On peut avoir un blackjack mais il faut savoir tricher part ter? *__* ( avec Min-Oh).

Au moment de fermer la porte de chez lui, il fit mine de ne pas avoir remarqué l’expression stupéfaite de la jeune femme. A vrai dire, il aurait réagi de la même manière s’il ne se contenait pas davantage : pourquoi est-ce qu’il faisait ça au juste ? Aucune idée… Ils entamèrent une longue marche durant laquelle un silence s’installa sans que ni l’un ni l’autre ne tente de le rompre, jusqu’à ce qu’elle lui explique les particularités de sa maison. Il n’avait pas vraiment eu l’occasion de se pencher sur l’écologie : d’abord parce que ça avait un coût non négligeable pour sa bourse - tu parles d’une excuse -, ensuite parce qu’il considérait avoir beaucoup trop de choses à penser en ce moment - doublement grotesque T.T -. Il la vit exécuter la même opération que lui quelques heures plus tôt et se sentit pour le moins désemparé. C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans ce genre de résidence et il était loin de faire son fier.

Après être passé de l’autre côté, une sensation agréable s’empara de lui. Toutes ces couleurs, ces plantes, cela donnait le ton d’un arrangement floral tout à fait apaisant et beau à contempler : un naturel, une simplicité que Johnny reflétait. Il suivit la jeune fille non sans une certaine appréhension et fut d’autant plus stupéfait lorsqu’elle prononça la formule coutumière nippone. Il eut un vague sourire triste qu’elle n’eut pas le temps de percevoir en songeant qu’il aurait aimé qu’on lui réponde, s’il avait à la dire un jour…Il acquiesça à ses propos en retirant ses chaussures à son tour, regardant à tout hasard dans le placard mais il n’y avait pas sa pointure. Va donc pour les chaussettes !

Un vacarme le fit relever la tête et son regard s’arrêta sur le petit homme posté en face de lui, des yeux malicieux et curieux fixant cet inconnu. Il éclata de rire, amusé par cette intervention si directe. Il écouta attentivement l’échange entre ces deux êtres de la même famille avant que le petit homme ne le questionne. Il fronça les sourcils en rencontrant le regard de la jeune fille, celui-là disant clairement qu’elle n’avait pas besoin de préciser qu’il était à Todai. Il reporta son attention sur Nelson et s’accroupit pour être à son niveau. Il ébouriffa légèrement ses cheveux avant de répondre.

" Bien sûr ! Appelle-moi comme tu veux Nelson. Pour te remercier de m’accepter dans ta maison, je vais te montrer ce que je vois de ma hauteur, d’accord ? "

Ni une, ni deux, le géant saisit le garçon et le porta à bout de bras, lui dévoilant un monde bien différent de celui qu’il avait l’habitude de côtoyer. Cela ne faisait que quelques minutes qu’il était là et déjà, il s’y sentait parfaitement bien…enfin, un semblant de bien être pour cacher sa crainte de rencontrer Wakabayashi-père. Il sentit le regard de la jeune fille et crut bon de faire redescendre le petit homme, toussant comme pour reprendre un air faussement sérieux, lançant un clin d’œil complice à Nelson. Une famille…plusieurs individus aux gênes communs : cette tendresse qu’il n’avait jamais connu et qu’il ne connaîtrait jamais. Une scène touchante et dramatique. Aigoo que c’était triste pour MOK !

Il regrettait à moitié son geste, désolé d’avoir montré cette part de lui à Johnny qui, après ce qu’elle venait de voir, ne devait plus croire qu’il était bel et bien ce type au bar qui avait violenté un homme à en faire saigner ses poings. Peut-être était-ce un test pour l’amadouer ? Peut-être essayait-elle de connaître ses réactions face à différents types de personnes ? Un peu trop parano, non ? ^^ Il passa une main gênée derrière sa nuque, attendant qu’on le jette dehors maintenant que les présentations étaient faites. Il songea encore à la première remarque de Nelson et eut un sourire inexpliqué. Comment pouvaient-ils avoir ce genre de relation alors qu’elle avait l’âge de son Dongseng ? Est-ce que ce serait si mal perçu de…

