’elle l’enlaçait par la même occasion, d’une certaine façon. Elle pensait uniquement qu’il faisait pitié à jongler de dos de la sorte. Ça ne devait pas être évident. Elle en profita pour lui dire :

« Baka… Laisse tomber ton idée. Ça me gênerait encore plus que tu m’arrives à la taille. Et puis, j’aime beaucoup plus les hommes qui sont grands. »

Ah, mais elle n’était pas stupide… Se sentant d’humeur joueuse, elle se sauva en courant avec la couverture. Elle savait que Shohei n’allait certainement pas la lui laisser entre les mains. Que voulez-vous, elle devait être vilaine dans son fin fond intérieur pour vouloir s’amuser avec lui en sachant pertinemment qu’il allait s’affoler qu’elle ait reprit l’objet de couleur maudite. Ce ne fut qu’après quelques zigzags qu’elle remit promptement la couverture dans son sac à main.

« Voilà, fini, elle est cachée! Allez, c’est l’heure de la danse. »

Résistant à l’envie d’éclater d’un rire machiavélique, la nippone se dirigea vers son portable pour y mettre de la musique. Elle ajusta le son et alla rejoindre son cavalier. Elle alla chercher sa main gauche de Mickey avec sa droite, constatant que ce serait une drôle d’affaire que de valser avec ça. Après, elle alla placer ce qui servait de main gauche à Shohei sur son omoplate et regarda au sol. Elle voulait s’assurer qu’il avait au moins la position de base correctement.

« Naaa, colle tes pieds… Bon, es-tu prêt? Je te le dis, ça va être du gâteau! »

Elle termina sa préparation en allant poser sa main gauche sur l’épaule du jeune homme devant elle. Ce fut plus fort qu’elle de tâter un peu… Parce qu’en plus d’être grand, il ne mentait pas en disant qu’il faisait de la natation… Car elle sentait bien la musculation d’un nageur et non une épaule frêle comme n’importe quel autre baka. (Ce n’est pas méchant, hein.) Ce fut seulement à la suite de ses pensées, qui l’avaient menées de la valse à un corps musclé pour terminer à une rencontre après les cours, qu’elle comprit enfin que c’était un peu… spécial comme raison.

Fallait-il un réel sens de l’observation pour constater que Shohei était bien plus grand que la moyenne des nippons de ce monde? Pas vraiment non, mais nous allons être aussi gentil que le maître nageur et donner le bénéfice du doute. On ne sait pas, peut-être que Kimiko a un problème quelconque avec la reconnaissance des mesures et il ne faut pas se moquer des gens en difficulté!

Dans tous les cas, Shohei avait proposé de marché à genou. Toujours si serviable ce géant des bois! Certes, il n’avait pas songé que pour une fille, un homme grand c’est plutôt une bonne chose. Vous savez, la sensation de sécurité que l’on ressent avec un homme grand et fort! Pas très porté sur ce genre de pensées, Shohei était allé au plus simple, s’il était trop grand, ça pouvait toujours s’arranger provisoirement! Oui seulement, parce que de manière permanente, ça voudrait dire d’aller se faire couper les jambes sous les genoux… pas top é.è

Mais oui, marcher sur les genoux n’était pas vraiment un problème pour Shohei si ça pouvait régler l’histoire en rapport avec sa taille. Il pouvait aussi marcher sur les mains, seulement il resterait aussi grand et le problème ne serait pas réglé! En plus, s’il se mettait à marcher sur les mains, il allait finir par avoir mal à la tête de tout voir à l’envers et tout ce sang battant dans ses tempes… aie aie aie é.è

Et en parlant de sang battant, quel était ce petit looping dans la cage thoracique de Shohei alors que Kimi-chan voulait atteindre la couverture derrière lui et qu’elle était pour ainsi dire en train de l’enlacé? Vous êtes intelligents, on vous laisse trouver la réponse à laquelle tout le monde penserait. Parlons plutôt de celle à qui personne ne pense! Personne sauf Shohei évidemment. Souvenez-vous, un seul niveau avec Shohei, un seul! Et le jeune homme en question songea à une seule chose, la terreur! Qu’arriverait-il si Kimiko atteignait la couverture rouge!!!

