> Always be With me in Mind < || Shizuka ||

En voyant les yeux ronds de Shizuka devant la fleur, Daichi se mordit la lèvre. Même si normalement, toutes les filles aimaient les fleurs, particulièrement les roses, donc elle aussi devrait aimer, il craignait que l’attention ne lui plaise pas. En même temps, il était vrai que ça faisait un peu étrange. Ils étaient là en ami alors il ne devrait pas lui amener de fleur. Le pauvre chou n’eut pas trop le temps de stresser puisque la demoiselle prit la rose avec un grand sourire. Il ne s’était pas attendu à un merci, mais il fut très heureux de voir que ça lui plaisait. Parce que bon, il était quand même capable de le voir même si elle ne disait rien. Daichi, fier comme il était, prit ce qu’elle lui dit comme une provocation. Sans vraiment avoir de raison bien sur, c’était simplement parce qu’il n’aimait pas qu’on lui rappelle les erreurs du passé. Il répondit avec une bouille de gamin tout mignon :

Je n’avais que dix ans lorsque j’ai oublié la première fois. Et c’était seulement un oubli passager è-é!

À bien y penser, Dai’ aimait beaucoup le rire de Shizuka. Ça faisait un bon bout de temps depuis qu’il l’avait entendu la dernière fois et fut content de l’entendre à nouveau. Lorsqu’elle parla des couples divorcés, il esquissa un semblant de sourire. Pas qu’il n’aimait pas cette appellation, enfin si un peu puisque ça faisait vraiment étrange en public de se qualifier comme tel, mais plus parce que ça faisait bien étrange de l’entendre dire cela. Il répondit en se frappant le front :

Non, mais quel idiot je fais ! Rappelle-moi d’y penser la prochaine fois.

Et oui, c’était bel et bien une tentative de plaisanterie. Bien évidemment, comme vous l’aurez surement deviné, ce n’était pas du tout la tasse de thé de Daichi. Il fallait dire qu’il ne pouvait quand même pas répondre sérieusement lorsque Shizuka lui avait montré qu’elle ne pensait pas ce qu’elle avait dit. Si l’attitude déplaisait aux deux jeunes riches, ils auraient pu faire quelque chose pour la corriger, mais ni l’un ni l’autre ne semblait en avoir envie de le faire quoi que ce soit puisqu’elle se rapprocha de lui et lui devint tout simplement tendu. Il ne pouvait pas faire autre chose, elle n’était pas sa copine. Ce qui ne l’empêcha pas du tout de la complimenter pour dévier habilement le sujet. Enfin ce n’était pas que pour ça, mais il ne sous-entendit rien d’autre qu’un changement de sujet. La réaction de Shizuka le fit bien rire, mais il ne dit rien, mais elle n’égala pas le sourire qu’il eut en se rappelant le bon vieux temps à la suite de l’autre réponse de Shizuka. Bien évidemment qu’elle faisait les premiers pas. Elle les faisait à cinq ans alors pourquoi pas maintenant :

Comment pourrais-je oublier la demande de mariage ? Je pensais que maintenant tu attendais que les garçons te déclarent leur flamme. Ça serait moins de travail pour toi non ?

Avant que Shizuka ne lui parle de l’université, le serveur amena des verres d’eau en faisant bien attention de ne pas loucher, vu le regard terrifiant que Daichi lui lançait. À peine le verre d’eau était déposé qu’il le porta à ses lèvres en écoutant ce que son amie d’enfance lui disait. C’était une très mauvaise idée, vu ce qu’elle allait lui dire, mais bon il n’était pas au courant, lui. Il dut avoir recours à toute sa maitrise de lui pour ne pas recracher toute l’eau qu’il avait bu lorsque le nom de son meilleur ami. Avalant tout d’abord sa gorgée, il demanda tel un idiot :

Hiro ?

Oh… C’était un choc pour le pauvre Dai d’apprendre cela. Il en oublia même les questions qu’elle lui avait posées. Non, mais il avait quelque chose de plus important à réfléchir sur. Il se doutait bien qu’Hiroto ne savait que Shizuka et lui se connaissait, mais quand même… Passant une main dans ses cheveux, comme si ça allait aider à faire passer le tout. Ce n’était pas qu’Hiro était un mauvais confident, bien au contraire, c’était plutôt le fait que son meilleur en savait maintenant plus sur son amie d’enfance que Daichi lui-même en savait. C’était vexant non ? Enfin, c’était ce que le pauvre chou présumait et il n’allait certainement pas poser la question comme un idiot. Eh non, il préféra plutôt demander autre chose :

C’est fou ce que le monde est petit. À croire que tu parlais à mon meilleur ami depuis tout ce temps…

Non, mais sérieusement apprends à faire des conversations plus intéressantes ._.
Toujours en gardant les yeux sur son menu, Daichi soupira un peu et lui retourna la question. Sans même y avoir répondu, il n’y avait toujours pas pensé :

Et toi ? Comment tu trouve l’université ? Tu viens d’y entrer si je ne me trompe pas…

Si Daichi avait été un peu plus méchant, mais surtout un peu moins attaché à Shizuka, il aurait probablement éclaté de rire en entendant ce qu’elle disait. Elle était vraiment sérieuse en pensant qu’un type lui donnerait vraiment un cadeau par jour. Bien sur, n’importe qui de Todai, sauf exception mais laissez-le douter du fait que Shizuka s’y intéresserait, pouvait payer ce genre de truc, particulièrement quelqu’un comme Daichi ou bien un Golden Boy. Par contre, tachons de ne pas penser à ces enquiquineurs de première même en pure pensée, ils arrivaient à l’énerver. En même temps, le sourire qu’elle avait le laissait croire qu’elle n’était pas tout à fait sérieuse, enfin il espérait vraiment que ce soit le cas. Par contre, il n’osa pas du tout lui demander comment se portait sa vie sentimentale, disons qu’il n’avait pas du tout envie de le savoir, quoi qu’en même temps… Non Shizuka était grande et autonome, elle pouvait bien avoir des relations sans qu’il y fourre son nez. Du moins, c’était sur quoi Daichi tenta de se convaincre. Il aurait l’air de quoi, ils étaient divorcés donc bon il devait lui prouver qu’il avait passé à autre chose.

Qui a dit que je parlais de ce genre de prochaine fois ?

