¤ Pardonne-moi { PV Sanada } ~

Le moment tant entendu était enfin arrivé! Enfin, le lycéen pouvait souffler un peu et prendre la direction de la maison… En effet, ses corvées terminées, il n’avait plus aucune raison de rester à Sakurai à une heure aussi tardive, à moins d’être masochiste, chose qu’il n’était pas encore. Après tout, tout le monde ou presque était déjà parti vers un monde meilleur; il ne restait que le pauvre délégué au ménage de la classe cette semaine. Heureusement, le supplice s’était terminé aujourd’hui pour lui et reprendrait pour un autre de ses camarades de classe le lendemain. Or, c’était avec un sourire que l’adolescent avait pris son sac qu’il plaça sur son épaule avant de sortir de sa salle de classe, soit la fameuse 3-B. C’était à se demander pourquoi il riait tout seul dans ce corridor désert. Lui-même l’ignorait, si ce n’est qu’il se remémorait certains moments de la journée avec ses amis avec qui il avait eu bien du plaisir. Comme quoi l’école n’était pas toujours un supplice. Effectivement, l’unique raison qui expliquait la survie de Shintaro Sanada n’était nulle autre que ses camarades tous aussi spéciaux les uns que les autres. Il fallait avouer que de toute façon, l’adolescent était capable de s’amuser tout seul, lui qui se trouvait si drôle que ça. Détrompez-vous, il était tout de même loin d’être une mauvaise personne… Peut-être juste un peu dérangé, mais ça, qui ne l’était pas? Lui, il l’était tout simplement à sa manière et pour le moment, il ne se plaignait pas d’être comme il était. Pour dire vrai, il s’appréciait même comme ça –il n’avait pas trop le choix, remarque-.

Ne prêtant pas trop attention à la direction qu’il prenait, son regard vaquait ici et là, un peu ailleurs. Ce n’était pas trop grave puisque le lycéen connaissait chaque recoins de l’établissement et pouvait facilement s’y retrouver les yeux fermés. C’était peut-être un peu exagéré, mais les pieds du garçon savaient le chemin tous seuls et n’avait aucunement besoin du commandement de leur cerveau pour agir. Or, il ne fallait donc pas s’inquiéter en ce qui concernait le sort de cet adolescent unique en son genre. Puis, ce n’était pas comme le fait de se perdre dans un lycée était perçu comme une chose dangereuse… L’agent de sécurité aurait bien fini par le retrouver, du moins, il aurait espéré si jamais il devait réellement se perdre. Peu importe, cela n’allait pas arriver! S’arrêtant donc à son casier, Shin’ y rangea les livres dont il n’avait pas besoin et dans l’unique envie de faire plaisir à ses parents, prit un bouquin de mathématiques qu’il avait résolu d’étudier une fois rentré chez lui. Il soupirait déjà d’imaginer l’ennui, mais si il voulait ravoir son allocation hebdomadaire, il devait se sacrifier à faire plaisir à ses parents qui rêvaient de le voir décrocher la note d’honneur au prochain test… Ceux-là pouvaient encore rêver bien longtemps, mais bon, Shintaro n’était pas non plus si idiot. Il ne suffisait que de prouver –ou faire simplement semblant- qu’il étudiait fort afin de duper ses parents qui n’y verraient que du feu. Bonjour alors les yens qu’il lui fallait afin de le « dépaumer » un peu. N’empêche que pour cela il fallait qu’il rentre chez lui un jour… Il lui restait donc encore une longue route avant d’y parvenir. Soupirant en fermant son casier, le lycée de troisième année se remit donc à marcher dans ce couloir presque sinistre une fois les heures de cours terminés. C’était toujours bien pénible de se retrouver dans un tel environnement trop grand et cela, tout seul. Non pas qu’il avait peur, au contraire, c’était juste… lassant et sans intérêt.