-Alors tu m’aimes plus que Shinta-baby! *O*

Muaha, il allait lui faire voir à ce Shinta-ranger! Elle venait de le dire, Shohei n’était pas sourd, il avait bien entendu! Elle aimait plus les hommes grands et Sho était plus grand que Shin, donc, le géant des bois avait gagné!
Attendez, y avait-il réellement un questionnement entre les deux hommes à ce sujet? Héhé, pensez-vous vraiment que nous allons répondre à ça? =p

-Han non!

Horreur et damnation elle venait de se sauver avec la couverture! Réflexe? On court, on veut la lui reprendre, mais avec ces fichues mains de Mickey Mouse, ce n’est pas du tout facile… Vilaines mains oui, parce que ce n’était sûrement pas sur la course qu’il y avait un problème!

-Hein?

Fini, comment ça fini? La danse? Déjà? Même pas de préambule? Même pas de… autre chose que la danse quoi!

-T’es sûre? Je devrais peut-être aller porter la couverture plus loin… genre… en Alaska!

Shohei?
Hai?
Urusai, tu vas danser la valse que tu le veuilles ou pas.
é.è

Se laissant faire, voir manipuler, avec son petit air perdu et terrorisé à la fois sur le visage, Shohei n’osait proférer le moindre mouvement de peur de faire un truc de travers. Droit comme un piquet, il avait plus l’air d’une poupée articulée qu’un danseur. Rien de surprenant, nous avions pourtant mis la jeune Kimi-chan en garde, à elle de récolter ce qu’elle sème!
Claquant ses pieds l’un contre l’autre, Shohei eut une expression encore moins certaine à la question de Kimiko. Il secoua vivement la tête par la négative comme un enfant qui a peur d’aller dormir parce qu’il croit qu’il y a un monstre sous son lit.

-Ça c’est une idée, on pourrait faire un gâteau à la place!

Shohei…

-Non? é.è

La nippone riait aux éclats dans ce gymnase qui était vide à l’exception d’elle et sa nouvelle connaissance de la journée précédente. Elle n’avait pu résister à l’envie de visualiser le géant des bois marcher sur ses genoux en la suivant partout. Elle le voyait lui arriver à peine plus haut que la taille ; elle imaginait les gens autour se retourner et les regarder avec des drôles d’airs… Bref, la totale du ridicule. Vraiment, ce garçon avait le don de la faire rire sans même le vouloir. Sa simplicité d’esprit pouvait être touchante par moment, tout comme elle pouvait être hilarante à d’autre. Kimiko avait bien compris assez rapidement que son camarade n’était pas compliqué du tout… soit il était tout le contraire d’elle. Ce fut avec la même bonne humeur qu’elle entreprit d’essayer de reprendre sa couverture, tout en affirmant qu’elle préférait les hommes d’une certaine taille. Elle ne voyait pas l’utilité de le nier… Et puis, ce n’était pas comme si elle était la seule dans cette situation, ne?

« Nani? T’aimer plus que Shintaro-kun? Mais ce n’est pas la même chose. De toute façon, l’amour n’existe pas, grand sushi. »

Elle tira la langue sur le côté, affichant un air heureux et amusé… Or, pendant une fraction de seconde, elle se demanda quelle était l’importance pour Kitamura de savoir qui elle préférait entre lui et son meilleur ami. Les deux, bien qu’avec des personnalités similaires sur quelques points, n’étaient pas les mêmes. Elle les appréciait de manière différente, aussi. Un était son ami depuis belles lurettes et elle pouvait se permettre de débarquer chez lui sans même prévenir… L’autre était quelqu’un qu’elle avait rencontré il y avait un peu plus de 24 heures et de qui elle appréciait – de plus en plus – la compagnie. En somme, elle n’avait aucune idée du pourquoi que cela faisait si plaisir au troisième année. Tant pis, elle n’avait qu’à profiter de cette distraction pour reprendre son bien maléfique et se sauver avec. Ciel! Heureusement que Shohei était handicapé des mains… parce que pour le semer, ce n’était pas partie gagnée.

