Une cerise, merci. ( libre )

On entendait des ballerines trainer et s'user dans les couloirs de l'école, des ballerines inconfortables. Puis ces pas traînant furent très vites recouverts par un choeur de pas précipités, qui se dirigeait tous vers un seul et unique endroit: La cantine. Voire restaurant d'après le souvenir qu'HanJi en avait. Ah oui, la démarche disgracieuse et les ballerines déjà usagées appartenaient à une jeune fille au physique plutôt banal lorsqu'elle fut emportée et mélangée dans ce tourbillon d'uniformes vivants. A vrai dire, il était midi. Et ça faisait bien quinze minutes qu'elle cherchait cette foutue cantine. Elle suivit donc le mouvement, jusqu'à arriver devant deux grandes portes qui lui étaient bien familières. Au moment d'entrer, la porte faillit se refermer sur son nez. L'hypocrite politesse des Japonais n'était je crois, pas de mise dans ce lycée. Elle prit donc la peine d'ouvrir elle même ces portes, d'ailleurs bien trop grandes pour ce qu'on en fait... Des tables en chêne, des cuisiniers postés devant chaque plat servant soigneusement les élèves, une erreur et c'en était fini d'eux. Ah j'ai peut être oublié les plats en argent et or massif ? Excepté un ou deux prolétaires isolés à chaque coin de la pièce, la cantine était bruyantes, berçée par le doux rire criard des dindes, et des faux rires bourgeois des jeunes hommes. Tout ça promettait un repas encourageant, et ce surtout en très bonne compagnie...

La coréenne parcourait le "buffet" en quête d'une seule et unique chose... Oui bon, elle est riche, pourquoi devrait elle se priver de plats déjà payés par son père et soigneusement préparés ma foi ? Lorsqu'elle s'approcha d'un plat de crustacés pour faire simple, un des cuistos la repéra. Il l'avait remarquée parcourir muette le long des tables où étaient exposés les plats. Celui ci constata par la même occasion que cette jeune fille était coréenne, et pense alors qu'elle ne parlait pas la langue et ne connaissait peut être pas les spécialités du pays... plus précisemment du lycée.. Il l'aborda en coréen avec un accent ma foi potable. C'est un cuisinier, par un linguiste.
" Vous avez be-besoin d'aide meydmoiselle ? Je parrle on peu coréen." lacha t-il, plutôt fier de son initiative.
Elle le regarda perplexe, sans arrogance mais étonnée de cette réaction. Dans un parfait Japonais, elle lui répondit.

" Euh, des cerises s'il vous plait... Seulement des cerises..."

Gêné, il était aussi rosi que ses crevettes marmittant dans l'assiette de présentation, il détourna son regard et supplia son collègue de ramener des cerises à la demoiselle, en prenant soin d'éviter son regard.

Une assiette garnie d'au moins, une vingtaine de cerises si luisantes qu'elles semblaient avoir été toutes cirées une par une à la main lui fut remise. Visage restant de marbre, elle remercia simplement le cuisinier sans même lui rire au nez ou le taquiner pour ce ridicule "malentendu". Son plateau constitué seulement d'une assiette de fruits rouges, elle parcourut la salle des yeux jusqu'à trouver un coin tranquille. Et hop trouvé. D'un pas cette fois ci décidé et rapide, elle s'installa à une table un peu cachée par un mur qui ne servait strictement à rien, sauf peut être à satisfaire notre jeune fille. Une fois assise, elle ramena ses jambes contre son corps, ce qui lui valut quelques moqueries des voisins qui pouvaient encore la voir. Qu'importe, ce n'était pas cinq ridicules bridés montés sur cure dents qui allaient lui couper l'appétit. Elle enfourcha toutes ses cerises une par une, sans même montrer un quelconque signe de joie, ou une quelconque jubilation. On l'aura deviné, un de ses pêchés mignon. De plus, cette nourriture avait le don de la tenir éveillée quelques heures de plus lorsqu'elle manque de sommeil, sa caféine quoi .