Pluie, orage et ennui... [PV Hiroto Kaname]

Pluie, orage et ennui...

PV Hiroto Kaname

Être parfait, soit paraître pour celui que l’on n’est pas, faire ce que les autres attendent de nous, mais qui ne nous tente pas. Était-ce réellement une vie, tout ça? Probablement pas. Pour commencer, la perfection elle-même n’existait pas, peu importe ce que l’on sacrifiait pour y parvenir. Plus on s’approchait d’elle et plus elle s'éloignait. C’était ainsi; c’était un fait. La vie elle-même était imparfaite, alors ceux qui la vivait l’était aussi forcément, d’une certaine manière. Pourtant, tout le monde semblait avoir d’innombrables attentes envers le jeune homme et le percevait, avant même de prendre la peine de le connaître, comme étant la perfection tombée du ciel. Pourtant, il n’y avait pas pire illusion mensongère que celle-ci. D’ailleurs, c’était une chose qui décourageait l’étudiant en marketing de Todai. Même ses propres parents attendaient impatiemment le jour ou leur unique fils daignerait enfin voir la réalité en face et choisir le droit comme projet de vie, comme eux, sans savoir qu’il n’y avait rien qui ne l’enrageait plus que cela. Ses faits et gestes étaient tous scrutés et jugés minutieusement… On finissait alors par conclure que l’étudiant était tout sauf de sang divin. Il était même difficile de croire au premier coup d’œil que tout ce que l’on racontait sur lui était pourtant la stricte vérité. Et bien qu’il s’agisse de son comportement dont beaucoup souhaitait le changement, MinHwan Park était loin de vouloir le faire. Même si sa vie était perçue comme une perte de temps complète, il se plaisait dans son bakaïsme détestable que composait sa personne. Aussi bien dire que le jeune homme avait besoin d’action dans sa vie, quelque chose de peu concret et dont il pouvait improviser au fur et à mesure. Une rencontre soudaine, peut-être? Peu importe… Tout était bon pour lui, car il avait la programmation et les agendas en horreur…

MinHwan Park s’était réveillé comme à l’accoutumée, d’une étrange mauvaise humeur et d’un mauvais dynamisme; il n’avait pas envie de courir et de sauter partout en cette journée pluvieuse, voire même de ne rien faire du tout. La température maussade devait alors jouer un grand rôle sur ses envies qui, elles, étaient lâches et paresseuses. Au diable alors les travaux de son cours de marketing qui l’attendaient sur le coin de la table. La vie, même en temps de pluie, était trop courte pour la passer à faire de tels devoirs qui n’étaient rien d’autre que de la torture gratuite par les professeurs. Or, afin d’éviter ce qui allait l’attendre inévitablement à son retour, qu’il ne le veuille ou non, car aucune âme charitable ne se proposerait à les faires pour lui, le garçon avait passé sa journée à traîner ici et là dans le centre commercial, puis dans le parc, sans même un parapluie. Les gens l’avait regardé de travers, mais à quoi bon? Il s’en foutait, il n’avait que faire de leur opinion; cela aurait été la meilleure! De toute façon, il ne jetait aucun regard à ceux qui l’entouraient, comme quoi ils étaient tous insignifiants à ses yeux. Il marchait tout simplement, même si il se faisait tremper jusqu’au os. MinHwan n’avait envie de rien d’autre, pas même de retourner chez lui… Ce qu’il avait besoin, c’était sans doute la présence d’un très bon ami pour lui faire changer les idées. Car non, le désir de rester avec lui-même comme seule compagnie sous cette pluie n’était pas dans ses plans. Il ne se détestait pas, mais il ne se trouvait pas non plus très sociable envers soi-même. Il ne désirait pas non plus se rendre malade au point de manquer les cours, malgré qu’il aurait bien voulu pouvoir éviter la torture qu’était les ces derniers.

Ainsi, sans même réfléchir, il alla prendre son portable comme un automatisme pendant qu’il entrait en même temps dans un petit café. Le garçon alla donc s’asseoir sur un haut tabouret d’un comptoir du commerce, tourné vers la grande vitrine. Il se mit à regarder quelque peu la pluie tombée dans la rue… À croire que cette fichue eau avait finit par l’asperger comme si il était tombé dans une piscine! Ses cheveux ondulaient légèrement sur ses oreilles, dégoulinant sur sa veste déjà toute trempée, lui collant à la peau tout comme ses jeans qui étaient tout sauf confortables à l’instant même. Ses souliers, eux, était une vraie marre; il ne manquait plus que les canards en plastique pour compléter le tout. On s’en rendait bien compte lorsque le jeune homme avait marché jusqu’à sa place, faisant des “squack” à chaque pas… La nuit était tombée; il devait être environs 21h et Park venait d‘arrêter sa marche sous la pluie depuis un quart d’heure déjà. Le ciel était noir, les lumières de la ville clignotaient selon les feux de circulations, des panneaux publicitaires ou encore, des habitations. Les voitures roulaient sur la rue, ici et là, de gauche à droite, vers l’avant et vers l’arrière, arrosant quelques malheureux passants en chemin… L’étudiant, lui, se contentait de regarder, l’esprit ailleurs. La paille de son milkshake sur le bord des lèvres, ses deux mains contournant le verre, il avait l’air d’un débile en pleine dépression, mais en réalité, il s’ennuyait tout simplement. Le temps passait tout comme ses piétons dans la rue, devant lui, soit très lentement. Personne ici ne faisait attention à lui; était-ce une bonne ou une mauvaise chose?

