Parce que je suis une Warrior è.é [PV JungYoon]

Bienvenue à bord du cerf-volant 777 à destination de Nanae-ville. Nous vous prions d’attacher vos lianes et de ne pas consommer de Marie-Jeanne durant le trajet. Merci de votre attention…

Si encore son état d’esprit ressemblait à cela. Si elle était réellement aussi délurée dans la vie de tous les jours, elle aurait pu comprendre qu’on oublie de la prévenir. Certes, son naturel asocial ne lui facilitait pas la tâche, mais tout de même ! Un évènement aussi important qu’une nouvelle attraction à Todai, ça ne pouvait pas se rater ! Surtout s’il s’agissait d’une maison hantée…tu parles d’un délire ! Parce que ces fils à papa coincés pouvaient vraiment se déconnecter de leur monde d’élite pour se joindre au petit peuple et prendre part à des superstitions en tous genres ? Elle demandait à voir. Alors la voilà prête, fraîchement vêtue pour cette occasion si particulière et excitante à souhait. N’importe quel déguisement aurait fait l’affaire mais Miss Je-vais-leur-montrer-moi-à-ces-rejetons-comment-on-fait-peur avait pour nécessaire de travail le strict minimum : une robe blanche, qui ressemblait davantage à une soutane vieillie, ses cheveux attachés sous une perruque noire luisante et un teint encore plus pâle que d’ordinaire. Sous cet attirail était dissimulée une poche pleine de colorant rougeâtre, suffisamment bien imité pour faire croire à une réelle plaie ensanglantée. Elle avait hâte de découvrir les lieux et surtout, elle était pressée de pouvoir mettre en pratique des années d’expérience dans l’art de terroriser.

Aussi, en s’approchant de la fameuse maison en question, une certaine appréhension se fit sentir : Quoi ? Avoir les chocottes ?! Pfffff comme si c’était suffisant pour la faire trembler ! Elle prit une profonde inspiration et avança, l’air déterminé. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de passer quelques étapes pour ensuite se trouver un coin tranquille et attendre que de nouvelles victimes arrivent. La première chose qu’elle remarqua, c’était la qualité des sons : grincements, bruits de pas en approche, voix enfantines particulièrement stressantes…Ils avaient mis le paquet ! Par contre, les décors étaient quelque peu simplistes et sans originalité : un cadre digne d’un train fantôme, pas de quoi en faire tout un plat. Par intermittence, certains visages déformés par la peur apparaissaient ça et là sur les murs. Il y avait des marques de griffure, des messages en lettres capitales pour dissuader les imprudents. Elle devait reconnaître que ce n’était pas si mal. Bah, c’était pas comme s’il y avait eu un concours ou un truc du genre, elle assumait sa défaite à moitié parce que jusqu’à présent, rien ne l’avait fait sursauter ni même frissonner. Elle se contentait de marcher, à pas feutrés, invisible et se sentant pourtant scrutée de toutes parts.

* Ecoute-moi bien ma grande. Il est hors de question que tu te laisses avoir. C’est toi qui maîtrise, pas toi qui subis. Tu vas leur montrer que t’es capable d’autant, si ce n’est de mieux…Fighting ! *

Elle trouva un renfoncement sombre tout à fait approprié et infiltra en douceur les lieux. Elle se colla eu mur et le longea, jusqu’à ce que ses pieds rencontrent quelque chose qu’elle ne pouvait voir. Ce quelque chose semblait fichtrement mécontent que la jeune fille se trouve là et choisit de lui attraper la cheville. Malgré un rythme cardiaque soudainement désemparé, Nanae se débattit et donna probablement un coup à ce fameux quelque chose qui poussa un juron et tira un peu plus fort sur la cheville. Nanae chuta sur ce quelque chose et sa poche pleine de sang se répandit un peu partout. En voulant se redresser et reculer le plus loin possible de cette chose, elle en répartit davantage sur elle, ses faux cheveux et même son visage. C’est la respiration saccadée qu’elle la vit se diriger vers elle et saisit la première chose qui lui passa sous la main pour lui balancer à la figure : une caisse décorative pas franchement solide avant de s’égosiller, un peu chamboulée par cette intervention malvenue.

" Bouge pas…T’approche pas…Ne viens pas plus près…Ne viens pas plus PRES !!! "

Elle ferma les yeux, croyant qu’elle allait se faire torturer par une créature qu’elle n’avait pas même pu identifier. Elle regrettait d’avoir sous-estimé les richards et allait payer le prix. Bon sang c’que c’était nul d’avoir voulu jouer la plus maline ! Tu rigoles moins, hein ?! Qui c’est la prétentieuse dans l’histoire maintenant ?!