Tournant au premier coin à droite, le garçon se dirigea vers les escaliers afin de rejoindre l’entrée principale. Inutile de vous dire que le jeune homme se pressait pour s’évader de cette prison qu’était le lycée! Toutefois, comme tout devait être contre lui à chaque fois que l’idée de réellement étudier lui prenait –comme quoi cette idée devait être inconcevable- Shintaro se rappela qu’il avait oublié quelque chose de très important dans son casier. N’ayant pas trop le choix, Sanada dut donc se faire une raison et faire demi-tour. Pas trop ravi, c’était le prix à payer pour avoir été tête en l’air dans son désir de liberté qu’il ne méritait toujours pas encore. Néanmoins, ce devait être une certaine demoiselle qui devait trouver sa chance dans sa malchance à lui… Un réflexe sans doute, il ne l’avait pas venu venir, Shin’ avait agrippé le bras d’une silhouette qui semblait tomber des escaliers droit devant lui une fois qu’il se fut retourné… L’art de se trouver au bon endroit au bon moment, pas vrai? Arquant un sourcil, il trouvait étrange qu’il puisse pleuvoir des lycéennes à cette heure. D’ailleurs, elle ne semblait pas très connue dans un tel endroit. Une nouvelle peut-être? Une chose était certaine, la situation était fort embarrassante pour l’adolescent qui n’avait pas prévu un corps à corps de la sorte. En fait, il n’avait même pas prévu de sauver la vie de qui que ce soit aujourd’hui, mais sa main semblait se la jouer en solo et s’amuser à agripper tout et n’importe quoi. Certes, il ne pouvait pas non plus s’en vouloir d’avoir fait évité une vilaine chute à cette inconnue. Pourtant, avoir son visage enfuit sur son torse comment vraiment à lui faire perdre ses moyens… Vous savez, le légendaire Shintaro Sanada qui se transformait en Baka Shin’ une fois à proximité de n’importe qu’elle fille à condition que celle-ci soit assez jolie… Et bien, il ne devait pas être chanceux cette semaine, car il ne tombait que sur des filles très jolies!

« Il n’y a pas de… de mal… Heu, ça va aller? »

Cela s’annonçait bien pour le moment. Il n’avait pas encore dit de conneries et n’avait donc pas passé pour un imbécile de premier. Il fallait continuer comme ça, Shinta-baby! Courage! Voyant pourtant que la jeune femme était toujours collée à lui, le pauvre garçon s’était transformé en statue de marbre et, prenant son nouveau rôle à cœur, semblait avoir cessé de respirer. Cela pouvait expliquer pourquoi il devenait aussi rouge, voire bleu au visage. Était-elle tant sous le choc ou alors profitait-elle du moment? Après tout, les filles qui violaient les garçons dans un coin sombre, ça l’existait! Ce n’était pas seulement les hommes les salauds! Halte-là les préjugés et la discrimination des sexes! Alors, elle attendait quoi? Qu’il fasse un mouvement brusque pour lui sauter dessus comme une tigresse? C’était probablement l’imagination de garçon qui déraillait, du moins, espérons pour lui [XD].

«Tu… tu fais quoi ici? L’école est fini depuis longtemps déjà… Tu.. hum.. pourrais te décoller un peu?»

Ça y est, il en était fini de lui! Pourquoi une fille se collait-elle aussi dangereusement de lui? Était-ce un complot, un attentat à sa pauvre vie? Pourtant, le lycéen se trouvait encore trop jeune pour mourir! Il lui restait encore tant de choses à vivre et à expérimenter! Le cœur battant la chamade, il déglutissait à toutes les cinq secondes sans toutefois être capable de réagir à la situation. Il n’était pas non plus capable de repousser la jeune femme qui lui était inconnu pour deux raison : la première parce que c’était méchant et la deuxième, parce qu’il était paralysé. Certes, il venait de sauver cette lycéenne d’une mauvaise chute, mais le garçon ne s’attendait pas à se faire enlacer de la sorte. Bien que ce ne soit pas désagréable non plus, il va de soi, mais comprenez seulement que le pauvre baka Shin’ était tout sauf à l’aise en présence de la gente féminine, tout particulièrement lorsque ces dernières étaient dans son espace vital ou simplement trop jolie pour l’empêcher de se contenir convenablement. Fixant alors le mur droit devant lui, toujours en piquet telle une statut de marbre, le troisième année attendait une réaction de la part de l’inconnue. Il pouvait ainsi faire semblant de ne rien remarquer, mais il voyait bien que la jeune femme semblait tout aussi mal à l’aise que lui. En effet, elle était légèrement rouge, ce qui faisait changement pour une fois –habituellement, c’était toujours le seul à l’être-.

