Dans le même bâteau, tu savais? [PV Juka]

Tic, tac, tic, tac… Si seulement cette fichue horloge murale pouvait cesser de le narguer de la sorte, peut-être alors le garçon allait pouvoir se calmer quelque peu… Les nerfs tendus, il commençait à avoir la rage à force d’attendre. Ce débile de professeur de stratégies marketing devait s’enregistrer et se réécouter par la suite afin de mieux comprendre à quel point il était une véritable plaie pour ses étudiants, si ce n’était pas non plus pour la société. En effet, c’était une de ces personnes avec un total manque de personnalité, voire plus qu’insignifiant aux yeux de MinHwan Park qui ne comprenait rien à rien de ce que cet homme pouvait bien marmonner dans son cours. C’était à se demander pourquoi il n’avait pas veiller à annuler ce cours des plus mortels… Était-il masochiste? Qui sait, il venait peut-être de se trouver une nouvelle facette de sa personnalité qu’il ne reconnaissait pas encore. Une chose était certaine, le coréen allait finir par se lever par lui-même et prendre la porte même avant la fin de ce cours si le monde continuait à vouloir le faire chier de la sorte… Après tout, ce bouffon à l’avant ne voyait-il pas que toute la classe était achevée?

« Cinq, quatre, trois…» Faisant virevolter son stylo à bille entre ses doigts, l’air ailleurs dans une position fort inadéquate pour une salle de classe, voire bien confortable sur sa chaise comme si il s’agissait là de son divan de salon, l’étudiant murmurait à lui-même avec un léger sourire naissant sur le coin de ses lèvres. « … Deux, un, bingo!»

Le professeur venait d’annoncer la fin du cours, laissant alors le garçon se lever aussitôt et se précipité vers la sortie sans même faire attention aux autres étudiants qui se réveillaient tous doucement d’un tel choc. Le monde le saluait enfin! À lui la liberté, si il pouvait seulement oublier les devoirs qui l’attendaient dans le même cours. Au diable alors ces détails insignifiants, c’était le temps de faire la fête, pas vrai? Nous étions désormais le week-end depuis à peine cinq minutes, il fallait donc en profiter! Ajustant son sac à bandoulière sur son épaule, l’étudiant se faufila à travers les regroupements de gens afin de quitter les lieux au plus vite. Il en avait marre d’entendre parler de tout ce qui pouvait être académique. Or, quitter le campus était l’unique chose à faire. C’est d’ailleurs ce qu’il fit en sautant sur le premier autobus qui attendait à l’arrêt. Il prit alors le premier siège de libre qu’il vit et s’y installa, quand son portable vibra dans sa poche de veston. Ayant sursauté, MinHwan alla tout de même le prendre afin de constater qui était le destinataire de son message texte :

Un sourire s’afficha sur le visage du coréen qui s’empressa de répondre d’une réponse affirmative. De toute façon, pourquoi pas? Il ne risquait rien en y allant, si ce n’était que de rentrer trop saoul chez lui… Puis, il était à exclure qu’une folle n’ose mettre la drogue du viol dans son verre, ce qui ne risquait pas d’arriver…

Le point de rencontre se faisait à l’entrée de la boîte en fin de soirée. Déjà, plusieurs personnes faisaient la file pour entrer et danser jusqu’au petit matin –d’autres afin de boire leurs émotions, mais c’était un point de vue quelque peu pathétique-. Saluant les gens de son groupe, MinHwan remarqua une fille qu’il ne connaissait pas, mais se retînt de placer un commentaire désobligeant. De toute façon, il aurait été obligé de le crier puisque la musique qui sortait de l’enceinte était trop forte. Néanmoins, il ne chercha pas à être subtil lorsqu’il se mit à la regarder de biais, un léger sourire narquois sur les lèvres. À savoir pourquoi, d’ailleurs. C’était une habitude pour lui, il ne fallait pas lui en vouloir.

Le Doorman finit par les laisser entrer lorsque ce fut à leur tour. L’ambiance de la soirée s’annonçait assez agréable et pour dire vrai, MinHwan ne s’attendait à rien, ne serait-ce qu’à décompresser. Tant et aussi longtemps qu’il n’avait pas à plonger sa tête dans ses livres de cours, il était au paradis. Or, se dirigeant au bar, il alla se commander un verre, puis un autre. Les deux dans ses mains, il revînt alors vers son groupe, tout en se faufilant derrière l’inconnue à qui il tendit son deuxième verre par-dessus son épaule tout en allant dire à son oreille :

« Tu peux croire et penser ce que tu veux de moi, mais t’inquiète, j’ai rien mis dans ton verre… Tu le prends que si tu le veux.»