Invité

"Tu déconnes mec, tu vas pas te foutre ça sur la tête ?"

Lança le blondinet en haussant un sourcil, perplexe. Son frère ainé avait en tête d'aller à la soirée d'Halloween avec le costume de Lancelot ; mais il était sérieux ? Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles Jae Hwa tenta de faire comme si il n'avait absolument rien entendu. Ce qui, bien sûr, fit exploser de rire notre coréen qui manqua, par la suite, de tomber du bord du canapé sur lequel il était posé. Se rattrapant de justesse, son sourire disparu alors qu'un rictus apparaissait à présent chez l'ennemi.

"T'as de la chance que Merlin l'enchanteur veille sur toi, vieux. En tout cas, une fois qu'on est là-bas, moi je te connais plus."

Oui, JungYoon et sa fierté c'est toute une histoire. En temps normal, être vu avec quelqu'un de bizarre n'était pas une chose qui lui posait vraiment problème, au contraire, il était lui-même du genre à s'afficher pour rien, mais là, il s'agissait de son frère ; et donc tout était différent. Demandez à n'importe qui d'expliquer la différence entre l'acte que fait un individu Y et un frère, vous verrez que c'est jamais logique, mais vous n'arriverez pas à le faire changer d'avis.

"C'est le basilic qui me dit ça ? Je sais pas en quoi tu cherchais à te déguiser, mais on dirait un gros crocodile."

Le cadet plissa les lèvres en une petite moue. Comment ça un "gros crocodile" ? Il était déguisé en anaconda dévoreur d'humains ! Par simple réflexe, l'étudiant se regarda de la tête aux pieds -dans la mesure du possible-, avant d'hausser les épaules en se dirigeant vers la cuisine : C'est que son ventre avait plus d'importance que les attaques verbales de son frère. Pour le moment, c'était l'heure de la bouffe, son estomac venait de lui ordonner et en bon esclave il se devait de lui obéir net. Remarque, si il ne le nourrissait pas, ça lui permettrait de pas se tuer la gorge pour faire des bruits horribles dans la maison hantée ! Il n'aurait qu'à laisser son bidon vengeur faire tout le boulot. Oui, mais non, pas manger lui donnait envie de mourir, alors autant se satisfaire de suite pour éviter les dégâts. Prenant un bol de riz et des baguettes qui traînaient, il réfléchit sur le chemin qu'ils auraient à parcourir pour arriver à destination.

"Bah alors, crocodile dandee, c'quand qu'on bouge ? J'ai du mal à respirer sous cette carapace en fer moi."

JungYoon détacha enfin son regard de son plat de résistance afin de le poser sur son jumeau qui venait à l'instant d'ouvrir la bouche pour se plaindre. Crocodile dandee ? Bah quoi, ce mec a la classe ! Posant son bol et ses baguettes sans réelle douceur, il répliqua :

"Ouais, bah perceval la ferme. C'même pas du fer, c'est du plastique. Il y a que moi qui ai le droit de me plaindre, je dois limite sautiller pour me déplacer à cause de ce costume. . . On dirait que je me suis pris un truc dans les fesses, c'est pas cool."

Sans prendre le temps de finir sa dernière phrase face à son frère, il reprit, filant aussi vite que possible vers l'entrée afin d'ouvrir la porte :

"Je récapitule. Une fois qu'on est dans la maison, on ne se connaît plus. Moi je ramperai tranquillement au sol pour faire peur aux filles, en espérant qu'on m'écrase pas bien sûr, et toi, tu iras empaffer les petits amis, okay ? Profites-en pour embrocher deux ou trois golden, surtout Miyuki si tu la vois."

Jae Hwa hocha la tête, comme signe de confirmation, avant de saisir son portable et de passer devant JungYoon qui ferma la porte derrière eux. Dix minutes plus tard, ils étaient déjà sur les lieux, stagnant devant la porte imposante. C'est le plus vieux qui tenta, le silence ne restant jamais longtemps entre les deux frères :

"Bon. Miyuki si je la croise elle est morte. Bon, d'abord je me la serre dans un coin sombre, puis je la tue avec mon épée Ikea, ça te va ? Toi, vu que tu seras au sol, profites-en pour mater les culottes des filles ! En espérant qu'elles fassent pas toutes super peur, sinon l'envie va vite partir. . . Bref, salut mec."

