Save on breath for me ... ~ pV - Yûka ~

Invité

" Elle a quel âge ? "

" C'est ma petite amie, elle a deux ans de plus que moi. Vous me connaissez non ? Alors, vous la connaissez aussi. "

" Oui bon... Ca va, pour cette fois ça passe. La prochaine fois, c'est carte d'identité. "

" Je suppose que c'est la première fois que tu te retrouves dans ce genre de boîte de nuit. J'en suis sur que ça va te plaire ! Tu bois quoi ? "

Invité

Finalement, ils avait quitté l’enceinte de Sakurai pour aller en ville. Yûka appréhendait un peu ce qui allait se passer : le choix et l’achat de la robe pour la soirée, des chaussures, le coiffeur et le maquilleur… Elle avait l’impression qu’elle n’allait plus vraiment être elle-même en se retrouvant dans de tels atours, mais en même temps, elle avait envie de connaître un peu plus Akiyo et si cela était possible en dehors du lycée. Elle prenait le risque d’être déçue, après tout elle ne savait pas vraiment à quoi il fallait s’attendre. Akiyo n’était pas un gentil garçon, enfin, il n’avait rien d’un garçon adorable qui ressemble à un bisou ours, il était très différent de ses meilleurs amis, Koike et Koichi qui était des personnages doux, attentifs, rieurs, plus calmes et agréables que pouvait l’être Akiyo avec les gens. Enfin, Yûka n’avait pas réellement à se plaindre, Akiyo avait beau faire preuve de méchanceté gratuite, avec elle il avait un peu de retenue et avait même tendance à venir l’aider dès qu’elle avait un problème. C’était plutôt un genre de protecteur anti-héros, un personnage complexe mais en souffrance. Allait savoir pourquoi elle s’était mis cela en tête, peut-être était-ce une sorte d’instinct, ou alors parce qu’elle s’intéressait sincèrement aux autres et à Akiyo plus précisément. Il avait beau être plus jeune, il avait quelque chose de plus mature chez lui que chez Yûka, de plus mature mais qui avait certainement grandit dans la douleur, ou dans quelque chose de dur à vivre. Finalement la jeune femme secoua la tête, sans qu’Akiyo ne la voit, pour chasser encore une fois ces pensées de sa tête. Elle n’oserait jamais lui demander alors autant apprendre à le connaître.

Oui, Yûka était une petite perle. Elle avait quelque chose d’encore un peu enfantin sans pour autant être encore une gamine. Ses traits étaient très doux, et son visage était encadré par une longue cascade boucles brunes soyeuses et souples. Elle était très jolie, et contrairement à beaucoup de jeunes filles de Sakurai, elle n’avait rien d’artificiel et superficiel. Jamais Yûka n’avait été retouché par un bistouri tenu par la main assuré d’un grand chirurgien, elle n’était pas obsédé par son poids, ne se faisait pas vomir, elle ne dépensait pas des mille et des cents dans de grandes marques de vêtements qui pourraient la mettre un peu plus en valeur… Et c’était certainement pour cela qu’elle ne se sentait pas particulièrement à son aise dans cette boutique de grande renommée, où la vendeuse l’entraîna dans une cabine pour lui faire essayer plusieurs robes. Noires, violettes, bleues ,rouges… Et c’est la rouge qui fut finalement choisie. Plus par la vendeuse et par Akiyo que par Yûka elle-même, elle n’était pas vraiment capable de faire un choix et de savoir ce qui la mettait vraiment en valeur. La vendeuse, qui la trouvait absolument adorable, lui avait fait détaché sa queue de cheval pour libérer ses longues boucles qui lui arrivaient au milieu du dos.

