Service, documents et chuppa chups [Hanako]

Les pieds sur la table, en équilibre sur la chaise et les écouteurs dans les oreilles, Noriko faisait passer le temps, plus ou moins patiemment. La position de la jeune demoiselle n’était pas étrange. Non ce qui l’était, c’était qu’elle reste dans la classe alors que tous les autres étaient sortis. D’ordinaire, elle était l’une des premières dehors pour fuir au plus vite ces cours ennuyeux qu’elle devait subir chaque jour.

Mais aujourd’hui, alors que, le sac sur le dos, les mains à la recherche de son lecteur audio, elle s’apprêtait à rejoindre ses amies à l’extérieur de la classe lorsque son cher et tendre –ironique of course- professeur de mathématiques l’avait interpellé.

" Miss Mayuko. Restez un instant. J’ai une tache à vous confier."

D’un geste dépité, Noriko indiqua à ses amies qu’elle les rejoindrait plus tard avant de faire demi-tour et de se diriger, en traînant des pieds, vers le bureau. Assis derrière, tel un roi sur son trône, son professeur la toisait d’un air narquois. Il ne l’appréciait pas et c’était réciproque. Aussi quand l’occasion de la retenir un peu plus en classe se présenta, il sauta dessus. Les deux personnes se fixèrent un moment avant que le plus âgé ne sorte une liasse de papier d’un tiroir pour les tendre vers la jeune demoiselle.

"Ces documents appartiennent à la classe 2-A. Un membre de cette classe doit passer les chercher et j’ai une réunion importante. Vous resterez donc ici pour donner ces papiers à votre camarade."

Sur ce, il partit en jetant un regard triomphant à la demoiselle qui tenait en mains ces fameux documents, les fixant d’un air furieux comme si c’était de leur faute.

Et c’est pourquoi Noriko se trouvait actuellement sur sa chaise au lieu de profiter du beau temps à l’extérieur. Autant dire qu’elle n’était pas dans les meilleures conditions pour accueillir son « camarade ». D’autant plus que depuis son entrée à Sakura Gakuen, elle n’avait pas arrêté de se prendre la tête avec les élèves de cette fameuse classe A. En règle générale, Noriko était une jeune fille sociable, ouverte, enthousiaste, voire un peu trop. Mais c’était plus fort qu’elle, à chaque fois qu’elle croisait un de ses camarades de la classe supérieure, ça partait en vrille. Pourquoi ? Pour deux raisons. La première était que ces soit disant camarade la prenaient de haut sous prétexte qu’elle n’était qu’en classe C, la classe des « nuls ». Ensuite, parce que ses parents l’avaient tellement poussé à intégrer cette fameuse classe qu’elle en était venue à haïr tout ce qui pouvait y toucher. Pathétique et puérile comme raison certes, mais c’était comme ça un point c’est tout.

Le temps passait et toujours pas de petit génie –car c’est ainsi que Noriko surnommait les membres de la classe A- à l’horizon. Sa bonne humeur et son enthousiasme habituels avaient disparus alors qu’elle sortait une sucette de sa poche pour l’enfourner dans sa bouche. Ses ongles, parfaitement manucurés et décorés, tapotèrent la table, signe de son impatience croissante. Car si Noriko était une jeune demoiselle dynamique et énergique, elle n’avait guère de patience, surtout lorsqu’elle était obligée de faire quelque chose qui lui déplaisait fortement.
Un instant, l’idée de partir tout simplement en laissant les documents ici l’effleura. Mouais….mauvaise idée, après elle allait avoir des ennuis. Pas que cela ne la dérange tellement –elle avait l’habitude-, mais son prof était capable de la retenir en colle tous les soirs, l’empêchant ainsi de se rendre à son entraînement d’athlétisme. Ah…l’athlétisme…..peut-être la seule chose qui motivait Noriko dans cette école. Le seul moment où elle se donnait à fonc. Hum…..ce n’était peut-être pas tout à fait vrai. Un cours l’intéressait, le cours d’anglais. Seule matière où elle se débrouillait plutôt pas mal. Tiens, en parlant de ça justement….Noriko jeta un coup d’œil vers la porte d’entrée : toujours personne. Un regard à sa montre la fit soupirer. Qui que ce soit qui vienne récupérer ces fichus papier il ou elle allait l’entendre. En attendant, elle pêcha un livre dans son sac « Roméo & Juliette » de Shakespeare et en anglais s’il vous plaît. Elle devait lire ce livre et en faire un résumé pour dans deux semaines. Seul devoir auquel elle s’attablait avec entrain. Toujours dans la même position mais avec une musique plus douce dans les oreilles –pour coller à la situation du livre-, Noriko se plongea dans sa lecture, coupée du monde extérieur.