Eh oui, le grand Dai avait décidé de sous-entendre quelque chose. Elle pouvait se compter chanceuse, elle était sans aucun doute la seule personne avec qui il oserait faire ce genre de truc. Bon, il fallait dire qu’au départ il n’avait pas vraiment pensé à se remarier, donc il parlait bel et bien d’une prochaine fois dans le sens d’agir comme un couple divorcé. Le reste était à la discrétion de Shizuka, elle pouvait bien s’imaginer ce qu’elle voulait. Cependant, Daichi osa croire qu’elle disait cela pour garder le titre d’ex-femme, un grand honneur puisqu’on parle de l’avoir comme mari, pour elle seule. Bien évidemment, il ne posa pas la question et replongea son regard sur la carte du menu, question de ne pas croiser son regard.

Encore une fois, Shizuka manqua de le faire s’étouffer lorsqu’elle parla de « quelqu’un en vu ». Il n’allait quand même pas lui dire qu’il s’intéressait à Yayoi. Il n’avait aucune idée de si elle connaissait bien la Fraternité ou pas, et il ne savait même pas si elle connaissait Yayoi, mais ça ferait étrange de parler de ce genre de chose à son ex-femme. Daichi aurait bien voulu ne pas répondre, cependant ça ne satisferait surement pas Shizuka. Subir un interrogatoire sur ses sentiments ne faisait pas du tout parti de son plan pour la soirée, il préféra donc répondre évasivement :

Il y a peut-être quelqu’un…

Comme si maintenant que tu lui as avoué ça, elle allait vraiment te laisser tranquille. Espérons simplement qu’elle ne demanderait pas de nom sinon il était fichu. Hiroto et Takeshi étaient les seuls qui savaient pour les sentiments qu’il nourrissait à l’égard de Yayoi et il en avait déjà assez de subir leurs moqueries. Une troisième personne ne serait surement pas la bienvenue. En même temps, Shizuka ne se moquerait pas de lui en ? Elle était son amie d’enfance, son ex-femme et sa meilleure amie alors elle ne pouvait pas se moquer de lui. Rassuré par cette belle théorie, Dai sourit un peu et haussa les épaules en entendant ce qu’elle lui dit. Ça ne l’étonnait même pas de la part de Shizuka, mais il ne pouvait qu’en rire, c’est pourquoi il y répondit :

Un vieillard ne te mériterait pas, même pas mon père et tout le monde sait qu’il est vieux.

Vieux, riche… ET marié, donc il n’était pas du tout fait pour la meilleure amie de son fils. En même temps venant de Daichi, qui respectait énormément son père, c’était un joli compliment voilé. Il ne l’avait même pas dit en étant possessif. Il voulait que sa meilleure amie soit heureuse et l’inverse était tout aussi vrai, du moins c’est ce qu’il pensait. Il ajouta un peu pour contrer son compliment :

De toute façon tu es déjà riche, donc pas besoin d’épouser un vieillard ça serait assez dégradant pour ta réputation.

Daichi mit le fait qu’elle ne savait pas que lui et Hiroto se connaissait sur le fait qu’elle venait d’entrer à Todai. Tout le monde savait qu’Hiro était son meilleur ami, mais il se contenta d’hocher la tête pour le moment. Il lui avoua tout de suite après leur relation de meilleur pote, mais il ne s’était pas attendu à ce qu’elle soit aussi surprise. Il ne passa aucun commentaire, mais arqua un sourcil. Encore plus lorsqu’elle revint sur le sujet de l’université. Le nom d’un type ressortit et Dai’ écouta attentivement. C’était peut-être le futur quelque chose de Shizuka alors il fallait y prêter attention. Kurosawa ? Le nom ne lui disait rien, mais il se promit de faire une enquête sur lui. Même si elle lui assura rapidement que ce type n’était pas important. Il ne dit rien et fronça rapidement les sourcils lorsque les mots Golden Boys ressortirent. Avait-elle vraiment besoin de lui en parler. Il ne lui en voulait pas, mais n’appréciait pas vraiment.

Hiro m’a vaguement parlé de ton toi de texto, je n’avais jamais fait le lien par contre. Je doute qu’il sache qu’on se connaisse, enfin sinon il serait vite venu m’en parlé davantage. Tu dois quasiment en savoir plus sur lui que moi-même…

Le même air jaloux qu’auparavant revint hanter le visage de Daichi qui camoufla le tout avec un magnifique sourire forcé. Il était à la fois content de voir que ses deux meilleurs amis s’entendaient bien et avait un peu peur que ça le relègue à un deuxième rang. Il ne parla pas du tout de ses inquiétudes à Shizuka. Il aurait l’air de quoi ? De l’ami insécure de service ? Il préféra même parler des Golden Boys. Là au moins c’était pratiquement un sujet où il ne risquait rien puisqu’elle ne semblait pas être fanatique.

Disons que ces petits pensent pouvoir tasser la Fraternité. Je n’apprécie pas vraiment, mais ils se tiennent assez tranquille pour le moment donc…

Donc il pouvait se concentrer sur des choses plus importantes. L’idée que Shizuka sache peut-être si Hiro était vraiment avec Shunta ou non l’intriguait, mais il n’osa pas poser la question. Si Hiroto s’était confié à elle et pas à lui ça voulait peut-être dire quelque chose de plus que le fait qu’ils soient par texto les rendent anonymes. Il resta silencieux pendant un moment avant de demander :

Tu as trouvé quelque chose à ton goût ? Sinon on peut toujours se prendre une assiette pour deux…

Si Daichi avait grandit avec le temps on pouvait sans aucun doute dire la même chose sur Shizuka. C’était pour cela qu’il était aussi nerveux, sans que cette anxiété transparaisse dans un seul de ses gestes. Elle avait tellement grandi et était devenue plus mature, bon peut-être pas ça restait à discuter, mais bon. Elle avait un semblant de caractère qui n’avait pas du tout l’air d’avoir changé, mais disons que somme toute elle était plus mature qu’à 10 ans. La menace qui lui tomba alors dessus le fit sourire, mais il ne trouva pas immédiatement quelque chose à répondre. Peu importe qu’il disait ça sonnerait soit comme très méchant ou comme un type qui n’avait pas passé dessus. Donc il préféra rester silencieux jusqu’à ce que quelque chose vienne :

Tu sais, j’ai toujours su que tu ne pourrais pas résister à mon charme immense.