* Nan mais…qu’est-ce qui te prend de penser à des choses pareilles ? Tu n’as donc aucune morale ?! Espèce de loup ! Tu me fais honte ! *

Il secoua la tête un peu trop vigoureusement et ferma ses paupières en grimaçant, se mordant l’intérieur des joues. Il sentit deux paires d’yeux le scruter avec méfiance et retrouva une impassibilité totale. C’était moins une…

Le bref instant de complicité qu’il venait d’avoir avec le petit Wakabayashi le trahissait définitivement. C’en était fini de la brute épaisse puisqu’on venait d’assister à un élan de fraternité digne d’un drama. Pareil au personnage froid, rebus de la société débordant de haine envers le genre humain, qui découvre le sens du mot famille, Min-Oh regrettait amèrement de ne pas avoir eu la chance de pouvoir poser ses valises quelque part. Bien sûr qu’il y était pour quelque chose, mais comment un ado qui se cherche pourrait anticiper ses désirs futurs, alors qu’il ne sait pas de quoi demain sera fait ? Une famille aimante, unie à jamais dans les moments de joie comme dans la tristesse, ce n’est pas réel…et même fictive elle ne fait plus vendre ! Cette maison semblait idéale, de même que l’affection qui émanait de ses occupants, mais était-ce toujours ainsi ? Il en doutait.

La remarque de Nelson le fit sourire et il ne s’en cacha pas. Après tout, à quoi bon user d’une identité qui lui faisait défaut ? Il les abandonna dans l’entrée avant que sa voix ne se fasse entendre d’une pièce voisine. Notre coréen et Miss Ecolo se dirigèrent vers le laboratoire pour constater l’étendue des dégâts. Cette famille avait vraiment quelque chose d’original ! Tandis qu’il laissait son regard se promener dans la pièce, une main frêle mais déterminée saisit son bras pour l’entraîner et alors que Monsieur voulait riposter, les yeux de Mademoiselle l’en dissuadèrent automatiquement. Il était dans sa maison et ne pouvait donc pas faire ce qui lui plaisait, soit se moquer ouvertement de cet air colérique qui ne lui correspondait pas du tout. Un tour du propriétaire ? Comme c’était plaisant à entendre ! Depuis combien de temps ne s’était-il pas rendu dans une maison ? Mmm…ça devait dater de son cinquième et dernier cambriolage en date : une sortie en bande, un couple parti en vacances, une demeure luxueuse laissée sans surveillance car il est EVIDENT qu’un quartier aussi prisé possède son propre système de sécurité qui est, soi dit en passant, INFAILLIBLE ! Ouais…comme le Titanic insubmersible, c’est ça ?! Sauf que voilà, c’était une première en tant qu’" invité ", alors Monsieur était dans ses petits souliers, mais chuuuut !!! Mademoiselle ne doit pas savoir !

" Il est très intéressant…ton frère. "

Et bam ! Regard qui tue, à cause d’une hésitation qu’elle a visiblement pris pour ce qu’elle n’était pas.

" J’veux dire qu’il est drôle, un vrai petit bout-en-trin. Au quotidien, j’imagine que tu n’as pas le temps de t’ennuyer ! "

* Toi *

Oh non ! Le revoilà parti dans sa déprime du moment. Ben oui mais c’est dur de se rendre compte à quel point la vie de loup solitaire ça peut rapidement devenir triste et lassant. Alors en montant les escaliers et en découvrant quelques photos accrochées au mur, Min-Oh se fit force pour ne pas trop s’y attarder. Il était de plus en plus curieux concernant les Wakabayashi, Nelson et Johnny…Il fronça les sourcils et se tourna vers la jeune fille, tandis qu’ils venaient de terminer l’ascension de l’Everest.