Il se décolla alors d’elle afin d’aller se positionner devant la jeune femme qu’il ne connaissait pas, mais pour qui son visage lui disait quelque chose. Elle était étudiante à Todai, ça, c’était certain. Cependant, il n’aurait pas pu dire son nom, ni en quoi elle étudiait. De toute façon, ce n’était pas important… Leur but premier était de s’amuser, sans quoi ils ne seraient pas venu tous les deux, pas vrai? Pourtant, ses amis manquaient quelque peu de classe pour avoir omis les présentations. Or, d’un sourire qui se voulait charmeur, le garçon tendit sa main pour se présenter lui-même…

« Hajimemashite! MinHwan Park desu. À qui ais-je l’honneur? »

À croire que tout aurait pu bien se passer, voire calmement, une soirée banale entre copains avec de nouvelles rencontres, mais il fallait croire que cela aurait été trop beau pour pouvoir être vrai. En effet, sans même crier gare, le garçon se fit bousculer sur la jeune femme qu’il alla plaquer contre un mur… Ce ne devait pas être là ce qu’il y avait de plus grave, compte tenu des dégâts visibles sur leurs vêtements à tous les deux. Effectivement, les verres s’étaient renversés à moitié sur l’un et l’autre, tandis que le responsable n’était même pas fichu de s’excuser pour sa faute. Se retournant sur le champ pour voir si il parviendrait à repéré l’imbécile qui venait de faire ça –tout en lui ayant rentré un coup de coude dans le dos, le con-, MinHwan ne réussit pas à le repéré dans la foule. C’était un coup de chance alors pour cet énergumène qui allait encore pouvoir vivre un peu plus longtemps…

« Aigooo! Quel taré! Ma chemise est fichue, merde… » s’écria-t-il sans même avoir remarqué qu’il n’était pas le seul dans cette situation. « C’est que toi aussi… Gomen! Si j’aurais su qu’un pauvre type déjà trop saoul en début de soirée me serait rentré dedans… Tu veux peut-être aller faire sécher ça?»

Au juste, par simple curiosité, depuis quand MinHwan Park agissait de la sorte? Non seulement il aurait tué l'imbécile, mais en plus, il aurait sans doute mis la faute sur la pauvre fille en temps normal, à défaut d'avoir un coupable -puisque le véritable accusé avait pris les jambes à son cou-. Aucune idée, mais c'était bien étrange. Une chose était certaine, il était très désagréable de porter des vêtements trempés et légèrement collant.

Il avait eu raison de fuir, ce raté… Voire même que l’étudiant lui aurait même conseillé de changer de pays –et pourquoi pas d’identité un coup parti?- afin de sauver sa peau. Grâce à cet imbécile qui n’avait pas bien appris à marcher lors de son jeune âge –pauvre enfant-, MinHwan Park passait pour le maladroit ou pire encore, le pauvre type qui avait plus d’un tour dans son sac. En fait, le dernier point n’était pas totalement un mensonge, mais retirons cependant le « pauvre type » du qualificatif, voulez-vous? Puis, pour une fois, il n’avait pas eu envie d’user de ses charmes sur la demoiselle, alors pourquoi cela devait lui arriver? Bon d’accord, avec quelques verres d’alcool dans le sang, la soirée du garçon se terminait toujours par un flirt quelconque, mais pour le moment qu’il était sobre, le but n’était pas encore d’en arriver là. Or, maudissant toujours l’inconnu qui ne s’était même pas excusé d’abord, MinHwan se mit à secouer sa chemise trempée par son verre au complet… Pas même une goutte n’était demeurée dans son verre dont il n’avait même pas encore goûté. Cette vulgaire chemise n’était rien d’autre qu’une sale égoïste alcoolique! Comme quoi la soirée s’annonçait bien arrosée… Bon d’accord, restons-en là avec les jeux de mots débiles.