Son interlocutrice qu’il venait miraculeusement de sauver tel un presque parfait gentleman finit par répondre à sa question. Effectivement, Shintaro ne comprenait pas ce qu’une adolescente pouvait encore faire en ces quatre murs à moins d’avoir terminer elle aussi ses corvées de classe comme lui. Pourtant, cela ne prit pas longtemps pour que le garçon de comprenne alors la situation. La pauvre était visiblement nouvelle pour s’être perdue dans l’établissement. Souriant alors d’un sourire rassurant, le garçon se mit à rire sans être méchant. Il devait comprendre en quelque sorte son désarroi, lui aussi ayant passé par là lors de sa première année de lycée. Se penchant alors vers la demoiselle pour qu’elle lève enfin les yeux afin qu’elle cesse de se sentir trop honteuse, le garçon leva un pouce comme signe d’approbation. Approuver pour quoi? Elle allait s’en doute se le demander si il ne se décidait pas à s’expliquer. Pourtant, détrompez-vous, Sanada n’était pas satisfait qu’elle se soit perdue dans l’école, au contraire, il manifestait simplement le fait que ce devait être son jour de chance. Qui de mieux qu’un troisième année, voire Shinta-baby, pour aider une pauvre demoiselle en détresse? Il se devait de l’aider à visiter. Au diable alors l’étude qu’il s’était planifiée… De toute façon, entre vous et moi, l’envie d’ouvrir ses livres n’y était pas. Puis, ses parents verraient en leur fils une âme pure et charitable, ne? Souriant alors davantage lorsqu’elle se présenta, l’adolescent bomba le torse avant de se présenter à son tour.

« Hajimemashite, Shintaro Sanada desu. Dôzo yoroshiku. Comme quoi tu dois être chanceuse aujourd’hui, Alyshia-san… Je te sauve d’une vilaine chute, mais en plus, je te propose une visite de l’école. Quelle est ta réponse? »

Bien évidemment, elle avait elle aussi le droit de connaître la raison de sa présence en ces lieux à cette heure. Souriant davantage, il alla passer une main dans ses cheveux avant de se décider à répondre à la question. Cependant, il devait essayer de faire tomber la pression causée par la gêne entre les deux. Certes, cela n’allait pas être simple pour le garçon, même si il avait été capable de prononcer une phrase entièrement bien constituée, soit d’un sujet, verbe et complément. Pourtant, il ne saurait tarder qu’il ne fasse une bourde comme se le veut son tempérament maladroit en présence des femmes. À croire qu’il était né avec des gênes étranges qui allait sans doute le rendre puceau encore à quarante ans; c’était pathétique. Détrompez-vous, faire appelle au fait d’être puceau à quarante ans n’avait rien avoir avec le fait qu’il voulait sauter sur la pauvre fille! Faut-il vous rappeler qu’il s’agissait de lui qui avait eu peur il y a de cela peu de temps à propos de se faire violer? Non mais, c’est qu’il ne pleuvait pas des lycéennes à tous les jours et encore moins fréquemment que les années bissextiles ou encore, les effets des astres telles que les éclipses, etc. Aussi bien préciser aussi qu’il était loin d’être un pervers qui comptait sur le fait d’amener la dénommée Alyshia dans un petit coin sombre d’un couloir pour abuser d’elle… Au diable de telles pensées impures! Sans compter que le pauvre garçon était si gêné de seulement avoir de telles pensées qu’il était presque inconcevable qu’il ne parvienne à faire en sorte qu’elles ne se réalisent!