" Dis, Nelson…c’est pour Mandela ? Je viens de me rendre compte que même ton frère n’a pas un prénom japonais. Tous les membres de votre famille ont cette particularité ou juste vous deux ? C’est dingue…et en même temps, je pense que ça reflète l’état d’esprit de tes parents, je me trompe ? "

On dit que l’alcool délie les langues, mais MOK n’a pas besoin de ça pour devenir un moulin à paroles ! Il lui suffit d’être en compagnie de cette jeune fille et de laisser les mots quitter ses lèvres, sans se poser de questions. Il n’y avait pas d’interprétation à avoir quant à l’intérêt qu’il pouvait leur porter. Elle était toujours cette jeune fille qui s’était enfuie du bar avec lui, mais également celle qui était entrée dans son intimité et qui lui accordait maintenant une part de la sienne. Faire irruption dans la vie de quelqu’un, cela ne peut pas être planifié. La quitter en revanche, c’est une autre histoire…que Min-Oh espère déjà ne jamais devoir écrire.

Ainsi donc, notre coréen préféré avait réussi à percer le mystère du dernier Wakabayashi. Mandela…un grand homme. Un de ceux qu’on admire, qu’on regrette et qu’on aimerait retrouver dans les générations futures. C’était tout un idéal que représentait ce prénom, ce choix des parents de Jo’ et Min-Oh ne pouvait que les en féliciter. Plus qu’une originalité, c’était un véritable travail de mémoire et le petit homme pourrait bomber le torse en expliquant pourquoi cette différence. Autant l’étudiant se mettait à apprécier de plus en plus les membres de cette famille, autant la perspective de devoir être confronté aux maîtres de maison ne le rassurait guère. Imaginer un seul instant qu’ils pourraient parler de leurs opinions en matière de droits, de libertés, d’écologie ou de personnages historiques relevait du non sens. Il allait être mis à la porte en moins de deux…

En parlant de porte, voilà que Johnny en pousse une, invitant le jeune homme à la suivre. Inutile de demander à qui appartient cette pièce : les posters à eux seuls constituent une garantie quant à la personne qui dort dans cette chambre. Un sourire imperceptible se dessine sur le visage de Min-Oh tandis que la jeune fille répond à sa question précédente…et fait s’interrompre l’expression décontractée qu’il affichait jusqu’alors. Aïe ! Sujet sensible. Comment répondre ? Préférer la franchise et risquer de susciter pitié et compassion ou simple retournement de situation ? L’honnêteté, il était certain que c’est ce qu’elle préfèrerait. Proposer de changer de sujet d’une façon radicale risquait de créer un climat tendu, si ce n’est conflictuel. Hors de question. D’un autre côté, il ne pouvait faire silence trop longtemps, craignant que l’esprit analytique et juste de Jo’ ne perçoive son malaise et tente d’en découvrir la cause. Il lui tourna le dos, apparemment fasciné par le rêve de Martin, avant de prendre la parole.

" Peut-être…On ne m’a jamais renseigné là-dessus. "

Il s’interrompit quelques instants, profitant de ces secondes pour regarder Johnny d’un air parfaitement détaché, histoire de lui prouver qu’il n’y avait rien d’autre à dire. Elle comprendrait très certainement qu’il ne souhaite pas s’étendre, ce qui ne l’empêcherait pas de découvrir le fin mot de l’histoire à un autre moment. Elle lui indiqua une chaise et il sourit légèrement avant de décliner l’invitation. Min-Oh dans cette chambre, c’était comme le grand méchant loup ou le plus grand des 3 ours. Il faisait tâche, pareil à un géant qui ne savait pas où mettre les pieds, de peur de casser quelque chose. Il n’avait rien à faire dans cette maison et encore moins dans la chambre de Johnny. Il songeait à la réaction que pourrait avoir son père s’il apprenait qu’un délinquant de 27 ans s’était retrouvé dans une pièce aussi intime que la chambre de sa fille. Si on le lui avait prédis, jamais il n’y aurait cru car même pour lui, habitué des situations cocasses, celle-ci relevait réellement de l’exception.