Toutefois, il était temps de passer au sérieux après cette poursuite improvisée dans le gymnase… peu importe combien celle-ci pouvait être amusante. Les deux adolescents n’étaient pas là pour ça. Alors, après avoir rapidement rangé la couverture, la lycéenne se lança sur les préparatifs tout en gardant un œil sur son sac à main. Si son camarade n’était pas le plus rusé, il était loin de manquer de détermination. Bref, elle mit de la musique d’ambiance, alla rejoindre son partenaire de danse – contre son gré, le pauvre – et entreprit de le placer correctement. Sa première critique fut de lui dire de coller ses pieds.

« Iiè, l’Alaska est trop loin. Que dois-je faire si tu te perds en chemin? Je ne veux pas ta disparition sur ma conscience. Oh, mais pourquoi ce visage horrifié? Nous allons valser, pas te mener à NoLollipop Land. » Et elle soupira, ce mec était un estomac sur pattes. Le meilleur moyen de se rendre à son cœur était par le ventre, c’était clair. À la première mention de nourriture, surtout ce qui était sucré à ce qu’elle remarquait, il changeait totalement de lignée de pensée et montait sur son petit nuage. Ses yeux de Chat Botté ne le sauveraient malheureusement pas cette fois. C’était à lui de ne pas dire que la nage papillon était plus facile s’il ne voulait pas se retrouver où il était maintenant. « Anô… Si tu es sage, je t’invite chez moi pour faire un gâteau la prochaine fois… Et détend-toi, tu es tout tendu. »

Venait-elle réellement de l’inviter à sa charmante demeure pour faire de la popote? La réponse était : oui. C’était sortit tout seul, sans même qu’elle ne réfléchisse aux dangers que cela représentait pour sa cuisine… et encore moins au fait qu’elle venait de l’in-vi-ter. D’un côté, il ne se rendrait probablement pas plus compte de ce que cela impliquait qu’elle… Alors elle pouvait bien s’en tirer sans se poser des questions cette fois-ci. Bref, après lui avoir sourit, elle prit un air sérieux, concentrée sur ce qu’elle faisait. Elle indiqua d’abord à Shohei qu’il devait la suivre dans ses mouvements. Donc, ensuite, elle recula son pied droit, déplaça le gauche en parallèle et ainsi de suite… entraînant son cavalier vers elle à chaque fois. Elle s’assurait d’aller lentement pour lui donner plus de chance d’assimiler. Elle disait également les chiffres tout bas, de quoi lui donner une idée de rythme.

« Ichi… ni… san… Tu vois, ce n’est pas sorcier! »

-Si tu l’as dit!

Nous n’y aurions pas cru sans le voir, mais c’était bel et bien Kitamura Shohei qui levait le menton avec un petit air snob sur le visage! De toute façon rien de ce que Kimi-chan aurait pu dire n’aurait fait changer Sho-kun d’idée! Elle disait aimer les grands et Shohei était plus grand que Shintaro. Par simple processus de logique, il pouvait assurer qu’elle avait donc une préférence pour lui. Certes, qu’est-ce que Shinta-baby avait à voir là-dans? Absolument rien! Mais personne n’a dit que Shohei était un être doué d’une logique à toute épreuve!

-Et l’amour ça existe! è.é

Shohei, posséder l’innocence et la candeur d’un enfant? Absolument! Lui dire que l’amour et les arc-en-ciel ça n’existait pas, c’était comme essayer de lui expliquer la présence de d’autres vies dans l’univers. Trop complexe pour être saisi. Quoi que, pour la vie extraterrestre, il vous croirait probablement avant de comprendre l’histoire de l’amour et des arc-en-ciel =.=

-C’est inné, un jour ça va te frapper et tu ne pourras pas y résister!

Uh? Où était donc passé notre Sho-chan baka et naïf? Surtout que l’amour, franchement, c’est très loin d’être un sujet où notre géant des bois est un expert!