Invité

Hanako, assise sur sa chaise, attendait patiemment que le cour se termine. Elle commençait à en avoir assez. Pas des cours en général, mais plutôt des cours d’Histoire. Toujours autant… soporifiques. Mais après avoir passé une heure à tenter de rester éveillée, la sonnerie retentit. « Enfin ! » s’était-elle dit. Mais alors qu’elle commençait à fourrer ses cahiers dans son sac, vite fait bien fait, son professeur l’interpella.

« Mademoiselle Muramatsu, veuillez rester un instant. »

Elle se retourna vers lui et attendit qu’il finisse sa phrase. Mais avant de terminer cette dernière, il fouilla dans un tiroir pendant cinq bonnes minutes. Hanako le regardait tout en continuant de se dire « Mais quand est-ce qu’il a fini ? ». Finalement, il en sortit un bout de papier sur laquelle était noté « 2-C ».

« Pourriez-vous me rendre un service ? »

Question bête. Ca faisait au moins huit minutes qu’elle attendait, ce n’était pas pour rien ! Elle allait faire ce qu’il lui demandait, et aussi vite qu’elle le pourrait.

« Pourriez-vous vous rendre dans la salle de la classe 2-C. Je l’avais noté sur un bout de papier, pour ne pas oublier… Bref, pourriez-vous vous rendre dans cette salle et ramener le paquet de feuilles qu’un élève ou professeur vous remettra ? »

Bien sur qu’elle le ferait. Elle n’allait pas partir comme ça, elle rendrait service à son prof et se serrait finit. Elle lui dit qu’elle acceptait et sortit de la salle pour se rendre dans le couloir. La salle de la classe 2-C n’était pas bien loin. Même si Hanako ne s’y était jamais rendu, elle la trouverait facilement. En marchant, elle se demanda pourquoi son professeur lui avait demandé à elle, et pas à quelqu’un d’autres. En cours, elle ne se faisait pas remarquer. Son prof ne l’aimait ni la détestait particulièrement. Tous les élèves de sa classe était sérieux, alors pourquoi avoir choisit Hanako ? Le mystère restait entier… De toutes façon, ça importait peu Hanako. Que se soit elle ou pas, quelqu’un aurait dû le faire.

« Ah, c’est ici la 2-C »

Elle ouvrit la porte de la classe et fut surprise de ne voir personne, aucun professeur assis sur le bureau. Sur le coup, elle se dit « Oké, super. On me demande de venir chercher des documents, mais ya personne pour me les donner ». Mais elle n’avait pas regardé au fond de la classe. Elle dirigea donc son regard vers le coin de la pièce qu’elle n’avait pas observé, et fut surprise de voir une jeune fille assise sur une chaise. La jeune fille lisait un livre, une pile de feuilles devant elle. C’était sûrement ça, les documents qu’elle devait récupéré. Mais ce qui était bizarre, c’était que la jeune fille ne l’ait pas entendu lorsqu’elle avait ouvert la porte. Parce qu’elle l’avait ouvert assez brusquement ! Hanako s’approcha un peu de la table sur laquelle la pile de feuille était, et remarqua que la jeune fille plongée dans sa lecture ne l’entendait toujours pas. Elle l’observa un peu et comprit qu’elle écoutait de la musique. Elle avait l’air concentré sur son livre, et Hanako se demanda si elle devait la déranger. Mais si elle ne lui parlait pas pour savoir si c’était les bons documents, elle n’était pas sorti de l’auberge ! Après quelques rapides réflexions, elle essaya d’attirer l’attention de cette jeune fille.

« Euhh… c’est les documents pour la 2-A ? »

Peut-être que ce n’était pas la bonne chose à demander. Surtout à une élève de la 2-C. En général, ces derniers n’aimaient pas trop qu’on leur parle de la 2-A. "Les petits génies", comme ils étaient surnommés. Enfin bon… certains élèves de la 2-A considéraient bien les élèves de la 2-C comme des "cancres" ou encore des "gros nuls". Hanako ne les considérait pas comme ça. La seule différence entre ses deux classes, c’était le niveau scolaire. Il y en avait sûrement certains -beaucoup, peut être- qui étaient très gentils !