Alors qu’il reculait lentement, son pied écrasa quelque chose. Il déglutit avant de relever sa péniche pour trouver quelques crayons, des croquis et autres couleurs claires avant qu’elle ne lui donne une explication. Il se pencha pour ramasser ses esquisses et les regarda, manipulant les feuilles avec précaution, comme s’il s’agissait d’une œuvre datant de l’époque médiévale. Elle était donc au Sakurai Gakuen. Mouais…il y avait peu de chance qu’elle se soit retrouvée dans un établissement de proximité, moins prestigieux et certainement plus risqué. Il était naturelle qu’elle reçoive les meilleurs enseignements, d’où son intérêt certain pour Todai. Toujours accroupi, l’étudiant semblait absorbé par ses dessins, plongé dans un monde de coups de crayon qu’il essayait de comprendre. Chaque artiste voulait, quelle que soit son support, exprimer quelque chose au travers d’une œuvre. Elle avait très bien pu prendre une feuille simple et tracer ces fameuses lignes sans but ou reproduire un souvenir, une image, une idée qui l’avait marquée. Qu’est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête, à cet instant précis ? Elle était douée, pourvue d’un don qu’elle saurait manipuler et abuser. Il n’arrivait pas à se détacher de ces croquis, sa sensibilité pour l’art prenant le dessus sur tout le reste.

" Je pense que ça te ressemble. "

* Ben dis donc…en voilà une phrase qui a du sens ! Tu pouvais pas te contenter de dire que c’était beau, que ça te touchait, que tu aimerais même en prendre un…banane ! *

Il se releva lentement, tenant toujours dans ses mains les dessins de Johnny. Il rencontra le regard de la jeune fille et constata qu’elle portait toujours ses vêtements. Il s’éclaircit la gorge avant de détourner les yeux.

" Puisqu’on est là…tu devrais peut-être te changer. "

Il lui lança quelques coups d’œil furtifs avant de comprendre.

" Bien sûr ! Je t’attends dehors. Dis-moi quand t’es prête. "

Et sans attendre, le voilà qui passe devant elle et referme la porte derrière lui, restant dos contre celle-ci, soupirant, les yeux clos. C’était largement plus difficile que de la voir sur son propre lit. Si c’était ça qu’elle avait ressenti tout à l’heure, dans son très modeste studio, il comprenait bien mieux qu’elle ne veuille pas s’éterniser. Il songeait à cette pièce qui, en temps normal, lui aurait été interdite. Un léger sourire s’afficha sur son visage en repensant aux posters. Savoir qu’elle préférait des hommes importants, qui avaient sacrifié beaucoup pour le bien du plus grand nombre, c’était agréable. Elle n’avait rien à voir avec ces minettes hystériques devant une bande de beaux garçons à la chemise ouverte, affichant leurs corps comme un trophée. C’était Johnny.

La savoir derrière cette porte, sa porte, sa chambre, c’était assez flippant et dérangeant. Il ne se sentait pas à sa place dans cette maison, à moins que justement il ne s’y sente trop bien pour y être accepté. Il finit par se décoller, reprenant ses esprits et scrutant le mur en face de lui. Des photos de famille, des enfants. Jo et Nelson. Il ne put retenir un fin sourire en imaginant les raisons de ces instants magiques, ces moments qu’on parvient à saisir à l’aide d’un objectif. Peut-être parviendrait-il à en capturer un avec son propre appareil ? Il entendit Johnny sortir de la chambre et s’apprêtait à lui demander une explication quant à cette paire de dents inexistantes lorsqu’on sonna. Son sang ne fit qu’un tour et il lui sembla même que son cœur s’interrompit avant de repartir de plus belle. Tout son organisme était en état d’alerte, comme si quelqu’un avait franchi une ligne invisible qu’on ne devait en aucun cas passer. Il déglutit avant de suivre Jo dans les escaliers pour rencontrer à nouveau Nelson et le nouvel arrivant. Un homme plus âgé que lui portant une sacoche et un costume. En quelques secondes, l’inconnu remarqua la présence de cet étranger et ce froncement de sourcils…Une marche funèbre à l’esprit, il ne put que détourner le regard sans pouvoir s’exprimer, pas même pour une banale salutation. Pour une première impression envers le patriarche, il aurait pu montrer davantage de charisme ! A moins que…