Les petites clochettes de la porte du café se firent alors entendre, indiquant qu’un nouveau client venait soit d’entrer ou de sortir, mais MinHwan n’y avait pas porté la moindre attention, étant trop pris dans ses pensées et sa contemplation de la vie nocturne dans le centre ville de Tokyo. Pourtant, si il s’y serait attardé ne serait-ce qu’un instant, il l’aurait peut-être reconnu sur le coup et son visage aurait sans doute pris un peu plus de couleur… Malgré tout, le garçon ne le vit pas, ne quittant pas une seconde sa vision devant lui. Ceux qui affirmaient alors qu’il était antipathique n’avait peut-être pas tord… Du moins, jusqu’à ce qu’un bruit de crissement de chaise à ses côtés ne capte son attention, enfin. Le déconcentrant sur le coup, MinHwan tourna la tête vers sa droite, l’air un peu surpris. Pourquoi venait-on s’asseoir près de lui quand il avait une tête de psycho et surtout lorsque le café était presque vide à cette heure? C’est alors qu’il le vit, prenant conscience de sa présent à ses côtés… Un sourire s’afficha alors sur le champ. Comment pouvait-il détourner les yeux et faire comme si de rien était? Son ami venait d’apparaître de nulle part quand il avait justement envie de le voir!

« Et bien, qui voyons-nous là… Tu dois avoir un de ces dons psychiques pour avoir lu dans mes pensées! Pile à l’heure! Tu t’es fait prendre par la pluie? Pas d’bol!»

Détournant alors les yeux vers l’extérieur pour lui pointer l’averse, le garçon se mit à rire. Rien de bien méchant, pour une fois. De toute façon, il n’était pas le mieux placer pour se moquer puisque personne ici ne pouvait le battre en ce qui concernait le nombre de litres d’eau absorbés par ses vêtements! D’ailleurs, il commençait à faire des orages; cela expliquait pourquoi les gens courraient dans la rue, essayant de se protéger de la pluie glaciale. Il était désormais impossible de rentrer, mais au moins, la soudaine présence d’Hiroto Kaname ne lui donnait pas non plus le goût de quitter soudainement les lieux… Après tout, il était en bonne compagnie maintenant! On était loin d’une conversation en tête à tête avec le subconscient de MinHwan Park! –Comme cela aurait été pénible, pauvre enfant!-.

« J’allais justement t’appeler, pour voir si tu étais très occupé… Tu vois, je m’ennuyais un peu… beaucoup. D’ailleurs, ce devoir de marketing ne me donne pas envie. Je me trouve bien plus sympathique que ce torchon à remettre pour la semaine prochaine. Peu importe, qu’est-ce qui t’amène ici? Ne me dis pas que t’avais envie tout bonnement d’un lait frappé toi aussi, j’aurais de la difficulté à te croire, dans la mesure où c’est cette fichue pluie qui m’amène dans un endroit pareille….»

Les parents d’Hiroto, tout comme ceux de MinHwan, attendait beaucoup de leur fils unique. Il n’était certes pas parfait, mais il était apprécié de beaucoup de gens. Son attitude générale était exactement ce que les gens attendaient de lui. Il ne faisait rien pour déplaire aux autres, mais restait quand même ce qu’il était réellement. Disons qu’Hiro était vraiment sur la limite entre apprécié et détesté. Peu de gens ne l’aimaient pas, mais il fallait être honnête, ils l’appréciaient pour une façade de lui. Cette façade était vraie, dans le sens que c’était vraiment qui il était, mais il manquait quelque chose. Il n’était pas seulement le mec sympathique qui faisait toujours des fêtes. Les gens ne semblaient pas trop s’en rendre compte et c’était surement pour cela qu’ils attendaient beaucoup de lui. Généralement l’universitaire lançait des pistes pour dire aux gens qu’il était autre chose que ce qu’il attendait de lui. Qu’ils les voient et les comprennent c’était autre chose, mais il était évident que ses meilleurs amis, donc la Fraternité et quelques autres personnes, l’avaient remarqués. Du moins, c’était ce qu’Hiroto espérait. En tout cas, il était évident que Date et Daichi le savait plus que d’autres puisqu’il connaissait le premier depuis très longtemps. Pour ce qui était de la princesse… c’était simplement parce que Daichi était son meilleur ami, son frère de cœur. Deux autres personnes en savaient probablement plus que la moyenne. Il y avait Johnny, simplement à cause des discussions qu’ils avaient eu.