Bon tu sais Dai’ normalement c’est Shizuka qui fait ce genre de blague è-é Tu ne vas pas te mettre à lui voler ça en plus ? Bon d’accord, il fallait dire que ça s’accordait assez bien avec la présente situation. S’il ne pouvait pas inclure ses propres sentiments afin de s’assurer qu’il ne blessait pas Shizu’, il pouvait bien inclure ceux de la demoiselle, comme celui qu’elle ne résisterait pas à son charme. Quoi il en soit ça aurait très bien pu être sérieux comme affirmation puisque malgré tout Daichi était quand même très populaire en ? Une autre fille aurait probablement voulu être à sa place alors elle devrait plutôt se compter chanceuse de pouvoir manger avec lui. Surtout que c’était lui qui avait invité, mais selon lui ça plaisait aux deux de pouvoir se revoir, il s’ennuyait souvent du bon vieux temps où il n’avait pas de problème en général, sauf peut-être l’oubli de la date d’anniversaire de Shizuka, mais c’était purement un accident.

Lorsque le sujet tomba sur un terrain dangereux, Daichi tenta en vain de limiter les dégâts en répondant évasivement. Bien évidemment, il avait un peu espérer qu’elle soit jalouse, mais manifestement ce n’était pas son cas. Il était bien content qu’elle semble bien prendre la nouvelle. Il fallait quand même avouer que ça faisait un moment qu’ils n’étaient plus mariés. Était-ce vraiment une raison ? Non Dai’ aurait voulu qu’elle soit jalouse bon ! Maintenant que c’était dit, il pouvait passer à autre chose. Enfin il aurait bien aimé, mais pouvait-il vraiment ignorer une telle question sans risquer de froisser la demoiselle ? Finalement, puisqu’elle ne semblait pas être jalouse, il pourrait peut-être écouter ses conseils non ?

Je… Je ne crois pas que tu la connais de toute façon. Et puis il n’y a rien de bien intéressant dans cette histoire…

Ah ? Où est passée l’idée de lui demander des conseils ? Même s’il voulait la voir jalouse, il savait simplement que ce n’était pas une bonne idée, point barre. Heureusement le sujet dévia sur l’envie de Shizuka de marier un vieillard. L’idée était drôle, voir hilarante, mais restait qu’un vieux bonhomme ne méritait pas du tout la demoiselle. Daichi lui fit savoir son opinion, il avait beau vouloir son bonheur il n’allait quand même pas la laisser marier un type qui faisait le double ou le triple de son âge, encore moins son père. La réponse qui reçut le fit froncer les sourcils vraiment beaucoup.

Et pour que tu deviennes une méchante belle-mère. Non, merci, très peu pour moi.

Non on ne parlait même pas du fait que ça risquait de foutre en l’air le mariage de ses parents. Leur entente n’était pas des plus magiques maintenant. Par le passé oui, mais dans le présent, ça ne changerait pas vraiment quoi que ce soit. Du moins c’était ce qu’il se disait bêtement. Il ne put que sourire en entendant Shizuka confirmer ce qu’il avait dit plus tôt. Regretter de le marier ? C’était tout aussi évident que un et un font deux. Il sentit la main de son ami sur son bras et il leva son regard vers sa direction. Il savait qu’ils avaient probablement l’air d’un couple, mais bon que pouvait-il y faire. Il n’allait pas repousser Shizuka, alors qu’elle agissait à un titre purement amical, simplement pour que personne ne crois qu’ils étaient en couple. Ça serait idiot et blessant pour la demoiselle. Il n’avait pas vraiment de moyen de répondre à ce qu’elle faisait puisqu’elle serait son bras.

Je sais bien que tu vas regretter. Après tout il n’y a pas des centaines de personne aussi bien que moi.

Finalement ça te va bien aussi le ventage, mais n’en fait pas trop sinon ça fait juste bizarre =/ Enfin, Daichi tenta de cacher du mieux qu’il pouvait son inquiétude et sa jalousie vis-à-vis la relation qu’entretenait Shizuka et Hiroto. Il ne savait même pas si son ami s’intéressait à Shunta ou à quelqu’un tout simplement. Elle pourrait probablement l’aider dans ce sens, mais ne lui ressortirait-elle pas un truc du genre « secret professionnel » ? Alors qu’il buvait tranquillement son verre d’eau, il s’étouffa vraiment et après un bon moment il ravala la gorgée. Après deux tentative, elle avait finalement réussit à le faire non. Dai’ se jura tout d’abord de ne plus boire lorsqu’elle parlait avant de s’attarder à ce qui l’avait fait s’étouffer. Son préféré en ? Il était à la fois très content et très gêné. Il ne s’était nullement attendu à ce qu’elle lui dise cela et malgré tout il en était terriblement content. Cependant, pouvait-il vraiment lu retourner l’affirmation ? Dire qu’il la préférait à Yayoi ?

Pas tout à fait à l’aise, il fut sauvé par le serveur qui vint prendre leur commande. La demoiselle ne semblait pas avoir choisi quoi que ce soit alors il décida de lui proposer un repas pour deux. Évidemment elle jeta sur l’occasion en lui disant que si c’était mauvais, ça serait de sa faute. Cela lui mit un léger stress qu’il tenta de contrer en se rappelant de toutes les fois où ils avaient mangés ensemble. Dai’ se rappela assez rapidement qu’elle n’aimait pas les carottes. Qu’est-ce qui il y avait d’autres ? Ouvrant la carte, il pointa un truc au serveur et murmura :

Sans carotte.

Se tournant vers Shizuka, il espéra vaguement qu’elle ne se rappelait pas qu’il n’avait pas répondu au « compliment » qu’elle lui avait fait. Non, mais sérieusement, que pouvait-il répondre ? « Je te dirais bien que tu es ma préférée, mais tu sais… Yayoi et tout… » N’était pas du tout approprié. Il chercha donc un changement de conversation subtile qui ne ferait rien de bien méchant :

Alors tu te la joue Casanova solitaire ? T’es sure qu’il n’y a personne qui t’intéresse ?