Absorbée par sa lecture –il s’agissait d’un passage très important et Mercutio était sur le point de mourir, Noriko n’entendit pas, pas plus qu’elle ne vit, la porte menant sur le couloir s’ouvrir. Ainsi l’entrée de la jeune demoiselle passa inaperçu aux yeux de la miss Mayuko.
Autant le dire, la première tentative pour attirer son attention fut un échec -puisqu’on vous dit que c’était un moment crucial de l’histoire de Roméo & Juliette ! Mais finalement, en sentant une présence auprès d’elle, Noriko finit par se détourner de son bouquin et leva les yeux. Malheureusement pour elle, elle n’avait pas prévu que la nouvelle venue fusse si près d’elle. Résultat, un sursaut de peur qui mit en péril son équilibre précaire sur sa chaise….en bref, elle manqua de peu de s’étaler royalement par terre. Une fois remise de ses émotions (et les deux pieds sur la terre ferme), elle enleva ses écouteurs et se redressa. Elle avait passé une matinée horrible, son prof de maths l’avait retenu, elle avait attendu un moment et finalement, une jeune inconnue lui avait fait peur, ce dont elle avait vraiment horreur. Autant dire que la jeune Noriko, d’ordinaire si joyeuse, était d’une humeur massacrante. Retirant sa chupa chups de sa bouche elle la pointa d’un geste qui se voulait menaçant vers son interlocutrice.

"Pourquoi je serai là avec cette pile de feuille si ce n’était pas les documents que tu cherches d’après toi ? "

Haussant un sourcil dédaigneux, elle reprit sa sucette –hum…goût orange, son préféré- avant de se détourner une demi seconde, le temps d’attraper les feuilles qui lui échappèrent des mains et finirent par terre, étalées sur le sol.

"Eh m*rde ! Décidemment, j’aurais mieux fait de rester couché aujourd’hui !"

Pestant contre ce roi des démons qui ne semblait pas vouloir lui foutre la paix, elle se baissa et entreprit de ramasser les feuilles tout en râlant de sa barbe inexistante. Satané profs….fichue école….abrutis de camarades qui ne cherchaient qu’à ne se faire voir en s’affichant à ses côtés et p*tain de feuilles à la c*n aussi ! On n’a pas idée de s’échapper de ses mains comme ça enfin ! Et alors qu’elle maudissait ces feuilles jusqu’à la trente-sixième génération, elle se rappela soudain qu’elle n’était pas seule.

Oups….Doucement, la jeune demoiselle se redressa, l’air gêné, mais pas longtemps. Il n’était pas dans son caractère d’être gênée. Elle faisait une bêtise ? Tant pis ! Une gaffe, mettait les pieds dans le plat ? Pas grave, elle s’en remettrait.

Consciente qu’elle n’avait pas été des plus aimables quelques minutes auparavant, elle adressa un sourire lumineux à sa camarade avant de fouiller dans son sac pour en ressortir une sucette goût pomme verte qu’elle lui tendit.

"Excuse moi pour ma réaction un peu vive. Je ne suis pas d’excellente humeur aujourd’hui et c’est tombé sur toi."

Alors qu’elle tentait de trier les quelques feuilles qu’elle avait déjà ramassées, un souffle de vent s’infiltra par la fenêtre laissée ouverte en cette chaude journée de juin. La porte d’entrée claqua et ses feuilles s’éparpillèrent dans toute la pièce.

"Aaaaah ! Non non non ! Revenez ici tout de suite !"

Oui…bon d’accord parler aux feuilles n’allait peut-être pas servir à grand-chose, mais c’était sortis tout seul. Et la voilà à courir derrière ces documents qui étaient même pas les siens. Vous parlez d’une journée…..

Invité

La discussion commençait bien. Alors qu’Hanako avait enfin attiré l’attention de cette élève de 2-C, cette dernière s’était tout de suite énervée ! Dans sa colère, les feuilles qu’elle essaya d’attraper tombèrent toutes à terre. Hanako se précipita au sol pour l’aider à les ramasser. Même si son interlocutrice n’avait pas été très agréable, c’était la moindre des choses de lui apporter son aide ! Mais alors qu’elles étaient toutes deux occupées à ramasser les feuilles, la jeune fille qui lui avait paru méchante tout à l’heure se redressa, lui tendit une sucette et afficha un magnifique sourire. Elle s’excusa ensuite d’avoir été si peu aimable.

« T’inquiète, c’est pas grave. Merci pour la sucette. »

Hanako lui rendit un sourire. Finalement, cette fille de 2-C n’était pas si méchante que ça, elle pouvait se montrer très gentille ! Mais les ennuis n’étaient pas finis, car une fois les feuilles ramassées, elles se retrouvèrent encore à terre, mais éparpillés partout dans la pièce ! C’était reparti pour un ramassage ! Finalement, ces documents portaient la poisse. Les deux jeunes filles recommencèrent à ramasser les feuilles. Il y avait un silence un peu…pesant. Au bout de quelques secondes, Hanako se décida de le briser.

« Je m’appelle Hanako… et toi ? »

Hanako avait déjà vu cette fille quelque part, mais elle était incapable de donner un nom à cette tête. Et puis, il fallait bien faire connaissances. Au rythme où ça allait, elles en avaient pour un certain temps à ramasser tous ces maudits documents ! Un des avantages de cet imprévu (non, Hanako n’avait pas prévu de passer une partie de sa journée à ramasser des feuilles) : la routine était brisée ! Ce jour-ci ne ressemblerait pas aux précédents, et pas aux suivants.