Et puis il y avait MinHwan. Son camarade de marketing était dans une catégorie à part. Dans le sans qu’ils agissaient différemment entre eux qu’avec les autres. MinHwan n’était pas du tout le personnage que tout le monde croyait. Enfin il était différent, mais surtout il y avait une raison derrière son attitude. Raison qu’Hiroto taisait au plus profond de lui-même. Peut-être que s’il le disait aux gens de leur département, ils seraient plus porté à apprécier MinHwan pour ce qu’il était vraiment. Ce serait surement le cas, mais ce n’était pas nécessairement ce que son ami voulait. Simplement par respect, Hiroto tachait de ne pas le dire à qui que ce soit. Parce que l’attitude de son ami était différente avec les autres. Une sorte de mise en scène, quelque chose qui échappait complètement à Hiro.

Pensant à tout cela distraitement, il dit à ses parents qu’il allait sortir. Sans même regarder la température, sans même regarder les nuages qui commençaient à être vraiment menaçant. Il avait la tête ailleurs ces temps-ci. Les examens approchaient, Noël approchait, la fin de l’année commençait même à approcher ! En tant que membre de la Fraternité, il se devait de préparer quelque chose pour leur dernière année. Il ne savait pas quoi, mais cette idée occupait tout de même la plupart de ses pensées. Le reste était surtout concentré sur Johnny. C’était peut-être normal, il ne le savait pas vraiment. Passant une main dans ses cheveux, il prit son automobile et conduisit jusqu’au centre-ville de Tokyo. Il trouva rapidement une place pour se garer, comme quoi il était vraiment chanceux de nature, puis sortit de son véhicule.

C’est alors qu’il remarqua le ciel. Il ne faisait pas beau, mais en plus le tout commençait à obscurcir. Il devait être 20h peut-être même 21h. Hiroto haussa les épaules en se disant que de toute façon, il était assez grand pour s’occuper de lui-même. Une pluie fine commença lentement à tomber et il ne s’en préoccupa pas le moins du monde. Ce ne fut que lorsqu’elle s’intensifia, c'est-à-dire très rapidement soit quelques instants après, que le jeune homme fut obligé de chercher un abri. Il n’avait pas de parapluie et la seule boutique qui pouvait être intéressant près de lui, c’était un café qui servait de délicieux milkshake. Hiro haussa les épaules et poussa la porte.

Ébouriffant ses cheveux pour enlever le plus d’eau, il aperçut une tête qu’il connaissait bien… Était-ce… MinHwan ? Un sourire enchanté apparut sur les lèvres de l’universitaire qui salua le type derrière le comptoir et se dirigea sans plus attendre vers son ami. D’ailleurs, ce dernier ne semblait pas du tout l’avoir vu. Tant mieux, ça ferait une belle surprise ! Déplaçant le banc qui était près de MinHwan, Hiroto prit place avec un immense sourire sur les lèvres. Son rire rejoint rapidement celui de son ami après que ce dernier ait parlé. Bien sur qu’il avait des dons psychiques ! Sauf peut-être pour la température…

- Tu peux bien parler. Tu as l’air, non tu es complètement trempé !

Que ce soit la façade ou sa personnalité profonde, Hiro avait toujours été d’un naturel enjoué. Une petite douche surprise ne brisait pas son moral, même s’il préférait être au sec. Écoutant attentivement ce que MinHwan lui disait, il ne put que sourire davantage. Il avait lui-même pensé à appeler son meilleur ami. Le devoir de marketing ? Hiro arqua légèrement son sourcil jusqu’à temps qu’il se rappelle ce qu’était le devoir en question. Ah! Pour sa part, il l’avait déjà fait depuis un bon moment, mais il fallait avouer que malgré tout il était un élève modèle. Lorsqu’il ne s’amusait pas avec MinHwan dans le fond de la classe, Hiroto aidait les professeurs avec les étudiants moins doués ou faisait quelque chose pour aider ses autres camarades de classe. C’était dans sa nature que de vouloir aider les gens, mais c’était également dans sa nature de toujours vouloir bien réussir. Probablement que grâce à cette attitude, il était assez connu dans son département enfin…

- Effectivement je me suis fait prendre par la pluie, mais j’aurais très bien pu aller à un autre endroit. Je dois vraiment être un devin pour avoir su que je devais venir ici! Sinon pour le devoir de marketing, je dois avouer que je l’ai déjà terminé… Sauf que tu as raison, tu es bien plus sympathique è-é.

Le tout dit sur le ton le plus sérieux possible tout en considérant le fait qu’Hiroto était tout simplement en train de se retenir de rire et qu’il se marrait vraiment. La seule présence de MinHwan le rendait plutôt heureux, parce que ça lui faisait quelqu’un de bien avec qui parler. Commandant un milkshake question de consommer pour ne pas se faire mettre à la porte, l’universitaire demanda joyeusement :

- Je t’aurais bien proposé d’aller dans une boite de nuit maintenant que je suis là, mais je n’ai pas envie de mettre le nez dehors avec ce temps. T’aurais pas une idée de ce qu’on pourrait faire ?

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