« Je te rassure, je ne suis pas un pervers! »

Ah bon? Et pourquoi spécifier le fait que tu ne l’es pas? C’est comme un alcoolique qui prétend ne pas l’être, un cocaïnomane ou héroïnomane qui assure ne pas être dépendant à la drogue… Essaierais-tu de faire peur à la demoiselle, alors, Shintaro-kun? Se frappant le front tout en secouant une main afin de rassurer la fille devant lui, Sanada grimaça. C’était une grimace qui en disait long, soit qu’il se trouvait vachement stupide pour avoir balancé ça comme ça.

« Heu, je ne voulais pas dire ça… Enfin, oui, je n’en suis pas un non plus, mais… Anô… Ce n’était pas principalement ce que je voulais dire. Bref, ma présence est dû aux corvées qui me sont attitrées cette semaine, voilà! Je ne faisais rien de louche… Ce n’est pas non plus dans mes habitudes de baragouiner comme ça… heu… je ne sais plus ce que je dis. Ah ah! Je ne suis pas fou non plus, peut-être à la limite baka, mais heu… oui, oui, je sais, je m’enfonce là, ne? »

Bravo, Shin’! Cette fille va maintenant avoir peur de toi! Avec un peu de chance, elle te trouvera uniquement mignon dans ta stupidité, ou le contraire.

Comment pouvait-elle seulement croire qu’elle le dérangeait? Certes, il avait du temps libre une fois ses corvées terminées, mais envisager d’aider une charmante demoiselle en détresse était bien plus plaisant que de se retrouver nez-à-nez avec ses livres d’école dans sa chambre. Il fallait donc être étrange, voire bien plus cela encore, pour préférée l’option académique plutôt que sociale. Or, le jeune homme était encore loin de se trouver masochiste au point de tout bonnement partir vers chez lui ainsi. De toute façon, il ne pleuvait pas toujours des lycéennes, il fallait donc en profiter un tout petit peu lorsque tel était le cas, pas vrai? Peu importe, il devait voir cela comme une bonne occasion pour s’améliorer avec les filles! Après tout, qui ignorait les désastres de monsieur Casanova Sanada? Simplement préciser alors que le nom ne lui allait pas, mais pas du tout. Charmant, certes, kakkoii, aussi, mais au point de devenir un player, ça non. Cela ne tenait que du miracle si déjà, il parvenait à discuter normalement avec une fille, outre son amie Kimiko qui, à ses yeux, étaient bien plus une sœur qu’une quelconque petite-amie potentielle à ses yeux. Rholala, mais attention, ne sautons pas non plus les étapes! L’adolescent ne prévoyait pas non plus faire de la lycéenne devant lui cette potentielle petite-amie… Il était un gentleman et non pas un cas désespéré qui sautait sur la première venue! Au contraire, il voyait plutôt cette occasion comme étant un bon moyen pour faire attention à sa maladresse avec la gente féminine tout en faisant sa bonne action de la journée.

Aussi bien alors le dire tout de suite, cela commençait plutôt mal. Non, en effet, il n’était pas un pervers, mais sentait-il vraiment le besoin de le lui dire de cette façon? C’était comme un alcoolique qui refusait d’admettre qu’il en était un, à la différence près que Shintaro n’était véritablement pas un pervers. Pourtant, qui pouvait le prouver? Probablement pas cette pauvre et innocente jeune femme qui se retrouvait en terrain inconnu avec, justement, un inconnu. Espérons alors que son imagination n’était pas aussi fertile que celle de Sanada, sans quoi le pauvre était très mal parti. Au moins, une chose semblait le sauver et c’était bel et bien le fait que tous les deux semblaient très mal à l’aise côte à côte. Par contre, ne connaissant pas très bien la dénommée Alyshia, le lycéen ne pouvait connaître la raison de sa gêne avec lui, même si il en avait une petite idée. Le fait de se retrouver avec un inconnu qui semblait assez dingue était une très bonne raison, il fallait l’avouer! Néanmoins, la voir réagir comme elle le faisait lui permettait de souffler un peu plus librement. En effet, il ne put s’empêcher de rire, se moquant légèrement de sa propre personne lorsqu’elle lui donna raison. Il s’enfonçait, c’était certain, mais habituellement, on ne lui disait pas cela de cette façon. On le traitait d’idiot où on le laissait marmonner tout seul. Dans le cas d’Alyshia, elle souriait d’un très beau sourire. Il ne pouvait donc pas l’ignorer et arborer un air antipathique –il ne savait même pas ce que voulait dire ce mot-. Or, souriant lui aussi, il se trouvait idiot, mais ça lui était égal. Si la jeune femme parvenait à faire avec son comportement bizarre et trouver même cela rigolo, pourquoi pas? Il préférait la voir sourire que pleurer, il va de soi.