Les choses se précipitèrent ensuite. Akiyo l’entraîna dans un magasin de chaussures pour acheter une paire qui aille avec cette jolie robe rouge qui s’arrêtait juste au dessus du genoux. Elle du même se rendre rapidement chez le coiffeur et chez le maquilleur. Elle avait protesté, bien sûr, elle n’en voyait pas l’utilité, mais Akiyo avait pu la convaincre, et ne souhaitant pas trop le contredire, elle en ressortit aussi rapidement qu’elle était rentrée. Le coiffeur n’avait pas fait grand-chose à ses cheveux, il leur avait donné un peu de volume en nourrissant ses lourdes boucles, et avait arrangé une mèche plus lisse sur le front de la jeune femme. Le maquillage était moins léger que celui qu’elle portait habituellement, le maquilleur s’était amusé à lui faire des yeux plus charbonneux, et avait simplement rehaussé la couleur de ses lèvres d’une touche de gloss à peine rosé . Elle était très jolie, c’était certain, et elle ne passait pas du tout inaperçu, cela aussi c’était certain. De plus, apparemment ,une jeune femme au bras d’Akiyo en début de soirée, cela ne semblait pas très courant . Les regards se tournaient sur leur passage, les regardant avancer vers l’endroit de la boîte de nuit. Yûka se sentait un peu nerveuse, mais son pas était léger, comme si elle avait toujours marché sur des talons aussi haut. Yûka avait un peu l’impression d’être un mensonge sur pattes, mais elle ne dit rien, ne fit rien qui put traduire son appréhension.

Plus vite qu’elle n’aurait pu l’imaginer, ils se retrouvèrent à la caisse. L’homme en face d’eux demanda l’âge de Yûka, mais elle ne préféra rien dire, regardant l’employé sans sourciller. Elle savait bien qu’en montrant un quelconque signe de malaise, l’homme aurait des soupçons et ennuierait Akiyo. Le bras de ce dernier passa autour de ses épaules, et elle dut se retenir à grand renfort de self control pour ne pas sursauter. Elle le regarda de manière neutre avant de reposer les yeux sur l’homme à la musculature imposante qui tenait la caisse. Tout se passa bien, et Yûka se permit de soupirer doucement en se laissant entraîner par son ami à l’intérieur de la boîte de nuit. Elle ne se formalisa pas sur le geste familier, le bras autour de ses épaules, et ils retrouvèrent au bar, alors que la musique et les basses semblaient tout faire vibrer. Ce qu’elle buvait?

« Tequila Sunrise. »
Etonnant n’est-ce pas, venant de Yûka? Pas vraiment. La jeune femme tenait plutôt bien l’alcool mais elle ne comptait pas boire plus que cela pour le moment, juste assez pour faire disparaître son angoisse légère. Elle n’avait pas répondu à l’affirmation d’Akiyo et se contentait de regarder autour d’elle, se mordillant légèrement la lèvre tout en sirotant le cocktail que le barman avait finit par apporter. La jeune femme semblait distraite alors qu’elle observait toutes ces femmes et jeunes filles riches à en crever qui dansaient autour d’elle. Elle ne les enviait pas , et le pire, c’est que c’était sincère, elle ne comprenait toujours pas l’intérêt de dépenser des fortunes pour des robes, aussi belles soient elles.

« Je ne pourrais jamais passer pour une des leurs. »

Elle indiqua d’un signe du menton un petit groupe de jeunes femmes riches et qui n’hésitaient pas à le montrer . Ce n’était pas envieux mais elle lui adressa un sourire et continua à siroter son cocktail jusqu’à le finir . Vérifiant qu’Akiyo avait bel et bien fini lui aussi, elle prit sa main dans un geste impulsif. Elle était ainsi, il ne savait, et il ne pourrait pas y échapper tout de suite.

« Viens, on va danser. »

Un léger sourire aux lèvres, étonnement la jeune femme n’eut pas grand mal à se frayer un chemin sur la piste de danse. Elle avait beau être plus petite qu’Akiyo, sa finesse et sa beauté lui permettait de passer entre les hommes distraits . Ayant décidé que telle place étant la bonne, elle finit par se retourner vers son compagnon de soirée avec un sourire mutin, pour se mettre à danser. Yûka n’était pas coincée, sans être allumeuse et vulgaire non plus, après tout, elle ne cherchait pas à mettre quelqu’un dans son lit. Pourtant, elle avait ce qu’il fait de sensualité et de grâce, mêlée à l’énergie naturelle et au pétillant de ce morceau de femme.