« Si tu le dis. Enfin selon moi, tu devrais quand même tenter ta chance. Il faudrait être aveugle pour te résister …. Ça ou avoir déjà divorcé avec toi, alors là je suis immunisée à ton charme! »

Soulagée, c’est exactement ce qu’elle ressenti notre demoiselle lorsqu’il mentionna qu’elle ne devait pas connaître la quelqu’une en question. Normal me direz vous, s’il avait fallu qu’il en parle avec des étoiles dans les yeux, elle aurait sans doute eu du mal à dissimuler cette petite pointe de jalousie. Mais bon, son égo était sauvé, puisqu’il ne sembla pas vouloir s’étendre sur le sujet. Éventuellement, se promit-elle, elle allait creuser les raisons qui avaient fait monté en elle une si désagréable sensation de jalousie. Après tout, ne devrait-elle pas être heureuse pour son ami, était-ce seulement une petite angoisse d’être laissée de côté qui la faisait délirer ? Qui sait… Elle ne voulait pas vraiment savoir, pour l’instant, la totalité des sentiments incompréhensibles qui luttaient dans sa tête. Pour elle, ça avait toujours été clair, Dai’ n’était pas du tout sur la liste des futurs prospects, il était le meilleur ami et le confident. Mais alors, c’était seulement parce qu’elle n’avait jamais eu à laisser sa place à une autre fille qu’elle était inquiète non? Si Dai’ avait été un coureur de jupon, elle serait immunisée puisqu’elle aurait du s’y faire, de le voir préférer quelqu’un d’autre. M’enfin, c’est comme ça qu’elle avait décidé de le voir.

Était-ce vraiment mieux de parler de son père? Elle n’en savait rien mais cette moquerie avait détendu l’atmosphère et elle souriait en se payant royalement la tête de son ami d’enfance. Bon d’accord, elle n’avait jamais envisagé de devenir l’épouse du paternel de Daichi, pour un tas de raisons plus exactes les unes que les autres – son âge, son métier… bref un tas de raison vous dis-je, mais lorsque son confident émit la possibilité qu’elle devienne sa belle mère, elle éclata de rire. Ça par contre, c’était tentant, imaginez combien elle pourrait lui rendre la vie impossible, le torturer gentiment tout en ayant position d’autorité sur lui. Ça valait bien un mariage voué à l’échec non? Elle rit un instant avant de poser un regard presque sérieux sur son ami.

« *O* Oh mais que c’est intéressant ça comme idée. Tu ne pourrais pas avoir une meilleur belle-mère mon petit trésor… Et puis quand ton père serait rendu sénile et hospitalisé, je pourrais me rabattre sur son fils …. On dirait un scénario de Hentai. Laissons tomber okay? »

Elle l’écoutait avec un sourcil haussé lorsqu’il se mit à s’auto-complimenter, elle avait définitivement une très mauvaise influence sur ce pauvre garçon. Le voilà qui devenait aussi narcissique qu’elle. Elle aurait bien aimé lui répondre mais la conversation aurait pris une tournure douteuse et elle préféra s’abstenir. Mieux valait ne pas lui donner d’idées, imaginez un malentendu, ou pire, que son soupçon de jalousie paraisse et qu’elle doive s’expliquer. Non, hors de question. Elle préféra également éviter le sujet d’Hiroto, elle n’avait pas envie qu’il raconter à Daichi tout ce qu’il savait, et elle ne voulait pas s’expliquer. Franchement, depuis quand avait-elle honte de parler de tout et de rien avec son complice hein? C’est le genre de comportement qui aurait du lui mettre la puce à l’oreille mais rien. Elle se contenta de le rassurer en lui assurant qu’il était son préféré. Amicalement parlant hein!! C’est ce moment que choisit le serveur pour prendre leur commande et la démoniaque nipponne imposa à son ami de sélectionner le repas. À sa grande surprise, il se souvint qu’elle n’aimait pas les carottes. Wow.

« Quel homme attentionné. C’est à force de me voir les glisser dans ton assiette que tu t’en es souvenu ? »

Comment un garçon, avec une si bonne mémoire, pouvait-il avoir oublié son anniversaire? Mystère. Elle allait lui demander lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui demander si elle aussi, elle se la jouait Casanova solitaire. Quelques secondes suffirent pour que son esprit fasse une analyse complète de la situation. Si elle disait oui, elle aurait l’air de la fille sans vie sociale et sans vie sentimentale. Bon, c’était probablement le cas pour la vie sentimentale, elle gardait aussi loin que possible tous prétendants, personne n’avait besoin de s’approcher d’elle assez pour remarquer que rien n’allait plus dans son monde. D’un autre côté, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle n’avait personne en vue, elle aurait l’air vraiment inintéressante après que lui, lui ait avoué avoir une quelqu’une dans son champ de vision. Pas question de lui donner cette satisfaction… Mais il n’y avait réellement personne… Elle ne pouvait pas lui mentir non ? Le mieux, c’était de rester vague…

« Oh tu sais… je suis très difficile…………… »

Non, échec, tu ne vas pas l’embêter assez avec ça. Il faut trouver quelque chose de plus cruel, de plus énervant, quelque chose qui pourrait peut-être même le faire tressaillir de jalousie. Oh … pourquoi était elle comme ça maintenant hein? Pour ne pas avoir l’air d’être la seule à qui le destin refusait un prince charmant ? Peut-être. Mais elle ne pouvait pas mentir à son ami non? Le mieux, c’était encore de dire quelque chose de vrai mais avec un ton qui laisserait Dai’ s’imaginer des choses. Oui … mais dire quoi? Elle laissa planer un silence, un moment, avec cette mine pensive alors qu’elle cherchait le meilleur moyen de le traumatiser. Finalement, elle trouva la solution lorsqu’elle sourit et s’exclama, très naturellement :

« Par contre, Hiroto-kun est vraiment canon. »

Bah quoi? C’était la stricte vérité, il était beau. Ouai mais pourquoi tu lui dis ça parce qu’on sait tous – enfin sauf Dai’ que tu n’as aucune vue sur son meilleur ami. Ah ça… elle pouvait bien lui mentionner qu’il avait comme confident un homme très séduisant sans pour autant être amoureuse de lui non? C’est cruel ça Shizuka… Oui et alors, le but c’était qu’il s’imagine des choses…. Elle, craquer pour Hiroto ? Pas du tout, elle voulait qu’il soit avec son écolo et ça, avec ou contre son approbation… Mais c’était marrant de se payer la tête de Dai’ et il l’avait cherché… Alors qu’elle souriait, le serveur choisit cet instant pour amener les plats, et jeter un coup d’œil dans le décolleté de la nipponne qui lui adressa un gros sourire.

« é__è Dai’ mon cœur, est-ce que j’ai quelque chose entre les dents, il m’observe beaucoup je trouve….»

Oui, elle voulait également traumatiser le serveur.