« Bah, le choc je présume… Ce n’est pas à tous les jours qu’un individu nous tire dans ses bras non plus… Enfin, dans mon cas à moi, je ne le fais pas vraiment et…euh… je n’ai jamais vu personne le faire non plus. Quoique… mais les couples ça ne compte pas, nê?»

Il la suivit du regard, mais n’eut pas le temps de se proposer à l’aider à ramasser ces affaires que déjà, elle était revenue à lui. Son sourire toujours sur le visage, il hocha simplement la tête pour répondre à la question. Si elle le désirait, sa proposition était bien entendu valide pour tout de suite. Plus tôt était le mieux, d’ailleurs… L’imaginer devoir vivre dans une école plus compliquée qu’un labyrinthe n’était pas très agréable, donc il était normal que lui faire visiter tout de suite était plus sage. Or, le garçon s’approcha et se pencha légèrement vers la lycéenne de façon à lui prendre ses choses des mains. Cela devait être lourd à porter, donc il se devait de se montrer serviable. Pourtant, par maladresse, il ne réussit qu’à refaire tomber ses choses au sol. Gêné, il s’excusa avant de se pencher pour tout ramasser. Quel empoté celui-là! Ceci fait, il s’excusa de nouveau et recula de quelques pas, la distance qui les séparaient étant trop petite pour lui permettre d’être à l’aise. En effet, les frôlements de peau lui donnait des frissons, à savoir pourquoi. Le rouge ayant piqué quelque peut ses joues, le garçon baissa le regard, sans trop savoir quoi faire.

«Je vais les porter pour toi… Je veux parler de tes affaires… Donc, si ça te le dis toujours, on commence donc par les étages? Au fait, tu es dans quelle classe? Et, si ça n’est pas trop indiscret, tu a changé d’école pour quelle raison? »

Était-ce si difficile de supporter le regard d’une fille? Ciel que oui! Du moins, pour Shintaro Sanada, cela tenait d’un incroyable défi qu’il avait très souvent de la difficulté à relevé! Or, toujours dans ses stupides escaliers de l’école, faisant face à la lycéenne tombée du ciel, le garçon fuyait littéralement tout contact soudain qui allait le rendre encore plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà. Il ne remarqua donc pas alors qu’Alyshia fuyait elle aussi son regard à son tour. Bref, comment passer pour deux idiots en quelques lignes! Heureusement pour eux que les lieux étaient déserts… Pourtant, la jeune femme fini par dire quelque chose qui finit par détendre l’atmosphère un tant soit peu. Il fallait avouer que le jeune homme était un peu maladroit –pour ne pas dire extrêmement- ce qui expliquait pourquoi il en avait échapp ses choses en essayant de les prendre pour se montrer aimable envers elle. Cependant, d’après ses dires, ces affaires étaient très habituées de rencontrer le sol… Or, Shin’ se contenta de relever le regard et d’afficher un sourire radieux.