Invité

" Une Tequila Sunrise et une Vodka Orange. "

" Je n'aurais jamais cru que tu buvais de l'alcool : Tu n'en as pas du tout l'allure en tout cas. "

" Tu es bien différente d'elle, ce n'est pas pour rien que tout le monde te regarde. L'aura que tu dégages est bien plus attractive, je te l'assure. "

" T'es le genre de filles à t'entraîner à danser dans ta chambre, pas vrai ? "

Invité

A vrai dire, physiquement parlant, la petite Yûka n’était pas sensible à grand-chose. Du haut de son mètre soixante-cinq, les lumières n’avaient que peu d’effets sur elle car elle n’y faisait pas forcément très attention. Bon, il était certain pourtant qu’à la fin de la soirée, elle risquait de se prendre une grosse migraine à cause de la combinaison musique-lumière, mais avec un cachet, cela ne devrait pas la poursuivre trop longtemps une fois chez elle. Il ne fallait pas croire que ce corps si fin et ce visage adorable étaient si fragiles, elle n’était pas en sucre contrairement à ce que l’on pouvait penser . Certes, elle paraissait frêle, mais durant les années d’absence de Koichi, elle avait appris à se débrouiller seule. Elle n’était pas devenue une experte en arts-martiaux ou quoi que ce soit de ce genre qui ne collait définitivement pas avec la personnalité non-violente de Yûka, mais elle avait fait beaucoup de sport, beaucoup de course sur tout et d’athlétisme en général, ce qui avait changé la fragile petite fille en une jeune femme pleine d’énergie et de vie. Elle s’était endurcie, aussi bien en façade, moralement, que physiquement et elle tombait rarement malade. Bon, par contre, quand cela arrivait, elle restait clouée au lit un bon moment et impossible de faire quoi que ce soit. Pratique n’est-ce pas? Le moindre rhume pouvait se transformer en une grippe carabinée avec elle, heureusement que cela était plutôt rare… Alors la musique forte, la lumière identique, tout cela n’avait pas vraiment d’effet sur elle pour le moment. Et puis, d’un côté, qu’est-ce que cela pouvait faire? Ce n’était qu’une soirée, elle n’allait pas passer sa vie en boîte de nuit, ce n’était pas du tout son genre. Bien entendu, avec quelques anciennes connaissances de son lycée public, ils avaient déjà organisé des fêtes, et soyez assurés que les pauvres savent aussi s’amuser.

Peut-être était-ce pour cela que la jeune femme se permettait de commander une boisson alcoolisée, ce n’est pas comme si c’était la première fois qu’elle venait à boire de l’alcool. La jeune femme savait être raisonnable avec ça, même si elle l’était moins dans d’autres domaines. Elle détestait perdre sa lucidité et sa volonté, alors il ne lui était arrivé que rarement d’être réellement saoul, une fois peut-être, et elle n’avait jamais réitéré l’expérience . Ce cocktail là ne l’emmènerait pas loin, il l’aiderait juste à se sentir un tout petit peu plus à l’aise. Il fallait dire que les regards des jeunes femmes à son égard n’aidait en rien. Les habituées savaient que cette gamine n’était jamais venu, contrairement à Akiyo, et la voir au bras de celui-ci suscitait jalousies et questions. Yûka avait l’habitude qu’on la regarde de haut, et même si cela était blessant, elle n’en montrait jamais rien. Mais d’habitude tout cela se passait à Sakurai, ici, elle n’avait pas ses marques, son seul repère était Akiyo. Qui d’ailleurs la regardait avec un air étonné qui aurait pu être presque comique. Quoi? Tu ne t’attendais pas à ce que je boive de l’alcool? Yûka lui adressa un sourire calme, elle savait ce qu’elle faisait, et il allait devoir s’habituer à toutes ces surprises et ces faces cachées que la jeune femme ne montrait que rarement à Sakurai. Et puis, d’un côté, il ne la connaissait pas vraiment encore, Yûka était un personnage plus complexe que l’on pouvait l’imaginer, malgré son apparente façade de bonne humeur et de joie de vivre. Elle était encore une grande enfant, à la fois joueuse et mature, responsable et tellement enjouée et vive qu’elle ressemblait à une enfant. Une enfant qui boit de la Tequila. Le verre était d’ailleurs en préparation quand elle remarqua qu’Akiyo s’était tourné vers elle. Nouveau sourire, toujours aussi calme, elle le laissa faire, absolument inconsciente du fait qu’il était en train de la détailler. Adorable, n’est-ce pas ? Oui, elle était adorable et même très jolie, fallait-il qu’un jour elle s’en rende compte…