Le « conseil » de la demoiselle le fit sourire. Tenter sa chance ? Sa théorie était encourageante, mais il ne voulait pas perdre son amie. Donc il devait encore se décider entre tenter sa chance ou pas. S’il se fiait à Shizuka, il avait de bonnes chances que ce soit réciproque, mais permettez-lui d’en douter. Après tout Yayoi n’avait laissé aucun indice qui suggérait qu’elle l’aimait. Disons que ce n’était pas vraiment encourageant pour Daichi qui, au départ, n’était pas très confiant dans ce domaine… Finalement, il se décida à répondre quelque chose :

On dirait bien que Yayoi est immunisée alors…

Réalisant finalement qu’il avait dit le nom même si ça n’avait pas été son intention au départ, Dai’ se mordit la lèvre inférieure et manqua de se frapper le front. Franchement, il n’avait pas voulu que le nom ressorte dans la conversation et il sut qu’il avait gaffé. C’est pour cela qu’il sauta sur l’occasion de changer de sujet en parlant de son père. Il n’avait pas du tout envie qu’elle devienne sa belle-mère, mais elle semblait enchantée par l’idée. Daichi n’était pas certain de vouloir que Shizuka ait une position d’autorité. La connaissant, ce n’était que trop pas rassurant et disons que ce l’était encore moins lorsqu’elle parla. Se rabattre sur le fils ? C’était quoi cette idée é.è ? Alors qu’il s’apprêtait à manifester le désaccord, Shizuka réalisa d’elle-même que c’était n’importe quoi. Avec un sourire mi-amusé, mi-gêné, la conversation ne le mettait pas vraiment à l’aise disons, il tacha de paraitre le plus neutre possible.

Bonne idée.

Qu’ils aient l’air d’un couple heureux ou non ne changeait rien au fait qu’ils avaient une conversation étrange. Heureusement ils ne semblaient pas parler assez fort pour que les autres clients entendre. C’était déjà un bon début. Même si l’attitude de son amie sur certains sujets aurait pu lui mettre la puce à l’oreille, Daichi était bien trop content d’oublier la jalousie qu’il éprouvait pour s’en soucier. Il n’avait pas envie que Shizuka le remarque et le meilleur moyen pour cela était simplement de changer de sujet. C’est pour cela qu’il fut aussi content de voir que le serveur arrivait. Bien sur, il ne le montra pas vraiment, en dehors de ce qu’il proposa à la demoiselle. Choisir un plat pour deux était quelque chose de complexe, mais question de plaire à Shizuka, il prit un plat qui lui plaisait certainement plus à elle qu’à lui. Les carottes n’avaient jamais été le fort du jeune alors ça ne lui dérangea point de les larguer. Ce fut simplement un repas qui irait avec tout ce qu’il se rappelait sur les gouts alimentaire de son amie. Sa mémoire n’était certes pas excellente, mais il espérait que ça irait…

Oui disons que je n’avais jamais autant mangé de carotte avant.

Donc effectivement comment le pauvre chou avait pu oublier l’anniversaire de Shizuka ? C’était un mystère et personne ne savait vraiment la réponse. Après tout il n’avait que dix ans et à cette époque les dates d’anniversaires autres que la sienne ne l’avaient jamais vraiment intéressé. Donc encore une fois le sujet dévia sur les conquêtes, mais Daichi voulait simplement savoir si Shizuka avait quelqu’un en vue. Quelqu’un qu’il devrait surveiller en tout temps. Parce que bon il ne laisserait personne faire quoi que ce soit à sa meilleure amie. Le premier qui la faisait pleurer, il était mort et même si cette personne était par exemple, Hiroto ou n’importe qui point barre. Donc il fut plus que content lorsqu’elle lui dit qu’elle était très difficile. Daichi hocha donc la tête et écouta ce qu’elle dit par la suite.

Si Shizuka voulait le voir tressaillir de jalousie, elle fut plus que servie. Lorsque le nom de son meilleur ami ressortit dans la conversation à côté du mot canon, Dai’ eut tout de suite le pire air de jalousie jamais vu. Que sa meilleure amie flirte avec des gens, passe encore, mais par contre avec Hiroto ça ne plaisait pas à Daichi, mais pas du tout. Tentant de cacher sa jalousie, après tout elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait. Il cacha sa jalousie sur un semblant d’air indifférent qui ne tromperait personne, encore moins Shizuka.

Possible…

Ça servait à quoi de parler pour ne rien dire en ? Enfin Dai’ regarda avec attention les repas qui arrivaient. Il essayait de se concentrer sur autre chose, même si c’était totalement inintéressant. Donc lorsqu’elle prit la parole, il craignit simplement qu’elle se moque de son air jaloux. Ce ne fut pas le cas et la demoiselle lui demanda si elle avait quelque chose entre les dents. Le jeune homme ne comprit pas tout de suite pourquoi elle lui demandait ça, mais il le réalisa bien vite lorsqu’il vit le regard du serveur. Le dardant du regard il s’approcha très légèrement et déclara :

Non, pas le moins du monde mon chou C’est ce type qui est pas nette c’est tout.

Mon chou ? Eh bien… Daichi devenait moins gêné ou quoi ? Réalisant ce qu’il avait dit sans vraiment réagir, il rougit un peu et regarda son assiette avec un air gêné.

Était-il sadique pour vouloir absolument mettre un nom sur cette « quelqu’une » ? Il savait pourtant que notre petite bridée était une journaliste, une enquêteuse et qu’elle aurait tôt fait de se lancer dans une enquête approfondie de la dénommée Yayoi. Pas pour l’embêter hein – même si l’envie était grande, elle ne pourrait pas faire ça à Dai’, après tout, c’était son meilleur ami. Mais seulement pour savoir, pour être certaine qu’il avait craqué pour quelqu’un de bien – et accessoirement pour pouvoir lui rendre la vie impossible – à elle, si elle venait à briser le cœur de son ex-époux. Et oui, jusque là va son affection. Enfin, certains trouverons sa façon de montrer son attachement un peu débile – elle ne pouvait pas juste se venger des gens comme ça non? Et pourquoi pas ? Elle était plus qu’en mesure de le faire… Elle dut faire des efforts intenses de contrôle pour ne pas avoir l’air boudeur ou même jalouse, mais quand même, son minois laissait deviner qu’elle n’était pas si indifférente que ça aux plans de nippon. Était-ce le sourire beaucoup trop doux qu’elle affichait qui permettait de douter de son réel bonheur ? Peut-être. Et pourtant, Daichi devrait savoir que, même si elle n’approuvait pas, elle serait toujours là à 500% pour le soutenir s’il décidait de se déclarer. Quand même, elle se senti rudement coupable d’éprouver du soulagement en entendant que la dénommée Yayoi semblait immunisée à lui …