-Le chocolat, on ne peut pas s’empêcher de l’aimer è.é

Ah, ouais, voilà qui est plus censé venant de notre grand brun préféré. Mais toute la beauté de l’histoire réside probablement dans le fait que, bien qu’il ne pensait qu’au chocolat, il n’avait pas tord dans ses dires. Kitamura Shohei, philosophe qui s’ignore!
Mais pour le moment, il se fichait de se perdre sur le chemin de l’Alaska où d’aller à cet endroit bizarre qu’elle appelait NoLollipop Land. (Oui, Shohei n’est pas un cerveau éclaire, ce genre d’allusion est à éviter!) Il voulait juste éviter de devoir faire cette maudite valse! Pourquoi n’avaient-ils pas tenté la nage papillon à la place? C’était bien plus facile! Bien moins coincé! Shohei et ses grandes jambes n’osaient faire le moindre mouvement de peur de créer une catastrophe. Il savait d’ailleurs qu’elle viendrait. Elle était inévitable. À chaque fois, il devait se produire quelque chose!

Ne quittant pas ses pieds du regard, Shohei était l’image parfaite qu’avait donnée son ex professeur de danse, un pingouin! Se dandinant de manière saccadée, il n’y avait aucune fluidité dans ses mouvements et son visage devenait plus inquiet à chaque pas qu’il faisait. Plus le temps passait sans qu’il n’arrive rien, plus la catastrophe était imminente.

-Dans deux minutes tu ne voudras plus du tout faire de gâteau avec moi é.è

Assura le géant d’un petit ton penaud. C’était toujours la même histoire de toute façon. À chaque réception où sa mère lui avait trouvé une cavalière, elles promettaient que ça ne pouvait pas être si terrible, qu’ensuite ils iraient faire x y choses, cependant, à tous les coups, il n’y avait plus personne après cinq minutes.
Et justement, le faux pas finit par se produire! Le pied de Shohei dérapa légèrement dans son mouvement, vint s’écraser sans pitié sur la chaussure de Kimiko et lorsque le brun eut le réflexe de s’écarter vivement, ce fut des cheveux, collé à l’adhésif d’un de ses bandages, qui suivirent. Avec Shohei, ce n’était pas cinq pas sans histoire qui assuraient une victoire!

-Aaaaaaah gomen!

N’osant plus bouger du tout, Shohei avait les mains légèrement levées comme un innocent devant la police, la mèche de cheveux reliant toujours la pauvre tête de Kimi-chan à la main du géant des bois.

-Tu vois? é.è

Un argument était-il réellement en train de naître entre les deux adolescents quant à la préférence de mademoiselle et son refus de croire en l’amour? La réponse, aussi surprenante soit elle, était oui. La fin du monde devait être plus près qu’on ne le pensait… Comme quoi, les Aztèques s’étaient complètement bourrés dans leurs calculs avec leur 2012 bidon. Shohei, quant à lui, serait même parvenu à faire hausser plusieurs sourcils avec sa conviction s’il y avait eut d’autres personnes dans la salle… Cela aurait pu être le cas de son interlocutrice également… si celle-ci n’avait pas été occupée à rire. Elle n’y croyait simplement pas et que le garçon la prévienne qu’elle allait être frappé par ce sentiment ultime un jour ou l’autre n’y changeait rien. Il n’y avait rien d’innée là-dedans, tout n’était qu’histoire d’hormones et de peur d’aller contre l’image de la vie parfaite véhiculée à la société.

« Ça reste encore à prouver, très cher. Tu devras travailler plus fort que ça pour me convaincre! »

Toutefois, le nageur allait devoir surveiller ses paroles… On ne savait jamais ce qui pouvait arriver, surtout s’il souhaitait à Kimiko d’être frappée par l’amour et que c’était lui qui insistait sur ce fait. Mentionner son faible pour le chocolat ne le sauverait pas… même s’il était plus logique pour un jeune homme comme lui d’associer les gâteries comestibles à l’amour. Enfin, toujours dans la lignée de la nourriture, la nippone lui promit de l’inviter à faire du gâteau pour qu’il cesse de vouloir mourir sur place en fixant ses pieds. Qui sait, Shohei fonctionnait peut-être comme un chien? Si on lui offrait une récompense, peut-être serait-il plus enclin à faire ce qu’on demandait de lui? À l’entendre rouspéter, ce n’était pas tout à fait le cas.