Au bout d’une dizaine de minutes, elles eurent fini de rassembler tous les documents. Enfin terminé ! Maintenant, il fallait les compter, car son prof lui avait bien précisé : « Mlle Muramatsu, il y aura 30 feuilles au total, assurez-vous qu’elles y soient toutes ! » Hanako prit donc le paquet de feuilles et commença à les compter.

« 1, 2, 3, 4… 27, 28, 29. 29 ? Seulement 29 ? Mais… il devait y en avoir 30 ! Il en manque une ! Où peut-elle bien être ? »

Pour être sure d’elle, Hanako recompta toutes les feuilles plusieurs fois. Il n’y avait rien à faire, il n’y en avait que 29. Pas une de plus, pas une de moins. Où était cachée la dernière ? Le mystère restait entier. Décidément, ces documents étaient maudits ! Il y avait toujours un problème qui les retarderaient, jamais elles n’arriveraient à toutes les rassembler. Hanako commença à regarder partout : elle fit le tour de la classe, regarda sous les bureau, chercha dans les moindres recoins… elle n’était pas là. Elle avait définitivement disparue, cette fichue feuille manquante. Alors qu’elle se croyait désespérée, Hanako se tourna vers la fenêtre, pour regarder le ciel bleu. Mais… oui ! La fenêtre ! Elle était ouverte ! Peut-être que la feuille introuvable était passée de l’autre côté de la fenêtre ! Peut-être qu’elle était dehors ! Peut-être qu’elle n’était pas perdue !

Heuresement, la nouvelle arrivante semblait avoir acceptée les excuses de Noriko. Tant mieux car l’ambiance aurait été plus que tendue dans le cas contraire. Mais non, après s’être présentée, Hanako s’attela elle aussi à cette activité si passionnante qu’étais le je-ramasse-les-documents. Grâce à son aide, Noriko eut vite fait de ramasser les feuilles et alors que sa camarade les contait, elle se présenta à son tour.

"J’m’appelle Noriko Mayuko. Enchantée de te connaître. Encore désolée pour l’accueil des plus brutal que je t’ai fait tout à l’heure et merci pour ton aide."

Oui, oui, elle avait dit ça dans un souffle, sans prendre la peine de respirer entre deux mots Ah ça, quand on côtoyait Miss Mayuko, on prenait vite l’habitude de l’entendre parler très trèèès vite. Après ce n’était qu’une question d’adaptation. En ce qui concernait sa présentation, Norki espérait de tout son cœur éviter, pour cette fois, les remarques du genre « Oh…Mayuko comme Junpei Mayuko, le Golden boy maintenant à Todaï ? » ou encore « Ravie de te rencontrer Noriko, faisons plus ample connaissance veux-tu ? » Elle avait horreur de n’être que la « sœur de…. » ou la « fille de…. », venant d’une des plus riches familles japonaises. Mais ce qu’elle ne supportait pas par-dessus tout c’était que quelqu’un veuille la côtoyer seulement pour être vu en sa compagnie ou pour approcher son frère.

Bref, elle espérait enfin croiser une personne différente en ce jour. La jeune demoiselle allait reprendre la parole quand….

"1, 2, 3, 4… 27, 28, 29. 29 ? Seulement 29 ? Mais… il devait y en avoir 30 ! Il en manque une ! Où peut-elle bien être ?"

……..QUOI ? Argh ! Alerte ! Au s’cours ! Appelez le FBI, la CIA, le NCIS, les Experts, n’importe qui ! Si elle ne retrouvait pas cette satanée trentième feuille, son prof allait l’assassiner. Pas qu’il lui fasse peur ou autre, non, non, elle avait l’habitude de se faire engueuler mais là…..à tout les coups ça lui tomberait dessus (bah oui, la méchante élève de 2-C cherchant à tous prix à discréditer les élèves de la 2-A en paumant leurs documents) et ils étaient capable de la virer du club d’athlétisme. Ah non ! Tout mais pas ça ! Hors de question ! Elle retrouverait la feuille et sauverait son honneur….un peu trop dramatique ne ?

Debout, les bras ballant, Noriko tournait la tête dans tous les sens comme s’y s’agiter allait lui faciliter la tache.

"Hey ! Petite feuille ou es tu ? Reviens voir tata Noriko. Petite, petite !"

Hum…….il était temps de se poser des questions sur sa santé mentale à présent. Comme si la feuille allait lui répondre. Ce serait trop beau. Un monde où les objets égarés répondraient à leur propriétaire…..ça s’rait pas le rêve ça ? Mais bon, revenons à la réalité, beaucoup plus complexe.