« Hmmm si ça peut te rassurer, je promets de dire oui si, dans dix ans, atteint par le désespoir du célibat, tu me demande en mariage. Comme ça au moins, t’as une porte de sortie. »

Elle voulait le faire sourire, lui faire oublier que son histoire pourrait ne pas marcher. Shizuka était beaucoup trop réaliste pour imaginer un instant que les relations amoureuses, c’est comme les contes de fée. D’ailleurs, elle ne se voyait pas endurer qui que ce soit en tant que petit ami, parce que pour ça, il faut faire confiance à la personne, une confiance aveugle et accepter de tout lui raconter. Vous pensez qu’elle avait envie de raconter sa vie à quelqu’un ? Non. Si elle l’avait fait avec Hiroto, c’était grâce à l’annonymat et franchement, depuis qu’elle l’avait vu en face, elle avait tendance à se refermer comme une huitre, pas question de le laisser la voir vulnérable maintenant qu’il savait qui elle était. Et oui, notre demoiselle n’était tout simplement pas capable de faire une place à quelqu’un dans son monde. Ça explique peut-être sa possessivité au sujet de ceux qui, comme Daichi, y ont déjà leur petite place. C’est avec soulagement qu’elle quitta la conversation délicate de la future petite Mme Murakami pour parler avec un ton moqueur de ses projets déments. Au moins, ça avait fait sourire son ami non ? C’était le but.

« Ahah, mais quand même, si j’étais ta mère tu ferais des jaloux !! »

Pour clore cette conversation totalement débile, elle laissa son « cavalier » choisir pour eux le plat principal – heureusement, sans carottes. Son commentaire la fit sourire, lui aussi donc, se souvenait de ses soupers où elle glissait en se croyant subtile, ses légumes vers l’assiette de son pauvre complice. De quoi demander le divorce s’il n’aimait pas ça hein… Peut-être que cet oubli de date de fête était prémédité alors, qu’il en avait eu marre d’ingurgiter des carottes comme s’il était soudainement devenu un lapin ? Qui sait. Finalement, le sujet épineux des relations de couple refit surface puisque son ex-mari lui demandait si elle-même, avait quelqu’un sur son table de chasse. Allez savoir, elle voulait l’embêter … il lui avait parlé de Yayoi. Du coup, elle se fit un plaisir de mentionner combien elle trouvait Hiroto attirant. Bon on s’entend, elle ne voyait pas du tout l’autre nippon comme ça mais… est-ce que vraiment, Dai’ devait le savoir?

« C’est quoi cette tête ? ………. T’es jaloux ? »

Lança-t-elle avec un ton totalement innocent. Elle jubilait intérieurement de voir sur son visage un air un peu possessif et totalement désapprobateur. On s’entend, elle avait quand même poussé Hiroto vers Johnny, signe qu’elle n’avait vraiment aucune vue sur le nippon. L’idée de rendre son ami jaloux était quand même alléchante. Après tout, l’égo –démesuré en passant- de Shizuka ne supportait pas qu’il préfère une autre fille à elle. Il allait devoir payer. Bon pas beaucoup, elle l’adorait, mais un peu quand même. Elle attendait une réponse, observant le garçon avec un air surpris, comme si elle ne c’était pas du tout attendu à cette réaction qu’elle avait pourtant volontairement provoqué. Puis, le serveur douteux refit son apparition et notre nipponne décida de lui ficher la honte de sa vie.

« … Tu crois qu’on peut porter plainte contre les désaxés en liberté ? »

Elle adorait jouer comme ça, se payer la tête des gens, c’était dans la liste de ses activités préférées. Du coup, elle appréciait que son ami puisse en faire autant et utiliser des surnoms débiles. Perturbé, le serveur déposa leur plat au centre de la table et s’éloigna pour une fois, d’un air professionnel. Observant ce que son ex-époux avant commandé, elle sourit. C’était quelque chose qu’elle aimait bien, ça avait au moins ça de positif…

« On parlait de quoi avant ? Ah oui *O* De ton air jaloux mignon tout plein »

À vrai dire… ça n’avait pas du tout été l’intention de Daichi. Dire le nom de Yayoi dans une conversation avec Shizuka n’était certainement pas l’idée du siècle, mais il fut tout de même déçu de ne pas voir un air de jalousie sur le visage de son amie. Il eut quand même une petite satisfaction personnelle en voyant le minois qu’elle avait. Même si elle n’avait pas l’air jaloux, elle ne semblait trop indifférente. Il tacha de ne pas trop montrer sa joie, même si dans le fond, en général, il n’était pas si heureux que ça. Si Shizuka avait un minimum d’intérêt au sujet de ce qu’il faisait de sa vie, Yayoi, elle, semblait s’en ficher complètement. Ça le blessait puisqu’elle était une de ses meilleures amies, mais il ne voulait pas lui imposer quoi que ce soit. De toute façon, qu’est-ce qu’il pouvait bien faire de plus pour qu’elle s’intéresse à lui, il ne comprenait pas trop pourquoi, mais elle semblait insensible à tout ce qu’il faisait pour la séduire. Heureusement que Shizuka et Hiroto étaient là pour lui remonter le moral n_n Parce que sinon le pauvre chou aurait beaucoup de difficulté à passer par-dessus la « méchanceté » dont Yayoi faisait preuve.

C’est déjà ça… merci.

Le tout accompagné d’un très léger sourire. Daichi décida de passer par-dessus le malaise que la conversation et se concentra sur autre chose. Il était en train de manger avec Shizuka, son amie d’enfance, ce n’était pas du tout le bon moment pour se morfondre sur son sort en parlant de Yayoi. Il tenta de sourire un peu plus, mais il fallait avouer que le cœur n’y était pas trop. Ce n’était pas de la faute de qui que ce soit, ce n’était pas vraiment le sujet à aborder. Son amie d’enfance trouva quand même le moyen de le faire sourire en parlant de son idée de marier Murakami senior. Bien évidemment, Daichi ne pouvait que se douter qu’elle n’était pas sérieuse. Après tout son père était marier et il n’était pas question d’avoir Shizuka comme belle-mère, ça la mettrait dans une position d’autorité qui n’allait pas avec elle.

Surement, surement…

De toute façon, il ne laisserait personne reluquer Shizuka tant qu’il était près d’elle. Le serveur ne faisait pas du tout exception à la règle, les premières fois Daichi lui avait envoyé des regards qui tuent, mais apparemment ce n’était pas très efficace. Il se promit d’en faire davantage la prochaine fois que le serveur viendrait. Le sujet dévia donc sur les relations de couple de la demoiselle. C’était un sujet épineux, pas très évident à discuter, surtout pour eux qui étaient tout de même divorcés. Même s’il n’était pas du tout content d’apprendre qu’elle trouvait Hiroto canon, bon il y a une bonne partie d’imagination là-dedans, il tenta inutilement de le cacher en entendant ce qu’elle lui disait :

Moi ? Pas du tout.