« Es-tu en train de dire que je ne suis pas digne de confiance? Je tiens ma parole, au cas où personne ne t’en aurait glissé mot! »

Ohlala, elle devait se calmer. Il était inutile qu’elle se sente offusquée par son partenaire qui doutait de son envie de cuisiner avec lui. Si elle l’invitait, ce n’était certainement pas parce que quelqu’un lui tordait le bras afin qu’elle ne le fasse. Elle agissait de son plein gré, qu’il en profite. Heureusement, la concentration de la demoiselle l’empêcha de se concentré sur cette offense à son amabilité. Elle se penchait plutôt sur la position de base du troisième année, ce dernier étant trop tendu par-dessus le marché. Étonnamment, elle fut plus que patiente quand était venu le temps de le placer et de faire les premiers pas. Elle comptait à vive voix le rythme pour mieux l’aider à suivre et elle n’allait pas trop vite afin de ne pas le perdre en cours de route.

Et là, pour la suite… impossible d’expliquer ce qui s’était passé et encore moins pourquoi. Pour dire vrai, Kimiko n’avait rien vu venir… et ce, malgré le manque de fluidité dans les mouvements de Shohei. Elle ne se doutait pas qu’elle allait se faire écraser sans pitié le pied et que ses cheveux allaient devenir captifs d’une main de Mickey en moins de cinq secondes. Il allait de soi que la lycéenne grimaça d’abord, mais qu’il ne fut pas long avant qu’elle ne laisse échapper un cri de couleur en sentant ses cheveux vouloir s’arracher de son crâne. Sur le coup, elle n’osa pas faire quoi que ce soit… de peur d’aller dans la direction opposée de son cavalier. Se faire tirer les cheveux une fois lui suffisait amplement.

« Ce… ce n’est rien du tout… C’est juste une… une petite erreur de parcours… »

On se serait attendu à une explosion de panique, à une crise et des hurlements furieux… Mais non, ce fut tout le contraire, puisque le tempérament variable de l’adolescente opta pour une toute autre réaction : celle de pleurnicher comme une enfant. Car oui, elle restait plantée là, tirant à peine sur ses cheveux afin de les déprendre de l’adhésif des bandages du nageur. Elle se souciait peu des larmes qui coulaient sur sa joue… voire qu’il était plus important pour elle de ne pas décourager Shohei et s’assurer qu’il ne culpabiliserait pas. Elle n’avait pas envie de revoir ses yeux piteux pareillement à la veille où elle voulu le quitter parce qu’il ne répondait pas assez vite à ses questions. Elle aurait peut-être dû réviser un peu sa manière d’éviter cette fin, car un sourire aurait été fort plus efficace.

« Je ne vois pas ce… ce que te reprochais ton professeur… Suffit d’essayer à nouveau, ne? Laisse-moi… Laisse-moi juste m’attacher les cheveux. »

C’était entre deux sanglots que la lycéenne plaça ces quelques mots… avant de prendre la direction de son sac à main, fouillant au travers de la couverture rouge pour se trouver un élastique. Elle entreprit ensuite de se faire un chignon improvisé. Par après, elle retourna auprès de son partenaire de valse afin de le replacer correctement à nouveau. Cette fois-ci, elle s’essuya les joues du revers de la main avant de déposer sa main gauche sur l’épaule de Shohei. Le deuxième round pouvait commencer.

« Allons-y encore une fois… Et je me répète, l’invitation pour faire du gâteau tient toujours. »

Se faire rire en pleine gueule? D’accord, c’était plutôt vexant même notre géant des bois, mais heureusement pour la demoiselle, Shohei n’était pas un garçon qui se fâchait très facilement. Au moins il l’avait fait rien, bien que ce soit de lui qu’elle rigolait comme ça et de ses paroles qu’il croyait dur comme fer. Surtout que tout à fait entre nous, il parlait de chocolat lui!

-Mais tout le monde aime le chocolat.

Oui question de lui rappeler à la miss qu’il parlait de chocolat. Ce n’était pas si Shohei était un expert de l’amour. Lui prenait tout au pied de la lettre, mais il ne fallait pas non plus voir en lui un grand philosophe quoi que ces derniers voient dans ses paroles. On pouvait interpréter plein de choses, mais ça restait tout de même ce qui était dit et rien d’autre. Sho-chan avait mentionner le chocolat, il ne voulait parler que de chocolat, ce n’était pas une allégorie quelconque, loin de là!