Ce n’était pas Wakabayashi-san ? Visiblement non. Dans ce genre d’ascenseur émotif, un soupir de soulagement aurait été malvenu, n’est-ce pas ? Il se retint, préférant détendre d’abord son expression faciale lorsque Johnny se tourna vers lui pour s’excuser. Comme si elle l’avait forcé à quitter son horrible studio miteux pour rencontrer sa si charmante et originale famille ! Il se contenta d’un bref sourire, comme pour laisser couler l’excuse de Jo qui n’avait pas lieu d’être. Finalement, il était on ne peut plus soulagé que cette rencontre soit repoussée à plus tard. Malheureusement pur lui, ce n’est que lorsqu’on croit que tout est fini, que tout ira mieux, qu’une chose surprenante se produit à nouveau. Voilà qu’on s’inquiétait au sujet de l’identité de Monsieur Kang et alors que lui et Miss Wakabayashi étaient sur le point de donner une réponse simultanément, Nelson les devança. Pour la seconde fois de la journée, il interpréta leur relation différemment de ce qu’elle était, à savoir que Min-Oh et Johnny étaient ensemble. C’eut l’effet escompté puisque l’homme qui se tenait à présent dans le hall les toisa alternativement comme s’il s’agissait d’une blague ou qu’il attendait des explications détaillées. MOK, qui aurait du prendre la parole pour démentir cette affirmation qui avait le don d’amuser le cadet des Wakabayashi, resta muet, encore. Il semblait tout simplement appartenir à une bulle que personne excepté lui ne pouvait distinguer. L’intervention de celui qu’ils appelaient Kira atténuait cette sensation de bien-être que ressentait le coréen, parce qu’il se savait jugé, telle une présence regrettable.

La conversation prit rapidement une tournure très différente de celle qu’il croyait devoir affronter : au lieu de se faire questionner par Monsieur Kira, il était question d’une pizza quatre fromages et…de graines. Quelque chose comme quoi Madame Wakabayashi voyait d’un très mauvais œil le fait que ses enfants puissent ingurgiter une pâte garnie cuite au feu de bois. C’est à ce moment-là qu’il prit l’initiative d’ouvrir la bouche pour s’en servir et éventuellement, formuler des phrases cohérentes.

" Je…Il faut que j’y aille. "

Omo ! Sa voix avait-elle toujours été aussi grave, au point de faire se retourner trois paires d’yeux en quelques secondes ? Il ne savait pas vraiment quelle tête il pouvait avoir, mais c’était certain, il devait faire peur. Au moment où il avait senti les yeux de Monsieur Kira se poser sur lui, il avait compris qu’il n’était plus nécessaire de rester. Après tout, ils avaient désormais un invité, comme l’avait si justement formulé Nelson, non ? Il était impossible qu’il se considère comme tel, car il était un intrus. Il fallait rapidement qu’il trouve une justification plausible, quelque chose pour soutenir le pourquoi du comment, ce qui faisait qu’il devait y aller.

* Même si c’est faux ? Même si tu aimerais bien prolonger cette journée de quelques heures en partageant une pizza avec eux ? Tu comptes t’établir dans une cabane au fond du jardin ?! *

Il cligna des yeux en s’éclaircissant la gorge, visiblement dérouté et tenta de poursuivre en regardant Johnny.

" Merci beaucoup pour le tour du propriétaire et en ce qui concerne le serveur…je m’en chargerai, pas besoin de faire appel à tes parents, ils ont d’autres préoccupations plus importantes qu’une…broutille. "

Il avait déjà prit place dans l’entrée, histoire d’enfiler ses chaussures en vitesse, comme s’il avait peur de vouloir rebrousser chemin.