Presque crédible, enfin pas vraiment puisqu’il avait les sourcils froncés et une légère teinte de rouge sur les gens. Bien évidemment, il ne rougissait pas è-é ! Le serveur vint encore lui sauver la mise en détournant l’attention de Shizuka. Il rit un peu en entendant le commentaire qu’elle faisait sur le pauvre serveur, mais Daichi n’avait pas l’intention de le ménager, ça lui apprendra à reluquer Shizuka… Répondant avec un sourire démoniaque assez réussi pour une fois :

Bien sur. Je peux m’en occuper si tu veux.

Puis, il se tourna vers le serveur qui se contenta d’agir plus professionnellement et déposa leur plat avant de partir. En voyant le sourire de la demoiselle, il sut qu’il avait fait un bon choix ce qui lui enleva un stress. S’il y avait bien quelqu’un qu’il ne voulait pas décevoir c’était bien elle, heureusement que sa mémoire ne lui avait pas fait défaut cette fois-ci… Évidement, il ne put pas avoir la paix bien longtemps puisqu’elle revint à la charge en parlant de son air jaloux. Il soupira, un peu mal à l’aise et prit une bouchée avant de répondre :

Comme je t’ai dit, je ne suis pas jaloux >.>

Oui, Shizuka avait le droit de ne pas le croire, disons qu’il était très évident qu’il mentait en ce moment et il n’y avait aucune chance qu’il puisse cacher cela à son amie d’enfance. Parfois, il se demandait comment il faisait pour rester avec des gens qui le connaissaient autant. Ce n’était pas du tout pratique pour leur cacher des trucs ou pour discuter de façon simple sans qu’ils ne devinent ce qu’il cachait.

Avec de la chance, Daichi trouverait un moyen de détourner l’attention de la demoiselle sur autre chose et heureusement que le repas était là. Il savait bien que Shizuka n’était pas la plus grande amatrice de nourriture, mais il tacherait de ne pas trop manger. Question de paraitre normalement constitué. Il avait fini sa poussée de croissance, donc il ne pouvait pas mettre la faute sur une soudaine fringale souvent rattachée à ce genre de chose naturelle.

Il aurait fallu qu’elle soit stupide pour ne pas remarquer que l’évocation de la dénommée Yayoi mettait son ex-mari dans tous ses états. Il semblait bien rêveur, un brin mélancolique et surtout, triste. Comment ça triste? On revient en arrière s’il vous plait. Daichi avait le cœur lourd à cause d’une femme – et il en avait même du mal à sourire? Bon si cet élan de malheur c’était avéré être sa faute à elle – comme quoi Shizuka se gardait un droit VIP d’emmerder son camarade, elle aurait laissé passé l’affront mais là non, une autre femme lui brisait son petit cœur !!! Notre nipponne connaissait assez Daichi pour savoir que, quand il acceptait de s’attacher à quelqu’un, c’était pour longtemps. N’avaient-ils pas été mariés cinq ans? De nos jour, allez trouver une union aussi longue hein! Je voudrais bien vous y voir!! Autant dire que, le peu qu’elle connaissait déjà sur la très chère Yayoi n’avait réussi qu’à lui gagner une place en tête de la liste noire de la journaliste.

Elle ce promis d’ailleurs, mentalement, de lancer une enquête approfondie sur cette demoiselle et de lui faire payer son affront… Seto serait sans doute partant pour une opération séduction. Elle pourrait lui faire subir la même chose, un cœur brisé, une déception. Non, on ne pouvait pas torturer son Dai’ si facilement !! Le poste d’emmerdeuse en chef était déjà pris è.é !!! Après avoir formulé mentalement plusieurs plans pour faire payer à cette pauvre fille qui ne savait pas ce qu’elle venait de déclencher, notre demoiselle reporta son attention sur Daichi. Décidément, il était incapable de se caser tout seul, c’était la seule solution, elle devrait lui trouver quelqu’un …Mais avait-elle vraiment envie de le voir avec une quelqu’une? Doit-on vraiment répondre maintenant… Shizuka est plutôt possessive… D’ailleurs, si elle l’observe autant présentement, c’est uniquement par soucis journalistique! Juste ça? Oui oui et oui bon!!

« Essais au moins d’avoir l’air sincère quand tu me complimentes …»

Elle avait ajouté à cela un sourire en coin, signe qu’elle n’était qu’à cinquante pourcent sincère. Après tout, elle ne faisait que parler du projet d’épouser le père de Daichi, forcément, il n’allait pas lui donner sa bénédiction. Notez ici que cette idée ne se réaliserait jamais, enfin, sauf si le père de Shizuka faisait faillite et allait en prison, alors là oui, sérieusement, elle tenterait peut-être de draguer le père de son ami d’enfance. En de toute autres circonstances, c’est une idée stupide tout juste bonne à en rire… S’en suivit la commande et le serveur douteux qui amena les plats en prenant un plaisir fou à loucher. Franchement, notre demoiselle était certes agréables à regarder mais ce n’était pas non plus une exhibitionniste et ce geste déplacé eut tôt fait de lui faire monter le rouge aux joues alors qu’elle gardait un air fier de menaçant de porter plainte, incluant Daichi dans sa moquerie. À sa grande surprise, il eut l’air plutôt à l’aise avec les surnoms débiles et le jeu de torture, elle sourit avec ravissement.