Parce que si une personne sur cette terre n’avait pas à surveiller ses paroles qui n’étaient que gentillesses et innocences en permanence, c’était bien notre maître nageur! Lui qui ne disait jamais rien de méchant, ce n’était pas comme s’il venait de jeter un sort à la nipone ou alors de la maudire sur dix-huit générations. Il n’avait fait que parler de chocolat =.=
Et bien qu’il adorait la nourriture, comparer le géant des bois à un chien n’était pas très flatteur! Il n’était peut-être pas un géni, mais il n’avait pas non plus le QI d’un singe, n’exagérons rien!

Tenir sa parole? Franchement même si Shohei était plutôt crédule, il ne l’était pas au point de faire aveuglément confiance à un étranger. Parce que soyons franc, il ne la connaissait pas! Il savait juste qu’elle connaissait Shin, que le rouge lui causait problème et c’était à peu près tout.

-Bha j’ai pas fait d’enquête sur toi, moi…

En d’autres termes, comme savoir?!
Shohei était tendu oui et c’était plutôt normal. Que cette fille pense qu’il exagérait si elle le voulait, mais les choses étaient comme elles étaient. Le brun était un danger public, il fallait qu’elle s’y fasse et qu’elle assume son choix de risquer sa vie quand même!
Et bien sûr, après le calme, la tempête! Il ne s’était pas contenté de lui écraser un pied, il avait fallu que les cheveux de la miss se coincent dans un adhésif de ses bandages.

-Iie…

Secouant la tête, Shohei n’avait nulle envie de remettre ça. Il venait de lui faire mal et il n’était pas si stupide, il s’avait reconnaître lorsque quelqu’un ne disait pas réellement la vérité. Elle voulait juste être gentille, mais le géant des bois l’était beaucoup plus et savait reconnaître qu’il était une nullité en danse, inutile de recommencer pour le savoir.
Comme si le brun était assez stupide pour ne pas voir les larmes, tssss. Il ne fallait pas le prendre pour un imbécile quand même! Repoussant Kimiko qui, elle, semblait déterminée à poursuivre, il recula de quelques pas question de mettre une certaine distance sécuritaire entre eux. Pas question de recommencer, oh que non! Il était réaliste, contrairement à cette fille. Il fallait savoir reconnaître ses tords, la danse ce n’était pas pour lui, qu’elle s’acharne autant qu’elle le désire, ça ne changerait rien et il jugeait qu’il lui avait déjà suffisamment infligé de son empotement naturel en la matière.

-Moi je veux plus é.è

Plus question d’en faire plus, ça c’était clair et elle ne pouvait quand même pas l’obliger à continuer alors qu’il se sentait si mal pour ce qu’il venait de se produire. Et juste pour être bien certain qu’elle n’insisterait pas, le géant des bois quitta le gymnase avec sa petite mine désolée.

Il n’en fallait pas énormément pour se rendre compte que Kimiko était une jeune fille têtue et qui n’était pas prête à admettre une défaite facilement. Ce n’était donc pas sans raison qu’elle avait voulu prouver son point sans savoir à qui elle parlait, soit à ce géant des bois de qui elle ne connaissait rien de plus que quelques informations de base telles que son nom et sa classe, puis qu’il avait un ami commun : Shintaro. Cela amena la lycéenne à vivre le phénomène Kitamura aux premières loges, soit elle pu voir la catastrophe de ses propres yeux.

Elle apprit à ses dépends qu’elle aurait mieux fait d’écouter les avertissements du garçon en matière de danger public. Il ne mentait réellement pas en disant qu’il n’était absolument pas doué dans la valse… Ce qui fit en sorte que l’adolescente oublia rapidement sa colère puisqu’il doutait de sa parole, elle qui l’avait invité à cuisiner ensemble chez elle pour se racheter de lui avoir fait endurer ce supplice de danse. En d’autres mots, elle passa rapidement à une gestion de la douleur engendrée par l’aplatissement de son pied et la prise en otage de ses cheveux.