Il fallait absolument la retrouver. Oui, mais si, avec le coup de vent, elle était passée par la fenêtre et s’était déposée sur une corniche ? Tant pis, Super Noriko irait tout de même la récupérer. Euh…..très mauvaise idée, elles étaient au deuxième étage et la jeune demoiselle avait le vertige. Heureusement un coup d’œil à la fenêtre lui apprit que la feuille n’était pas dans son champ de vision et donc, avec un peu de chance, qu’elle était toujours dans la pièce. Reprenons l’inspection. Hop ! Accroupit pour voir sous les tables….rien. Dans les casier….rien non plus. Sur les tables, derrière les meubles, dans les petits interstices tellement minuscules que le document n’aurait pas pu s’y glisser, mais c’est pas grave, on vérifie quand même…..rien, rien, et riiiien !

Miss Mayuko se lamentait quand soudain un bruissement de feuille attira son attention. Ahah ! La petite coquine, c’était donc là qu’elle s’était cachée, au-dessus de l’armoire principale. Ni vue, nie connue, j’t’embrouille, Noriko attrapa une chaise, monta dessus et tenta d’attraper son Graal. Malheureusement, même avec une chaise, elle était trop petite avec ses un mètre cinquante. Elle se issa donc sur la pointe des pieds et finit par attraper cette satanée feuille.
BOUM !

Ses pieds glissèrent et en moins de temps qu’il ne faut pour dire « quidditch », Noriko se retrouvait par terre, sur les fesses. Son visage se déforma, non pas sous la douleur mais sous la surprise mêlée de désespoir. En tombant, elle avait déchiré la feuille en deux.

"Oh noooon ! "

Elle allait se faire tuer.

Invité

Noriko s’agitait dans ton les sens, appelant désespéramment la feuille (apparemment, elle aimait parler aux feuilles…), comme s’il y avait un espoir qu’elle revienne d’elle même. Ce qui n’était pas possible. Enfin… on sait jamais, tout est possible ! Mais il ne fallait pas espérer à ce point, car aujourd’hui, ce n’était pas un jour de grande chance : les deux jeunes filles faisaient tomber les feuilles, les ramassaient, elles retombaient, ils fallaient encore les ramasser , il en manquait une… Tout allait de mal en pis ! Pendant que Noriko se calmait, Hanako continuait de chercher la feuille… sans résultat. Mais alors que « La fille qui murmurait à l’oreille des feuilles » s’était calmé et avait recommencé à chercher la petite feuille perdue, elle la trouva. Elle était sur une armoire (bizarrement, c’était la plus grande armoire de la salle…). Et pour enfin apporter une bonne nouvelle, Noriko réussit à attraper la feuille… déchirée en deux.

«Aaaaaaaaaaah, la feuille ! Elle est… déchirée !»

Hanako s’effondra sur la chaise la plus proche et tapa sa tête contre le bureau. Pourquoi fallait-il que tant d’évènements malencontreux arrivent les uns après les autres ? Alors qu’elle commençait à vraiment désespérer (car là, aucune solution ne se présentait à elles…) elle réfléchit quelques secondes. Si elles restaient ici, toutes les deux, à pleurer leur sort sans rien faire, rien ne changerait. Si elles ne bougeaient pas, elles se feraient engueuler, c’était sur. Mais si elles essayaient de faire quelque chose, rien qu’une petite chose, même si ça n’arrangerait pas tout… il fallait qu’elles essayent de faire tout ce qui était dans leur possible !

«Noriko ! Faut qu’on fasse quelque chose !»

En prononçant ces mots, elle se leva brusquement et se tourna vers Noriko. Cette dernière, entendant Hanako crier, releva la tête, la mine dépitée. C’était compréhensible, c’était sûrement elle qui risquait le plus gros… Car à Sakurai, on voyait mal ceux de la classe « C », même les profs faisaient ce genre de distinction. Cela n’empêchait pas qu’Hanako se ferait aussi engueuler. Elles allaient donc se faire sacrément engueuler si elles ne faisaient rien, assises sur leur chaise. Mais… que pouvait-elle faire ? Il fallait y réfléchir…

Noriko attendait que Hanako trouve une brillante idée. Par exemple, sortir une baguette magique avec une étoile au bout qui balance des paillettes et prononcer une formule qui recollerait les deux partie de la feuille ensemble. Malheureusement, personne dans la pièce n’avait de baguette magique… Il fallait peut-être attendre qu’un miracle se produise ! Ouais, elle serait déjà toutes les deux mortes quand le miracle arriverait.

«Le plus simple serait de tout expliquer clairement, ils pourraient sûrement fournir le document manquant ! Mais si jamais ils ne peuvent pas le fournir… on est condamnées à mort.»

Mais. Il y avait toujours des Mais. Surtout dans ce genre de situation. Elles auraient beau trouver des centaines de solutions… il y aurait toujours eut un Mais. Grrr… foutu Mais !