Ainsi, il l’invita donc à monter les escaliers avec lui de façon à se rendre aux étages. Comme elle le disait, c’était stratégique ou plutôt, mieux structuré, de commencer par le haut et ainsi terminer par le bas, où se retrouvait la sortie. Par contre, peu importe le chemin qu’ils avaient prix, cela aurait été du pareille au même. L’école n’allait pas changer en fonction de cela, n’est-ce pas? Nous étions loin de Harry Potter et de son école loufoque avec les escaliers qui changeaient de place! Sans quoi la pauvre lycéenne n’aurait pas été la seule à se perdre, laissant alors Shintaro dans une situation difficile à admettre, soit qu’il était un imbécile pas très fiable. En effet, comment pouvait-on seulement compter sur une personne qui ne savait pas plus le chemin que nous? Heureusement alors que ce n’était pas le cas. Depuis ces trois dernières années, les escaliers n’avaient pas encore bougé et les tableaux, eux, parler. Tout était donc pour le mieux! Il pouvait donc avoir l’air d’un idiot une fois qu’il ouvrait la bouche, mais il n’allait pas être un idiot sur qui on ne pouvait pas compter! Après tout, il s’était proposé, c’était parce qu’il était près à faire sa bonne action et surtout, parce qu’il était en mesure de la faire! Ainsi, même si Alyshia se retrouvait un peu plus devant dans la marche malgré le fait qu’elle ignorait le chemin, l’adolescent avait commencé sa visite guidé de l’établissement qu’était Sakurai Gakuen. Lui présentant alors les locaux en mettant l’emphase sur les plus importants, il continuait sa lancer tout en l’écoutant répondre aux questions qu’il lui avait posé un peu plus tôt.

Ainsi, elle était en art et lettres? En effet, cela pouvait expliquer pourquoi elle avait tant de livre avec elle… C’était donc bien intéressant, une fille qui aimait ce genre de truc. C’était simplement dommage qu’il n’y excellait pas. Il n’était pas dépourvu d’intelligence, au contraire, mais chacun avait ses faiblesses et les siennes, c’était bien évidemment les lettres. Le garçon était meilleur dans ses cours de bases tels que les maths, pour dire la vérité. Du moins, il sortait du lot dans ce sujet-là plutôt que les autres. Peu importe, là n’était pas la question! Alyshia était donc une poète ou futur écrivaine? Qui sait? Puis, le fait qu’elle soit en première année expliquait aussi pourquoi elle lui avait semblé beaucoup plus jeune que lui. Souriant alors toujours à son interlocutrice, il se tourna vers elle afin de l’écouter s’avancer sur le pourquoi elle avait changé d’école. Elle avait un frère aîné avec qui elle vivait alors. Ses parents n’étaient pas là? Il semblait étrange que ces derniers se montrent aussi permissif et accepte que leur fille de seize ans vive seule avec son frère, mais comme il ne s’agissait là pas de ses affaires, le garçon se contenta de ne pas demander afin de ne pas avoir l’air indiscret.

« Je vois! Je suis dans la classe 3-B et je fais parti du club de natation, bien que je suis un piètre nageur… Je crois qu’un chien doit mieux nager que moi, mais pour ce qui est du « kawaii attitude », ça reste encore à débattre! »

Bien entendu, il blaguait. De un, il ne nageait pas si mal que ça. Ce n’était pas le meilleur de son club, mais pour avoir tout de même été choisis, c’est qu’il devait bien se débrouiller, ne? Puis, il n’était pas non plus vantard au point de dire qu’il était plus mignon qu’un chien. Puis, on ne pouvait pas le comparer de cette façon, c’était ridicule! En effet, il blaguait, chose que l’on pouvait remarquer vu son ton et son sourire en coin qui semblait vouloir retenir un petit rire. Pourtant, il ne s’aventura pas plus loin dans le sujet et continua sa visite à travers le long couloir de l’étage. Du moins, c’était ce qu’il s’apprêtait à faire jusqu’à ce que la jeune femme ne le coupe. S’arrêtant alors pour lui faire face, l’adolescent ne pu s’empêcher d’être quelque peu gêné par la question. Comment pouvait-il lui dire que ses prétendantes fuyaient une fois qu’il ouvrait la bouche?