Elle eut un léger sourire amusé à sa remarque, alors qu’elle prenait le temps de boire son verre. Akiyo, lui, l’avait déjà terminé d’une traite. Bien sûr, ce n’était pas très bon, mais Yûka ne se permettrait pas de lui faire la morale, du moins pas maintenant . Elle finit par hausser les épaules tout en gardant son verre dans sa main fine de pianiste.

« Tu sais bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences, non? »

Avec un léger rire, elle reporta son attention sur la salle un instant. Elle aurait aussi pu demander si elle avait l’air si naïve et gamine que cela, si elle paraissait si innocente . Au fond, elle l’était encore un peu, mais elle avait aussi vécu les expériences que vivent les jeunes de son âge, après tout . Yûka observa avec un naturel presque déconcertant ce groupe de riches filles, peut-être même des héritières, mais la musicienne ne connaissait pas grand-chose à se milieu, parce que tout simplement elle ne s’y intéressait pas. Savoir qui il fallait fréquentait ou qui il fallait éviter n’était absolument pas son truc . Sa remarque avait passé ses lèvres sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, si bien qu’elle finit par tourner la tête vers Akiyo, un air légèrement étonné sur le visage. C’était… extrêmement gentil ce qu’il venait de lui dire. Ce n’était pas qu’elle n’était pas habituée à ce genre de remarque avec Akiyo, il arrivait au jeune homme de sortir de manière tout à fait inattendue un compliment ,et c’était certainement pour cela qu’elle savait qu’il n’était pas foncièrement mauvais, qu’elle le sentait. Mais cela n’empêcha pas pour autant ses joues de prendre une légère couleur rosée avant qu’elle ne lui adresse un sourire doux, absolument adorable.

« Merci. »

Yûka ne pouvait pas nier que cette intervention l’avait un peu rassuré. Ce n’était pas particulièrement agréable de savoir que tout le monde la regardait, mais percevant implicitement ce qu’Akiyo pouvait penser d’elle lui faisait un peu de bien alors qu’elle ne se sentait définitivement pas à sa place et peu à son aise . Mais bien vite, Yûka eut envie de se changer les idées et de bouger. Déposant son verre sur le comptoir, elle prit la main de son ami pour l’entraîner sur la piste de danse. Il y avait du monde, on se bousculait, mais Yûka n’eut pas grand mal à se faufiler entre les danseurs, souple et petite, si bien qu’elle finit par trouver la parfaite place pour se retourner vers le jeune homme et se mettre à danser. Yûka n’était pas une jeune femme timide, vous l’aurez remarqué, et danser était quelque chose de naturel pour elle . Pas parce qu’elle avait pu prendre des cours de danse dans son enfant, non, mais parce qu’elle côtoyait les rythmes de manière quotidienne, parce qu’elle les connaissait par cœur ,et qu’elle adorait cela. Lorsqu’Akiyo se pencha délicatement à son oreille, elle eut un rire dont le bruit léger fut en partie couvert par la musique forte et restant proche de lui pour pouvoir lui répondre, elle ajouta :

« Pas vraiment, c’est juste une question de rythme. »