«Ou alors on fait une photocopie ! Enfin, jsais pas si ça passera…»

Hanako se rassit, découragée. Elle se triturait l’esprit pour trouver une solution, mais vraisemblablement, il n’y en avait pas. Mais il ne fallait pas perdre espoir, elles trouveraient bien quelque chose qui les sauverait de la mort assurée. Restait plus qu’à trouver cette chose.
Hanako se tourna vers Noriko, avec une tête de chien battue et lui demanda :

«T’as une idée, toi ?»

OK, c’était assez simple, la situation tenait en trois mots : elles étaient foutues. Point. Pas de blabla supplémentaires, la réalité sautait aux yeux. Enfin, cela méritait tout de même une légère modification. En vrai, il y avait plus de chance pour que ce soit Noriko qui soit foutue et non Hanako. Car l’une faisait partie de la 2-C et l’autre de la 2-A alors pour trouver un coupable, pas besoin de chercher bien loin. Les choses étaient claires dans cette école, les élèves des sections C étaient très mal vus par leurs professeurs qui n’hésitaient pas une seconde à les accuser de tous les maux. Triste réalité que cette recherche de l’élitisme causant du tords à certains. Elle sentait venir la crise, la rancœur des prof et bien évidemment s’en suivrait toute une diatribe sur ses notes catastrophiques, son comportement parfois dérangeant, bref toutes ces petites choses qui n’avaient rien à voir avec une feuille déchirée mais qu’ils se feraient un plaisir de ressortir. Et là, autant vous dire que ni le prestige de son nom, ni l’influence de son frère ne la sauverait d’une punition extrême. Bon tout de même pas jusqu’à l’exclusion –elle n’avait pas commit un crime et était tout de même la fille de l’un des plus grands donateur de cette école- mais ses professeurs savaient exactement quoi faire pour la punir. Autrement dit, devoirs en surplus, collées des heures après les cours et surtout, et surtout, interdiction de se rendre au club d’athlétisme durant un bon moment. Ca c’était le pire. Oh oui, Noriko n’était pas Madame Irma mais elle savait déjà ce qui l’attendait.

Le cri de désespoir de sa camarde la fit sortir de ses pensées et elle eut un sourire malgré son pessimisme. Toutes les deux savaient sur qui cela allait retomber et pourtant Hanako se souciait tout de même de la situation. Ce n’était pas chose courante que les 2-A pensa Noriko, amer.
Faire quelque chose ! Oui, mais quoi ? Appeler la CIA, le FBI ? Des faux-monnayeurs, des trafiquants ? Une solution vite ! Elles n’étaient pas à Poudlard et leur directeur, qui ne s’appelait pas Dumbledore ne pouvait pas recoller une feuille de papier d’un simple geste de baguette magique de 23 cm contenant un crin de licorne et une plume de phénix. Non, elles étaient bien à Sakura Gakuen et sans bout de bois sous la main. En bref, elles étaient mal, très mal.

Ah, Hanako avait repris la parole. Avec une idée qui les sauverait peut-être ? Non. Expliquer ce qui s’était passée partait d’une bonne intention mais…..

"Ils ne vont jamais nous croire. Cherche pas à comprendre pourquoi mais je pense qu’ils leur manquent une case aux profs ici. "

Et là elle croisa les doigts pour que les dits profs ne passent pas dans le couloir à ce moment là. Ce n’était vraiment pas le moment de s’attirer des ennuis, déjà qu’elle cherchait comment en éviter d’autres. Chaque chose en son temps voulez-vous.

Photocopie ? Elle avait bien entendu ce mot ? Mais c’est bien sûr ! Certes une photocopie ne réglerait pas le problème, la trace de la déchirure se verrait toujours, mais cela donnait une idée à Noriko. Elle se leva d’un bond et capta le regard de sa camarade, avec cette moue affligée, elle était tout simplement…..

"T’es trop kawaï comme ça ! "

Oui, bon Noriko c’est pas vraiment le moment de t’extasier là !
Reprenant ses esprits, elle sourit d’avantage et expliqua son idée un ton plus bas, histoire que personne ne les entendent si quelqu’un venait à passer dans le coin.

"Ce sont des polycopiés, alors tout ce qu’on a à faire, c’est de recopier cette feuille sur l’ordinateur et de l’imprimer. Ni vu, ni connu. "

Eh oui ! L’idée lui était venue lorsque son regard était tombé sur l’ordinateur trônant non loin du bureau du professeur, ordinateur relié à une imprimante que leur prof utilisait de temps à autre.
Maintenant la question était de savoir si elles auraient assez de temps pour tout taper et imprimer.

"Je ne tape pas très vite. Tu veux bien le faire ? "

Sur ce, elle lui tendit le papier avec un sourire complice. Elles avaient peut-être trouvé la solution pour échapper au courroux du corps professoral.