«Je dois … prendre ça pour un compliment, je présume, ne? Anô, je n’ai… pas vraiment de prétendantes. Enfin, je ne crois pas, je ne sais pas… Mais j’en ai déjà eu! Heu, enfin, pas tout à fait une prétendante, juste une petite-amie, mais… ça fait, très, très longtemps, tu vois… Ermh… Merci, mais bon, je ne crois pas être comme ça uniquement avec les filles… Quoique, ouais bon, j’avoue, je ne porte pas les livres de mes camarades masculins, c’est… louche un peu. »

Passant une main derrière sa nuque, il se mit à rire jaune. Que pouvait-il dire ou faire pour ne pas avoir l’air quelque peu déréglé de la sorte? Absolument rien sans doute puisque le mal était déjà fait. Pauvre enfant qui se retrouvait si impuissant devant les filles! Peut-être allait-il devoir vivre ainsi jusqu’à la fin de ces jours…? Il préférait de pas y penser, car il se trouvait déjà trop pathétique pour en rajouter encore plus!

«C’était pas mal tout pour l’étage supérieur… Heu, tu as des questions? N’hésite pas hein! Au fait, je m’auto-proclame comme ton guide officiel des lieux. Si jamais tu as des difficultés, tu viendras voir ton senpai, ne? Tu te souviens de mon nom, au moins? »

C’était plus fort que lui, il avait du demandé. Espérons alors qu’elle se souvienne, sans quoi il était plus qu’un idiot et l’envie de se cacher dans un coin sombre ne tarderait pas à venir.

Ce regard qui le fixait le mettait quelque peu mal à l’aise. Était-ce lui qui hallucinait assez gravement ou la sensation d’être soudainement jugé et pointé du doigt était bel et bien réellement? Il savait bien qu’il se pouvait qu’il ne soit pas très clair en s’exprimant à propos de ses prétendantes inexistantes, mais avait-il l’air de mentir à ce point? Pourtant, il n’y avait pas plus sincère que ce garçon! Déglutissant avec mal, il passa une main dans ses cheveux en essayant de se calmer un peu, en vain. Effectivement, Sanada ne s’était pas attendu à une telle question et se retrouvait désormais au dépourvu. Y avait-il une bonne ou une mauvaise réponse à une telle question? En disant la vérité, il passait pour un pauvre petit niais et en mentant, pour un player! Quoi faire alors? Dur, dur de trouver une réponse en quelques instants seulement. Pourtant, il avait opté pour la vérité en s’enfargeant dans ses mots, comme toujours. Pourquoi changer une combinaison gagnante? Certes, pas nécessairement gagnante, mais il était quand même difficile de modifier une habitude sur laquelle nous n’avions aucun contrôle, pas vrai?

Aussi bien changer de sujet avant de s’enfoncé davantage. Avoir l’air d’un baka ce n’était pas si pire, mais un baka fini, là, ça posait problème. Non pas que Sanada tenait tant à sa réputation, mais il n’avait pas envie de tout le monde ne le fuit, tout particulièrement les filles. Il fallait le comprendre, le pauvre… Déjà qu’il avait difficulté même si ces dernières le trouvait kawaii, il ne fallait pas rajouter de l’huile sur le feu! Ainsi, il mit fin à la visite de l’étage supérieur en se proposant comme « super-senpai-à-la-rescousse-pour-vous-servir ». En espérant alors qu’Alyshia ne le prenne pas trop mal. Il était vrai qu’il venait tout juste de se rencontrer et ne savaient encore pratiquement rien de l’un et de l’autre. Pourtant, cela pouvait changer, tout dépendant des deux jeunes gens. Retrouvant un sourire, pour ne pas que l’adolescente ne s’inquiète de son état quelque peu mal à l’aise, Shintaro attendit sagement qu’elle lui fasse un signe comme quoi elle avait ou non des questions sur l’étage qu’ils s’apprêtaient à quitter. Pourtant, son sourire s’effaça aussitôt qu’elle l’entendit essayer de prononcer son nom… Visiblement, elle ne se souvenait pas! La honte! Rouge pivoine, le jeune homme ne put masquer son état quelque peu vexé, mais surtout déçu. Elle était pourtant près de son prénom, mais l’avait littéralement déformé avec son nom de famille. C’était plutôt triste. Ainsi, il fallait se faire une raison… Son sauveur ne l’avait pas plus marqué qu’il ne le fallait. Or, d’ici demain, elle avait le temps d’oublier complètement son identité, voire le fait qu’il l’avait sauvé d’une vilaine chute. Où pouvait-il donc s’enfuir et se cacher? Il n’y avait aucun coin sombre ici et même si il y en avait un, cela n’aurait pas été très subtil! Shintaro allait donc devoir endurer ce malaise jusqu’à la fin. Une fois leur chemin séparer, alors là et seulement là, il pourrait vider son sac remplit et crier son bakaïsme. Pauvre enfant, son monde s’écroulait devant lui!