Elle aurait pu surprendre n’importe qui la connaissant en n’éclatant pas d’une rage monumentale et en essayant plutôt de cacher les larmes. En fait, à ce moment-là, elle se retrouvait à être la baka de la situation puisqu’il était évident que la péripétie qui venait de se passer avait été loin de lui faire du bien. Ce n’était pas la situation idéale pour feindre d’être une bonne joueuse. Ce n’était pas dans son était qu’elle allait convaincre son cavalier que son professeur se trompait en n’ayant pas foi en ses capacités de valser. D’ailleurs, le principal concerné ne fut pas dupe. Il n’allait pas plus loin dans cette affaire et il le laissa clairement savoir à la japonaise en reculant de quelques pas afin de l’empêcher d’essayer la leçon à nouveau.

« Ki-Kitamura-kun… Ce… »

Elle avait peine à y croire : il était en train de quitter le gymnase comme ça, sans ne rien dire de plus qu’il ne voulait plus? Kimiko restait plantée là, les bras le long de son corps, bouche-bée devant cette vision. Il était bel et bien en train de partir par refus de continuer, ce qui était tout de même compréhensible vu ce qui s’était passé… mais tout de même. La lycéenne cligna quelques fois des yeux, incrédule. Elle ne s’était jamais fait faire ce coup… Quoiqu’elle n’ait jamais lancé de défi à personne qu’ils étaient capables de danser la valse puisqu’elle prenait pour acquit que tout le monde avait un minimum de coordination.

Elle s’essuya les yeux d’un mouvement brusque et rapide. Il n’était pas question qu’elle le laisse filer comme ça. Même s’ils venaient de vivre un moment pénible, cela ne signifiait pas qu’elle avait demandé à ce qu’il parte. Elle fit quelques pas vers l’avant, mais freina sa marche en se souvenant de ses effets personnels qui traînaient par terre. Elle ne tenait pas particulièrement à les laisser sans surveillance. Elle était peut-être riche, mais quand même… L’abondance de l’argent ne signifiait pas nécessairement qu’elle se foutait de devoir racheter un ordinateur portable et des livres d’école. Alors, elle ramassa en vitesse ses choses qu’elle jeta pêle-mêle dans son sac. Elle se lança ensuite à la course pour retrouver le géant des bois. À sa grandeur, il allait être facile à distinguer dans un établissement scolaire qui avait eut le temps de se vider. Heureusement pour elle, elle réussit à le rattraper rapidement.

« Kitamura-kun! »

Elle s’empressa aux côtés du nippon et ce, sans lui laisser la chance de se sauver à quelque part… Des plans qu’il doit du genre à être bon dans l’art de disparaître. Elle lui prit doucement le bras afin de l’arrêter dans sa marche et pris elle-même une pause pour reprendre son souffle. Elle devrait peut-être considérer travailler sur son sprint… Mais là n’était pas l’important de la situation présente.

« Kita… Kitamura-kun, ne te sens pas mal… Je ne vais pas en mourir et puis, tu m’avais averti, ne? Tu… Tu me viendras en aide à la piscine quand tu me montreras la nage papillon, d’accord? Pas grave… Ce n’est pas grave si on ne danse plus. Et tu… tu ne peux pas partir sans ça… »

Elle laissa sa phrase en suspens, se mettant immédiatement à chercher dans son sac à main. Eh non, elle n’avait pas seulement pensé à une couverture rouge pour mener son chantage à bout et quelque chose pour faire jouer de la musique. Elle avait pris la peine de penser à l’après-danse. Ce pourquoi elle promenait sa main dans le dit sac pour trouver ce qu’elle savait avoir amené avec elle. Quelques secondes plus tard, elle releva la tête en affichant un sourire victorieux : elle l’avait trouvé! Elle tendit joyeusement un suçon en spirale de couleur orange et blanche, puis elle le mit de façon à ce que Shohei puisse clairement le voir. Ah… Et non, elle ne tentait pas de l’acheter. C’était seulement une récompense puisqu’il n’avait pas semblé enchanté de venir danser avec elle après les cours.

« Tu avais l’air trop piteux hier… et même maintenant, en fait, avec ton visage comme ça… Alors je t’ai amené ça pour te remercier de m’avoir sauvé de la couverture rouge! Tu peux sourire maintenant, ne? Si ça peut te rassurer, je ne t’en veux pas même si mes cheveux se sont pris dans tes bandages. Oh! D’ailleurs, est-ce que tes mains te font encore mal? »

Spoiler:

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