On peut avoir un BlackJack...Suite [Jo']

Maintenant qu'elle y pensait, elle se sentait étrangement nerveuse. C'était plus compliqué que prévue de faire entièrement confiance à quelqu'un.
Johnny serra un peu plus fort la lanière de son sac et eut un bref moment de panique qui sembla passer inaperçu aux yeux de Min-Oh qui entrait dans l'immeuble défraîchi.

Elle avait beau avoir été habitué à ne pas se soucier des extérieurs ou même d'accorder une quelconque importance à l'endroit où l'on vivait, ça restait l'immeuble le plus petit dans lequel elle était jamais entré. Mais ce n'est pas ça qui fit hésiter Johnny. Loin de là.

Non, ce qui sembla éveiller un sentiment confus fut le fait de percuter enfin qu'ils allaient dans son appartement.
Elle n'était jamais entrée chez un garçon à part la chambre de Nelson, mais c'était son petit frère et tout y était méticuleusement rangé. Puis ça restait la famille. Imperceptiblement Johnny se recroquevilla un peu. Elle allait dire quelque chose mais ne trouva pas de phrases intelligentes. Après tout c'est elle qui avait insisté. A plusieurs reprises il l'avait repoussé et avait souhaité continuer son chemin seul. Maintenant qu'elle y réfléchissait à froid, tout ce qu'elle avait dit aurait pu être interprété de travers, sauf que depuis le début, elle savait aussi qu'il était honnête.

Oh il s'était efforcé de lui faire comprendre le contraire mais il aurait pu se montrer autrement s'il avait réellement été mauvais.

Cette pensée sembla rasséréner la jeune fille et elle monta à son tour les escaliers, juste derrière le coréen.

Les rampes étaient de bois vieillis mais au moins elles étaient propres et les escaliers avaient sincèrement besoin d'être refaits tellement ils grinçaient. Quand elle pense à l'argent que la mairie avait gaspillé juste pour rajouter quelques centimètres (les voitures étaient soi disant trop grandes) dans sa rue alors que cette immeuble là aurait pu être retapé un peu avec... c'était n'importe quoi.

Min-Oh retira de sa poche arrière une clé simple qu’il introduisit avec une grimace dans une porte nue. La nervosité de Johnny réapparut instantanément et elle jeta un regard incrédule au garçon. Il semblait lui aussi un peu gêné et dans un tic nerveux elle le regarda passer sa main sur sa nuque. Le geste avait été rapide mais il accrocha un petit sourire sur le visage de Johnny bien malgré elle. Il travaillait peut-être parfois en tant qu’hôte mais au moins, ce n’était pas un dépravé qui ramenait plein de personnes chez lui (en l’occurrence filles) vu comment il agissait présentement.

Prenant une légère inspiration, elle entra enfin dans l’appartement. C’était une chose la théorie vraiment, mais la pratique ça avait un autre goût. Elle avait beau savoir que tout le monde n’habitait pas de larges pièces lumineuses ou même, comme elle, de maison spécialement construites sur un schéma écologique, voir un petit appartement dont les murs avaient un papier peint qui ne tenait plus la route et où la lumière pénétrait mal avait quelque chose de surréaliste.

Au moins il avait un toit.

Johnny ne sut pas vraiment où retirer ses chaussures et voyant que Min-Oh ne semblait pas enclin lui-même à le faire, elle avança doucement jusqu’au centre de la pièce et enleva son sac en bandoulière. La vue des cannettes et autre bouteilles et détritus lui fit froncer les sourcils. Il fallait vraiment qu’elle s’occupe de lui. Au moins pour les cigarettes.

C’est seulement quand il retira la bassine d’un placard que Johnny comprit qu’il était tout prêt de la gazinière et que donc ce petit coin devait être la cuisine.

« Oh. » laissa t’elle échapper surprise avant de se reprendre et de tendre la main à son tour pour prendre les vêtements que Min-Oh lui apportait.

« Tu peux te changer là-bas, il y a aussi de quoi te rafraîchir le visage et les mains. » 

Johnny acquiesça et murmura un merci ne sachant pas trop où aller. "Là-bas" à vrai dire ce n’était pas bien loin.
La jeune fille hésita un quart de seconde en regardant Min-Oh plonger ses mains dans l’eau.

C’était ridicule. Il fallait vraiment qu’elle arrête de se sentir nerveuse à tout bout de champ!