Là, il pénétra dans la demeure, sans même lancer un dernier coup d'oeil à son cadet. Bon génial, voilà que maintenant le coréen se retrouvait seul, dans son vieux costume d'anaconda qui ne le faisait ressembler à rien d'autre qu'à un gros pachyderme sorti de nulle part. Soupirant, il poussa à son tour la porte qui grinça, lui faisant froid dans le dos. Oh my god, qu'est-ce qu'il venait foutre ici ? Lui qui détestait les films d'horreur, il était vraiment con. Mais remarque, en ce moment ça devenait une habitude que de foutre les pieds là où il fallait pas et de faire les choses qu'il ne fallait pas. Enfin. Progressant lentement dans cette antre de la mort, il se demanda sur quoi il allait tomber : Sadako ? Isako ? Akiyo ? Junpei ? Hiroto ? Est-ce qu'il serait au moins en mesure de reconnaître quelqu'un sous un costume ? Non, il n'avait pas de vision infra rouge. Et merde.

"Bon, je vais ramper à partir d'ici. Et camper aussi, peut-être."

Murmura t-il tout en s'allongeant par terre, dans un quoi en retrait. Là, il pourrait faire peur aux minettes ! Nickel. Ou pas. Il était en train de faire la serpillère depuis à peine 5minutes que quelque chose lui rentra dedans. Eh ? Qu'est-ce que c'était ? Qui osait lui donner un coup dans le bras ? Fronçant les sourcils, il décida de se venger en lui attrapant la cheville avec la victime de l'attaque. Elle résistait ! En même temps, vu la fermeté avec laquelle il la tenait, cette cheville ne pourrait pas partir aussi vite qu'elle était venue. Et. . . AIE, un nouveau coup. Mais c'est fini oui ? Et bien, non, à présent, la créature qui semblait vouloir troubler son repos venait de s'écraser sur lui, un liquide s'étalant à son tour sur le sol et sur son propre costume.

"Putain mais c'quoi ça. . . "

Du sang. DU SANG. JungYoon se mit à se tortiller au sol, essayant de parvenir jusqu'au couloir suivant dans lequel il y avait un peu de lumière. Mais il fut vite interrompu : La créature ne voulait pas qu'il s'approche, elle venait même de lui lancer un carton. Mais il s'en foutait ! Si ça se trouve, il l'avait blessée gravement, le sang ne venait pas de nulle part. Luttant pour parcourir la petite distance à cause de son costume qui le saucissonnait, il balança :

"T'es blessée ? Vite, suis-moi !"

Il devait avoir l'air ridicule là, paniqué et rampant nerveusement. Comme une grosse larve.

Elle était encore sous le choc de cette rencontre imprévue et ne fut en mesure d’ouvrir les yeux que lorsqu’elle comprit que ce quelque chose sur quoi elle venait de chuter n’était autre qu’un énorme crocodile. Apparemment, l’animal s’inquiétait de son sort, certainement à cause du sang. En réalité, seule sa cheville était blessée, une petite foulure sans doute. Elle soupira longuement, sans pouvoir réellement distinguer la bestiole, et ramena ses jambes contre sa poitrine, refusant de bouger. Elle regardait dans sa direction sans pour autant savoir ce qu’elle observait exactement : ses yeux, une partie de son visage ou le haut de son déguisement, il faisait nuit noire ! Les prunelles sombres étaient d’autant plus méfiantes qu’elle n’avait jamais entendu cette voix et qu’il s’agissait probablement d’un étudiant, du moins quelqu’un de plus âgé qu’elle.

" Non merci…Retourne dans ton marécage… "

Elle adoptait un ton totalement détaché, comme pour se rassurer. Déjà qu’elle avait du mal avec les relations humaines, mais si en plus elles démarraient sur une fausse note, c’était peine perdue. Elle n’arrivait pas à croire qu’en quelques minutes, elle avait perdu toute sa crédibilité. Elle baissa le regard et tendit ses mains droit devant elle, constatant avec désolation l’étendue des dégâts.

" Tout est fichu. Y’a plus rien à en retirer. Je suis vraiment maudite…et toi ! "

Dit-elle en pointant un index quelque peu tremblant en direction de Gozilla.