Invité

Après des heures (enfin plutôt quelques minutes qui avaient semblées aussi longues que des heures), Noriko trouva une idée. Une idée pas vraiment compliquée à trouver, en fait ! Pourquoi n’y avaient-elles pas pensé plus tôt ? Maintenant, tout s’éclaircissait. Tout devenait plus simple. Les deux jeux filles (surtout Noriko) n’allait pas se faire tuer. Elles allaient échapper à une mort, qui, quelques minutes plus tôt, était quasi-certaine ! Elles s’en sortiraient saines et sauves ! En espérant qu’une complication ne viennent pas briser leur rêve.

« Oui, je vais le faire ! »

Hanako s’assit sur la chaise, devant le bureau sur lequel était posé l’ordinateur. Elle tapait assez vite, le problème serait vite réglé. Elle se concentra, essayant de ne pas faire de fautes. Comme on disait, c’était vite fait bien fait. Après ça, elle serait peut-être débarrassée de ce problème, elle pourrait aller dehors et en aurait finit avec cette histoire de documents ! En même pas dix minutes, le texte était écrit. Elle se relut deux ou trois fois, cherchant des petites fautes… si elles imprimaient un document avec des fautes, elles seraient peut être démasquées. Après quelques relectures, le texte était près à imprimé. Aucune faute, tout était bon ! Hanako appuya sur l’icône « Imprimer ».
Alors qu’elle n’avait même pas eu le temps de pousser un soupire de satisfaction, l’ordinateur afficha un message :
« ERREUR ».

« Quoi erreur ?? C’est quoi le problème encore ?! »

Grrrr… un nouveau problème, c’était à prévoir. Hanako cliqua sur deux/trois trucs sur l’ordinateur et découvrit d’où provenait l’erreur : pas de feuilles dans l’imprimante. Ah, ce n’était que ça ! Enfin, il restait à trouver des feuilles blanches ! Hanako essaya d’ouvrir les tiroirs du bureau : certains étaient fermés à clef, les autres ne contenaient pas de feuilles.

« Noriko, va chercher dans l’armoire si ya des feuilles ! Je m’occupe de ce meuble ! »

Les deux filles se mirent à fouiller tout les meubles, toutes les armoires, chaque tiroir… Si elles ne trouvaient pas de feuilles, les nerfs d’Hanako lâcheraient ! Après le je-ramasse-les-feuilles, elles se mettaient au je-cherche-une-feuille ! Youpi, quelle journée divertissante, plein de nouvelles activités trop géniales ! S’il n’y avait pas de feuilles dans cette salle, elles étaient mal. A la rigueur, elles auraient pu chercher dans une autre salle ouverte, mais ça mettrait juste un peu plus longtemps. Mais bon, il n’y avait aucune raison qu’elles n’en trouvent pas. Normalement, on peut trouver des feuilles blanches dans toutes les salles de classe, non ? Normalement… mais aujourd’hui, rien de ne semblait normal ! Et de son côté, Hanako ne trouvait rien. Pas de feuilles en vue. Même pas une seule, rien qu’une toute petite. Mais elle priait pour que Noriko en ait trouvé. Pitié, faites en sortes que la petite Noriko ait trouvé une feuille !

« Dis, Noriko… t’as trouvé des feuilles ? »

Hanako croisait les doigts pour entendre une réponse positive…

Et bah voilà ! Tout est bien qui finit bien comme dirait l’autre. Problème résolu, y’avais plus qu’à attendre que la magie de l’imprimante opère. Y’avait plus qu’à hein…. Et paf ! Ce qui devait arriver arriva, simple application de la loi de Murphy. Examinons la situation. Noriko, appuyée contre le mur regardait sa camarade, voire amie maintenant, leur sauver la vie à l’aide d’un ordinateur. Un sourire flotta sur les lèvres de la jeune fille qui se détendait peu à peu quand tout à coup……
BIIIIIIIIP
ERREUR.
.
.
.
.
Heeeee ? Là c’était officiel, le roi des démons en avait après elles, pas possible autrement. Qu’est ce qui se passait ? Y’avait un souci ? Où ça ? Naaaaaaaaaaaan ! Papa, maman, Junpei nii-chan, je vous aime. Adieu à touuuuuuuus !

Perdue dans son délire post-apocalyptique où elle n’existait plus, transformée en formule de maths par son horrible professeur, Noriko ne réagit pas tout de suite à la demande de l’autre demoiselle.
Des feuilles ? Pourquoi des feuilles ? Genre elle en avait pas assez de la trentaine (moins une) que le prof lui avait confié ? Hanako était-elle une feuillophage ? (mangeuse de feuilles bande d’incultes.)
*TILT*
Aaaah nan des feuilles pour l’imprimante d’accord ! Alors le problème c’était juste ça. Ouf alors, elle allait peut-être finalement survivre à cet après-midi maudit. Bon des feuilles blanches alors ? Ok chef ! C’est parti pour la mission à-la-recherche-des-feuilles ! yeeeah !