Entrant d’un pas résolu dans le renfoncement, Johnny ouvrit la bouche de surprise en voyant le lit défait et rougit violemment à la chose. Plus embêtée qu’elle ne l’aurait voulu (c’était toujours quand elle voulait avoir l’air très cool et très détachée qu’elle n’y parvenait pas : la poisse !), Johnny tacha de se focaliser sur ce qui était important : se rafraîchir.

L’eau fraîche arracha un soupir de satisfaction des lèvres églantines de Johnny qui ferma les yeux un quart de secondes. Elle avait eu plus besoin de ça que prévu et l’odeur du sang séché avait commencé à l’indisposer sans qu’elle s’en rende compte. Elle frotta un peu ses avant-bras qui portaient encore la marque sanguinolente des mains de Min-Oh et regarda pensivement les volutes rouges se dissoudre dans l’eau. C’était une drôle d’après-midi. Si on lui avait dit qu’en sortant des cours, elle aurait été prise dans une cavale et aurait terminé sa journée chez un jeune homme inconnu, elle aurait hurlé à la diffamation et au scandale.

Johnny jeta un regard en arrière et rassurée de voir Min-Oh occupé, elle se cacha du mieux qu’elle put contre le mur afin de dégrafer tranquillement sa robe informe. Celle-ci était un cadeau de l’association des femmes tibétaines quand elle avait passé la grande commande des colliers il y a peu de temps. Évidemment, elle n’était pas très jolie (elle n’avait pas vraiment de jolis vêtements de toute manière) mais Johnny y tenait aussi la plia t’elle soigneusement avant de prendre les vêtements que le coréen lui avait remis.
L’étoffe simple en coton du t-shirt glissa sur sa peau. La plupart des matériaux qu’elle portait étaient loin d’être toujours confortable. Résistant, ça oui, mais pas très doux et en général pas très seyant.
Noir, le haut offrait un contraste un peu grand avec la peau de Johnny qui ne portait pour ainsi dire jamais cette couleur. Aussi, le vêtement était définitivement trop grand et donnait une allure dégingandée à la jeune fille.
Min-Oh avait eu la bonne idée de lui prêter un short semi long qui s’avéra être un parfait pantacourt pour la première année mais là aussi, c’était un peu trop grand.

«  Min-Oh sempai! Est-ce que tu peux me prêter une ceinture? » demanda t’elle en tirant sur la taille du pantalon improvisée.

C’était bizarre de porter des vêtements différents. Johnny trouvait ça presque agréable à vrai dire mais réalisant ce qu’elle venait de penser, elle piqua un fard à nouveau.

La lycéenne fit quelques pas hors du renfoncement pour voir où était Min-Oh et resta un peu démunie, une main occupée à tenir le pantalon et une autre remontant ses lunettes dans un geste nerveux.

La scène dura juste quelques secondes où Johnny surprit clairement la surprise sur le visage charismatique de Min-Oh, puis ce dernier éclata de rire. Très sincèrement, la jeune fille ne savait pas vraiment comment le prendre. Consciente de l'image qu'elle donnait à l'heure actuelle, Johnny tenta de passer une main dans ses cheveux afin de les remettre en place, mais c'était déjà fait. Avoir les cheveux lisses et court avait au moins le bénéfice de lui permettre de n'avait pas l'air trop décoiffé en règle général.

Sauf que bon, ça n'avait pas beaucoup de reliefs non plus. Elle aurait bien aimé avoir les cheveux longs mais sa mère lui avait dit qu'il était fort probable qu'étant donné la finesse de son visage, des cheveux longs lui boufferaient la moitié de la face.

Génial.

" Tu trouveras ton bonheur dans le dernier tiroir… "

Johnny se tourna vers l'endroit que lui indiquait le coréen et ouvra l'un des tiroirs. C'était bien la première fois qu'elle farfouillait dans un tiroir qui n'était pas le sien et la vue de quelques pièces de monnaie, une paire de chaussettes et trois paires de ceintures fit sourire malgré elle Johnny. C'était stupide mais pour le coup, elle se sentait super grande. Ça faisait très adulte non?

Elle attrapa la ceinture la plus simple et dont la boucle était la moins lourde puis entreprit de passer, le tout avec peu de dextérité, la ceinture dans le pantalon. Même en serrant correctement, la ceinture s'avérait un peu large néanmoins cela tenait et c'était le principal.

" Je vais me changer,"

La voix de Min-Oh la rappela à l'ordre et Johnny releva son regard vers la personne concernée.

" Tu n’as qu’à t’asseoir là en attendant. "

" Ok." répondit Johnny en rougissant de nouveau lorsque le garçon lui présenta son lit.