" Tu viens de signer ton arrêt de mort. A partir de maintenant, tu es contaminé. Considère qu’il ne te reste plus que quelques jours à vivre. "

Elle écarquilla des yeux et lança un sourire ensanglanté à l’individu qui se tenait face à elle…enfin, à peu près face à elle. Mauvaise humeur oblige, une partie de sa paranoïa devait au moins servir à quelque chose lors de soirées comme celle-ci. Elle s’était donnée pour objectif de terroriser une dizaine d’individus et à cause de sa chute, ou plutôt à cause de Gozilla, son but se trouvait réduit à néant. Il devait réparer le préjudice causé à notre charmante Dame Blanche, d’où sa détermination à ne pas le lâcher. Elle allait inventer toutes sortes d’histoires farfelues, de drôles d’incantations même, pourvu qu’il rentre chez lui en se demandant ce qu’avait cette fille dans le crâne et surtout, en priant pour qu’elle ne croise plus jamais sa route. Oui, excellente perspective en définitive…Pourquoi terroriser 5 minutes une dizaine de personnes lorsqu’on peut avoir une heure entière avec une victime ? Elle allait devoir la jouer fine si elle voulait que ça fonctionne et anticiper au maximum ses réactions. Mouais…plus facile à dire qu’à faire ! Surtout lorsqu’on a aucune idée de qui se cache derrière un masque. Il pouvait très bien être un bon bougre comme un psychopathe effréné sans autre idée derrière la tête que celle de jouer au gentil pour mieux l’abattre. Brrrr ! ça faisait froid dans l’dos…Mais n’était-ce justement pas ce qu’elle recherchait ? ^^ Après tout, si elle avait réussi à s’en sortir jusque là, ce n’était pas maintenant que quelque chose allait se produire.

" J’espère que ton organisme est suffisamment résistant, auquel cas tu devrais ressentir quelques vertiges et autres vomissements. C’est toujours comme ça au début…Mais ne t’en fais pas ! Il faudra peut-être que tu te rendes deux à trois fois par semaine dans un centre spécialisé, histoire qu’on te fasse quelques intraveineuses, et ce sera comme si tu n’avais jamais été malade. Bien sûr, il y a les cas où tout ne se passe pas comme on le voudrait…où le patient peut…débloquer. Mais c’est assez rare ! Je crois même que je n’en ai jamais rencontré…à moins que ce ne soient ceux qui avaient déjà quitté ce monde. Bref ! Je te souhaite bon courage pour la suite…Ja ! "

Elle balança sa main comme si elle faisait signe à un capitaine avant de se redresser. En s’appuyant sur le mur, elle grimaça, laissant échapper un léger gémissement de douleur parfaitement audible, sans pour autant qu’on se rende compte qu’il était volontaire…ou pas. Elle boitait avec difficulté vers la porte, prenant tout le temps nécessaire pour quitter la pièce. Si son intuition avait vu juste, il ne la laisserait pas partir comme ça : ce devait être un gars bien, ne ? Par contre, si son sixième sens avait, pour la énième fois, analysé sans grande conviction, il se contenterait de la regarder s’éloigner sans bouger. Elle lui laissait le bénéfice du doute, surtout que son costume ne lui laissait pas beaucoup de marge de manœuvre. Le temps qu’il se retourne, elle pouvait sauter dix fois à cloche-pied et prendre la poudre d’escampette…mais qu’est-ce que ce serait triste !!! Vraiment…finir cette fameuse soirée qui avait pourtant bien débuté, c’était comme ne retenir d’un film qu’une fin décevante. Pas moyen =.=

* Réfléchis bon sang ! Trouve quelque chose ! N’importe quoi !!! T’es sensée passer pour une malade mentale, autant jouer jusqu’au bout ! Hayakuuuu !!! *

Ouais ben plus facile à dire qu’à faire ! Et ça donnait quoi du point de vue de l’homme-croco ? Voir une jeune fille se débattre entre elle et elle-même, ça devait être particulier…mais avait-il seulement réussi à tourner la tête ? Mais quelle idée aussi, de choisir pareil déguisement ! Surtout si on voulait faire peur…mais avec tous ces américanismes ancrés dans l’esprit des jeunes, Halloween ne rimait plus forcément avec récits angoissants, films d’horreur et autres farces. Elle le savait ! Qu’elle aurait mieux fait de rester chez à elle à se goinfrer de sucreries devant un bon vieux Massacre à la Tronçonneuse…Pour ne pas fermer l’œil durant des semaines ?! Sans façon.