Pas ici….pas là non plus….ici ? ah nan des feuilles déjà imprimées, pas bon…..et là ? non plus…. Mais c’était un comble ! Pas une seule feuille blanche dans une salle de cours ! Et les étudiants, ils allaient écrire sur quoi ? Ecole à la noix j’vous jure.

Stooop ! Arrêt sur image, on rembobine « Et les étudiants, ils allaient écrire sur quoi ? » Mais elle était étudiante elle ! Bien vu Noriko tu vas avancer dans la vie avec des réflexions pareilles…..
Bref, d’un seul coup, elle se releva et courut vers son sac d’où elle sortit un bordel pas possible avant d’attraper une pochette et d’en sortir triomphalement deux/trois feuilles blanches.

"Yattaaaaa ! J’ai trouvé ! Il y a donc une justice dans ce bas monde ! "

Et hop ! Vas-y que j’te fous ces feuilles dans l’imprimante et que j’appuie sur le bouton.

Vrrrrrrrrrrrr

Ca faisait un bruit d’avion ce truc ! Insupportable.

Et….ooooh miracle ! De cette bête en feraille sortit une feuille imprimée qui ressemblait comme deux gouttes deux à sa l’autre déchirée.
Noriko la prit dans ses mains tel un trophé et la posa doucement sur le bureau.

" On est sauvé Hanako ! Bon faut que j’te laisse maintenant. T’inquiète, je sens qu’on va vite se recroiser. Mais dans des circonstances moins dramatiques ! "

Et dans un éclat de rire, elle attrapa son sac et fila hors de la classe, son ventre grognant de faim à satisfaire.

Invité

Noriko avait trouvé des feuilles, les deux jeunes filles étaient sauvées ! Décidément, ce n’était pas leur jour aujourd’hui, les problèmes se succédaient. Mais heureusement, parce que les deux demoiselles étaient très intelligentes, elles réussissaient à résoudre les problèmes. Enfin bref, le problème (elles espéraient que ce serait le dernier…) des feuilles était réglé.

« T’as des feuilles ?? C’est génial, c’est génial ! Met-les dans l’imprimante ! »

Le bruit de l’imprimante était affreux. On aurait pu croire que c’était la fin du monde, que l’imprimante allait exploser, qu’il n’y aurait plus d’imprimante pour imprimer la feuille… Mais non, c’était seulement parce qu’elle était vieille qu’elle faisait ce bruit. Elle allait sûrement être hors d’état dans quelques jours. Ou peut-être qu’elle faisait ce bruit depuis le premier jour. Oui, ça devenait être une imprimante pourrie achetée pas cher sur un marché aux puces.

Après quelques secondes, le temps que l’imprimante fasse son travail, la feuille était là, devant elles. Toute propre, comme si de rien n’était. Noriko et Hanako n’allait pas mourir, c’est bon, elles étaient sauvées. Hanako regarda sa nouvelle amie qui prit la feuille, délicatement pour ne pas la déchirer, entre ses mains et la posa doucement sur le paquet de feuilles.

« On a réussi !! »

A vrai dire, ce n’était pas extrêmement dur de prendre un paquet de feuilles et de le ramener dans sa classe. C’était même très simple. Mais bon, le destin en avait décidé autrement. Il avait décidé de compliquer la journée des deux lycéennes. D’un côté, elles avaient perdu une grande partie du temps de la pause, mais d’un autre côté, cette ‘aventure’ leur avait permis de faire connaissance. Si tout ça ne s’était pas produit, elles ne seraient pas rapprochées. Comme quoi, il n’y a pas que du mauvais dans un problème, il y a aussi beaucoup de bon ! Enfin, il faut le trouver le bon…

« Oui, on va se revoir ! A bientôt ! »

Hanako regarda Noriko partir en souriant. Contrairement à ce qu’elle avait pensé lors de leurs premiers mots échangés, Noriko était une fille très agréable et qui avait plein de bonnes idées pour se sortir d’un problème (dans ce cas là, de plusieurs problèmes…). Hanako regarda par la fenêtre et vit le beau temps dont elle pourrait profiter aujourd’hui. Il fallait qu’elle se dépêche de sortir dehors pour profiter de la pause et du beau ciel bleu, mais elle avait quelque chose à faire avant.

Hanako se tourna vers le bureau, prit le paquet de feuille et se dirigea vers la porte. Il fallait qu’elle retourne dans sa classe pour reposer toutes ces maudites feuilles, et elle pourrait ensuite sortir dehors.