Le confort du studio n'était pas bien grand. Quoique était la vie de Min-Oh ce n'était pas quelqu'un qui avait des goûts de luxe et encore moins quelqu'un qui pouvait s'offrir beaucoup. Les meubles étaient rudimentaires et la disposition quasi spartiate. Johnny rebondit un peu sur le lit et eut un sourire: au moins le lit était de bonne qualité, il risquait moins d'avoir mal au dos avec ça.

Une pile de livres et de cahiers au pied du lit attira son attention et Johnny remonta ses lunettes avant d'étendre son bras pour attraper le premier bouquin de la tour.

Un manuel d'anglais pour les années supérieurs.

Oh Todai!

Enfin de compte elle avait eu raison alors.

" J’pense que te faire le tour du propriétaire n’est pas nécessaire. Pour ce qui est des fringues, garde-les…’fin, tu peux faire c’que tu veux avec ! Brûle-les ou sers t’en comme chiffons, je n’en ai plus besoin. Les porter après toi, ça m’ferait trop bizarre… "

Johnny resta tout aussi interdite que Min-Oh sur le moment, ne sachant pas vraiment comment prendre ce qu'il venait de lui dire. Elle porta une main sur le t-shirt qu'elle portait.

" Jamais je ne brûlerais des vêtements" répondit-elle d'un ton où perçait une certaine surprise, ".... à moins qu'ils soient porteur d'une maladie comme la peste ou le choléra mais je doute que ce soit le cas ici.... en tout cas merci sempai."


La jeune fille ignora délibérément la dernière phrase de Minho, plus vexée qu'elle n'aurait voulu l'être. Elle allait lui demander ce que c'était mais Min-Oh avait l'air bien trop agité et presque furieux pour qu'elle n'ose demander quoi que ce soit sur le moment.
Elle reposa le livre et paniqua un peu intérieurement.

Elle avait dit un truc qu'il ne fallait pas? Ou peut-être qu'il avait mal pris le fait qu'elle avait parlé de la peste et du choléra pour ses vêtements? Parce que vraiment c'était juste une façon de parler.
Nan vraiment, c'était beaucoup plus difficile que prévu de se faire un ami. Plus ça allait plus elle prenait conscience de ses énormes lacunes sociales.

Elle n'eut pas le temps de pondérer ce qui n'allait pas dans le processus que Min-Oh revenait avec une boisson cafeteria. Elle avait bien vu le mouvement qu'il avait amorcé pour s'asseoir auprès d'elle puis finalement choisir le mur.
Elle sentait confusément qu'il avait fait un bon choix mais ça l'embétait tout de même.

Un silence gênant s'installa, et Johnny osa à peine regarder Min-oh sur le moment. Au lieu de cela, elle ouvrit la cannette distraitement et en bu une goulée.

Oh?!!

La surprise se peignit directement sur son visage. Aussi cinglée que ça pouvait paraître elle 'n'avait jamais vu un truc pareil et c'était drôlement bon. Probablement bourré de trucs bizarroïdes mais c'était frais et désaltérant et en plus le goût du café n'était pas très fort et en fait elle n'avait jamais bu de café en prime (elle avait lu tout un tas d'informations très négatives sur la caféine il y a peu de temps).

Elle reprit une gorgée du breuvage et fit claquer sa langue sous le parfum.

" Ah je comprends mieux pourquoi certains ne peuvent plus s'en passer. Mais j'espère que sempai n'en boit pas trop," se reprit-elle en désignant d'un geste docte la boisson.

Déjà qu'il fumait...

Sentant l'atmosphère un peu moins tendu, Johnny profita pour agiter le livre d'anglais.

" Tu es bien à Todaï n'est-ce pas?"

La surprise de Min-Oh aurait pu faire sourire Johnny si elle n'avait pas été inspirée par sa totale ignorance. D'ordinaire, la jeune fille se montrait très fière d'avoir une éducation différente, elle avait aussi la très nette impression de passer à côté de plein de choses ridiculement amusantes.

« Pourquoi ? Est-ce que ce serait si mauvais pour moi d’en boire ? Je n’ai pas le temps de me faire du thé…D’ailleurs je ne possède même pas de théière et…Attends ! Tu veux dire que c’est la première fois que tu bois ce genre de canette ? Tu n’as jamais pris de boissons d’un kombini?! »

Johnny passa ses doigts sur ses lèvres, là où le goût du café résistait encore un peu, puis abaissa sa canette. Min-Oh à tous les coups allait la considérer comme une de ces gosses de riches qui ne vont jamais faire leurs courses... quoiqu’en l’occurrence c’était tout de même parfaitement vrai.