Pendant qu’il était bien parti dans son sombre désespoir, il sursauta en entendant une partie de son véritable prénom. Ce… ce n’était qu’une blague? Haha! Quelle comédienne, celle là! Alyshia l’avait bien eu, ça il fallait l’avouer! Le pauvre avait cru qu’il n’était qu’un garçon insignifiant, mais la jeune femme finit par lui faire changer d’idée. Il était bel son senpai désormais et le titre d’amis fut plutôt flatteur. Retrouvant son sourire tout en bombant quelque peu le torse de fierté, il ne put s’empêcher de rire, heureux. C’était un peu débile de sa part, mais cela faisait du bien de voir qu’il n’était pas si insignifiant que cela et qu’il avait une place dans la journée de la jeune femme.

« Tu m’as fait peur une fraction de seconde… Tiens, allons à l’étage en dessous! »

Passant devant l’adolescent ne se doutait de rien, pas même qu’on le mâtait très ouvertement derrière. C’était sans doute mieux ainsi, sans quoi il allait rougir au point de se confondre derrière une tomate. En effet, il en aurait été atrocement gêné. Comme quoi l’adolescent n’était pas habitué à ce genre de chose vis-à-vis de lui. D’ailleurs, si lui-même ne mâtait pas la fille ainsi, il était difficile pour lui d’imaginer ces dernières le faire envers lui. Cependant, il va de soi que cela lui aurait sans doute faire un petit velours. Pourtant, il ignorait que ces yeux le fixaient de la sorte, donc il continuait tout simplement de marcher de façon enjouée tout en expliquant les lieux à la lycéenne.

« Ici, c’est classe… Si jamais tu as besoin de me trouver, tu vois! La table au fond, troisième rangée, c’est ma place. Si je ne suis pas là, essaie la piscine ou la cafétéria. Particulièrement cette dernière, je passe mon temps à flâner là-bas…et m’empiffrer, mais ça, c’est un détail. »

Il venait de lui pointer la place qui lui était attribuée dans sa classe, soit la 3-B. Chère place sur laquelle il passait le clair de son temps à dormir plutôt que d’écouter! Se dirigeant alors vers les escaliers, Sanada descendit d’un étage pour continuer le reste de la visite, toujours avec les cahiers de la jeune femme sous le bras. Il n’y avait pas grand-chose sur cette étage, ce pourquoi il se contenta de lui expliquer le plus important avant de passer au rez-de-chaussée au plus vite. Au moins, cet endroit était plus utile; cafétéria, infirmerie, secrétariat, bref tout était là.

«Attends-moi là, je reviens…»

Partit quelques instants, le troisième année revînt assez rapidement, deux canettes dans les mains. Il en tendit une à sa compagne avec un sourire avant d’ouvrir la sienne et de prendre une gorgée. Il n’avait pas demandé si elle avait soif, mais peu importe, lui, était assoiffé.

« J’espère que t’aime la saveur… Orange et mangue, c’est ma préférée. Enfin, tu… crois être en mesure de te retrouver demain? Je peux toujours te… enfin, si tu veux bien sûr, te donner mon numéro de portable… Quoique, bon… Au cas où tu es des problèmes, je veux dire, tu vois…»