Johnny avait ressassé son discours des dizaines de fois. Comme disait Akyio, le tout c'était de savoir vendre. Enfin il ne l'avait pas dit comme ça mais avec des termes autrement plus capitalistes et c'est ce qu'elle avait retenu de la leçon.
En parlant de ça (ça désignant ici Akyio évidemment), Johnny regarda de nouveau la pétition enplastifiés qu'elle tenait fébrilement dans les mains. Tant d'espoirs, tant de labeurs (et d'ennuis si jamais on considérait l'épisode des colliers) placé dans ce simple rectangle de papier griffonné.
Maintenant qu'elle y pensait, certains auraient pu voir le changement de leur professeur à ce propos, comme un signe du destin.
Elle n'avait pas eu le temps d'aller le voir jusqu'à présent et pile quand elle avait décidé que quoi qu'il advienne, elle irait le consulter, bam ! On annonçait une permutation.
D'un côté, elle ne pouvait avoir que plus de chance avec le nouveau vu que le dernier était, selon elle, totalement arriéré. Et encore, cela avait été le moins pire des profs de l'établissement. Johnny ignorait si cela venait du fait qu'elle venait d'une scolarité où le système éducatif était complètement différent ou si c'était parce que la moyenne d'âge des enseignants de Sakurai était d'environ 300 ans (à vue de nez dixit Nelson, son petit frère) mais elle les trouvait ultraconservateurs.
Johnny épousseta nerveusement sa jupe bleu marine informe. Elle regarda la porte avec la nouvelle plaque étincelante. Décidément ce n'est pas l'argent qui manquait à cette école!
Kimura Sanzo
Le nom ne lui disait rien. D’un autre côté, les professeurs que côtoyaient ses parents n’enseignaient généralement pas.
D’une main hésitante, la jeune fille tapota trois coups à la porte. Peut^-être aurait-elle du attendre... à vrai dire, le Professeur Sanzo n’avait même pas encore été officiellement présenté aux élèves de la 1èreA. Il l’avait été dans le gymnase de vers toute l’école mais Jo avait loupé la cérémonie tout ça parce qu’elle avait dû distribuer certains colliers et que, évidemment, certaines filles avaient trouvés bon de médire sur le travail d’amateur des créatrices.
La porte s’était entr’ouverte d’elle-même et Johnny entra en tapinois. Un bruit de robinet traversa la pièce mais la première année n’y prêta pas attention. Après tout, il n’était pas dit que la tuyauterie de l’école pouvait être sans faille.
Mince! C’était bien sa veine: le professeur Sanzo n’était pas là! Le regard de la jeune fille se posa sur la veste négligemment jetée sur le dossier de la chaise.
Y’avait un truc qui clochait là...
Le bruit de pas cliqua à ses oreilles derrière elle et Johnny se retourna brusquement pour se retrouver nez à nez avec ce qui devait sûrement être le nouveau professeur de littérature de Sakurai Gakuen.
Si deux corps se percutent et que l’un d’entre eux à le poids d’une crevette alors forcément Monsieur Gravité va jouer un tour. Heureusement, le prof avait des réflexes dignes d’un attrapeur au quidditch.
« Ah. Bonjour professeur Sanzo. »Comment faire une bonne impression de suite en une leçon.