« Le café est un excitant et euh... »

L’odeur du breuvage chatouilla les narines de Johnny. Ses parents n’en avaient pas à la maison mais elle savait qu’ils en buvaient énormément l’un et l’autre. Peut-être que ce n’était pas si mauvais que ça pour la santé alors?

En tout cas ça sentait divinement bon. Même froid.

« J’avais lu que ce n’était pas bon d’en prendre beaucoup parce que ça provoquait une accélération notoire du rythme cardiaque. Mais je suppose qu’il faut juste ne pas trop en boire. Le thé aussi a cet effet et j’en bois tous les jours. » commença Johnny en reprenant de temps à autre de petites gorgées du café glacé.

Il valait mieux parler de la cannette plutôt que de dériver sur le topic très embarrassant du fait qu’elle n’était de fait jamais rien achetée quoique ce soit dans un kombini. Elle n’en avait jamais eu besoin voilà tout mais sinon elle irait sans problème... elle en était sûre.

« Mais il ne faut pas en boire plus de quatre tasses par jour sinon cela entraîne une dépendance physique. »

Les mots semblaient tout droit sortie d’un article sur les effets de la caféine et Johnny s’arrêta abruptement. Elle avait remarqué que cela avait tendance à énerver les gens quand elle parlait ainsi et c’était peut-être la première fois qu’elle voulait vraiment paraître plaisante à quelqu’un aussi toussota t’elle légèrement et remonta ses lunettes puis parla du livre d’anglais.

« Todai ? C’est invraisemblable, tu ne crois pas ? Une brute épaisse sans diplôme et sans argent comme moi…Comment pourrais-je être dans une université aussi prestigieuse ? »

Pendant un court instant, Johnny fut tenter de lui lancer la cannette au visage pour les propos qui étaient sortis de sa bouche.

De fait Todai n’accepterait jamais quelqu’un d’aussi stupide. Johnny se contenta de froncer les sourcils et de prendre un air pincée, art dans lequel elle excellait même si elle n’en était pas vraiment consciente.

« C’est normal si tu es sans diplômes quand tu arrives à l’université puisque c’est pour en avoir que tu y vas. Pour l’argent... eh bien ils offrent des bourses pour les gens qui veulent vraiment y arriver. Et tu n’es pas une brute épaisse... déjà t’es pas gros. »

Ouh ... subtil et méga réconfortant.

D’un autre côté elle n’appréciait pas vraiment la façon dont il avait ri quelques secondes auparavant. C’était moqueur et méchant. Et s’il pensait vraiment qu’elle allait gobé le fait que le bouquin n’était pas à lui, il se mettait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

« Je t’ai donné une de mes cartes, tu sais ce que je fais. Je n’ai ni le temps ni les moyens pour étudier. » reprit Min-Oh sous l’oeil noir de Johnny.  « Et puis, à quoi ça m’avancerait de suivre des cours ? Je n’ai jamais aimé l’école et ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer. J’étais plus le cancre que le premier de la classe… »

Johnny garda le silence un bon moment ne sachant vraiment pas ce qui lui déplaisait le plus dans ce beau discours: le fait qu’il travaillait dans un club d’hôtes, le fait qu’il semblait totalement douter de ses capacités intellectuelles ou le fait qu’il semblait faire si peu cas de l’école.

A la limite l’école... elle aurait vraiment aimé qu’il soit à Todaï: cela aurait nourri ses rêves romantiques de jeune homme pauvre mais travailleur et droit, néanmoins les rêves et la réalité avait souvent des goûts différents et en général Johnny l’apprenait durement.

Mais le club d’hôtes ?

« Je croyais que les hôtes se faisaient beaucoup d’argent ? «  fit-elle d’une voix plus ou moins sourde et d’un air un peu boudeur.

Johnny suivit du regard le geste ample de Min Oh lorsqu'il posa sa canette et joignit ses mains. Il avait de jolis mains remarqua Johnny : un peu calleuse, un peu râpé. Johnny n'y avait jamais prêté attention mais elle sentait qu'elle n'aimerait pas du tout un garçon qui avait des mains de filles : trop soignées et aux ongles presque manicurés. Propre oui mais il fallait bien qu'il s'en dégage quelque chose.
Elle glissa son regard vers ses mains à elle : trop petites, des doigts trop minces puis en plus elle faisait partie des rares personnes au Japon à ne pas aimer les ongles trop grands avec tout un tas de bijoux, plumes et autre fanfreluches.