Et de naturel dans son cas, Akiyo l’avait certainement compris. Yûka ne fit plus attention à grand-chose, ni au regard des hommes, ni à ceux des demoiselles. Elle dansait, elle se sentait plutôt bien. Un moment passa, et Yûka pouvait avouer qu’elle s’amusait bien. Jusqu’à ce qu’une demoiselle, une de ces riches filles, ne pose une main sur l’épaule d’Akiyo pour lui dire un mot. Sans la prévenir, le jeune homme s’éloigna donc, quittant la piste, et laissant une Yûka plutôt mal à l’aise danser… Pourtant elle ne tarda pas à trouver un nouveau cavalier, elle n’avait pas à chercher loin… Elle ne savait pas combien de temps elle avait passé à danser, mais Akiyo ne revenait toujours pas. Une heure devait bien s’être écoulée, si ce n’est beaucoup plus et finalement, la jolie brune s’éloigna de la piste danse pour regarder autour d’elle, elle ne voyait pas son ami, et était plutôt franchement agacée, voire vexée. Il lui demandait de l’accompagner et c’est lui qui l’a planté pour rejoindre une belle fille… Eh bien qu’il fasse ce qu’il voulait, elle ne comptait pas rester là à l’attendre sagement . Passant par le vestiaire, Yûka se faufila entre les gens plus au moins sobres pour récupérer sa veste et le sac qui contenait ses affaires. L’extérieur ne fut pas long à attendre, et l’air frais sur son visage lui fit beaucoup de bien. Passant une main dans ses lourdes boucles brunes, elle prit le temps de remettre sa veste et de regarder autour d’elle. Elle pouvait rentrer à pieds, même s’il était tard, elle n’habitait pas très loin, et n’avait certainement pas assez d’argent sur elle pour prendre un taxi… Définitivement, cette soirée ne s’était pas aussi bien passée que prévu, et elle ne comptait pas ressortir de si tôt avec Akiyo, vu comme il l’avait complètement oublié… La princesse en robe rouge n’avait pas l’air franchement perdue sur le trottoir, alors qu’elle se mettait en marche, mais plutôt déçue.

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" De rien... De rien... Mais oublie. "

" Yûka ? Où vas-tu ? "

" Tu ... Comptes... partirrr... ? "

Invité

La jeune femme fut plutôt amusée en voyant le jeune homme lui demander d’oublier le compliment indirect qu’il venait de lui faire. Apparemment, il n’était pas un adepte de ce genre de choses, et il ne semblait pas vouloir que la jeune s’y habitue, qu’elle en tienne compte. C’était un peu compliqué de demander cela à quelqu’un, et surtout de tenter de lui effacer la mémoire de cette manière. Surtout que la jeune femme était plutôt du genre à faire ce qu’on lui disait de pas faire si cela n’avait pas de graves conséquences, alors elle ne risquait pas d’oublier le jolie compliment que venait de lui faire Akiyo. N’était-ce pas plutôt flatteur d’entendre de la part de quelqu’un comme Akiyo qu’il appréciait la personnalité ou l’aura de la jeune fille ?Elle ne risquait pas de prendre la grosse tête, en réalité ce compliment avait tendance à la rassurer. Yûka avait un peu trop l’habitude de penser qu’Akiyo ne faisait que la prendre en pitié, que s’occuper d’elle parce qu’elle était une pauvre petite gamine qui avait besoin d’être protégée de ces fils à papa mal intentionnés. La jeune femme avait une sainte horreur qu’on la prenne en pitié, qu’on ne se fie qu’à son statut social, mais au fond elle savait qu’Akiyo n’était pas comme ça, que ce n’était absolument pas son genre. Alors ne me demandez pas pourquoi elle avait peur qu’Akiyo ne la voit ainsi… Certainement parce qu’elle n’arrivait pas à le cerner, à savoir qui il était vraiment, comment il allait réagir. Il était imprévisible , et apparemment même ses amis avaient le droit à ses remarques tranchantes et parfois pas toujours très délicates. Yûka était du genre à tout encaisser sans rien dire, alors pour le moment, il pouvait y aller, elle n’était pas prête de craquer, elle ne le giflerait pas, elle ne lui crierait pas dessus, ce n’était pas son genre. Par contre, le jour où il dépasserait les limites, il était sûr qu’il le sentirait passé. On ne pouvait pas remarqué quand le vase débordait avec Yûka, dans ce cas, Akiyo risquait de ne pas la voir de plusieurs longs jours.

