Johnny appuya sur la touche terminant l'appel. Sa mère n'avait pas posé de questions ce qui en soi était une bonne chose. Il était hors de question qu'elle avoue à ses parents que les choses étaient loin d'être un paradis à l'école et qu'en plus, elle avait certainement hérité du karma de Dante et qu'elle était en train de se taper tout les cercles de l'Enfer un à un.
Le problème des colliers [voir
topic ici] était plus ou moins réglé. Sa mère allait passer un coup de fil à Lamira dés cet aprés-midi, sauf qu'évidemment le paquet n'arriverait pas avant ... 10 jours? Au mieux. 10 jours qui allaient s'avérer trés trés trés long.
Sa mère avait aussi approuver l'idée des bons de commandes: la publicité serait forcément bonne. Les sautoirs que les femmes du Tibet réalisaient étaient magnifiques et sur une tenue décontractée, faisaient des merveilles. Tout du moins c'est ce que sa mère lui avait dit étant donné que Jo n'avait aucun sens niveau mode. Par contre, les bons de commande elle allait devoir les réaliser elle-même.
La jeune fille consulta rapidement la montre d'un parcmètre du coin. Elle avait encore le temps de passer par Akihabara cherchait du matériel. Oh bien sur elle aurait pu passer par la salle artistique du lycée mais sincérement, il était préférable d'éviter le building le plus possible. A tout les coups elles tomberaient sur des gens mal intentionnés (et c'est dingue comme il y en avait des masses!). Passant devant les limousines bien rangés devant l'établissement et leurs chauffeurs, impeccables, qui discutaient entre eux, Johnny se demanda laquelle était celle de Kisetsu. Elle pourrait aller lui crever les pneus...
Jo secoua son visage doucement: non seulement ce n'était guère une pensée trés charitable mais en plus elle ne courait pas assez vite pour semer un homme, probablement ex-agent secret ou bodyguard, comme le chauffeur attitré.
Akihabara était une jungle urbaine où Jo avait moins de mal à se sentir confortable. L'anonymat la protégeait évidemment et le parfum de folie qui flottait dans ce quartier de la ville avait quelque chose de fascinant. On pouvait y croiser des salary man, révant paresseusement sur les derniers robots de Gundam, des chanteurs de rues aux vêtements bariolés, des japonais se prenant pour Bob Marley et revendant des gadgets éléctroniques, des artistes de tout poils faisant votre portrait manga pour quelques sous.
Mais si Johnny venait aujourd'hui ici c'était pour les meilleurs crayons graphites de la mégalopole. Les mangakas les plus connus venaient chercher leurs matériels dans ce magasin.
Jo avait toujours trouvé ses dessins mauvais mais ses professeurs lui avaient toujours intimé le contraire. Au moins quand elle dessinait, elle ne réfléchissait plus: out les misères du monde, out sa peur de ne pas être à la hauteur, out les remarques désobligeantes. Le paradis , le vrai, c'était une feuille de papier canson et un bout de fusain.
Les mains trainant sur les rayonnages de papier aquarelle, Jo entraperçu la porte qui donnait sur la petite librairie adjacente que tenait également le propriètaire de la boutique. C'était quoi déjà que Nelson lisait comme manga? Un truc avec des gens qui potaient des kimonos noirs et blancs?
Persuadée de trouver une fois qu'elle y serait, Jo entra d'un pas silencieux. Les meubles étaient couvert de dizaine et dizaine de mangas. Jamais elle ne trouverait. A moins de demander au proprio qui était une bible sur pied. Sauf que ce dernier évidemment était occupé.
Le regard de Jo fit distraitement le tour de la pièce. Tant pis pour son petit frère. Elle aurait bien aimé lui faire la surprise. C'est à ce moment là que son oeil s'arreta sur des cheveux rouges. Comment diable avait-elle pu la louper? Même les vêtements détonnaient par rapport aux traits gracieux de la jeune femme.
" Ano..." commença Johnny, un peu embarassée,
" Je suis vraiment désolée de vous déranger mais est-ce que vous pourriez m'aider?"