Repliant ses doigts, elle reporta son regard sur Min-Oh qui la regardait avec un air tranquille et serein qu'elle n'aurait pas vraiment cru possible chez lui. Jusqu'à présent, il avait eu l'air toujours dans un état agité avec elle, que ce soit nerveux ou en colère ou même hésitant.

La première année ne sourcilla pas lorsqu'il lui expliqua pourquoi il n'était pas un hôte de renom. C'était plutôt étrange comme commerce. Elle eut soudain très envie de lui demander comment il faisait, ce qu'il disait et quelle genre de personne pouvait bien aller dans ce genre d'endroit.

Faire des compliments, c'était la base de l'hôte, non? Johnny tenta d'imaginer le coréen en costume et glissant des mots doux à une femme en robe rouge étincelante et au rouge à lèvre écarlate mais le tout était surréaliste. Si Min-Oh était très beau dans son genre, il était, comme lui-même le disait, beaucoup trop rude pour ce genre de business.

Sauf que Johnny savait aussi, que si elle allait un jour dans un club d'hôtes (jamais!!!), elle irait nécessairement vers quelqu'un comme Min-Oh.

« Tu as toujours réponse à tout ? Parce que j’ai l’impression que quoique je dise, il y aura une réplique toute faite dans un coin de ta tête…C’est assez frustrant je dois dire… » 

Ah oui c'est vrai, les gens n'aimaient pas ce genre de comportement. Johnny l'avait déjà remarqué. Elle avait essayé d'imposer ses points de vue tout au long de cette année scolaire et maintenant qu'elle en était vers la moitié, elle commençait lentement à comprendre comment les gens fonctionnaient. Elle avait peut-être la tête dure et réponse à tout comme venait de l'affirmer Min-Oh mais elle était intelligente et percevait nettement les nuances en cours autour d'elle.

Ce que voulait les gens à Sakurai, voir sûrement à Todai et en règle général c'était une fille jolie, qui soit spirituelle mais pas trop. Qui ait une opinion mais qui ne la ramène pas des masses.

Qui fasse semblant d'être intelligente quoi.

« Je n'ai pas réponse à tout. » répondit Johnny en posant à son tour sa cannette prés de celle du coréen.

«  Je n’essaye pas de me moquer de toi ni de te prendre pour une idiote en trouvant des excuses bidons pour expliquer la présence d’un livre…C’est juste que je ne veux pas que tu me prennes pour ce que je ne suis pas. Il y a des bons et des mauvais partout, encore plus à Todai alors…ne sois pas trop gentille, d’accord ? »

Johnny ne sut pas quoi répondre de suite. Cette conversation et même sa rencontre avec Min-Oh était en train d'avoir un trop grand impact sur elle.
Il avait peut-être raison mais à l'heure actuelle c'était encore trop dure pour Johnny de l'admettre. Trop compliquée. Elle voulait encore croire qu'il y avait des gens merveilleux comme Neji. Qu'on pouvait changer le monde en faisant signer des pétitions. Elle n'avait pas envie d'être cynique ou de ne pas avoir foi dans la gentillesse des gens.

Elle n'avait pas envie de croire qu'on pouvait lui mentir aussi facilement que Min-oh venait de le faire à présent. Seul les gens comme Akyio avait recours à ce genre de stratagème.

La jeune fille se mordilla l'intérieur de la joue: il lui avait mentit pendant quoi? Deux minutes? Elle avait décidé qu'elle ferait de lui un ami et elle changeait rarement d'opinion une fois la première impression faite.

Elle plissa les yeux comme pour évaluer l’être humain qu’elle avait devant elle puis laissa un demi-sourire glisser sur son visage.

« Leçon enregistrée sempai. Mais il faudra aussi m’écouter à l’avenir. » fit-elle enfin en remontant ses lunettes du plat de sa main.

Dans une phrase, elle avait pris soin de bien lui faire comprendre qu’elle serait là les jours d’après. C’était peut-être abrupt comme façon de faire mais Johnny avait comme principale caractéristique d’être déterminée.
D’un bond elle se leva et attrapa son sac. Il était inutile de lui prendre plus de temps. Il fallait qu’elle digère encore tout ce qu’il lui avait dit, qu’elle comprenne exactement ce qui s’était passé cette après-midi.

« Si tu veux, tu peux ne pas venir... Chez moi je veux dire. Il est probable que mes parents ne soient mêmes pas là de toute façon. Tu verrais Nelson... c’est mon petit frère. »


Il n'avait jamais eu l'intention de venir avec elle de toute évidence, donc autant lui faciliter la vie.