S.O.S. Damoiseau en détresse : LOL [PV Jo']

" Mais qui vois-je ? Vous ici ?! Il me semblait pourtant que vous souhaitiez définitivement rayer le club de votre cursus…et pourtant ! Que ne serait-on prêt à faire pour une vie meilleure, n’est-ce pas Kang ? "


Et vas-y que j’te lance un sourire narquois et satisfait en plein dans la face ! Vous savez, le genre " t’as voulu faire le malin et maintenant qui vient me trouver la queue entre les jambes, hein ?! ". En cet instant précis, il ne s’agissait pas d’une image, mais bel et bien d’une réalité qui dérange notre bon vieux coréen. Il avait beau faire tout son possible pour essayer de mener une vie différente, de suivre un autre chemin, sa précarité ne cessait de croître au fur et à mesure que ses bonnes résolutions s’intensifiaient. Apparemment, quelqu’un avait décidé de tirer les ficelles pour lui et ne voulait pas qu’il agisse différemment. Quelle blague ! Dans ce monde où l’on tente de ne pas céder à l’individualisme alors que tout nous y oblige, que certaines personnes continuent d’espérer en la bonté de l’homme, que d’autres encore sont désireux de modifier leurs actions pour être quelqu’un de bien aux yeux d’une gamine…tout ça pour quoi ? Pour qu’on le leur refuse ?!


Il avait repris ce trajet qu’il s’était juré d’oublier, d’effacer définitivement de sa mémoire, parce que cette page était tournée. Une période de sa vie qu’il avait voulu voir disparaître grâce à une rencontre qui avait changé sa manière de voir le monde. Pourtant, il n’arrivait pas à joindre les deux bouts : sa bourse et ses multiples jobs ne suffisaient plus pour lui permettre à la fois d’étudier et de vivre convenablement. Il fallait gagner rapidement et beaucoup sans pour autant tomber dans l’illégal et reprendre sa casquette d’host lui portait certes un coup fatal niveau dignité, mais lui permettait de voir venir…alors il n’y avait pas à hésiter. En voyant l’expression délectable du patron du club, il détournait la tête, honteux et vert de rage. Néanmoins, il connaissait le salaire et surtout quel genre de pourboires il pouvait obtenir et ça, c’était son unique motivation.


Malgré les mois écoulés, rien ne semblait avoir bougé, comme si le temps et l’espace s’étaient figés en ce palais de la luxure pour riches héritières ou épouses de millionnaires. Il y avait certes de nouvelles têtes, ces gueules d’ange à peine sorties du berceau qui faisaient fantasmer les plus anciennes Marquises de Merteuil, mais également et surtout les petites Cécile de Volanges qui succombaient aisément aux grands Vicomtes de Valmont tels que Min-Oh. Oui, vous avez bien lu : Min-Oh. Parce que même s’il manquait toujours cruellement de savoir-faire en matière de séduction par le langage, il pouvait jouer un rôle : celui d’imitateur, de manipulateur aussi, faisant croire à ces femmes qu’il avait de l’expérience et l’envie d’en découvrir davantage sur elles. C’était plus simple que ce qu’il n’y paraissait, surtout grâce à un physique pour le moins avantageux. Il était quelqu’un d’autre dans ce costume sombre et cette chemise impeccablement repassée, qui changeait du tout au tout par rapport à un bleu de travail ou son traditionnel marcel plein de peintures et autres marques de cendres. Même ses cheveux étaient à peu près coiffés, c’est dire l’effort qu’il avait du fournir pour être présentable ! Il n’était toujours pas entré en scène, préférant rester quelques secondes de plus dans les coulisses, histoire de voir la salle se remplir. Autrefois, on le réclamait. Aujourd’hui, il était un peu trop vieux pour jouer au nouveau et pas une tête suffisamment familière pour qu’on veuille l’inviter à se joindre à une table. Il ne lui restait plus qu’à s’installer au bar, espérant que cette fausse indifférence attise la curiosité de ces fossiles en tenue légère.


Il glissa une main dans sa poche et sortit un téléphone portable qui tranchait net avec la qualité de ses vêtements. Non seulement l’heure affichée semblait elle aussi ne pas vouloir bouger, mais aucun nouveau message ne figurait apparent. Il soupira légèrement, se rendant compte qu’une seule personne détenait son numéro et qu’elle devait être, à l’heure actuelle, en train de réviser ou de s’occuper d’un Nelson en proie à de nouvelles expériences avec les plantes. Même s’il n’avait pas le cœur à cela, le simple fait de les imaginer le fit sourire…