« Après le repas okay? Je ne voudrais pas qu’il refroidisse alors que tu l’as choisi pour moi …»

Notez quand même qu’elle l’y avait forcé… Et alors? C’est le geste qui compte. Tout sourire, elle observait le plat, il avait du goût, ou alors il se souvenait en partie de la liste d’au moins cinquante aliments que notre demoiselle refusait de manger ou détestait tout simplement. Oui, elle était aussi difficile sur sa nourriture que sur toutes les autres sphères de sa vie. Comme quoi, il fallait respecter des standards très élevées pour être en contact avec notre nipponne, même avec son estomac. Elle l’observait, ramenant sur le sujet sa jalousie. Bah oui, elle avait bien remarqué son air un brin offusqué lorsqu’elle avait parlé d’Hiroto et quelque part, ça la réjouissant. Elle n’était pas exactement d’accord pour partager son meilleur ami avec Yayoi, alors il devrait subir la même chose. Le voyant clamé haut et fort sa non-jalousie, elle sourit de plus belle. Cet air trop doux pour être rassurant…

« Alors, ça ne t’embête pas du tout que j’ai prévu de sortir avec un garçon cette semaine ? n__n si ça marche je te le présenterai alors. Qui sait, il est peut-être mieux qu’Hiro! »

Oui bon, il ne faut surtout pas qu’il sache qu’elle s’amuse à le rendre jaloux. Mais elle ne ment pas hein, elle a bien un double rencard avec Hiro et Johnny et un illustre inconnu. Bon d’accord, elle ne sait pas que son escorte, avec qui elle tente de rendre Dai’ jaloux, c’est Daichi lui-même, mais en attendant, ça marche? Pourquoi est-ce qu’elle tirait un certain plaisir à savoir qu’il ne voulait pas la partager ? Peut-être parce que personne ne s’en fait pour elle à part lui ? Qui sait… elle c’était toujours dit que, si elle disparaissait, personne ne le remarquerait, mais Daichi semblait au contraire très accroché et ce, malgré leur divorce, ça donnait envie de tester ce lien. Oui c’est cruel et malsain, mais il faut la comprendre, elle est très rationnelle, elle doutait souvent. Et puis, elle était honnête, elle avait bien une soirée avec un autre garçon…

« Ça ne te dérange pas du tout hein ?»

|| Sorry pour le délai et pour le post pourri, les examens ont eu ma peau. Je me rattraperai my love ~ <3 ||

Ce n’était pas vraiment de la faute à Yayoi en tant que tel si Daichi se mettait dans un tel état en disant son nom. Après tout elle n’était pas obligée d’avoir des sentiments réciproques… enfin ça serait quasiment bien qu’elle le fasse, mais c’était plus complexe que ça. Il s’en voulait plus à lui-même de ne plus lui avoir avoué ses sentiments, bon il ne pouvait pas faire grand-chose avec tout ça. En dehors de peut-être lui avouer plus tard, parce que bien évidemment ça serait trop compliqué de le faire maintenant. Encore plus puisqu’il était avec Shizuka. En même temps il était bien content que son amie d’enfance pense encore à lui, en lui proposant qu’elle allait le marier s’il ne trouvait personne. Ça serait vraiment gentil de sa part, mais il n’était pas si désespéré. Quoi que ce serait vraiment agréable de la marier, ça serait comme… un retour dans le passé peu importe comment on pouvait bien appeler cela.

Je suis très sincère.

Le serveur douteux énervait un peu Daichi, mais il trouva amusant de le troubler en disant qu’il allait « s’en occuper ». Il parlait bien sur en tant que super futur avocat, mais ça pourrait toujours être d’une autre manière. En fait il n’était pas si à l’aise que ça avec les surnoms débiles, mais il était tout de même un acteur acceptable par moment, donc il avait fait semblant de l’être. En même temps il était vrai que ce serait dommage qui le repas refroidissait. Dai’ hocha donc la tête en souriant en coin. À vrai dire, il n’avait pas eu vraiment le choix de choisir pour elle puisqu’elle ne lui avait pas permis d’en faire autrement. Cependant, le repas semblait lui plaire ce qui avait été le plus important dans le fond. Après tout, le fait qu’ils soient divorcés ne changeait à leur relation. Elle restait tout de même sa meilleure amie et son ex-épouse avec laquelle il avait une très belle entente.

Il te plait au moins ?

Le sourire de Shizuka aurait pu être suffisant pour lui répondre, mais il préférait quand même lui demander au cas où. De cette façon il pourrait commander quelque chose si ça ne lui plaisait pas. Quand même Daichi était un gentleman; il voulait plaire à la dame. Par contre il n’appréciait pas vraiment le fait qu’elle trouve amusant de l’embêter au sujet de sa jalousie… Il n’était pas vraiment jaloux, c’était simplement pour lui faire plaisir voyons ! Cette théorie aurait peut-être pu duper quelqu’un qui le connaissait moins, mais les chances que Shizuka tombe dans le panneau étant plutôt mince, il préféra changer de sujet ou du moins nier qu’il l’était.

Il fut donc surpris d’entendre qu’elle allait sortir avec un gars quelconque pendant la semaine. Ça lui fit bizarre de l’entendre. Après tout, il avait beau être en désaccord avec le fait qu’elle s’intéresse à son meilleur ami, mais Hiroto était quelqu’un de bien, Daichi en était tout simplement convaincu. Donc le choc aurait probablement été moins grand. Par contre si c’était un type complètement inconnu… Disons que Dai’ n’était pas nécessairement d’accord, mais en même temps Shizuka était assez grande pour décider de ce qu’elle faisait de sa vie. Puis, il y avait aussi le fait que lui-même avait un rencard pendant la semaine… Bien sur, il ne comptait pas vraiment le dire à la demoiselle puisque de toute façon c’était uniquement pour dépanner Hiroto. Tentant d’avoir l’air… pas jaloux il sourit un peu en demandant :

Tu sais son nom ?

Comment ne pas être subtil pour les nuls ? Il était probablement évident pour n’importe qui le connaissant que Daichi ferait une recherche sur le type ne question, de cette façon il pourrait voir si le type était bien et accessoirement le casser quelques os s’il osait faire quoi que ce soit de négatif à Shizuka. Ce qu’il ne savait pas, c’était que le type en question n’était nul autre que lui-même! Ce détail lui échappait complètement et probablement que ce serait plus drôle s’il l’apprenait qu’une fois à la soirée pour les pandas. La voix de Shizuka le ramena dans la conversation…

Bien sur que non, je te l’ai dit je ne suis pas jaloux.

Évidemment quand on affirme quelque chose en regardant ce qu’on s’apprête à manger ce n’est jamais vraiment subtil, mais bon, puisque c’est de Daichi qu’on parle on va juger que c’est simplement normal et qu’il ne faut pas lui en vouloir. Enfin bon, il réalisa enfin que la conversation se dirigeait vers un terrain ou il se ferait taquiner à coup sur et puisqu’il n’en avait pas envie…

Et puis j’ai moi-même une sortie cette semaine…

Se la jouant légèrement mystérieux, il ne donna pas plus d’information. Il voulait simplement voir si Shizuka serait jalouse. Parce que bon il fallait bien lui rendre la monnaie de sa pièce èwé.

[Il est très bien ton post èwé Le mien par contre... =/]