Pendant qu’il était bien trop occupé à rager contre le coupable et à essayer d’éponger sa chemise blanche –qui n’était plus très blanche-, le garçon n’avait pas encore pris conscience qu’il n’était pas non plus la seule victime dans tout ça. En effet, la jeune femme se retrouvait dans le même état que lui. Pourtant, MinHwan était bien trop concentré à se dire qu’il avait bien fallu que son karma ne lui joue des tours et l’empêche d’avoir revêtit sa chemise noire plutôt que la blanche après un long dilemme devant son miroir. En effet, ce devait être une vengeance contre sa personne, alors il était nécessaire qu’il soit marquer par ces tâches rougeâtres, voire rosées, de son vodka canneberge. Si seulement il avait pris la chemise noire, si seulement! Bref, cela ne valait plus la peine de trop y penser… Au dernier recours, il n’avait qu’à en rire auprès des gens afin de ne pas avoir l’air trop débile. En effet, rendre la situation en sa faveur était la meilleure chose à faire pour un être aussi fier qu’il ne l’était. L’option de retirer sa chemise était aussi envisageable, mais il se faisait un devoir de protéger les pauvres yeux purs et chastes des jeunes femmes de son corps de dieu coréen. (Pardon? Non, mais pas du tout, c’est juste à la limite du narcissisme, mais ça ne l’est pas totalement!) D’ailleurs, il lui était impossible de venir en aide à cette fille devant lui, toujours plaquée contre le mur par l’accident, même si il l’aurait voulu… Épongée le décolletée d’une fille n’était jamais bien pris par cette dernière et pour être tout à fait franc, MinHwan avait eu sa dose de gifles pour la semaine entière. Ainsi, plutôt que de n’entrer en terrain dangereux, il lui tendit son mouchoir avec lequel il s’était essuyé en premier lieu. (Comme quoi il existait encore des hommes avec des mouchoirs en tissus… Mais détrompez-vous, MinHwan se le réservait uniquement pour les cas comme celui-ci… Être le chevalier servant des demoiselles, c’était toujours plaisant pour ces dernières). Malgré tout, ce dernier fut déstabiliser par la réaction de la dénommée Juka Namida.

Avait-il bien compris la situation ou venait-il de manquer le bout le plus important? Aucune idée, mais elle était loin d’être fâchée… Tant mieux, tant mieux! Malgré tout, MinHwan s’attendait à une crise d’hystérie, mais il fallait croire que cette fiche se fichait complètement de ses vêtements tant et longtemps que son verre était encore à moitié plein. Ne pouvant alors s’empêcher de rire, MinHwan hocha la tête pour répondre à la proposition. Il la vit alors boire la moitié de son verre d’un cul-sec avant de le lui tendre. Sourire en coin, le garçon ne pouvait pas dire qu’il était impressionné, mais il ne pouvait pas non plus nier que cette fille était plutôt spéciale. Si c’était un point positif, alors là, il était encore trop tôt pour le dire.

Prenant le verre qui lui était tendu, l’étudiant la remercia et le but d’un cul-sec à son tour, sans néanmoins la lâché du regard. Ce n’était pas un de ces regards perçants ou scrutateurs, non, il s’agissait plutôt d’un regard qui cherchait plutôt à lire et résoudre l’énigme que constituait son a personne. Qui était-elle ou plutôt, quel genre de fille elle était? À savoir pourquoi, MinHwan ne votait pas pour la traditionnelle. Ce n’était pourtant pas pour lui déplaire non plus. Or, toujours de son éternel sourire en coin, il la regardait en essayant de trouver une réponse. Visiblement, elle était plus difficile à déchiffrer qu’il ne l’aurait pensé. Il n’en était que de son sourire énigmatique qu’elle arborait sur son visage depuis sa proposition qu’était de partager son verre. D’ailleurs, heureusement pour lui qu’il n’était pas du genre à mettre de la drogue dans ceux-ci, sans quoi il aurait été mal barré… Bah, quoique, deux imbéciles s’écroulant par terre, cela pouvait toujours être bien marrant, mais vu qu’il s’agissait de lui, ça l’était beaucoup moins. Enfin, cela ne servait à rien d’imaginer de toute façon, car il n’avait rien mis et n’aurait même jamais osé le faire. Il était sans doute un salaud et un trou du … à temps pleins, il n’était pas non plus désespéré au point d’obtenir ce genre de truc de cette façon. C’était selon lui, très pathétique.

« Enchanté, Juka-san… Je présume que je te dois la moitié d’un verre, maintenant?»

Était-ce une invitation à boire avec lui? Mais certainement. Visiblement, elle ne semblait pas faire partie de son groupe à force d’y réfléchir –en effet, il avait dut se tromper vu leur proximité dans la file à l’extérieur- et semblait même être seule dans un endroit pareille. Or, aussi bien lui tenir compagnie et décompressé ensemble? Des soirées en tête-à-tête avec soi-même, ce n’était pas une option pour le jeune homme, alors il imaginait que ce devait être la même chose pour Juka.

« Alors, c’est un oui? C’est moi qui offre, va de soi. Puis, tu ne peux rien faire contre ça maintenant, nous sommes liés par le même verre désormais. »

D’un sourire malicieux et charmeur, il accompagna le tout d’un haussement d’épaule comme quoi tout cela n’était rien d’autre qu’une fatalité; qu’il fallait donc se faire une raison et accepter.