Yûka ne s’attardait pourtant pas plus longtemps sur cette remarque pour ne pas contrarié Akiyo ou tout simplement pour ne pas le mettre plus mal à l’aise qui ne semblait déjà l’être. Alors elle se contenta de terminer son verre, ayant bien noté avec quelle rapidité Akiyo avait descendu le sien. Était-il si habitué que cela à l’alcool? Elle n’en savait rien et ne préférait pas en faire l’expérience pour le moment. La jeune femme n’était toujours pas réellement à son aise, mais elle avait envie de s’amuser, puisqu’on y était, autant profiter de la soirée, non? C’est pour cela que Yûka entraîna le jeune homme sur la piste. Hors de question de rester planter au comptoir à enchaîner les verres, ce n’était pas du tout le genre de la jeune femme qui préférait de loin se dépenser, danser, et rentrer exténuée chez elle. Alors elle prit la main d’Akiyo, se faufilant entre les danseurs pour trouver une place au centre de la piste. Tout se passait bien pour l’instant, mais Yûka ne se rendant pas compte que certaines jeunes femmes posaient des regards jaloux sur le nouveau faux couple de la soirée. Ils dansèrent un moment, Yûka ne s’intéressait ni aux autres hommes, ni aux jalouses autour, pourtant il y aurait certainement eu de quoi en distraire plus d’une. Mais voila, lorsque la jeune femme était lancée dans quelque chose, elle n’était pas du jour à se détourner, lorsqu’elle était avec quelqu’un, elle ne le lâchait pas.

Mais apparemment, Akiyo ne voyait pas les choses de la même manière. La fameuse Sachiko, que Yûka ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, s’approcha de son compagnon de soirée, posant sa main délicate et parfaitement manucurée sur l’épaule de l’étudiant. Elle n’eut qu’à dire quelques mots pour qu’Akiyo en oublie complètement Yûka, et quitte la piste de danse pour retrouver . La jeune femme pensait qu’il allait revenir, si bien qu’elle ne se formalisa pas tout de suite sur sa disparition et continua de danser, acceptant la compagnie d’un beau jeune homme à peine plus âgé qu’elle. Mais les minutes passèrent, puis les heures passèrent, et la jeune femme ne quitta pas réellement la piste de danse. Elle aurait pu partir à la recherche d’Akiyo, mais elle avait sa fierté, elle n’avait aucune envie de lui courir après et de lui faire croire qu’elle était perdue sans lui dans cette endroit, même si c’était plutôt le cas. Alors Yûka dansa un long moment, les minutes se transformèrent en heures, et les cavaliers se succédèrent, de manière plus ou moins régulière. Elle ne s’attendait plus à voir revenir Akiyo à tout moment, à vrai dire, elle sentait qu’il n’allait pas la rejoindre et qu’elle ne le verrait certainement pas avant lundi, à l’école, et encore. La fatigue commença à se faire ressentir dans les jambes de la jeune femme, elle était un peu épuisée de sa semaine, mais elle savait que si elle arrêtait de danser, elle allait partir. Elle allait partir. Akiyo, tu entends, elle allait partir!!! Bon, ne demandons pas à un jeune bourré d’entendre les appels mentaux désespérés de son amie. Cette dernière adressa un sourire et un signe de main au bel homme avec lequel elle avait passé une bonne partie de la soirée, à défaut de pouvoir le faire avec son ami. Il était temps de partir, Yûka en avait assez. S’était-il définitivement fichu d’elle? Avec un soupire la jolie jeune femme se dirigea vers les vestiaires.