Invité

Dans son marécage ? Alors elle aussi, elle le prenait pour un crocodile difforme ? Mais pourtant il était totalement coincé dans ce machin : Il n'y avait aucune fente pour ses bras ou pour ses jambes. C'était une sorte de gros haricot à la limite, sauf si vous avez déjà vu un alligator sans pattes. Enfin bref, son costume était ridicule, point barre ; et les contraintes, multiples : Il ne pouvait pas se mouvoir correctement, ni même pousser des portes. De plus, il crevait de chaud, avait envie de se gratter et avait à présent un liquide rouge dégueulasse qui humidifiait son costume : Je sais pas si vous aimez être tout mouillé dans vos fringues par temps de pluie, mais lui détestait ça. Et là, c'est exactement la sensation qu'il avait : Ce sang inconnu pénétrait sa couverture de lézard géant et le frustrait. Oui, il ne pourrait pas se changer avant deux bonnes heures : Question d'esthétique et de survie. Se balader dans un manoir hanté en mec normal plutôt qu'en chose transgénique effrayante ou risible n'était pas une bonne idée. Et puis, la tenue de moche était exigée. Alors bon, mieux ne pas faire exception à la règle, surtout que si il croisait Hiroto sans couverture il se ferait exclure net : Non pas que l'étudiant ne l'aimait pas, mais presque. Bon, faut aussi dire que JungYoon essayait de lui sucrer sa place auprès de Daichi, mais ça, c'est un détail.

S'arrêtant de ramper, ou du moins de nettoyer le sol en tentant de progresser vers le couloir, il écouta ce que la dame blanche recouverte de sang lui disait : Comment ça il était contaminé ? De quoi elle parlait ? Caché derrière la tête d'Anaconda qu'il avait confectionné lui-même, et qui ne ressemblait à rien de bien flippant, il haussa un sourcil, son cœur battant plus vite : Le sang qu'il avait en ce moment sur lui allait le mener à la mort ? Non, impossible. Après tout, c'était une simple soirée d'étudiants durant laquelle il était conseillé de faire peur à ses congénères, rien de plus. Ou peut-être qu'il s'était trompé de manoir et que celui-ci était vraiment habité par une laideur en robe ? Oh mon dieu. JungYoon n'arrivait plus à discerner le vrai du faux : Et si elle avait raison, et qu'il ne lui restait plus que quelques jours à vivre ? Cette perspective n'était pas imaginable : Il voulait épouser sa petite amie, se taper des barres avec ses potes alors c'était vraiment pas le moment que cette banshee lui supprime ses plans. Jamais !

"Hors de question que moi, survivant du Tchernobyl des marécages, meurt à cause de ce sang appartenant à une mocheté comme toi. Je peux pas laisser faire ça tu comprends ? J'ai trop de choses à vivre !"

Totalement dans son délire né de la confiance en soi et de l'humour, ou bien de la panique, il se remit à ramper vers le couloir. Non mais c'est vrai ça, c'est quand même pas une dame blanche qui allait faire la loi ? Après tout, lui c'était une sorte de Basilic, comme dans Harry Potter. Autrement dit, il pouvait la manger comme il voulait si elle le cherchait de nouveau. Sauf que lui n'était pas trop crédible, surtout physiquement, contrairement à elle. Bon, la solution était de fuir le plus vite possible et le plus loin possible, sans avoir l'air de perdre la face. Une fois fait, il se doucherait pendant des heures puis demanderait à un centre de recherches très réputé si il a le droit de se faire nettoyer de la tête aux pieds par des experts : Simple précaution, n'est-il pas.

Alors qu'il se stoppait de nouveau, pour la regarder, il perçut un sourire qui lui fit froid dans le dos : Il ne savait pas qui se cachait sous ce costume, mais bon dieu qu'elle jouait bien la comédie ! Elle faisait tout simplement peur, mais le pire était sans doute tout ce qu'elle était en train de balancer sans se soucier des conséquences de tout ceci sur le coréen : Intraveineuses ? Débloquer ? Centre spécialisé ? Et voilà, il avait déjà les premiers symptômes : Il réussissait à avoir un vertige alors qu'il était en ce moment même allongé par terre. C'est psychosomatique, oui, mais il n'y pouvait rien : Cette femme foutait les chocottes avec toutes ses conneries, et qu'il y croit ou non, son corps, lui, était sûr qu'il allait mourir d'ici quelques jours. Ou dans les minutes suivantes vu l'allure à laquelle il se dégradait. Fait chier ! Et voilà que madame la dame blanche décidait de quitter les lieux, traînant légèrement de la patte arrière. Ni une ni deux, JungYoon se mit à battre des jambes pour la rattraper. Une fois près d'elle, il lança, essoufflé et inquiet :

"T'es. . . T'es sérieuse ? Ton sang est vraiment empoisonné ? Je vais mourir ?"