* Ne te retourne pas ! *

Etait-ce si difficile d’enfiler une paire de baskets ou avait-il toujours été aussi maladroit en laçant ses chaussures ? Parce qu’en ce moment, c’était pire qu’un parcours du combattant ! Deux mains gauches et une précipitation qui n’arrange rien, tu parles d’un tableau ! L’important, c’était de ne pas quitter des yeux ces lambeaux de caoutchouc qui enfermaient ses pieds. S’il relevait la tête, s’il croisait son regard, c’en était fini. Ses mâchoires se crispèrent lorsqu’il fit une dernière courbette avant de prendre la poudre d’escampette. Reviendrait-il jamais dans cette maison ? Et si cela pouvait se faire, serait-il accueilli différemment ? Il avait besoin de prendre du recul par rapport à cette journée mouvementée…Peut-être la plus improbable de toutes, et ce pour de multiples raisons : un lion qui tente en vain de cacher une part d’humanité, de compassion, à un agneau qui sans en prendre conscience, l’adoucit. Tandis qu’il se faisait force pour ne pas rebrousser chemin et prétendre que rien ne pressait, une main légère, peut-être même quelque peu tremblante, interrompit ses pas. Il baissa ses prunelles sur cette main retenant son bras, sans pour autant se retourner. Il inspira lentement, prenant sur lui. Elle ne savait pas quoi dire et il se faisait déjà trop d’idées concernant les paroles qui allaient franchir ses lèvres. Il ferma ses paupières quelques secondes, essayant de faire le vide dans son esprit, avant de lui faire face.

" Est-ce que je pourrais venir te voir ? A Todai ou même à ton travail et... euh... chez toi même... enfin quelque part où je ne te dérange pas. "

Il avait toujours détesté la niaiserie mais pour la première fois, il aurait aimé être capable d’esquisser sans difficulté un sourire entendu. Au lieu de ça, Min-Oh eut un rictus basique et ne chercha volontairement pas le regard de la jeune fille.

" Si les histoires d’un immature sans le sou ne t’ennuient pas ou si tu ne crains pas les mauvaises fréquentations…ma porte est ouverte. "

Il étira légèrement ses lèvres avant de se retourner pour reprendre la route - sans baluchon ni Harley, malheureusement =.= -. Alors qu’il avançait, il releva le bras sans se retourner, lui faisait un dernier signe de la main avant de disparaître derrière une grille. Il était vraisemblablement de bonne humeur car même en regagnant son mouroir de studio, en retrouvant ces quatre murs, sa solitude et ses corvées, il n’arrivait pas à songer à autre chose qu’à cette incroyable journée. Ses poings le lançaient toujours mais cette douleur n’était pas une mauvaise chose : elle attestait d’un changement, d’une rencontre, d’une après-midi glauque et surprenante, d’un caractère affirmé, revêche et déterminé, d’une moue réprobatrice qui le faisait sourire, d’une envie de s’ouvrir aux autres…

Il s’absenta quelques heures pour courir, essayant de fatiguer son corps pour qu’il prenne le dessus sur son esprit qui ne cessait de bouillir. Malgré cela, il attendit le sommeil, allongé sur son lit.

Elle était la première à l’avoir formulé, à avoir émis le souhait de le revoir. Qu’est-ce qui faisait qu’il soit content ? C’était ça, non ? Il était heureux qu’elle propose une rencontre. Et alors quoi ?! Est-ce que ça signifie quelque chose en particulier pour autant ? Il massa énergiquement ses cheveux avant de soupirer pour rouler d’un côté et fermer les yeux. Quoiqu’il puisse se passer lors de cette prochaine rencontre, il était certain qu’il ne s’ennuierait pas.

Journal de bord

Cigarettes fumées : 7 ; Alcool consommé : 0 ; Mec tabassé : 1 ; Blessures : Poings ensanglantés

...

Rencontre : Johnny Wakabayashi

HJ : pas de souci ^^ je pense que ce sujet est désormais terminé..?