Rapidement, elle récupéra ses affaires. Sac à la main, sa veste sur les épaules, les cheveux tombant en une cascade un peu décoiffée sur ses épaules. Elle était toujours aussi jolie dans sa robe rouge flamboyante, l’air légèrement fatigué. Puis franchement étonné. La jeune femme se retourna vers lui. Akiyo. Il ne marchait définitivement pas droit. Où elle allait? Non mais quelle question ridicule… Mais vu son air, Yûka se contenta de soupirer en le regardant s’approcher. Sans répondre, elle attendit, sagement, se rendant compte qu’Akiyo devait avoir enchaîné les verres toutes la soirée, avec l’autre pouf qui l’avait harponné. Elle eut un nouveau soupire et haussa les épaules.

« Je rentre, ça se voit non? »

Bien évidemment, c’était un reproche, mais elle ne s’attarda pas plus, elle n’avait pas envie de jouer les père fouettard, Akiyo savait ce qu’il faisait, et il savait que la jeune femme était là, alors c’était en toute connaissance de cause qu’il l’avait complètement lâché. Enfin, c’était ainsi que Yûka raisonnait, et à son avis, Akiyo n’avait pas de problèmes de conscience avec ça. Oui, la jeune femme était plutôt en colère contre lui, mais vous connaissez Yûka, ce qui la blessait ne risquer pas de faire surface pour le moment, elle était plutôt du genre à avoir des colères froides, elle ne risquait pas de lui sauter dessus pour l’égorger, comme il le pensait. A croire qu’il ne la connaissait définitivement pas assez, mais d’un côté, il était absolument saoul… Titubant toujours, Akiyo s’approcha d’elle et la pointa du doigt, sur le point de dire quelque chose qui ne semblait pas venir.

« Quoi? »

Oui, Yûka était agacée, énervée, cela se voyait sur son air fermé, mais elle n’allait pas l’accabler tout de suite, alors qu’il semblait vraiment mal en point. C’était presque pitoyable de se mettre dans de pareils états, mais après tout, elle n’était pas là pour juger . C’était pour ça qu’il l’avait abandonné toute la soirée? Pour boire comme un trou et draguer de jolies filles? Et d’ailleurs, pourquoi l’avait-il rattrapé? Il s’attendait à quoi?

« Tu pensais peut-être que j’allais t’attendre toute la nuit? J’espère que tu as passé une bonne soirée au moins. »

Sarcasme, quand tu nous tiens. Yûka aurait aimé être assez forte et froide pour partir ainsi en le plantant là, mais définitivement , elle en était incapable.

Un nouveau soupire passa la barrière de ses jolies lèvres. Yûka n’aimait pas les hommes ivres, mais elle ne pouvait pas le planter là, comme ça, c’était son ami, pas n’importe quel poivrot. Si cela avait été le cas, je peux vous assurer que la jeune femme serait déjà loin. Yûka posa de nouveau les yeux sur Akiyo et finit par prendre une décision. Elle s’approcha à son tour et vint prendre son bras pour le soutenir un minimum, histoire qu’il puisse marcher sans forcément manquer de s’étaler par terre et de l’entraîner dans sa chute à chaque pas.

« Bon… On va chez moi, j’habite pas loin. Tu tiens tranquille. »

Ca, ça voulait dire qu’il n’avait pas intérêt à se faire de faux espoirs ou à tenter de la draguer parce que ça ne mènerait à rien, les histoires d’un soir, ce n’était pas du tout du genre de Yûka , surtout avec un ami, et encore moins avec un ami bourré. Prenant tout de même soin qu’il ne s’étale pas alors qu’elle commençait à marcher, elle ne le regarda pas et ne lui adressa pas un mot sur les quelques mètres qu’ils étaient en train de franchir. Il y avait des limites tout de même…

Invité

" Hein... ? "

" Ouais... Une bonne soirée... Peut être... Sûrement... Je sais pas... "

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