Naïveté quand tu nous tiens.

Apparemment, Miss Mon-but-est-de-foutre-la-trouille-à-ce-pseudo-croco venait d’obtenir ce qu’elle désirait : son attention. Elle avait jeté son dévolu sur celui qui se trouvait là au bon moment, au bon endroit et peu importe comment, il fallait qu’elle le mène en bateau. Le coup du sang contaminé était une vieille trouvaille, un truc qui avait toujours suscité la crainte, qu’on soit ou non superstitieux…et lui semblait entrer dans son jeu encore plus facilement qu’elle ne l’aurait pensé. Mais au moment où la créature démoniaque qu’elle était devenue s’apprêtait à afficher un air satisfait, un mot et un seul fit résonnance dans son esprit : mocheté. Elle zappa son apparence actuelle et le prit pour ce qu’elle était sous ce drap blanc, ce sang et cette perruque hideuse. Serrant des dents, elle devait avant tout ne pas rater son objectif et se concentrer sur lui et ce qu’elle allait pouvoir inventer comme autre supercherie. Autant vous dire, chers lecteurs, qu’il allait en baver. Elle l’observa ramper vers elle avant qu’il ne pose une question, inquiet. Elle détourna le regard lentement, comme si la réponse à cette question était bien trop dure à entendre. Elle porta une main à sa bouche, celle-ci légèrement tremblante, avant de regarder ce sang qu’il croyait peut-être être le sien. Inspirant lentement, elle reprit, d’une voix à peine audible, presque dans un murmure.

" On ne comprend que bien trop tard...tout ce qu’on aurait du dire ou faire. Le temps…c’est ce qui nous manque à tous… "

Et une voix cassée par les sanglots, une ! Bon sang c’qu’elle était douée ! Ce lyrisme pathétique avait quelque chose de bien plus terrifiant encore que le sourire sadique qu’elle avait affiché quelques minutes auparavant. Elle ne répondait pas directement à ses questions, le laissant imaginer le pire. L’esprit des hommes était tellement prévisible lorsqu’ils se trouvaient au pied du mur qu’il lui mâchait le travail. Et là, en supposant sous ce déguisement un visage pâle, pétrifié par la peur, elle jubilait. Nanae se plaqua à nouveau contre le mur et s’accroupit, ramenant ses jambes contre sa poitrine. Elle détournait la tête, le regard vague, perdu…comme celui d’une jeune fille déprimée, seule et renfermée sur elle-même. Cet état qu’il devait percevoir était sans doute du à cette fameuse contamination. Elle était si…désemparée.

* C’est ça…Regarde comme je suis triste, délaissée, souffrante…Mourante ! *

Le regard humide, elle se tourna vers la tête de la bestiole, s’apprêtant visiblement à dire quelque chose lorsqu’une toux virulente s’empara de sa gorge. Elle se détourna et porta sa manche au niveau de sa bouche : le drap était tâché de sang. Elle était certaine de faire son effet mais regrettait de ne pouvoir distinguer les traits de son visage qui devait, à présent, être déformés par l’inquiétude. Finalement, tomber sur cet alligator était peut-être le clou du spectacle, le véritable but de sa présence ici. Pour une fois que le destin lui permettait d’agir !

" Je suis désolée…Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. Pour ma dernière soirée, je m’étais promis de ne pas créer de problèmes. Quand je pense à Shin, Mai, Die…tout ce qu’ils ont enduré à cause de moi…à cause de cette stupide maladie…Les traitements, les crises, les réveils douloureux et…et cette chambre…cette chambre si sombre ! "

Elle plongea son visage dans ses mains tremblantes, terrorisée. Son corps tout entier était parcouru de spasmes et alors que quelques longues secondes s’écoulaient, elle releva la tête et saisit brusquement ce qui devait être les épaules de Gozilla. Elle écarquilla les yeux, tordant la bouche comme si elle subissait une opération à cœur ouvert, des râles quittant sa gorge : un spectacle horrible, laissant pour seule image celle d’une Dame Blanche folle, recouverte de sang et à l’agonie.

* Profite de la vue, morveux ! Une mocheté pareille, tu n’en reverras pas de si tôt ! *

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